DAKARACTU.COM - Alors qu’il séjournait en septembre 2009 aux Etats-Unis, le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, a été saisi d’une question qui a retenu son attention. Les émigrés sénégalais vivant au pays de l’oncle Sam lui ont fait part d’une arnaque dont ils ont été victimes : ils ont remis toutes leurs économies à la société immobilière Namora, contre la promesse qu’ils auront un toit qui tarde à leur être livré plusieurs mois après le délai convenu. Touché, Wade a appelé illico presto Amadou Bâ, le directeur des impôts pour lui donner l’instruction de bloquer toute l’activité de Namora en attendant d’y voir clair. Instruit par le président de la République, son directeur de cabinet, Habib Sy, a touché Namora par fax pour lui demander ses états financiers complets et une description fiable de l’état d’avancement des travaux.
On ne sait par quel miracle, Alioune Badara Badiane, promoteur du projet Namora, est passé entre les mailles du filet, protégé par un très proche collaborateur de Wade et par certains complices à la présidence.
Trois années après, les dégâts excèdent toutes les proportions imaginables. Des milliers de Sénégalais établis en France, en Italie et aux Etats-Unis, ou adhérents aux coopératives d’habitats du Sutsas, de la Cotecna, d’Aabri, des ICS, de l’Onas… ont versé des milliards à Alioune Badara Badiane qui leur avait promis des maisons qui devaient leur être livrées à partir de 2009 et qui ne sont toujours pas sorties de terre.
Rien que les adhérents du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) ont versé plus de 3 milliards de francs cfa à Namora pour la construction de milliers de villas. Aabri, regroupement de travailleurs de diverses structures (Asecna, Aviation civile, Aéroports du Sénégal, Météorologie…), a donné près de 200 millions. Les ICS ont déposé 150 millions, l’Onas 100 millions, et la Cotecna 200 millions. Inquiets, les dirigeants de cette dernière entreprise ont rencontré ceux de Namora, au début de ce mois d’août, afin d’exiger la livraison des 90 villas pour lesquelles ils ont avancé de l’argent. Pour s’entendre répondre qu’ils ne pouvaient entrer en possession que de 14 villas, et dans deux mois. Cotecna va vers une rupture pure et simple dans les jours à venir et à une demande de remboursement. La coopérative de Paris a été fermée. Coumba Touré, qui la dirigeait, s’est retirée. Non sans expliquer aux déposants qu’elle a remis leur argent à Alioune Badara Badiane par le biais de plusieurs versements de centaines de milliers d’euros en liquide. Si la coopérative d’Italie planche sur la stratégie pour que ses membres rentrent dans leurs fonds, celle d’Atlanta a été la première à sentir l’arnaque et à sonner la mobilisation.
Dakaractu est en mesure d’affirmer que les villas promises ne pourront pas être livrées. Il n’y a, dans le site situé à Tivaouane Peulh, rien qui puisse le rendre habitable avant des années. D’abord seule une cinquantaine de villas ont été construites, alors que 3 000 auraient dû déjà l’être au bénéfice du seul Sutsas.
Pire, la zone n’est pas assainie, ni dotée d’un réseau de distribution d’eau et d’électricité. Les cinquante villas, que Badiane promet à toutes les coopératives ou à tous les groupes qui élèvent le ton, ont été bâties sans autorisation de construire. Et sans que Namora dispose d’un bail ni d’un quelconque titre qui lui confère des droits sur le terrain. Les 50 ha de Tivaouane Peulh dont il s’agit ont été affectés au groupe Nabi détenu à parts égales par Alioune Badara Badiane et Taboulé Sylla. Ce groupe s’est disloqué avant la sortie du bail. Lequel a d’ailleurs été visé par un rapport de la Cour des comptes qui a demandé au ministère de l’Economie et des Finances de le résilier. C’est sur ce terrain, qui n’est pas au nom de Namora, que Badiane a promis à ses clients de leur bâtir des maisons alors qu’il ne dispose ni de titre ni d’autorisation de construire.
Pour tromper son monde, Alioune Badara Badiane y est allé de main d’expert. Au moment de lancer son projet immobilier, il a grassement rétribué un proche de Wade pour convaincre ce dernier d’inaugurer le projet, en août 2008. La présence du chef de l’Etat à la cérémonie de lancement a crédibilisé Namora. Son promoteur a surfé sur la vague pour convaincre les Sénégalais de l’extérieur et les coopératives d’habitat du pays.
Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Si Alioune Badara Badiane mène grand train, le chantier n’avance guère. Et va susciter des remous sociaux comparables à ceux générés par l’affaire Madoff aux Etats-Unis. Dakaractu va revenir sur les détails, coopérative par coopérative, pays par pays, de la plus vaste escroquerie survenue depuis l’indépendance du Sénégal.
On ne sait par quel miracle, Alioune Badara Badiane, promoteur du projet Namora, est passé entre les mailles du filet, protégé par un très proche collaborateur de Wade et par certains complices à la présidence.
Trois années après, les dégâts excèdent toutes les proportions imaginables. Des milliers de Sénégalais établis en France, en Italie et aux Etats-Unis, ou adhérents aux coopératives d’habitats du Sutsas, de la Cotecna, d’Aabri, des ICS, de l’Onas… ont versé des milliards à Alioune Badara Badiane qui leur avait promis des maisons qui devaient leur être livrées à partir de 2009 et qui ne sont toujours pas sorties de terre.
Rien que les adhérents du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) ont versé plus de 3 milliards de francs cfa à Namora pour la construction de milliers de villas. Aabri, regroupement de travailleurs de diverses structures (Asecna, Aviation civile, Aéroports du Sénégal, Météorologie…), a donné près de 200 millions. Les ICS ont déposé 150 millions, l’Onas 100 millions, et la Cotecna 200 millions. Inquiets, les dirigeants de cette dernière entreprise ont rencontré ceux de Namora, au début de ce mois d’août, afin d’exiger la livraison des 90 villas pour lesquelles ils ont avancé de l’argent. Pour s’entendre répondre qu’ils ne pouvaient entrer en possession que de 14 villas, et dans deux mois. Cotecna va vers une rupture pure et simple dans les jours à venir et à une demande de remboursement. La coopérative de Paris a été fermée. Coumba Touré, qui la dirigeait, s’est retirée. Non sans expliquer aux déposants qu’elle a remis leur argent à Alioune Badara Badiane par le biais de plusieurs versements de centaines de milliers d’euros en liquide. Si la coopérative d’Italie planche sur la stratégie pour que ses membres rentrent dans leurs fonds, celle d’Atlanta a été la première à sentir l’arnaque et à sonner la mobilisation.
Dakaractu est en mesure d’affirmer que les villas promises ne pourront pas être livrées. Il n’y a, dans le site situé à Tivaouane Peulh, rien qui puisse le rendre habitable avant des années. D’abord seule une cinquantaine de villas ont été construites, alors que 3 000 auraient dû déjà l’être au bénéfice du seul Sutsas.
Pire, la zone n’est pas assainie, ni dotée d’un réseau de distribution d’eau et d’électricité. Les cinquante villas, que Badiane promet à toutes les coopératives ou à tous les groupes qui élèvent le ton, ont été bâties sans autorisation de construire. Et sans que Namora dispose d’un bail ni d’un quelconque titre qui lui confère des droits sur le terrain. Les 50 ha de Tivaouane Peulh dont il s’agit ont été affectés au groupe Nabi détenu à parts égales par Alioune Badara Badiane et Taboulé Sylla. Ce groupe s’est disloqué avant la sortie du bail. Lequel a d’ailleurs été visé par un rapport de la Cour des comptes qui a demandé au ministère de l’Economie et des Finances de le résilier. C’est sur ce terrain, qui n’est pas au nom de Namora, que Badiane a promis à ses clients de leur bâtir des maisons alors qu’il ne dispose ni de titre ni d’autorisation de construire.
Pour tromper son monde, Alioune Badara Badiane y est allé de main d’expert. Au moment de lancer son projet immobilier, il a grassement rétribué un proche de Wade pour convaincre ce dernier d’inaugurer le projet, en août 2008. La présence du chef de l’Etat à la cérémonie de lancement a crédibilisé Namora. Son promoteur a surfé sur la vague pour convaincre les Sénégalais de l’extérieur et les coopératives d’habitat du pays.
Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Si Alioune Badara Badiane mène grand train, le chantier n’avance guère. Et va susciter des remous sociaux comparables à ceux générés par l’affaire Madoff aux Etats-Unis. Dakaractu va revenir sur les détails, coopérative par coopérative, pays par pays, de la plus vaste escroquerie survenue depuis l’indépendance du Sénégal.
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