Attaque meurtrière de Baffo : Quelles corrélations avec le trafic de bois en Casamance ?


Il existe une corrélation évidente entre le trafic de bois et les attaques souvent attribuées à des éléments du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance. En fait, ce mouvement irrédentiste, divisé, depuis les années 90, en plusieurs clans aux intérêts purement matériels, semble avoir déserté ses revendications indépendantistes, purement idéologiques, pour se faire de l’or en barre avec la complicité de sanguinaires mercenaires.
Ce trafic de bois a, pendant longtemps, engraissé le régime de Yahya Jammeh, qui se trouvait être le parrain attitré de Salif Sadio. Il est même dénoncé l’implication de la société West Wood qui exporte le produit (essentiellement du bois d’ébène), volé au Sénégal, vers la Chine. Selon des statistiques des services douaniers chinois, ce trafic de bois rapportait 140 milliards de F Cfa à la Gambie, qui abritait les dépôts. 120.000 m3 de bois sont exportés selon Aly Aïdar, ancien ministre de l’Environnement, connu pour son combat d’inspiration écologiste.
La tuerie de Boffa, si on en croit le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a eu lieu dans une forêt protégée, puisque très riche de ce bois tant prisé.   
Sous ce rapport, nous devons à la vérité de révéler que les populations des villages riverains se sont réunies en comité pour prélever des taxes sur les arbres coupés. Dès lors qu’il est établi que les victimes du carnage de ce samedi sont des coupeurs de bois clandestins, le fait ne peut pas manquer d’orienter les regards vers ces surveillants auto-proclamés qui se substituent aux pouvoirs publics, notamment le service des eaux et Forêts, pour faire appliquer la loi.
Cependant, compte tenu du matériel hautement sophistiqué utilisé pour commettre ce carnage ayant entrainé la mort de 13 personnes, il serait saugrenu d’accuser des villageois, en essayant de disculper le Mfdc. Ce mouvement a érigé l’exploitation des ressources naturelles de la Casamance, au détriment de l’Etat du Sénégal, en droit.
Pour mémoire, en août 2017, après que le gouvernement a ordonné le déploiement de 430 militaires sénégalais dans plusieurs villages autour de Niafrang et Kabadjo pour sécuriser l’exploitation du zircon, César Atoute Badiate, plus que jamais indexé après la fusillade d’avant-hier, avait battu le rappel de ses troupes pour prescrire l’opposition à toute exploitation de cette matière première.
Outre le trafic de bois, le trafic de drogue fait également partie des nerfs de la guerre en Casamance. Ce n’est pas pour rien que les bureaux de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), organe chargé d’appuyer et d’aider les pays d’Afrique de l’Ouest, sont installés à Dakar.
 
Lundi 8 Janvier 2018




Dans la même rubrique :