Si le Président de la république française, François Hollande, enjambe les berges de la Garonne, survole les rivages de la Méditerranée et campe non loin des bassins du Lac Tchad, en tant que chef d’Etat européen étroitement associé aux travaux du Sommet régional d’Abuja (14 mai 2016) sur le terrorisme – un fléau à cheval sur l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale – c’est pour mettre en exergue l’acuité de la menace, d’une part, et inventer les instruments adéquats de la riposte militaire et de l’éradication politique, d’autre part.
A cet effet, le branle-bas de combat est marqué par un grand chambardement dans les services secrets en Hexagone, et une vigoureuse retouche du dispositif anti-terroriste au Sénégal. Coïncidence, synchronisation ou hasard, au regard du dynamisme sécuritaire que connait l’axe Dakar-Paris ? En tout cas, la quête d’efficacité est très largement et très sûrement partagée par les deux pays ostensiblement alliés. Sous cet angle, quelques pans du discours prononcé par le Président Macky Sall, dans la capitale du Nigeria, édifient parfaitement les observateurs, sur la stratégie coordonnée et globale en gestation.
En France, le chamboulement a pris en compte deux centres d’intérêt que sont l’Asie mineure (la Syrie et l’Irak) et l’Afrique sahélienne à laquelle les périls persistants et les impératifs opérationnels rattachent tous les pays arrosés par les eaux ou bordés par les bassins du Lac Tchad. Y compris un pays, tel le Gabon qui se sent à la portée des ondes de choc nées des secousses que Boko Haram provoque au Nigeria et au Cameroun. Deux endroits du monde (les rives de l’Euphrate et les parages du Lac Tchad) où les barbouzes de la DGSE grouillent et grenouillent en marge ou en liaison avec l’aéronavale et les forces spéciales du COS engagées respectivement au Proche-Orient et au Sud du Sahara.
La valse – déjà enclenchée – a expédié le directeur sortant de la recherche (DR), François Sénémaud, à Téhéran où il a fraichement atterri. Dans la capitale iranienne, il a pris la tête de l’ambassade de France puis rencontré, le 2 mai dernier, le ministre des Affaires Etrangères, Mohamed Javad Zarif. Il va sans dire que le poste vacant à la « Piscine » (siège parisien des services spéciaux tricolores) est grandement convoité. D’où les ambitions mal cachées du numéro deux de la DR depuis 2012, Marc Pimond, qui se verrait monter d’un échelon. Spécialiste du terrorisme et du monde arabe, Marc Pimond dispose d’un CV à même de plaire au Directeur général, Bernard Bajolet.
Du côté de la direction des opérations (DO) le Général Eric Bucquet – pressenti pour remplacer le Général Benoit Puga à l’Etat-major particulier de l’Elysée – est sur un siège éjectable. En attendant, son poste cristallise également des convoitises. Des sources bien informées y voient arriver très prochainement le chef du Bureau réservé du ministre de la Défense. Le seul hic est que ce candidat – apparemment parrainé par le directeur du cabinet du ministre de la Défense, un certain Cédric Levandowski – pourrait se heurter au veto du patron de la DGSE, Bernard Bajolet qui est un ami de Hollande. Une amitié née en Algérie, à une époque où le premier était diplomate avec rang de conseiller à l’ambassade de France à Alger, tandis que le second, apparatchik du Parti socialiste français, était en visite dans le pays de Bouteflika, à l’invitation du Front de Libération Nationale : FLN.
Après le Moyen-Orient et les bureaux parisiens, c’est le Sénégal qui est touché par le redéploiement du Renseignement français, à travers la nomination de Christophe Bigot, en qualité d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la France au Sénégal. Effectivement, Il n’est pas du tout ordinaire. Car, le successeur de Jean-Félix Paganon fut longtemps directeur de la stratégie à la DGSE. Un poste taillé pour des esprits supérieurs qui carburent à plein régime. Auparavant, il a servi en Israël-Palestine. Deux pays qui sont deux fournaises. Bienvenue à un ambassadeur très spécial qui débarque à un moment où la mobilisation anti-djihadiste est à son zénith. En tant qu’orfèvre du renseignement, Christophe Bigot jouera très certainement sa partition d’expert. Chronologiquement, il est le second Représentant de la France au Sénégal, issu de la phalange des agents secrets, après son lointain devancier du nom de Fernand Wibaux, plus tard nommé Haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie. Napoléon a raison : « La diplomatie, c’est la police en smoking ».
