DAKARACTU.COM Les dès sont jetés. Le deuxième tour de l’élection présidentielle opposera au mois de mars le président sortant Abdoulaye Wade et candidat de la coalition Macky 2012, son ancien Premier ministre Macky Sall, arrivé second par la grâce des suffrages des Sénégalais. Ce second tour s’avère serré et incertain. La trajectoire des deux hommes se confond en un instant où leurs divergences s’affichent et où paradoxalement les bienfaits du sortant ont fait et construit l’avenir de son adversaire. Wade, qui a participé à l’éclosion de Macky, dont il a eu à déclarer un jour qu’il avait été le véritable architecte de sa vision, va croiser le fer avec lui, et sans concession, voire avec une férocité stratégique implacable. Cet affrontement est singulier. C’est à un véritable duel que vont se livrer deux hommes que rien n’opposait il y a juste quatre ans. Au contraire.
Les Sénégalais devront choisir en tenant compte de facteurs subjectifs. D’où l’intérêt de marquer les forces et les faiblesses des deux hommes qui vont s’affronter en une des élections les plus incertaines de l’histoire de la vie politique du Sénégal.
Abdoulaye Wade part avec l’avantage du pouvoir. Et, quelles que soient ses actuelles et réelles difficultés, tous gardent à l’esprit sa fameuse sentence assénée à Faure Gnassingbé, lui disant qu’on n’organise pas une élection pour la perdre. Wade a un appareil, un grand parti, véritable machine de guerre à sa disposition dans un deuxième tour au couteau. Il a le nerf de cette guerre, l’argent, en dispose à satiété, et connait le pouvoir que cet argent exerce sur des populations en mal de paraître et de réussite. Une autre force de Wade, et pas la moindre, c’est qu’il est en tête de la course, et ce taux d’abstention dont tout le monde veut s’attacher la destination lui est peut-être favorable, puisqu’étant plus marqué dans ses bastions traditionnels d’influence et dans ses fiefs électoraux. Abdoulaye Wade a aussi son bilan. Il est incontestable qu’il a transfiguré le pays et Dakar en particulier. Il a en plus de cela son tempérament de combattant et d’obstiné dans l’adversité, et il n’aime rien de plus que les défis. Battre un adversaire qui a le vent en poupe, ça le gonfle à bloc. Donné pour battu, il se régénère, considéré comme essoufflé, il se revivifie. Son extraordinaire capacité de travail pourra entraîner les plus déroutés par la tournure pessimiste actuelle à se multiplier à la tâche, car il demeure un extraordinaire capitaine d’équipe. Et puis, last but not the least, Wade reste populaire, c’est un personnage de romans, un être qui concentre les esprits et dirige les énergies vers lui, les absorbe et les canalise. Son âge, direz-vous ? C’est sa faiblesse selon certains, c’est sa force selon ceux qui font de la vieillesse un puits de sagesse. A voir…
Quant à ses faiblesses, la première dans cette élection est le seul contre tous qu’il aura à gérer. Il aime ça, mais ce combat est difficile ; les possibilités de dialogue minces du fait qu’il aura ouvert avec quasiment tous les candidats des fronts de combat, dont le plus insensé est justement celui qui aura fait de son adversaire d’aujourd’hui un… martyr, comme les aiment les Sénégalais. Sa faiblesse dans ce scrutin, c’est son manque de volonté d’éclaircir ce serpent de mer que constitue cette supposée dévolution monarchique de son pouvoir. Une faiblesse de Wade dans son combat d’aujourd’hui, c’est aussi sa capacité déroutante à se dédire à un moment où les Sénégalais ont encore besoin de renforcer sa moralité et son sens des valeurs dont ils pensent à tort ou à raison qu’ils ont été spoliés ces dernières années. C’est enfin de distiller que justement il a travaillé et que, après tout cela, il devrait vouloir une retraite apaisante et apaisée. La faiblesse suprême de Wade, c’est ce sentiment de crier aux Sénégalais qu’il est indispensable.
