L’idée que Karim Wade est arrivé à l’hôtel Saint James, le 26 septembre à 14h, sans rien avoir à y faire, puis est reparti au bout d’une dizaine de minutes, est saugrenue. Le fils du président Abdoulaye Wade, qui ne pouvait ignorer la présence dans cette bâtisse du 16ème arrondissement de Paris de l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck, est ressorti parce qu’il a aperçu dans le hall deux journalistes venus rencontrer une personnalité politique gabonaise de passage dans l’établissement. S’estimant piégé, il s’est arrangé pour se sauver sans laisser le moindre indice de l’objectif de sa présence sur les lieux. Il est arrivé à Saint James avec l’homme d’affaires Abass Jaber pour rencontrer celui qu’il appelle « Mara », en présence de deux autres témoins qui devaient arriver. Sans doute pour ne pas être doublé par Idrissa Seck, qu’il soupçonne d’avoir fait venir les journalistes pour le ridiculiser, Karim Wade a pris les devants pour faire écrire à un journal proche de lui qu’il a eu avec l’ex-homme de confiance de son père une discussion pour aboutir à un pacte politique. Cet enchaînement a priori logique des faits souffre de deux faiblesses. Si Karim Wade et Idrissa Seck ont des choses de cette importance à se dire, ils se retrouvent dans un endroit plus discret que le hall d’un hôtel, fût-il un club privé. Abass Jaber, qui apparaît dans le rôle du facilitateur, ne peut pas en être un. Et pour cause, ce Franco-Sénégalais d’origine libanaise, qui a grandi à Thiès comme Idrissa Seck, est en froid avec ce dernier. « Idy », qui l’a introduit dans la sphère du pouvoir libéral, lui en veut de l’avoir lâché pour se rapprocher de Karim Wade. Et ne lui adresse plus la parole depuis plusieurs années. Jaber est donc inapte à être facilitateur ou médiateur. Le contexte et les acteurs principaux acteurs sont, en revanche, indiqués pour la démarche. Karim Wade est le principal point de blocage des retrouvailles entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck depuis 2004. S’il revient à de meilleurs sentiments naitra une nouvelle donne qui va bouleverser le champ politique. Un Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) uni et fort, doté d’un candidat autre qu’Abdoulaye Wade est la seule manière de négocier le virage électoral de février 2012 dans la sauvegarde de la légalité et de la stabilité.
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