Laser du lundi : Milice politique de proximité (Par Babacar Justin NDIAYE)

Laser du lundi ,Retrouvez chaque Lundi matin sur Dakaractu la chronique politique de Babacar Justin Ndiaye, Analyste politique et social .


Laser du lundi : Milice politique de proximité  (Par Babacar Justin NDIAYE)
Derrière le rideau de truismes (sans sécurité pas de développement ; sans paix pas de progrès ; sans quiétude pas de succès etc.) se cache une milice politique de proximité sous des dehors sémantiques qui arrachent l’adhésion et confisquent l’approbation : Agence de Sécurité de Proximité. Mais une fois le vernis lessivé, apparait monstrueusement un Régiment de Tontons-Macoutes en gestation.

Au nom du double volet de la gouvernance sécuritaire (probablement un sous-produit de la gouvernance vertueuse prônée par l’APR) et de l’emploi des jeunes, l’Etat va incessamment créer un corps hybride qui fera figure d’ersatz de la police, de lie de la gendarmerie et d’écume de l’armée. Un corps inclassable et inqualifiable. Et, surtout, d’essence dangereusement et drôlement antirépublicaine. Car, en voulant théoriquement endiguer les agressions et les vols, on commence paradoxalement par agresser l’orthodoxie républicaine.

Depuis Max Weber, tout le monde admet que « l’Etat détient le monopole de la violence légitime ». Dans un Etat crédible et dans une République non bananière, comme le Sénégal, l’exercice de « la violence légitime » est historiquement distribué entre la police, la gendarmerie et l’armée qui sont – statut et formation obligent – non partisanes. Chose essentielle et non étrangère à l’essor démocratique et à la vigueur institutionnelle de notre pays. Réalité précieuse et salvatrice pour les hommes politiques qui, depuis1960, se succèdent au sommet de l’Etat sans bain de sang. Et enfin, motif national de fierté et de satisfaction bien partagé par les citoyens.

Alors, pourquoi juxtaposer à ce substantiel et rassurant socle de sécurité (police, gendarmerie et armée) une force nouvelle aux contours effarants et effrayants ? Les réponses fournies, jusque-là, ne résistent pas à l‘examen. Les poches de flou pullulent, en dépit des prouesses dialectiques et astuces langagières – sur le double thème de l’emploi et de la sécurité – tirées de la belle et abondante rhétorique du directeur de l’Agence de Sécurité de Proximité (ASP), Pape Khaly Niang.

A cet égard, on peut chapitrer les interrogations, les appréhensions et les doutes autour de trois points : la nature de la mission, le mode de recrutement et la chaine de commandement. Sur le premier, on n’a guère besoin de s’appesantir sur les besoins et les défis, pour convaincre les Sénégalais sur la nécessité de résorber le déficit de sécurité. Autant perdre son temps à prêcher des convertis. La préoccupation porte plutôt sur l’instrument de sécurisation (ASP) qui ne doit pas être un vecteur d’insécurité pour les populations. Et de périls pour la démocratie.

Une dizaine de milliers de jeunes et de moins jeunes (sans Etat-major digne de ce nom) directement rattaché à la Présidence, représente forcément une milice flottante – en marge des services classiques de sécurité – et menaçante. En effet, personne ne peut préjuger de son attitude, au lendemain d’un scrutin aux résultats farouchement contestés. Là où la police et la gendarmerie seront légalistes et professionnelles, l’ASP pourrait être partisane, c’est-à-dire pleine de gratitude envers son créateur. Et par conséquent, furieuse et déchainée contre les manifestants.

Au demeurant, les Généraux, Colonels et Commissaires étant plus diplômés que nombre de ministres, il va sans dire qu’ils refuseront d’exécuter des ordres démesurés et déraisonnables qui les catapulteront directement devant les juges de la Cour Pénale Internationale (CPI), à l’instar de Charles Taylor, Jean Pierre Bemba ou le chef milicien Thomas Lubanga de la RDC. En revanche un obscur chômeur de la banlieue, promu miraculeusement fonctionnaire (sans concours) est prêt à tout, pour pérenniser le pouvoir de ses bienfaiteurs.