Macky Sall, lui, a des forces indiscutables. Il est jeune, il est apparu sous les traits d’un homme que l’injustice a frappé alors qu’il ne faisait que son travail, injustice sortie du bras de celui auquel il était dévoué. De cette injustice, il fera une arme. C’est un bosseur, infatigable, qui a su faire le tour du pays alors que des hommes politiques ne s’aventurent à le faire que dans d’extrêmes conditions de confort. La force de Macky Sall dans cette élection est ce vent qui le pousse dans le dos rendant tous ses faits et gestes en harmonie avec l’air du temps. C’est aussi une capacité d’organisation, un sens du jugement, de l’agrégation des compétences et de leur mise en mouvements communs. La force de Macky, c’est sa détermination à aller au bout, son art de « tuer le père » sans faire dans le dramatique, mais dans le normal, dans la logique successorale. Même dans une certaine adversité. Cela nécessite un certain courage politique. Ce courage politique, il en a également fait montre pour prendre ses distances avec certaines propositions fort prématurées des Assises nationales, avec la candidature unique de Bennoo, mais aussi avec cette stratégie de non-campagne du M23. Pour avoir été l’architecte d’une bonne partie du bilan de Wade, Macky Sall est crédité d’une certaine vision, d’une compétence avérée, mais aussi et surtout d’un sens de la probité et de l’éthique. Son pedigree rassure par sa politesse et sa modération.
Ses faiblesses sont nichées dans cet aréopage de personnalités hétéroclites. C’est une force certes de savoir les agréger mais cela peut coûter de faire trop ressembler son parti à une armée mexicaine, un patchwork politique indigeste. Une autre de ses faiblesses qui, elle, n’est pas structurelle, mais quasiment irrationnelle, c’est la croyance de certains à ce supposé « plan B » de Wade qui plombe un peu sa sincérité, surtout que des souvenirs des Sénégalais font remonter dans leurs mémoires des images de l’homme qui avait tenu et aiguisé le couteau qui avait servi à égorger politiquement Idrissa Seck. Sans états d’âme. Pourvu que cela ne lui colle pas à la peau et n’entrave pas un destin aussi surprenant qu’un virage en épingle qu’on n’a pas vu survenir et qui nous fait sortir de la route au moment où elle était paisible. Le duel s’annonce serré et prend les allures d’une tragédie romaine, une vendetta mettant aux prises un père et son enfant banni.
Les Sénégalais devront choisir en tenant compte de facteurs subjectifs. D’où l’intérêt de marquer les forces et les faiblesses des deux hommes qui vont s’affronter en une des élections les plus incertaines de l’histoire de la vie politique du Sénégal.
Abdoulaye Wade part avec l’avantage du pouvoir. Et, quelles que soient ses actuelles et réelles difficultés, tous gardent à l’esprit sa fameuse sentence assénée à Faure Gnassingbé, lui disant qu’on n’organise pas une élection pour la perdre. Wade a un appareil, un grand parti, véritable machine de guerre à sa disposition dans un deuxième tour au couteau. Il a le nerf de cette guerre, l’argent, en dispose à satiété, et connait le pouvoir que cet argent exerce sur des populations en mal de paraître et de réussite. Une autre force de Wade, et pas la moindre, c’est qu’il est en tête de la course, et ce taux d’abstention dont tout le monde veut s’attacher la destination lui est peut-être favorable, puisqu’étant plus marqué dans ses bastions traditionnels d’influence et dans ses fiefs électoraux. Abdoulaye Wade a aussi son bilan. Il est incontestable qu’il a transfiguré le pays et Dakar en particulier. Il a en plus de cela son tempérament de combattant et d’obstiné dans l’adversité, et il n’aime rien de plus que les défis. Battre un adversaire qui a le vent en poupe, ça le gonfle à bloc. Donné pour battu, il se régénère, considéré comme essoufflé, il se revivifie. Son extraordinaire capacité de travail pourra entraîner les plus déroutés par la tournure pessimiste actuelle à se multiplier à la tâche, car il demeure un extraordinaire capitaine d’équipe. Et puis, last but not the least, Wade reste populaire, c’est un personnage de romans, un être qui concentre les esprits et dirige les énergies vers lui, les absorbe et les canalise. Son âge, direz-vous ? C’est sa faiblesse selon certains, c’est sa force selon ceux qui font de la vieillesse un puits de sagesse. A voir…
