DAKARACTU.COM - "Monsieur le président, vous avez tantôt dit que nous aimons l'argent. Je vous précise que je n'aime pas l'argent, mais j'aime le développement. C'est différent. Vous, vous aimez l'argent." C'est Cheikh Tidiane Mbaye, le très discret directeur général de la Sonatel, qui parle en ces termes dépouillés au chef de l'Etat, Abdoulaye Wade. Ce manager que l'on n'a presque jamais entendu élever une parole publique s'adresse ainsi au premier des Sénégalais, le ton posé mais révolté. Il réagit à la décision de Wade de restaurer la taxation des appels internationaux entrant au Sénégal.
Personne n'aurait jamais pu prévoir cet échange aigre-doux entre les deux hommes. Abdoulaye Wade, 85 ans, a toujours entretenu une relation de père à fils avec Cheikh Tidiane Mbaye, 55 ans. Leurs deux histoires personnelles se croisent et s'imbriquent depuis plusieurs décennies. Cheikh Tidiane Mbaye est né à l'intérieur d'une famille dans laquelle Wade a toujours été présent. Son père, Kéba Mbaye, est lié au futur président du Sénégal depuis les bancs de l'école William Ponty qu'ils ont fréquentée tous les deux dans les années 1940.
Au cours de ses années de collège et de lycée, le jeune Cheikh Tidiane a vu l'avocat Me Wade et son père, alors magistrat, gérer l'Association sénégalaise d'études et de recherches juridiques (Aserj) et le Recueil Aserj qu'ils ont créés.
Celui qu'il a toujours appelé "tonton" n'a jamais quitté son univers, même lorsqu'il s'est engagé en politique et que Kéba Mbaye a été éloigné du Sénégal par ses fonctions de juge à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. En l'absence du "pater", les enfants Mbaye ont continué à être visités par leur "tonton".
Au cours des derniers instants de la vie de Kéba Mbaye, Abdoulaye Wade a posé un geste que la famille du juge n'oubliera jamais. Celui qui est devenu président de la République s'est proposé d'envoyer son avion à son ami pour qu'il le transporte de la France où il était soigné à Dakar. Si la famille a décliné l'offre, elle a été touchée par l'intention. Quand le magistrat a rendu l'âme le 11 janvier 2007, Wade, qui était le 12 à Touba, est venu spécialement par hélicoptère pour assister à la levée du corps à l'hôpital Principal et prononcer un discours d'hommage resté dans les mémoires.
Entre Abdoulaye Wade et Kéba Mbaye, c'est tout simplement une histoire de famille. Voila pourquoi Cheikh Tidiane Mbaye a accepté la proposition du chef de l'Etat de le nommer au poste de président du conseil d'administration de la Senelec. Le directeur général de la Sonatel, à qui tout a jusqu'ici réussi, a accepté une nomination risquée, mais dont "tonton" avait besoin pour donner plus de crédit à l'action de son fils Karim Wade, ministre d'Etat chargé de l'Energie. Le manager de la Sonatel avait tout à perdre à mêler son nom à une entreprise en cessation de paiement et à un secteur qui cristallise tous les mécontentements. Mais, comme le lui a conseillé son grand-frère Abdoul Mbaye, le seul au monde qu'il consulte sur tout, "on ne peut pas refuser un service à un père".
Abdoulaye Wade, qui s'est toujours pris pour le remplaçant naturel de son défunt ami au sein de la famille de celui-ci, a martelé le 16 avril dernier, à l'occasion de la remise à Amadou Toumani Touré du Prix Kéba Mbaye pour l'éthique : "Je suis venu remettre ce prix au nom de la fondation, mais aussi à celui des enfants de Kéba, mes enfants". Ces derniers, qui ont toujours cru en ce lien filial, sont aujourd'hui déçus.
Cheikh Tidiane Mbaye est convaincu que son père naturel n'aurait jamais initié une mesure de nature à détruire l'oeuvre de toute sa vie. Il a pris la Sonatel en faillite pour en faire aujourd'hui la première entreprise du pays. Et demeure convaincu que la taxation des appels entrants va tuer son "bébé". Il est d'autant plus révolté qu'il estime ne pas être récompensé pour ce qu'il a fait pour le Sénégal. Comme le reflète ce cri de révolte poussé devant Abdoulaye Wade : "L'année dernière, nous avons fait entrer en droits et en taxes 175 milliards de francs cfa dans les caisses de l'Etat. Et cette année ce sera sans doute 200 milliards. Vous connaissez ma position sur la taxation des appels entrants. Je suis contre, comme le Conseil d'administration dans lequel siège un représentant de l'Etat. Et le Conseil d'administration a notifié ce refus à l'Etat." D'une relation filiale, les rapports entre Abdoulaye Wade et Cheikh Tidiane Mbaye virent à l'adversité. Vont-ils dégénérer en affrontement ouvert ? Jusqu'où ira Cheikh Tidiane Mbaye pour empêcher l'application d'une mesure qui va tuer à petit feu la Sonatel ? C'est la chronique d'une tragédie familiale annoncée. A moins que le linge sale se lave à nouveau en famille, comme ce fut le cas la première fois où la taxation de la discorde a été agitée.
