DAKARACTU.COM Le papier du 6 décembre d'Alassane Samba Diop sur les ondes de la RFM, s’interrogeant sur le jet privé qui transporte Karim Wade, a fait mouche. Ce n’est pas la première fois que des informations sont données sur cet avion, ni sur l’incongruité de cette fantaisie toute sénégalaise qui nous met au rang de la risée du monde. Mais cette fois-ci, c’est toute la République, ses barons et ses partenaires en affaires les plus fameux qui ont assailli le téléphone du journaliste de la RFM. Ces intervenants très particuliers ont eu le mauvais goût d’arguer que ces informations portaient atteinte à... la vie privée du fils du président. Rien que ça !!! Pas que ces informations seraient fausses, non, mais qu’elles dérangent si elles sont dites. Il est vrai qu’en 1999, avant que son père ne devienne président d’un des pays les plus pauvres au monde, Karim Wade se tapait le trajet Londres- Paris en Eurostar, et en deuxième classe s’il vous plaît. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les points qui enjambent le Rhin. Mais quand Alassane Samba Diop cherche à avoir des informations sur l’existence, l’immatriculation, le coût de cet avion, toute la République en mesure de l’éclairer se met en veilleuse. C’est presque le « Confidentiel Défense » qui est brandi. Pourquoi un tel secret ? Il y a un an, le magazine Week End avait, sous la plume de Madiambal Diagne, tenté d’éclairer la lanterne des Sénégalais ahuris par cette fantaisie tropicale. Karim Wade lui avait alors servi une sommation interpellative, à grand renfort de mouvements de menton et d’épaules, histoire certainement d’impressionner le journaliste. Lequel, loin de se coucher apeuré, a confirmé tous ses propos et les a assumés totalement. Depuis, plus rien, pas la moindre assignation n’est venue illustrer ces cris d’orfraie innocents. Selon Madiambal Diagne, dans l’édition du 5 janvier 2011 de son journal, Karim Wade « visait simplement à faire peur à la presse, car c’est la première fois que des informations sérieuses ont été publiées. Et il veut que personne ne parle plus de cet avion ». A lire Week End, ce Falcon 50 est piloté par un des meilleurs équipages du monde et géré par la société Darta, pilote et équipage compris. Sa valeur est de 6,5 milliards de francs cfa. Il faut savoir que pour un simple voyage entre Dakar et Abidjan, il faut débourser la bagatelle de 21 millions, et pour aller faire quelques emplettes à Paris, cela coûte la peccadille de 65 millions. Une paille. Depuis 50 ans qu’existe notre pays, aucun ministre n’a jamais voyagé dans des conditions aussi onéreuses. Alors des questions doivent être posées. Elles entraînent inévitablement toutes sortes de supputations. Celle qui tient la corde est que ce Falcon 50 serait immatriculé au nom d’un célèbre industriel libano-sénégalo-français, connu pour être un proche de la famille présidentielle. On attend de savoir. Une autre supputation voudrait que cet avion, ce jet privé, serait un cadeau de la Chine, contente qu’elle aurait été de nous avoir vu virer comme d’absolus malpropres leurs rivaux de Taïwan. Si on veut. Mais est-ce cet avion ? Qu’on nous le montre. Quelle est son immatriculation qui prouve qu’il est au nom de l’Etat sénégalais ? Si c’est le cas, pourquoi il n’y a qu’une seule personne qui a le droit de s’en servir ? Et à quel coût pour nos finances publiques ? Cet avion se pose tous les jours sur le tarmac de Léopold Sédar Senghor, sans aucun contrôle, ni policier, ni douanier, et peut par conséquent tout transporter : de l’or, des faux billets, des tonnes de coupures de banque, de la drogue, des personnages peu recommandables et fichés par Interpol… Tout est possible. Alors de grâce éclairez-nous !!! Ce profil de république bananière que nous fait cet aéronef à disposition d’un simple ministre de la République, fût-il à la tête d’autant de ministères, nous rappelle l’interdiction faite aux ministres français par Nicolas Sarkozy de voyager en jet privé. Il est vrai que cette pauvre France croule de dettes et se trouve sous la menace de la perte de son triple A, et que nous, par contre, sommes d’une aisance qui nous permet et nous donne le droit de voler plus haut que nos arachides nous le permettent. Ce n’est pas ici que serait malheureux le ministre viré par Sarkozy pour avoir rallié les Antilles à bord d’un avion loué. Récemment, en Inde, un haut dignitaire de notre Sénégal était allé pleurer de toutes ses larmes afin d’obtenir une aide pour notre développement. Il commit la maladressse d'arriver en jet privé. Ce qui indigna les Indiens qui, du haut de leur rang de puissance mondiale, ne font voyager leurs ministres qu’en business class. Cette histoire de jet privé promenant à travers le monde Karim Wade choque et gêne. Dakaractu fera de ce sujet une question fondamentale, jusqu’à ce que l’on obtienne des réponses satisfaisantes aux questions légitimes que cet avion soulève. Il est temps que ce coucou qui amuse le prince cesse d’être le plus grand tabou de la République.
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