Quant à ses faiblesses, la première dans cette élection est le seul contre tous qu’il aura à gérer. Il aime ça, mais ce combat est difficile ; les possibilités de dialogue minces du fait qu’il aura ouvert avec quasiment tous les candidats des fronts de combat, dont le plus insensé est justement celui qui aura fait de son adversaire d’aujourd’hui un… martyr, comme les aiment les Sénégalais. Sa faiblesse dans ce scrutin, c’est son manque de volonté d’éclaircir ce serpent de mer que constitue cette supposée dévolution monarchique de son pouvoir. Une faiblesse de Wade dans son combat d’aujourd’hui, c’est aussi sa capacité déroutante à se dédire à un moment où les Sénégalais ont encore besoin de renforcer sa moralité et son sens des valeurs dont ils pensent à tort ou à raison qu’ils ont été spoliés ces dernières années. C’est enfin de distiller que justement il a travaillé et que, après tout cela, il devrait vouloir une retraite apaisante et apaisée. La faiblesse suprême de Wade, c’est ce sentiment de crier aux Sénégalais qu’il est indispensable.
Macky Sall, lui, a des forces indiscutables. Il est jeune, il est apparu sous les traits d’un homme que l’injustice a frappé alors qu’il ne faisait que son travail, injustice sortie du bras de celui auquel il était dévoué. De cette injustice, il fera une arme. C’est un bosseur, infatigable, qui a su faire le tour du pays alors que des hommes politiques ne s’aventurent à le faire que dans d’extrêmes conditions de confort. La force de Macky Sall dans cette élection est ce vent qui le pousse dans le dos rendant tous ses faits et gestes en harmonie avec l’air du temps. C’est aussi une capacité d’organisation, un sens du jugement, de l’agrégation des compétences et de leur mise en mouvements communs. La force de Macky, c’est sa détermination à aller au bout, son art de « tuer le père » sans faire dans le dramatique, mais dans le normal, dans la logique successorale. Même dans une certaine adversité. Cela nécessite un certain courage politique. Ce courage politique, il en a également fait montre pour prendre ses distances avec certaines propositions fort prématurées des Assises nationales, avec la candidature unique de Bennoo, mais aussi avec cette stratégie de non-campagne du M23. Pour avoir été l’architecte d’une bonne partie du bilan de Wade, Macky Sall est crédité d’une certaine vision, d’une compétence avérée, mais aussi et surtout d’un sens de la probité et de l’éthique. Son pedigree rassure par sa politesse et sa modération.
Ses faiblesses sont nichées dans cet aréopage de personnalités hétéroclites. C’est une force certes de savoir les agréger mais cela peut coûter de faire trop ressembler son parti à une armée mexicaine, un patchwork politique indigeste. Une autre de ses faiblesses qui, elle, n’est pas structurelle, mais quasiment irrationnelle, c’est la croyance de certains à ce supposé « plan B » de Wade qui plombe un peu sa sincérité, surtout que des souvenirs des Sénégalais font remonter dans leurs mémoires des images de l’homme qui avait tenu et aiguisé le couteau qui avait servi à égorger politiquement Idrissa Seck. Sans états d’âme. Pourvu que cela ne lui colle pas à la peau et n’entrave pas un destin aussi surprenant qu’un virage en épingle qu’on n’a pas vu survenir et qui nous fait sortir de la route au moment où elle était paisible. Le duel s’annonce serré et prend les allures d’une tragédie romaine, une vendetta mettant aux prises un père et son enfant banni.
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