Personne n'aurait jamais pu prévoir cet échange aigre-doux entre les deux hommes. Abdoulaye Wade, 85 ans, a toujours entretenu une relation de père à fils avec Cheikh Tidiane Mbaye, 55 ans. Leurs deux histoires personnelles se croisent et s'imbriquent depuis plusieurs décennies. Cheikh Tidiane Mbaye est né à l'intérieur d'une famille dans laquelle Wade a toujours été présent. Son père, Kéba Mbaye, est lié au futur président du Sénégal depuis les bancs de l'école William Ponty qu'ils ont fréquentée tous les deux dans les années 1940.
Au cours de ses années de collège et de lycée, le jeune Cheikh Tidiane a vu l'avocat Me Wade et son père, alors magistrat, gérer l'Association sénégalaise d'études et de recherches juridiques (Aserj) et le Recueil Aserj qu'ils ont créés.
Celui qu'il a toujours appelé "tonton" n'a jamais quitté son univers, même lorsqu'il s'est engagé en politique et que Kéba Mbaye a été éloigné du Sénégal par ses fonctions de juge à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. En l'absence du "pater", les enfants Mbaye ont continué à être visités par leur "tonton".
Au cours des derniers instants de la vie de Kéba Mbaye, Abdoulaye Wade a posé un geste que la famille du juge n'oubliera jamais. Celui qui est devenu président de la République s'est proposé d'envoyer son avion à son ami pour qu'il le transporte de la France où il était soigné à Dakar. Si la famille a décliné l'offre, elle a été touchée par l'intention. Quand le magistrat a rendu l'âme le 11 janvier 2007, Wade, qui était le 12 à Touba, est venu spécialement par hélicoptère pour assister à la levée du corps à l'hôpital Principal et prononcer un discours d'hommage resté dans les mémoires.
Entre Abdoulaye Wade et Kéba Mbaye, c'est tout simplement une histoire de famille. Voila pourquoi Cheikh Tidiane Mbaye a accepté la proposition du chef de l'Etat de le nommer au poste de président du conseil d'administration de la Senelec. Le directeur général de la Sonatel, à qui tout a jusqu'ici réussi, a accepté une nomination risquée, mais dont "tonton" avait besoin pour donner plus de crédit à l'action de son fils Karim Wade, ministre d'Etat chargé de l'Energie. Le manager de la Sonatel avait tout à perdre à mêler son nom à une entreprise en cessation de paiement et à un secteur qui cristallise tous les mécontentements. Mais, comme le lui a conseillé son grand-frère Abdoul Mbaye, le seul au monde qu'il consulte sur tout, "on ne peut pas refuser un service à un père".
Abdoulaye Wade, qui s'est toujours pris pour le remplaçant naturel de son défunt ami au sein de la famille de celui-ci, a martelé le 16 avril dernier, à l'occasion de la remise à Amadou Toumani Touré du Prix Kéba Mbaye pour l'éthique : "Je suis venu remettre ce prix au nom de la fondation, mais aussi à celui des enfants de Kéba, mes enfants". Ces derniers, qui ont toujours cru en ce lien filial, sont aujourd'hui déçus.
Cheikh Tidiane Mbaye est convaincu que son père naturel n'aurait jamais initié une mesure de nature à détruire l'oeuvre de toute sa vie. Il a pris la Sonatel en faillite pour en faire aujourd'hui la première entreprise du pays. Et demeure convaincu que la taxation des appels entrants va tuer son "bébé". Il est d'autant plus révolté qu'il estime ne pas être récompensé pour ce qu'il a fait pour le Sénégal. Comme le reflète ce cri de révolte poussé devant Abdoulaye Wade : "L'année dernière, nous avons fait entrer en droits et en taxes 175 milliards de francs cfa dans les caisses de l'Etat. Et cette année ce sera sans doute 200 milliards. Vous connaissez ma position sur la taxation des appels entrants. Je suis contre, comme le Conseil d'administration dans lequel siège un représentant de l'Etat. Et le Conseil d'administration a notifié ce refus à l'Etat." D'une relation filiale, les rapports entre Abdoulaye Wade et Cheikh Tidiane Mbaye virent à l'adversité. Vont-ils dégénérer en affrontement ouvert ? Jusqu'où ira Cheikh Tidiane Mbaye pour empêcher l'application d'une mesure qui va tuer à petit feu la Sonatel ? C'est la chronique d'une tragédie familiale annoncée. A moins que le linge sale se lave à nouveau en famille, comme ce fut le cas la première fois où la taxation de la discorde a été agitée.
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