Le Président Macky Sall a réussi l’anéantissement judiciaire du Maire Khalifa Sall, mais il n’a pas obtenu le succès politique, à la hauteur de son dessein. Avec l’élection triomphale de Mme Soham Wardini, la ville de Dakar n’est ni domestiquée ni remorquée par la majorité présidentielle. Une inconditionnelle de Khalifa Sall n’est évidemment pas un valet de Macky Sall. De ce point de vue, le choix démocratique du Conseil municipal est la chronique joliment aboutie de la fidélité qui défait la félonie. Car, c’est le bras droit de Khalifa Sall qui a barré la route aux bras armés par le PS et l’APR que sont les maires, Banda Diop (Patte d’Oie) et Moussa Sy des Parcelles Assainies. La coalition Taxawu Dakar a – malgré les opérations feutrées de noyautage et de dynamitage – dépecé politiquement le décret de révocation signé par Président de la république.
L’événement du week-end fourmille de leçons dont les unes se déclinent en interrogations ; tandis que les autres s’affichent en certitudes. Une première question brûle voire calcine les lèvres : comment Macky Sall a pu progresser (sans pause) dans la voie de la croisade contre le Maire, Khalifa Sall, par un jusqu’auboutisme judiciaire qui suscite et amplifie la haine capitale de la capitale du Sénégal contre le locataire du Palais de l’avenue Roume ? Secondement : les dividendes de la mise à mort politique du leader de Taxawu Dakar (hormis la participation peu ou prou compromise de Khalifa Sall au scrutin président de 2019) contrebalancent-ils l’impopularité croissante du chef de l’Etat à Dakar et dans tous les coins du pays où l’ancien Secrétaire aux Elections du PS, possède des bases, des soutiens et des sympathies ? A l’arrivée, qui a vraiment gagné au change, dans les rangs de Benno Bokk Yakaar ?
Au chapitre des évidences, Macky Sall est, dans cette affaire, mal loti en termes de gains. L’AFP de Moustapha Niasse a moissonné la Mairie de Dakar (à travers la personne de Soham Wardini) et l’APR a récolté la colère et toutes les colères. Cette réalité est corroborée par l’ambiance électrique qui a prévalu lors du conclave du samedi 29 septembre. A cet égard, la gifle administrée au Ministre de la Santé (d’après le blog très pointu YERIMPOST), les coups et les quolibets synchronisés contre le Maire Banda Diop et la surexcitation débordante de la foule furieuse des khalifistes, sont le bon baromètre d’une orgie d’hostilités voire d’une houle de haines à l’endroit du régime issu, en mars 2012, des décombres de celui de Maitre Abdoulaye Wade. Ministre travailleur et membre par alliance de la famille du Khalife Général des Layènes, Abdoulaye Diouf Sarr subit ainsi les retours de manivelle de la condamnation de Khalifa Sall. Mêmes déboires et mêmes désagréments pour les édiles Banda Diop et Moussa Sy, coupables d’avoir exécuté la danse de Saint-Guy, là où ils devaient – aux yeux de la majorité des conseillers municipaux – faire montre d’une placidité (digne de Bouddha) dans la loyauté vis-à-vis de Taxawu Dakar.
Dans la descente aux enfers de Khalifa Sall, le Président Sall est, bien sûr, catalogué comme le bourreau, c’est-à-dire, celui qui a actionné la guillotine judiciaire puis donné le coup de grâce administratif, au moyen du décret de révocation. Pour l’habitant de la Médina comme pour le notable de Grand-Yoff, Ousmane Tanor Dieng n’est ni Premier ministre ni Ministre de la Justice, encore moins le Patron de l’Inspection générale d’Etat. En revanche, le Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) est le bénéficiaire quasi-absolu des malheurs de l’ex-Maire de Dakar. En effet, la neutralisation durable de Khalifa Sall correspond à l’effacement d’un empêcheur de coaliser en rond dans la coalition Benno Bokk Yakaar et, aussi, à l’éjection d’un cacique concurrent, rival et rebelle, des instances dirigeantes du Parti Socialiste.
