Youssou Ndour, l'intrus gênant de la présidentielle (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck)


Youssou Ndour, l'intrus gênant de la présidentielle (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck)
DAKARACTU.COM  Il a lancé son mouvement Fekké Ma Ci Bolé dans un scepticisme généralisé. Il semblait pour beaucoup d’observateurs que le leader du Super Etoile allait, comme il en a parfaitement le droit, juste peser dans le débat politique et revendiquer aux côtés de certains candidats sa volonté de changement des mœurs politiques de notre pays. Il allait être courtisé par des candidats bien placés, mais rien de plus, croyait-on. Sa popularité indéniable allait servir de catalyseur d’idées, et son statut de leader d’opinion allait contribuer à ce que cette campagne soit quelque peu différente des précédentes, avec quelques accents de folklore. Mais Youssou Ndour a dérouté nombre d’observateurs politiques en déclarant contre toute attente sa candidature à l’élection présidentielle de février. Des tentatives de le déclasser de notre establishment politique, de l’en déclarer indigne de par son manque d’instruction, ont suivi cette déclaration, et rien n’y fit. L’effet escompté auprès des populations ne s’est pas produit et il s’en est sorti légitimé, car ceux de ses contempteurs qui s’exprimaient à ce sujet sont apparus comme n’ayant pas plus de mérites que lui, bien au contraire. Alors, dès lors qu’on commence à peser le poids qu’aura Youssou Ndour dans la campagne électorale, il convient de le diaboliser. C’est de bonne guerre, mais cela risque d’être contre-productif, car le succès aime bien s’acoquiner sous nos contrées avec les martyrs. Plus les informations sur lui vont être distillées dans la presse, plus les commanditaires de ces fuites orientées vont être débusqués et cloués au pilori. Jeu dangereux donc, et il convient pour ceux qui manipulent les grenades de faire attention aux effets boomerang, qui peuvent être destructeurs pour leurs rangs. Youssou apparaît comme la personne infréquentable, et cela est en contradiction avec son statut de star internationale, la seule qu’on ait eue avec El Hadj Diouf, star qui, comme son nom l’indique, appartient à tout un peuple. Lequel, même s’il n’est pas prêt à voter pour lui comme un seul homme, ne supporterait pas pour autant qu’on salisse son idole. Le jeu de massacre est risqué et les hommes que Youssou Ndour a récupérés, comme le gouverneur Sambou, les hommes qu’il est allé voir humblement comme Amadou Mahtar Mbow et qui s’en sont réjouis, plaident en sa faveur. Si Youssou fait peur, s’il est attaqué autant avec cette régularité par des journaux du palais, c’est qu’il est dangereux. Si le Premier ministre vient publiquement sur sa télé, dire du mal de lui, et brocarder sa candidature sous prétexte qu’elle est insignifiante, les Sénégalais perçoivent cet acte de rejet public comme un acte en service commandé, qui n’honore pas le guerrier Souleymane Ndéné Ndiaye. Cette sortie médiatique du PM sur les antennes de la TFM a été virulente. Excessivement violente. Ses propos ont été ressentis comme maladroits par beaucoup d’observateurs. Aujourd’hui, et c’est de bonne guerre, c’est la tentative de division de l’électorat populaire à travers la course aux vedettes du showbiz qui fait fureur. Notamment des artistes réputés proches de Youssou Ndour et qui, après des propres membres de sa famille, font opposition à sa candidature et marquent leur indépendance au moins d’esprit par rapport à lui. Les soutiens à Wade venant d’artistes, en attendant les autres qui vont suivre, tendent à prouver que, si des proches du leader de Fekké Ma Ci Bolé le laissent choir, c’est qu’ils ne le sentent pas capable de tenir le rang qu’il souhaite tenir. Wade veut isoler Youssou Ndour, mais souhaite que, par des actes posés par ses pairs artistes, ce soient eux-mêmes qui le décrédibilisent aux yeux de l’opinion publique et affaiblissent la portée de sa candidature. Wade est agacé par Youssou Ndour. Il se considère comme trahi par celui auquel il estime avoir beaucoup donné. Ces manœuvres aux allures de guéguerre ne font que traduire un agacement, pire une sorte de dépit face aux agissements de quelqu’un qui se retourne aujourd’hui contre son bienfaiteur d’hier. Youssou est libre de pointer les manquements du régime Wade. Car lui n’a, il est vrai, jamais eu à gérer quoi que ce soit de public. A la différence de nombreux hommes politiques, il a l’avantage d’avoir les mains propres. De quoi déranger. Youssou Ndour, c’est le caillou dans la babouche de Wade. Enervant.
Samedi 21 Janvier 2012
Dakaractu admin




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