Toujours au chapitre de la mission, la feuille de route est douteuse, au vu des deux défis (majeur et secondaire) de sécurité qui interpellent le gouvernement. Le défi majeur s’appelle la Casamance où se joue le destin unitaire du Sénégal. Alors, partant du postulat que « sans sécurité, il n’existe de développement » selon la ritournelle de Pape Khaly Niang, il devient plus prioritaire et vital de liquider le rebelle qui agresse les institutions et hypothèque l’unité nationale, avant de combattre le pickpocket de Pikine. A cet effet, l‘armée pourrait, avec un budget conséquemment augmenté, renforcer ses effectifs avec le cinquième des dix mille hommes prévus pour l’ASP. Un supplément d’effectifs qui la soulagerait des servitudes de la défense statique des cantonnements protecteurs des villages et des villes ; et la rendrait plus mobile sur le théâtre des opérations. Tous les spécialistes savent que la défensive tue les armées ; tandis que l’offensive les vivifie.

A propos du mode de recrutement, le dernier communiqué de la direction de l’ASP, alarme à outrance les observateurs qui apprennent que le certificat d’études primaires et élémentaires n’est plus exigé ; tout comme n’est plus impérativement réclamé, avant recrutement, le casier judiciaire du candidat. Effarant et effrayant ! En l’absence du filtre ou tamis moral, l’ASP ou milice politique de proximité va enrôler des brigands, des forbans, des flibustiers, des corsaires et des pirates. Ce qui, apparemment, n’émeut personne. Ni les sentinelles (introuvables) de la Démocratie ni les gardes-chiourmes (invisibles) de la République. Même les alliés d’aujourd’hui, et rivaux de demain, se taisent curieusement. Quant à l’Assemblée nationale, elle est désarmée par le fait que la direction de l’ASP reste logée à la Présidence, avec un directeur (non ministre) qui n’est convocable par et devant les députés, qu’avec l’autorisation du chef de l’Etat. La jurisprudence Karim Wade, patron de l’ANOCI, est passée par là.

Le volet relatif à la formation reste également un terreau fertile en questions…sans réponses. La formation sera-t-elle standard, donc assimilable à celle de la police ? Les agents de sécurité et de proximité feront-ils du renseignement sans un brin de formation dans ce domaine ? Dans cette perspective-là, bonjour les dégâts ! Les miliciens, fers de lance de la Révolution de Sékou Touré et les CDR de Thomas Sankara, dénonçaient et emprisonnaient des gens dont le seul tort fut d’être plus aimés par une fille convoitée. « Le renseignement est un métier de Seigneurs » disait l‘Amiral Canaris, chef des services secrets de Hiltler. Et non une activité réservée aux fripouilles.

Enfin, le manque de clarté autour de la chaine de commandement laisse perplexes les analystes. Dix mille agents, c’est un volume d’hommes qu’on ne peut pas mettre en branle à l’échelle du territoire, sans des articulations étoffées et solides. Dans l‘armée, les commandants de zone, sont des pièces maitresses du dispositif. A la gendarmerie, le maillage du territoire par les légions et les brigades demeure impressionnant. La police n’est pas en reste, avec ses commissariats, ses BMS et une compagnie du GMI (la 5ème) cantonnée en permanence, en Casamance. Autant d’articulations, de relais et de démembrements qui exigent une expertise disséminée dans la hiérarchie. Et bien étagée. Car pour commander, il faut être méritant suivant des critères et des tests éprouvés et concluants. Or, à l’ASP, on a le docteur Pape Khaly Niang. En dessous, c’est le désert voulu ; puisque le CEPE et le casier judiciaire ne sont pas exigés.