Bref, c’est Macky Sall qui est, à la fois, la cheville ouvrière et le dindon de la farce. Nous nous gardons de dire : le zèbre de la manœuvre. En tout état de cause, Khalifa Sall téléguide toujours la marche administrative et politique de la Mairie de Dakar, depuis sa cellule. Car, chaque visite de Mme Soham Wardini à Rebeuss, équivaudra à une réelle séance de travail au cours de laquelle l’expérience et les orientations de Khalifa Sall seront religieusement recueillies et scrupuleusement traduites en actes. Du coup, la portée du décret de révocation sera réduite à sa plus simple voire inexistante expression. A contrario, les vagues d’aversions émanant de nombreux segments des populations dakaroises, seront plus grandes et plus grondantes en direction du chef de l’Etat. L’humoriste Coluche a vu juste : « Les amis passent mais les ennemis s’accumulent ». Notamment dans la vie politique.
Bizarre et dommage que la francophilie des pans entiers de notre classe politique n’ait pas pas favorisé des emprunts dynamiques et constructifs. En effet, les rapports de dualité voire de télescopage entre le Président de la république et le Maire d’une capitale ne sont pas nouveaux. Mieux, la Mairie de Dakar et le Palais présidentiel devraient former, sans aucun cloisonnement, le parfait laboratoire d’une vie démocratique, toutes échelles (locale et nationale) confondues. C’est précisément le type de défi démocratique que le premier magistrat de la plus grande ville et le premier magistrat de tout le pays, doivent apprendre à relever, en dehors des tensions aux prolongements judiciaires. A l’instar de la jurisprudence parisienne de l’année 1977. A cette époque, le Président Valéry Giscard d’Estaing en conflit avec son son ex-Premier ministre démissionnaire, Jacques Chirac, voulut catapulter son fidèle Ministre de l’Environnement, Michel d’Ornano, à la tête de la Mairie de Paris. Le duel s’engagea au sein de la même famille politique : la droite. Sans aucune implication de la Justice. La suite est connue et conforme à l’orthodoxie démocratique. Jacques Chirac aura eu un destin présidentiel, après Giscard et Mitterrand, sans passer par la prison. Aujourd’hui, Macron et Hidalgo échangent courtoisement tout au long des heures que dure le défilé du 14 juillet, sur les Champs-Elysées. Dakar n’a pas besoin de Délégation spéciale. Et le Sénégal ne mérite pas une démocratie au rabais.
L’événement du week-end fourmille de leçons dont les unes se déclinent en interrogations ; tandis que les autres s’affichent en certitudes. Une première question brûle voire calcine les lèvres : comment Macky Sall a pu progresser (sans pause) dans la voie de la croisade contre le Maire, Khalifa Sall, par un jusqu’auboutisme judiciaire qui suscite et amplifie la haine capitale de la capitale du Sénégal contre le locataire du Palais de l’avenue Roume ? Secondement : les dividendes de la mise à mort politique du leader de Taxawu Dakar (hormis la participation peu ou prou compromise de Khalifa Sall au scrutin président de 2019) contrebalancent-ils l’impopularité croissante du chef de l’Etat à Dakar et dans tous les coins du pays où l’ancien Secrétaire aux Elections du PS, possède des bases, des soutiens et des sympathies ? A l’arrivée, qui a vraiment gagné au change, dans les rangs de Benno Bokk Yakaar ?
Au chapitre des évidences, Macky Sall est, dans cette affaire, mal loti en termes de gains. L’AFP de Moustapha Niasse a moissonné la Mairie de Dakar (à travers la personne de Soham Wardini) et l’APR a récolté la colère et toutes les colères. Cette réalité est corroborée par l’ambiance électrique qui a prévalu lors du conclave du samedi 29 septembre. A cet égard, la gifle administrée au Ministre de la Santé (d’après le blog très pointu YERIMPOST), les coups et les quolibets synchronisés contre le Maire Banda Diop et la surexcitation débordante de la foule furieuse des khalifistes, sont le bon baromètre d’une orgie d’hostilités voire d’une houle de haines à l’endroit du régime issu, en mars 2012, des décombres de celui de Maitre Abdoulaye Wade. Ministre travailleur et membre par alliance de la famille du Khalife Général des Layènes, Abdoulaye Diouf Sarr subit ainsi les retours de manivelle de la condamnation de Khalifa Sall. Mêmes déboires et mêmes désagréments pour les édiles Banda Diop et Moussa Sy, coupables d’avoir exécuté la danse de Saint-Guy, là où ils devaient – aux yeux de la majorité des conseillers municipaux – faire montre d’une placidité (digne de Bouddha) dans la loyauté vis-à-vis de Taxawu Dakar.