Dans ce contexte survolté, le Sénégal a fouetté sa vigilance. Dans un communiqué répercuté par l’Agence de Presses Sénégalaise (APS) le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, met à la disposition des citoyens, le numéro 800 00 20 20 accessible 24h/24. Publicité patriotiquement gratuite. Mieux : « Les populations sont invitées à signaler tous les faits, les gestes et les comportements douteux susceptibles de constituer une menace pour la sécurité et l’ordre publics ». Dans la foulée, le Premier policier du Sénégal a révélé l’existence d’un « Cadre d’Intervention et de Coordination interministériel des Opérations de Lutte anti-terroriste (CICO) qui fonctionne comme un outil de veille stratégique et opérationnelle avec des démembrements régionaux dirigés par les gouverneurs de région ». Que faut-il en dire ? Sinon que la démarche est cohérente. Lorsqu’on agite un chiffon rouge devant un taureau noir, la première des urgences consiste à trouver une parade aux fulgurants et instantanés coups de cornes. Les discours officiels très enflammés contre le terrorisme et la signature, en cascade, d’Accords de défense aux contours plus sahéliens que nationaux, figent forcément le Sénégal dans une posture d’alerte maximale.
Globalement, il convient de saluer la hardiesse de l’initiative gouvernementale et le pilotage visiblement déterminé du ministre en charge de la Sécurité. Tout en y mettant un bémol salutaire pour tout le pays. Car, il y a un réel risque d’inflation de la délation, au sens fantaisiste et ravageur du terme. L’Histoire des Etats ultra-policiers (l’URRS de Staline, la Guinée sous Sékou Touré, l’Algérie de Houari Boumediene, le Niger avec Seyni Kountché) démontre amplement qu’un festival de règlements de compte est vite inauguré via l’apologie du djihadisme qu’on peut mettre dans toutes les sauces, à l’instar du cube maggi. Exemple : un homme lourdement endetté dénonce le commerçant tranquille du coin, dans le dessein crapuleux de bénéficier d’un moratoire de cinq ans, c’est-à-dire un long sursis correspondant à la peine d’emprisonnement de son créancier pseudo-terroriste. Attention, les renseignements de qualité ne sont pas les bobards de qualité !
Bref, si la lutte contre le terrorisme n’est pas menée avec une intelligence supérieure et un sang-froid à toute épreuve, elle creusera la tombe de la démocratie, enterrera l’Etat de droit et ouvrira subrepticement les portes d’un goulag tropical. Et ce sera la victoire (sans coup férir) du terrorisme sur les valeurs tant vantées et ancrées chez nous que sont la tolérance, la liberté et, surtout, ce fascinant, fécond et formidable pluralisme des opinions. Certes, la bonne gouvernance n’est pas une gouvernance désarmée face au terrorisme, mais sa panoplie d’armes est assez restreinte. Deux armes efficaces – pas trois – sont à sa portée, sans risque autodestructeur : le renseignement de qualité venant à son heure (donc sans retard) et la lutte contre la misère. C’est ce second moyen, vecteur de développement, qui assèche la source du péril.
PS : Le branle-bas de combat est accéléré et peaufiné dans la bande saharo-sahélienne. Les mouvements des personnels et le transfert des gros moyens en font foi. Le Général Jean-Pierre Palasset, chef de l’opération Barkhane, a quitté son QG de Ndjamena pour Paris où il officiera désormais à la DGSE. Il est remplacé par le Général Patrick Brethous. Par ailleurs, un éclatement des infrastructures du Commandement central américain pour l’Afrique (AFRICOM) serait en cours à Stuttgart. Le point d’orgue de ce remue-ménage serait le transfert de sa base logistique vers un pays de l’Afrique de l’Ouest ayant une façade sur l’Atlantique. Cependant, le QG d’AFRICOM reste en Allemagne.
A cet effet, le branle-bas de combat est marqué par un grand chambardement dans les services secrets en Hexagone, et une vigoureuse retouche du dispositif anti-terroriste au Sénégal. Coïncidence, synchronisation ou hasard, au regard du dynamisme sécuritaire que connait l’axe Dakar-Paris ? En tout cas, la quête d’efficacité est très largement et très sûrement partagée par les deux pays ostensiblement alliés. Sous cet angle, quelques pans du discours prononcé par le Président Macky Sall, dans la capitale du Nigeria, édifient parfaitement les observateurs, sur la stratégie coordonnée et globale en gestation.
En France, le chamboulement a pris en compte deux centres d’intérêt que sont l’Asie mineure (la Syrie et l’Irak) et l’Afrique sahélienne à laquelle les périls persistants et les impératifs opérationnels rattachent tous les pays arrosés par les eaux ou bordés par les bassins du Lac Tchad. Y compris un pays, tel le Gabon qui se sent à la portée des ondes de choc nées des secousses que Boko Haram provoque au Nigeria et au Cameroun. Deux endroits du monde (les rives de l’Euphrate et les parages du Lac Tchad) où les barbouzes de la DGSE grouillent et grenouillent en marge ou en liaison avec l’aéronavale et les forces spéciales du COS engagées respectivement au Proche-Orient et au Sud du Sahara.
