Le Président de Madagasacar, Andry Rajoelina est convaincu que son pays tient le remède contre le COVID-19. Développé par les chercheurs de la Grande Ile, le Covid-Organics est un phytomédicament à base d'artémisia et d'autres plantes médicinales malagasy. Le lancement de ce « remède » a été fait lundi dernier à l'Institut malgache de recherches appliquées. En première ligne, le président a béni l'utilisation de cette tisane présentée sous forme de bouteille de 33 cl et en infusette. La distribution au grand public devrait commencer ce mercredi avant la commercialisation. Cette nouvelle venue de Madagascar est vue comme un plébiscite par le représentant des maisons de l'artémisia au Sénégal avec qui Dakaractu s'est entretenu au téléphone. Pierre Van Damme est convaincu que la plante médicinale fait l'affaire face à l'urgence. « il n'y a encore aucune preuve scientifique, mais dans un état d'urgence, on pense que l'artémisia marche sur le Corona avec une posologie de 10g/l à boire toute la journée. On est convaincu que ça marche », préconise-t-il avec toutes les précautions d'usage. Cet ingénieur agronome est à la fois le représentant de la Maison de l'artémisia et du Relais au Sénégal.
L'Artémisia, une plante présente au Sénégal
La Maison de l'artémisia est une association humanitaire française de lutte contre le paludisme par les artémisia annua et afra, à destination des populations du Sud. L'artemisia annua est une plante d'origine chinoise. Sa variété africaine qui a vu le jour en Afrique du Sud est l'artémisia afra.
Son implantation au Sénégal remonte à 2014, selon Pierre Van Damme qui a repris la succursale depuis 2016. les champs se trouvent à Tivaouane, dans la région de Thiès, mais les premières plantes de l'armoise annuelle (appellation francaise de l'artémisia annua) ont germé au Sénégal vers 2007.
La structure dont le siège social se trouve à Diamniadio où elle dispose d'un laboratoire, commercialise ses produits depuis maintenant cinq ans sous le label Lion Vert.
L'artémisia proposée en remède pour éviter l'hécatombe
La supposée efficacité de l'artémisia contre le coronavirus a poussé la maison centrale à demander le lancement d'un essai clinique dans tous les pays pour venir à bout de la maladie à coronavirus. « L'artémisia annua (Qinq Hao), plante médicinale, vient d’être largement utilisée en Chine pour combattre le covid-19. La plante a été administrée selon le protocole officiel de la Médecine traditionnelle chinoise, uniquement dans le cas d'atteintes pulmonaires modérées à sévères, en association avec un traitement conventionnel. Une étude de l'OMS indique que la plante avait été efficace en traitement complémentaire pendant l'épidémie SRAS de 2003. L'artemisia annua contient 4 molécules actives in vitro contre le Covid-19 : lutéoline, kaempferol, quercétine et apigénine », argue l'association humanitaire. Elle ajoute à son plaidoyer : « Nature Plants, la revue scientifique britannique, publie mi-mars 2020 un plaidoyer pour l'usage des plantes médicinales, dont l'artemisia, en 1ère ligne contre le Covid-19 : « Dans une situation d'urgence comme l'épidémie de COVID-19, alors que les médicaments ordinaires mettent du temps à passer les essais cliniques, les médicaments à base de plantes et les produits naturels facilement disponibles et dont l'innocuité est prouvée peuvent permettre de gagner du temps en tant que première ligne de défense ». Pour Lucile Cornet Vernet, fondatrice de la Maison de l'artemisia, il s'agit de permettre aux pays du sud de disposer d'un traitement accessible. « Comment les systèmes de santé les plus fragiles pourraient-ils s'en sortir quand nous Européens n'arrivons même pas à avoir suffisamment de masque ou de respirateurs artificiels ? La situation en Afrique est encore plus préoccupante que la notre », s'alarme le Chirurgien dentiste spécialisé en orthodontie.
Pour elle, « l'artémisia annua qui pousse en Afrique, est une opportunité historique pour aider les populations les plus fragiles ». Un appel à recourir à la plante médicinale qui n'a pas eu un écho favorable auprès de beaucoup de pays africains. « Au tout début du Coronavirus, nous avons dit à nos membres que l'artémisia aidait à prévenir et à guérir le Coronavirus. Suite à cela, on a envoyé un appel à projets pour faire des études cliniques à tous les ministères de la santé, y compris le Sénégal, pour lancer la recherche avec l'artémisia », renchérit Pierre Van Damme. Les mises en garde de l'Organisation mondiale de la Santé y sont pour quelque chose.
Le véto de l'OMS
Bien avant l'apparition du nouveau coronavirus, l'Organisation mondiale de la Santé a déconseillé l'utilisation de l'artémisia sous quelque forme que ce soit, y compris le thé, pour le traitement ou la prévention du paludisme. « La teneur en artémisinine (substance active médicamenteuse isolée de la plante Artemisia annua ) et son efficacité dépendent des conditions climatiques, géographiques et environnementales », ajoute l'OMS. Des arguments qui ne convainquent pas les défenseurs de l'Artémisia. Pierre Van Damme est d'avis que les lobbies pharmaceutiques tirent les ficelles.
Cet ardent théoricien de la révolution de la médecine alternative renvoie les détracteurs de l'artemisia aux performances qu'elle a réalisées dans un pays comme la RDC.
Étude clinique en RDC
Au moyen d'un essai clinique en double aveugle randomisé sur l'artémisia afra, annua vs les ACT, qui a été publiée dans la revue « Phytomedecine », il a été prouvé que l'Artémisia est efficace contre le paludisme. « On a fait de grands essais cliniques au Congo qui ont été publiés scientifiquement où on a comparé la tisane d'artemisia annua et afra aux ACT. Il s'est révélé que la tisane était efficace pour le paludisme à 98% contre 76% pour les médicaments. Mais l'avantage que vous devez noter avec l'Artémisia, c'est qu'elle permet de détruire tout les parasites dans le sang. Après prise de sang, on ne trouve plus de paludisme dans le sang. Alors qu'avec les ACT, il y a toujours des parasites dans le sang. Une personne qui se traite avec l'artémisia, elle ne va plus faire de crise de paludisme et ne transmettra plus cette maladie d'homme à homme ». Il rappelle que l'essai a été fait selon les normes de l'OMS.
Pour autant, l'utilisation de la tisane de l'artémisia contre le paludisme reste un combat interminable. Pourtant, Pierre Van Damme renseigne que la succursale locale collabore avec des dispensaires catholiques privés qui l'utilisent contre les grippes, avec des résultats satisfaisants. Ce qui fait dire au au représentant de la Maison de l'artémisia qu'il ne coûterait rien de l'essayer contre le Coronavirus surtout que les grippes et ce nouveau virus ont des ressemblances. Un combat loin d’être gagné malgré l'éclaircie d’Antananarivo. « Le constat qu'on a fait, c'est que les plantes médicinales ont été d'une certaine forme oubliées alors que tout est dans la nature. Pourquoi ne pas directement utiliser la plante? », s'interroge Pierre Van Damme.
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