Dans la descente aux enfers de Khalifa Sall, le Président Sall est, bien sûr, catalogué comme le bourreau, c’est-à-dire, celui qui a actionné la guillotine judiciaire puis donné le coup de grâce administratif, au moyen du décret de révocation. Pour l’habitant de la Médina comme pour le notable de Grand-Yoff, Ousmane Tanor Dieng n’est ni Premier ministre ni Ministre de la Justice, encore moins le Patron de l’Inspection générale d’Etat. En revanche, le Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) est le bénéficiaire quasi-absolu des malheurs de l’ex-Maire de Dakar. En effet, la neutralisation durable de Khalifa Sall correspond à l’effacement d’un empêcheur de coaliser en rond dans la coalition Benno Bokk Yakaar et, aussi, à l’éjection d’un cacique concurrent, rival et rebelle, des instances dirigeantes du Parti Socialiste.
Bref, c’est Macky Sall qui est, à la fois, la cheville ouvrière et le dindon de la farce. Nous nous gardons de dire : le zèbre de la manœuvre. En tout état de cause, Khalifa Sall téléguide toujours la marche administrative et politique de la Mairie de Dakar, depuis sa cellule. Car, chaque visite de Mme Soham Wardini à Rebeuss, équivaudra à une réelle séance de travail au cours de laquelle l’expérience et les orientations de Khalifa Sall seront religieusement recueillies et scrupuleusement traduites en actes. Du coup, la portée du décret de révocation sera réduite à sa plus simple voire inexistante expression. A contrario, les vagues d’aversions émanant de nombreux segments des populations dakaroises, seront plus grandes et plus grondantes en direction du chef de l’Etat. L’humoriste Coluche a vu juste : « Les amis passent mais les ennemis s’accumulent ». Notamment dans la vie politique.
Bizarre et dommage que la francophilie des pans entiers de notre classe politique n’ait pas pas favorisé des emprunts dynamiques et constructifs. En effet, les rapports de dualité voire de télescopage entre le Président de la république et le Maire d’une capitale ne sont pas nouveaux. Mieux, la Mairie de Dakar et le Palais présidentiel devraient former, sans aucun cloisonnement, le parfait laboratoire d’une vie démocratique, toutes échelles (locale et nationale) confondues. C’est précisément le type de défi démocratique que le premier magistrat de la plus grande ville et le premier magistrat de tout le pays, doivent apprendre à relever, en dehors des tensions aux prolongements judiciaires. A l’instar de la jurisprudence parisienne de l’année 1977. A cette époque, le Président Valéry Giscard d’Estaing en conflit avec son son ex-Premier ministre démissionnaire, Jacques Chirac, voulut catapulter son fidèle Ministre de l’Environnement, Michel d’Ornano, à la tête de la Mairie de Paris. Le duel s’engagea au sein de la même famille politique : la droite. Sans aucune implication de la Justice. La suite est connue et conforme à l’orthodoxie démocratique. Jacques Chirac aura eu un destin présidentiel, après Giscard et Mitterrand, sans passer par la prison. Aujourd’hui, Macron et Hidalgo échangent courtoisement tout au long des heures que dure le défilé du 14 juillet, sur les Champs-Elysées. Dakar n’a pas besoin de Délégation spéciale. Et le Sénégal ne mérite pas une démocratie au rabais.
Autres articles
-
Laser du lundi : Macky et Aliou Sall ont fort à faire entre l’amorce de la pompe à désagréments et la fermeture des vannes (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Laser du lundi : Ebullition au Sénégal, élection en Mauritanie et dislocation en cours au Mali (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Farba Ngom et Yakham Mbaye sont les voltigeurs de tête de Macky Sall (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Laser du lundi : Pourquoi le Sénégal s’installe dans la gouvernance émaillée de heurts et teintée de haine ? (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Laser du lundi : Les imprudences d’Aliou Sall et les erreurs de Macky Sall sont plus dévastatrices que les bazookas de l’opposition radicale (Par Babacar Justin Ndiaye)