Dans sa parution N•006 en date du 25 au 31 juillet 2024, l’hebdomadaire d’informations générales « COMMENT » évoque les premiers jours du régime du président Bassirou Diomaye Faye. Dans cet édito, le journaliste Issa Sall, fait le décompte de manquements entre autres les promesses électorales qui se heurtent à la réalité du pouvoir. Cette tribune permettra également au journaliste de faire l’économie de la gestion de l’Etat de la nouvelle économie équipe qui n’aurait visiblement pas le vent en poupe durant ses 100 premiers jours au sommet de la République.
La question ne saurait être occultée, passée à la trappe ou enveloppée dans une toile opaque : les ratages des premiers cents jours du duo Diomaye-Sonko ou du régime Pastef. Cent jours sont-ils si insignifiants pour ne pas donner crédit à une évaluation de la gouvernance des deux hommes ou n’y a-t-il pas assez d’actes posés pour faire une projection sur ce qu’il en sera à la fin de cette année ou envisager ce qu’il en sera dans cinq ans, à la fin du mandat ? Si les premières mesures vont dans le bon sens attendu par les populations ou, tout au moins, par les électeurs qui ont voté pour le duo, l’espoir serait permis. On en est bien loin. Entre une promesse électorale et ce qui se fait dans les premiers mois de règne, il y a toujours un fossé. Pour faire bonne figure, l’on bâtit un contre-feu en se défendant comme l’on peut. Les populations pensent : « On nous aurait menti ? », le pouvoir rétorque : « Vous ne nous avez pas bien compris ».
Cent jours, c’est peu, mais c’est beaucoup. Le style se révèle et les tendances apparaissent en filigrane. N’en doutons point : le duo a bien posé les actes qui permettent de savoir où l’on va. Il faut être bien naïf pour croire que M. Sonko et M. Faye vont changer de braquet ou amorcer un repli tactique. Ils ne le feront pas parce qu’ils ne sauront pas le faire. Depuis qu’ils sont dans la politique, ils croient davantage à leur parole qu’aux faits qu’ils vivent. Ils s’écoutent eux-mêmes, n’entendent pas ce qui se dit aux alentours et ne s’intéressent pas à ce qui se fait sous leurs yeux. Et ce qui se dit et ce qui se fait, ce n’est pas bien rassurant, et le spleen s’installe : l’immobilier est en léthargie et ne se réactivera
pas de sitôt ; les entrepreneurs envisagent de suspendre leurs projets d'investissements, les investisseurs extérieurs n'ont plus la flamme pour venir, et ceux qui travaillent sur de gros chantiers s'interrogent sur la remise en cause des engagements de l'Etat ou sur le projet de quitter le CFA.
L'électorat qui élit n'est pas constitué de ceux qui font avancer le pays et qui sont ces investisseurs-là. La création de richesse, c’est du domaine des entrepreneurs et non de ceux qui cherchent un job quelconque et qui ont espéré que le nouveau régime dispose d’une baguette magique pour donner du travail, remplir les ventres et offrir un toit. Le slogan guerrier lancé dans la banlieue par certaines personnes pour aller occuper des logements en construction est symptomatique de cette confusion chez beaucoup de Sénégalais qui ont construit dans leur tête qu’il n’y avait pas une élection le 24 février 2024, mais un renversement total d’un régime et que la conséquence en est qu’il y aura un partage de butins. Mais il n’y a pas de butin à partager à tous. Il s’agit d’un gâteau pour les seuls leaders.
Dans toute rébellion, pour motiver les troupes, on leur indique le butin que chacun accaparera à la victoire. On se motive parce que demain, vous occuperez la maison d’un tel ou vous pourrez vous offrir sa belle femme. En construisant cet imaginaire, on dope les pauvres soldats en guenilles. Et au bout, ils découvrent qu’il n’y a pas de butin. « Oubi Deuk ! » pour dire « ouvrir et occuper ! » est un slogan que le Pastef aurait bien pu scander durant sa guérilla contre le régime Bennoo. L’entrée au palais du duo BDF-OS peut être vue aujourd’hui comme le cri de victoire de ceux qui sont allés occuper cette cité de la banlieue dakaroise parce que croyant que c’est légitime. C’est pareil pour les directeurs nommés qui ont pris possession de leur bureau quasiment en forçant les portes et dont les premières décisions sont celles d’une razzia : que chacun se serve.
