Kabrousse, village niché au cœur de la Casamance, est bien plus qu'un simple lieu géographique. Ce havre de mémoire porte l'empreinte indélébile de la résistance sénégalaise, incarnée par Aline Sitoé Diatta, une figure héroïque qui s'opposa farouchement à l'occupant colonial. Dans ce village où se croisent les quartiers de Mossore, Kadiakay et Nialou, le souvenir de cette femme courageuse résonne encore comme un écho du passé, un témoignage d’une lutte contre l’injustice et l'oppression. À travers son combat, Aline Sitoé Diatta a imposé un calendrier de six jours, défiant les autorités coloniales et inscrivant son nom dans l’histoire de la souveraineté diola.
La résistance d'Aline Sitoé Diatta n’était pas seulement physique, mais spirituelle. Prêtresse et féticheuse, elle maîtrisait des pouvoirs mystiques qui lui permettaient d’invoquer la pluie en pleine sécheresse, un acte qui renforçait son autorité et sa légitimité auprès de son peuple. Cependant, cette puissance spirituelle ne tarda pas à inquiéter l'administration coloniale, qui la fit arrêter et déporter à Tombouctou, où elle mourut en 1944, à seulement 24 ans. Aujourd'hui, sa tombe, isolée et oubliée à Tombouctou, symbolise l'injustice qu’elle a subie, mais aussi la dureté de la colonisation qui tente de faire taire les voix rebelles. Le Sénégal continue de se battre pour rapatrier son corps, mais son héritage reste vivace à travers les générations.
Kabrousse, malgré sa petite taille et son isolement apparent, est un témoin silencieux de cette histoire. Aujourd’hui, ses habitants se battent pour que cette mémoire vive ne soit pas effacée par l’oubli des grands projets étatiques. Charles Diatta, membre de la troupe théâtrale d’Aline Sitoé Diatta, œuvre à faire revivre l’histoire de cette “Dame de fer”, une héroïne dont l’esprit continue de nourrir la culture et l’identité diola. À travers les scènes qu’ils mettent en œuvre, ils rappellent à tous que l’histoire des résistants n’est pas seulement un récit inscrit dans les archives coloniales, mais une histoire vécue, transmise par la parole, la danse et le théâtre.
La Casamance elle-même semble porter la mémoire de ce passé héroïque. En traversant cette région, les tam-tams modernes, suspendus sous les arbres, nous rappellent le rôle sacré de la musique dans cette lutte. Autrefois moyen de communication à travers la forêt et entre villages, ces instruments sont aujourd’hui devenus des symboles d’un héritage mystique et culturel. Portant en eux les secrets des ancêtres et les rituels qui ont traversé les âges, ces tam-tams résonnent dans le présent comme des témoins vibrants d’une histoire vivante. Ce combat pour la liberté et la dignité, incarné par Aline Sitoé Diatta, est loin d’être un vestige du passé : il est une flamme qui continue de brûler dans le cœur de chaque Diola, un feu sacré qui, à travers la musique et la mémoire, forge le futur de cette terre et de son peuple.
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