Dommage que l’Histoire bégaye de cette façon au Sénégal, royaume des institutions militaires et paramilitaires, toutes éclatantes de brillance. Une phalange de tontons-macoutes n’a a jamais fait le poids. En novembre 1968, les lieutenants Moussa Traoré, Kissima Doucoura et Tiécoro Bagayko ont balayé, en moins d’une heure, la nombreuse milice populaire de Modibo Keita. En Guinée-Conakry, dès que le dictateur Sékou Touré est mort, la milice s’est évaporée devant l’armée du Colonel (futur Général) Lansana Conté. Le 15 octobre 1987, les Paras-commandos de Pô ont effacé les fameux CDR de Thomas Sankara.

Ce projet laisse d’autant plus songeur, qu’il prend forme au moment où une tendance lourde et menaçante pour la démocratie se dessine ici et là. Y compris dans une citadelle de la démocratie comme le Bénin, avec un technocrate raffiné (Yayi Boni) qui veut – par des artifices politiques et juridiques – se maintenir au pouvoir. Non loin de là, c’est le Burkinabé Blaise Compaoré qui (sans surprise) veut se servir de l’institution sénatoriale, comme d’une bouée de sauvetage.

Lundi 7 Octobre 2013
Dakar actu



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9.Posté par tarzan le 07/10/2013 10:29
pour garder des daral est ce qu'ils faut des policiers.je dis non car la police a evoluer vers ds spheres trés scientiques:Vido surveillance ,traques des delinquants à col blancs ,etc ...
Et le niveau minimum pour la police doit etre le Bac

8.Posté par SAMBA GOUNOR le 07/10/2013 10:27
MERCI DE CETTE ALERTE JUSTIN .

CET INDIVIDU P. Kh. NIANG EST UN HURLUBERLU DIGNE DE LA B.D. " BOY MELAX ET THIALKI " .

IL EST TRES INQUIETANT DE CONFIER UNE MISSION AUSSI AMPLE ET IMPRECISE DANS SES FONDEMENTS A UN ANCIEN FLIC DEVENU PAR LA GRACE DES COMBINES UNIVERSITAIRES EGYPTIENNES DOCTEUR EN DROIT PAR EQUIVALENCE , EN FRANCE .
CE TYPE INSCRIT AU BARREAU D' EVRY ET NON DE VERSAILLES COMME IL LE DIT NE VIT PROFESSIONNELLEMENT QUE D' AIDE JURIDICTIONNELLE. INFORMEZ- VOUS AUPRES DE SON BARREAU ET DE SES CONFRERES D' EVRY , DANS L' ESSONNE .
IL A MYSTIFIE SON MONDE EN COPIANT- COLLANT TRES MALADROITEMENT LES " CONTRATS LOCAUX DE SECURITE " LANCES A TOUT VA PAR LES MUNICCIPALITES DE LA BANLIEUE PARISIENNE AFIN DE JUGULER LES PROBLEMES D ' INSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLES DES POPULATIONS IMMIGREES ESSENTIELLEMENT ...
CES COTRATS LOCAUX DE SECURITE FRANCAIS N' EMPIETENT NULLEMENT SUR LA MISSION REGALIENNE DE LA POLICE ET DE LA GENDARMERIE .
P. Kh. NIANG EN AGENT ZELE ET FAINEANT EXTRAPOLE LES TEXTES DES PROJETS FRANCAIS EN LES TRAVESTISSANT POUR DEVOYER LEUR PRINCIPES ET FINALITES .
IL VAUT MIEUX PREVENIR QUE GUERIR .
LES AUTORITES REGALIENNES DE SECURITE DOIVENT ANALYSER DE TRES PRES LES TEXTES QUE PROPOSE KHALY NIANG ET ENCADRER SES ACTIVITES EN AMONT .
LA SECURITE REQUIERT PROFESSIONNALISME ET DEONTOLOGIE .
ELLE EST L' ALFA ET L' OMEGA DE L' INTEGRITE ET DE LA COHESION NATIONALES .
NOUS COURONS DE TRES GROS RISQUES EN LAISSANT LA BRIDE SUR LE COU DE CET INDIVIDU .

