Questions "uniquement réservées aux Noirs", pièces administratives quasi-impossibles à fournir, enquêteurs en majorité maures: pour les Noirs de Mauritanie, le recensement en cours dans leur pays a pour seul but de les marginaliser, ce dont se défend le gouvernement.
A l'appel du mouvement Touche pas à ma nationalité, à la pointe de la contestation anti-recensement, la mobilisation est forte et a pris ces derniers jours, dans le Sud et à Nouakchott, une tournure violente: un mort et une quinzaine de blessés, voitures et maisons incendiées, commerces saccagés.
Le gouvernement du président Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé le recensement en mai pour mettre en place un nouveau système d'identification des Mauritaniens, après avoir promulgué un nouveau Code civil en décembre 2010.
"C'est une déportation administrative qui est aujourd'hui envisagée, après les déportations physiques de 1989-1990", s'insurge Dia Gando, militant de Touche pas à ma nationalité à Kaédi, ville à dominante noire de la vallée du fleuve Sénégal (sud), théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.
Chassés de leur pays
Entre 1989 et 1991, plusieurs dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens avaient dû fuir ou avaient été chassés de leur pays après un déchaînement de violences interethniques, sous le régime de l'ancien président Maaouiya Ould Taya (1984-2005). Ils s'étaient réfugiés au Sénégal et au Mali voisins.
Plus de 20.000 d'entre eux ont été depuis rapatriés par le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).
Les Noirs du pays craignent aujourd'hui une remise en question de leur nationalité qu'il leur est demandé de prouver par des pièces administratives presque "impossibles à réunir", telles que des actes de décès d'arrière-grands-parents, selon des organisations de défense des droits humains.
"Comment comprendre autrement que nous sommes visés par ce recensement si la commission d'enquête demande par exemple à un Négro-Mauritanien de prouver sa +mauritanité+ en s'exprimant en hassanya (dialecte maure) ou en récitant une partie du Coran ?", s'interroge Dia Gando.
"D'où vient votre père ?"
Selon Wane Abdul Birane, un des leaders de Touche pas à ma nationalité, des questions fâcheuses sont posées "exclusivement aux Noirs pour les empêcher de se faire enrôler (recenser) et les déposséder de leur nationalité".
"On nous demande: +D'où vient votre père?+. S'il vient du Sénégal ou du Mali par exemple, ou si vous êtes vous-même né ailleurs qu'en Mauritanie, vous êtes d'office exclu", affirme-t-il.
Il reconnaît que des questions similaires peuvent être posées aux Arabes du pays, mais "leurs conséquences pour les deux communautés ne sont jamais identiques, les Négro-Mauritaniens étant ciblés par des groupes (...) chauvins qui tentent de les exclure".
"Les commissions dominées par les Maures nous demandent, pour confirmer notre nationalité, si nous connaissons tel maire de telle ville, tel centre d'intérêt de telle zone, ou tel notable dans telle région qui n'est pas la nôtre", ce qui est "révoltant et nous confirme dans nos craintes", estime Niang Abou, instituteur.
Autant d'accusations réfutées par les autorités de Mauritanie, vaste pays désertique à la charnière entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Ses trois millions d'habitants sont d'origines diverses: Maures blancs et noirs, Noirs ayant leurs racines en Afrique subsaharienne.
L'opération en cours "n'exclura personne et finira, à terme, par donner leurs droits à tous les citoyens, sans exclusive", affirme Rabih Rabbou, directeur chargé de l'état civil.
Selon le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ould Boilil, l'unique but du recensement est d'instaurer "un système d'état civil biométrique moderne et fiable. L'Etat, convaincu qu'il y va de l'intérêt national, est résolument engagé à mener cette opération stratégique pour l'avenir du pays".
( Jeune Afrique .com )
A l'appel du mouvement Touche pas à ma nationalité, à la pointe de la contestation anti-recensement, la mobilisation est forte et a pris ces derniers jours, dans le Sud et à Nouakchott, une tournure violente: un mort et une quinzaine de blessés, voitures et maisons incendiées, commerces saccagés.
Le gouvernement du président Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé le recensement en mai pour mettre en place un nouveau système d'identification des Mauritaniens, après avoir promulgué un nouveau Code civil en décembre 2010.
"C'est une déportation administrative qui est aujourd'hui envisagée, après les déportations physiques de 1989-1990", s'insurge Dia Gando, militant de Touche pas à ma nationalité à Kaédi, ville à dominante noire de la vallée du fleuve Sénégal (sud), théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.
Chassés de leur pays
Entre 1989 et 1991, plusieurs dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens avaient dû fuir ou avaient été chassés de leur pays après un déchaînement de violences interethniques, sous le régime de l'ancien président Maaouiya Ould Taya (1984-2005). Ils s'étaient réfugiés au Sénégal et au Mali voisins.
Plus de 20.000 d'entre eux ont été depuis rapatriés par le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).
Les Noirs du pays craignent aujourd'hui une remise en question de leur nationalité qu'il leur est demandé de prouver par des pièces administratives presque "impossibles à réunir", telles que des actes de décès d'arrière-grands-parents, selon des organisations de défense des droits humains.
"Comment comprendre autrement que nous sommes visés par ce recensement si la commission d'enquête demande par exemple à un Négro-Mauritanien de prouver sa +mauritanité+ en s'exprimant en hassanya (dialecte maure) ou en récitant une partie du Coran ?", s'interroge Dia Gando.
"D'où vient votre père ?"
Selon Wane Abdul Birane, un des leaders de Touche pas à ma nationalité, des questions fâcheuses sont posées "exclusivement aux Noirs pour les empêcher de se faire enrôler (recenser) et les déposséder de leur nationalité".
"On nous demande: +D'où vient votre père?+. S'il vient du Sénégal ou du Mali par exemple, ou si vous êtes vous-même né ailleurs qu'en Mauritanie, vous êtes d'office exclu", affirme-t-il.
Il reconnaît que des questions similaires peuvent être posées aux Arabes du pays, mais "leurs conséquences pour les deux communautés ne sont jamais identiques, les Négro-Mauritaniens étant ciblés par des groupes (...) chauvins qui tentent de les exclure".
"Les commissions dominées par les Maures nous demandent, pour confirmer notre nationalité, si nous connaissons tel maire de telle ville, tel centre d'intérêt de telle zone, ou tel notable dans telle région qui n'est pas la nôtre", ce qui est "révoltant et nous confirme dans nos craintes", estime Niang Abou, instituteur.
Autant d'accusations réfutées par les autorités de Mauritanie, vaste pays désertique à la charnière entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Ses trois millions d'habitants sont d'origines diverses: Maures blancs et noirs, Noirs ayant leurs racines en Afrique subsaharienne.
L'opération en cours "n'exclura personne et finira, à terme, par donner leurs droits à tous les citoyens, sans exclusive", affirme Rabih Rabbou, directeur chargé de l'état civil.
Selon le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ould Boilil, l'unique but du recensement est d'instaurer "un système d'état civil biométrique moderne et fiable. L'Etat, convaincu qu'il y va de l'intérêt national, est résolument engagé à mener cette opération stratégique pour l'avenir du pays".
( Jeune Afrique .com )
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