DAKARACTU.COM Le président Wade a décidé de passer en force. Il n’a encore pas le droit pour lui, car sa candidature est toujours suspendue à la décision d’un Conseil constitutionnel encore plus sous pression, du fait de cet entêtement présidentiel. Le jour où le M23 décide et vote une résolution qui s’oppose à un troisième mandat de Wade, celui-ci, entouré du comité directeur de son parti, pose ses deux coudes sur la table, et propose un dangereux bras de fer. On ne sait qui va en sortir vainqueur, s’ils en font un problème de muscles, mais on devine que c’est le pays qui risque de pâtir d’un tel scénario. Le chef de l’Etat a toujours été un adepte de ce qu’il appelait lui-même la stratégie du bord du gouffre, c’est-à-dire qu’il sait pousser ses adversaires aux limites du précipice où leurs entêtements respectifs pouvaient les faire chuter. Laissant souvent à l’esprit républicain de Senghor d’abord, d’Abdou Diouf ensuite, le soin de les faire reculer devant un affrontement qui risquait d’être dangereux pour le Sénégal. Wade a eu cette attitude du guerrier politique, du combattant qui a construit son mythe de l’opposant de 26 ans, pour souvent pousser ses adversaires à renoncer face aux dangers d’une confrontation qui pouvait déboucher sur des convulsions aventureuses pour notre pays. Il en a usé et même abusé. Cette fous-ci, le schéma est différent et l’opposition semble déterminée à le suivre sur ce terrain, et de la force et de la violence et du danger. Il n’y a qu’à écouter Barthélemy Dias parler lors des affrontements de Tambacounda, pour se convaincre que les jeunes socialistes notamment sont prêts à en découdre physiquement avec leurs adversaires. « Vous n’avez pas le monopole de la violence », a-t-il lancé aux camarades de Bara Gaye venus déranger la visite qu’il rendait au prisonnier Malick Noël Seck. Ce que les libéraux n‘ignorent pas, ils ont les RG à disposition, c’est que les populations qui sont sensibles aux arguments du M23, et que d’éminents juristes américains, français ou même martiens n’arriveront pas à détourner de leur détermination, sont aujourd’hui prêtes à en découdre. Abdoulaye Wade le sait. Il a été entretenu sur ces questions par de nombreux collègues présidents à lui, comme Sarkozy. Il a décidé de suivre ses camarades libéraux qui le poussent au combat. L’ultime combat, le « Mortal Kombat », de sa vie politique. Ce combat-là, il convient de le mener avec responsabilité, pour ne pas plonger ce pays qui n’appartient pas seulement à Wade, son fils et quelques caciques déterminés eux jusqu’à la mort à ne pas perdre leurs juteuses positions, dans une épreuve que nos amis ivoiriens ne se doutaient pas pouvoir vivre. On connaît la suite. Si pour protéger des hommes qui avouent publiquement qu’un départ de Wade condamne de nombreux libéraux à la prison, il faut absolument que le président aille aux fourneaux, on se demande s’ils ne sont pas prêts à toutes les extrémités, y compris mettre ce beau pays à feu et à sang. C’est ce que fait risquer à notre démocratie cet acharnement pour une candidature qui ouvre les portes du désastre.
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