7.Posté par faye le 07/10/2013 10:12
je partage entièrement votre analyse.
il ferait mieux de renforcer les moyens de la police, gendarmerie et de l'armée.
j'ai peur d'un illettré gros et sans cervelle.

6.Posté par Xeme le 07/10/2013 09:54
Excellent texte. Pour moi, ces policiers de proximités ne seront que les prochains SS Nazis du Sénégal. Tout le reste n'est qu'emballage trompeur.

5.Posté par Baye le 07/10/2013 09:49
Merciii !
Mon pays est malade
malade de cs flics dealers , de cs politiciens truands
mon pays est malade
malade de devoir choisir entre les tordus un leader,
mon pays est malade
malade de voir les larmes de ses fils , ds élites irresponsables se décharger de leurs devoirs en évoquant la conjoncture , la pluie , la crise mondiale et mème Dieu
mon pays est malade
malade de cs fils pickpocket , voleurs, rebelles , journalistes corrompus, flics pourris mais aussi ds "supers-héros " ni batman , ni superman , ni flic ,ni bandit mais la "main"forte de son prési-bandit .

4.Posté par Le Curieux le 07/10/2013 09:36
Ce texte est nul et sans fondement moral parce que téléguidé par une envie aux relents de sadisme de faire mal au Président Macky Sall. Babacar Justin Ndiaye passe tout son temps à pérorer sur les plateaux de télévision. A propos de diplômes et compétences comme il aime souvent reprocher aux autorités politiques d'en manquer, ce Babacar Justin Ndiaye sort de quelle école ou institut de référence ?

3.Posté par loum le 07/10/2013 09:26
M., vous avez tellement raison. ce qu'il faut comprendre, c'est que on a un président sans vision et sans génie qui tâtonne gravement et met dans l'insécurité l'avenir de ce pays.

A l'époque de Wade, les jeunes étudiants Sénégalais de France, du canada, des USA, de Belgique, du Maroc et autres pays rentraient par vagues parce que l'espoir était là avec des postes de cadres, un cadre économique attrayant, une dynamique nouvelle, des investisseurs venus de partout.

Aujourd'hui, on nous propose des postes de "Gardiens" et de "Vigiles": avec cette ambiance de Gestapo, quel jeune étudiant va se permettre de rentrer au Sénégal?

Macky Sall est trop préssé. Macky est trop mal entouré. Macky Sall est trop mal conseillé.

Le reveil sera brutal et douloureux pour ce jeune président si bien élu et malheuresement risque de prendre la porte dans KLK semaines, inchallah. je le souhaite.

2.Posté par cheikhDepuis le 07/10/2013 09:13
Ah enfin
enfin quelqu'un qui pense comme moi sur ce sujet !!!

c'est quand meme incroyable que les politiciens acceptent ou ne critique pas sévèrement ce projet d'agence de sécurité
j'ai toujours défendu que c'est une très très très mauvaise idée
Cela montre un manque d'imagination terrible terrible terrible pour lutter contre le chômage ! Si Macky et ses amis n'ont d'autres idées que ça pour lutter contre le chômage c'est mieux qu'il démissionne tout de suite et qu'on organise des élections anticipées.

Les politiciens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, ça aurez du etre évident que ce projet est ridicule mais puisque tout ce qu'ils peuvent prévoir c'est la couleur du thiébou dieune qu'ls vont manger à midi, ils ne voient rien du tout until une catastrophe ou une instabilité grave crée par cette milice

1.Posté par l''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''' le 07/10/2013 09:10
On fetait de renforcer lrd corps de la police nationale et gendarmerie nationzle ; ca sera la voie ou la voix du maitre.

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