DAKARACTU.COM Correspondante en Afrique de l’Ouest de l’hebdomadaire français L’Express, Christine Holzbauer a persisté et signé que Karim Wade, fils du président sénégalais, a appelé Robert Bourgi, le 27 juin, et lui a demandé d’intercéder auprès de l’Elysée pour une intervention de l’armée française. Mais le plus cocasse n’est pas là. La journaliste est allée jusqu’à fournir l’heure exacte du coup de fil, 0h 40 mn précisément. Cette information ne peut avoir été donnée que par Bourgi lui-même. Et c’est là où on voit le côté vaudevillesque de l’affaire. Comment un Etat souverain peut-il demander à un autre, fut-il l’ancienne puissance colonisatrice, de faire intervenir son armée pour assurer à sa place sa mission ordinaire de maintien de l’ordre ? Même si Karim Wade est né à Paris et y passe le plus clair de son temps en dépit de ses charges ministérielles, il doit pouvoir faire la part des choses entre le Sénégal et la France. Pourquoi passer par un individu qui n’a aucune casquette officielle en France pour faire passer un message qui relève du secret d’Etat ou du secret-défense ? Qu’est-ce qui empêche les autorités sénégalaises de s’adresser directement à leurs homologues françaises ? Pourquoi l’intermédiaire a-t-il éprouvé la nécessité d’organiser une fuite dans la presse, après avoir été sollicité ? Pour une raison évidente de publicité : Robert Bourgi est un lobbyiste privé payé par les décideurs africains qui recherchent faveurs ou services à Paris. Le seul fait surprenant, c’est qu’il était jusqu’ici perçu comme étant l’ami et une sorte de parrain-protecteur de Karim Wade. C’est lui qui l’a cornaqué pour le faire entrer dans les bonnes grâces de Claude Guéant, fidèle parmi les fidèles du président français Nicolas Sarkozy, devenu ministre de l’Intérieur après avoir occupé le poste stratégique de secrétaire général de l’Elysée. Encore lui qui « arrangeait » les rendez-vous parisiens du fils Wade, du palais présidentiel jusqu’aux cabinets des ministères. Toujours lui qui a été le deus ex machina de l’intercession de Sarkozy pour que Karim Wade serre la main de Barack Obama à Deauville.
Pourquoi donne-t-il alors aujourd’hui des armes à une journaliste pour vilipender son « protégé » ? C’est dans le style de Robert Bourgi d’agir de la sorte. Il y a quelques semaines, il a dévoilé le contenu de ses entretiens avec Idrissa Seck dans un café parisien qui s’est retrouvé dans les colonnes de journaux dakarois. L’a-t-il fait par fidélité à la famille Wade ? Rien n’est moins sûr et personne ne peut convaincre Idrissa Seck que Bourgi n’est pas son ami au vu des confidences qu’il lui fait et des gages qu’il lui donne. A quoi joue Robert ? A mettre en exergue son influence et sa posture d’homme indispensable, sollicité de toutes parts.
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