Le spoil system mis en œuvre par le duo Sonko-Faye est dangereux pour Pastef et pour tous parce qu’en démocratie bien de chez nous, c’est sans fougue que l’on attrape le singe dans la savane. C’est un adage bien sénégalais. Et le Sénégal n’est pas l’Amérique.
La question ne saurait être occultée, passée à la trappe ou enveloppée dans une toile opaque : les ratages des premiers cents jours du duo Diomaye-Sonko ou du régime Pastef. Cent jours sont-ils si insignifiants pour ne pas donner crédit à une évaluation de la gouvernance des deux hommes ou n’y a-t-il pas assez d’actes posés pour faire une projection sur ce qu’il en sera à la fin de cette année ou envisager ce qu’il en sera dans cinq ans, à la fin du mandat ? Si les premières mesures vont dans le bon sens attendu par les populations ou, tout au moins, par les électeurs qui ont voté pour le duo, l’espoir serait permis. On en est bien loin. Entre une promesse électorale et ce qui se fait dans les premiers mois de règne, il y a toujours un fossé. Pour faire bonne figure, l’on bâtit un contre-feu en se défendant comme l’on peut. Les populations pensent : « On nous aurait menti ? », le pouvoir rétorque : « Vous ne nous avez pas bien compris ».
Cent jours, c’est peu, mais c’est beaucoup. Le style se révèle et les tendances apparaissent en filigrane. N’en doutons point : le duo a bien posé les actes qui permettent de savoir où l’on va. Il faut être bien naïf pour croire que M. Sonko et M. Faye vont changer de braquet ou amorcer un repli tactique. Ils ne le feront pas parce qu’ils ne sauront pas le faire. Depuis qu’ils sont dans la politique, ils croient davantage à leur parole qu’aux faits qu’ils vivent. Ils s’écoutent eux-mêmes, n’entendent pas ce qui se dit aux alentours et ne s’intéressent pas à ce qui se fait sous leurs yeux. Et ce qui se dit et ce qui se fait, ce n’est pas bien rassurant, et le spleen s’installe : l’immobilier est en léthargie et ne se réactivera
pas de sitôt ; les entrepreneurs envisagent de suspendre leurs projets d'investissements, les investisseurs extérieurs n'ont plus la flamme pour venir, et ceux qui travaillent sur de gros chantiers s'interrogent sur la remise en cause des engagements de l'Etat ou sur le projet de quitter le CFA.
L'électorat qui élit n'est pas constitué de ceux qui font avancer le pays et qui sont ces investisseurs-là. La création de richesse, c’est du domaine des entrepreneurs et non de ceux qui cherchent un job quelconque et qui ont espéré que le nouveau régime dispose d’une baguette magique pour donner du travail, remplir les ventres et offrir un toit. Le slogan guerrier lancé dans la banlieue par certaines personnes pour aller occuper des logements en construction est symptomatique de cette confusion chez beaucoup de Sénégalais qui ont construit dans leur tête qu’il n’y avait pas une élection le 24 février 2024, mais un renversement total d’un régime et que la conséquence en est qu’il y aura un partage de butins. Mais il n’y a pas de butin à partager à tous. Il s’agit d’un gâteau pour les seuls leaders.
Dans toute rébellion, pour motiver les troupes, on leur indique le butin que chacun accaparera à la victoire. On se motive parce que demain, vous occuperez la maison d’un tel ou vous pourrez vous offrir sa belle femme. En construisant cet imaginaire, on dope les pauvres soldats en guenilles. Et au bout, ils découvrent qu’il n’y a pas de butin. « Oubi Deuk ! » pour dire « ouvrir et occuper ! » est un slogan que le Pastef aurait bien pu scander durant sa guérilla contre le régime Bennoo. L’entrée au palais du duo BDF-OS peut être vue aujourd’hui comme le cri de victoire de ceux qui sont allés occuper cette cité de la banlieue dakaroise parce que croyant que c’est légitime. C’est pareil pour les directeurs nommés qui ont pris possession de leur bureau quasiment en forçant les portes et dont les premières décisions sont celles d’une razzia : que chacun se serve.
Le spoil system mis en œuvre par le duo Sonko-Faye est dangereux pour Pastef et pour tous parce qu’en démocratie bien de chez nous, c’est sans fougue que l’on attrape le singe dans la savane. C’est un adage bien sénégalais. Et le Sénégal n’est pas l’Amérique.
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