La valse – déjà enclenchée – a expédié le directeur sortant de la recherche (DR), François Sénémaud, à Téhéran où il a fraichement atterri. Dans la capitale iranienne, il a pris la tête de l’ambassade de France puis rencontré, le 2 mai dernier, le ministre des Affaires Etrangères, Mohamed Javad Zarif. Il va sans dire que le poste vacant à la « Piscine » (siège parisien des services spéciaux tricolores) est grandement convoité. D’où les ambitions mal cachées du numéro deux de la DR depuis 2012, Marc Pimond, qui se verrait monter d’un échelon. Spécialiste du terrorisme et du monde arabe, Marc Pimond dispose d’un CV à même de plaire au Directeur général, Bernard Bajolet.
Du côté de la direction des opérations (DO) le Général Eric Bucquet – pressenti pour remplacer le Général Benoit Puga à l’Etat-major particulier de l’Elysée – est sur un siège éjectable. En attendant, son poste cristallise également des convoitises. Des sources bien informées y voient arriver très prochainement le chef du Bureau réservé du ministre de la Défense. Le seul hic est que ce candidat – apparemment parrainé par le directeur du cabinet du ministre de la Défense, un certain Cédric Levandowski – pourrait se heurter au veto du patron de la DGSE, Bernard Bajolet qui est un ami de Hollande. Une amitié née en Algérie, à une époque où le premier était diplomate avec rang de conseiller à l’ambassade de France à Alger, tandis que le second, apparatchik du Parti socialiste français, était en visite dans le pays de Bouteflika, à l’invitation du Front de Libération Nationale : FLN.
Après le Moyen-Orient et les bureaux parisiens, c’est le Sénégal qui est touché par le redéploiement du Renseignement français, à travers la nomination de Christophe Bigot, en qualité d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la France au Sénégal. Effectivement, Il n’est pas du tout ordinaire. Car, le successeur de Jean-Félix Paganon fut longtemps directeur de la stratégie à la DGSE. Un poste taillé pour des esprits supérieurs qui carburent à plein régime. Auparavant, il a servi en Israël-Palestine. Deux pays qui sont deux fournaises. Bienvenue à un ambassadeur très spécial qui débarque à un moment où la mobilisation anti-djihadiste est à son zénith. En tant qu’orfèvre du renseignement, Christophe Bigot jouera très certainement sa partition d’expert. Chronologiquement, il est le second Représentant de la France au Sénégal, issu de la phalange des agents secrets, après son lointain devancier du nom de Fernand Wibaux, plus tard nommé Haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie. Napoléon a raison : « La diplomatie, c’est la police en smoking ».
Dans ce contexte survolté, le Sénégal a fouetté sa vigilance. Dans un communiqué répercuté par l’Agence de Presses Sénégalaise (APS) le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, met à la disposition des citoyens, le numéro 800 00 20 20 accessible 24h/24. Publicité patriotiquement gratuite. Mieux : « Les populations sont invitées à signaler tous les faits, les gestes et les comportements douteux susceptibles de constituer une menace pour la sécurité et l’ordre publics ». Dans la foulée, le Premier policier du Sénégal a révélé l’existence d’un « Cadre d’Intervention et de Coordination interministériel des Opérations de Lutte anti-terroriste (CICO) qui fonctionne comme un outil de veille stratégique et opérationnelle avec des démembrements régionaux dirigés par les gouverneurs de région ». Que faut-il en dire ? Sinon que la démarche est cohérente. Lorsqu’on agite un chiffon rouge devant un taureau noir, la première des urgences consiste à trouver une parade aux fulgurants et instantanés coups de cornes. Les discours officiels très enflammés contre le terrorisme et la signature, en cascade, d’Accords de défense aux contours plus sahéliens que nationaux, figent forcément le Sénégal dans une posture d’alerte maximale.
Globalement, il convient de saluer la hardiesse de l’initiative gouvernementale et le pilotage visiblement déterminé du ministre en charge de la Sécurité. Tout en y mettant un bémol salutaire pour tout le pays. Car, il y a un réel risque d’inflation de la délation, au sens fantaisiste et ravageur du terme. L’Histoire des Etats ultra-policiers (l’URRS de Staline, la Guinée sous Sékou Touré, l’Algérie de Houari Boumediene, le Niger avec Seyni Kountché) démontre amplement qu’un festival de règlements de compte est vite inauguré via l’apologie du djihadisme qu’on peut mettre dans toutes les sauces, à l’instar du cube maggi. Exemple : un homme lourdement endetté dénonce le commerçant tranquille du coin, dans le dessein crapuleux de bénéficier d’un moratoire de cinq ans, c’est-à-dire un long sursis correspondant à la peine d’emprisonnement de son créancier pseudo-terroriste. Attention, les renseignements de qualité ne sont pas les bobards de qualité !
Bref, si la lutte contre le terrorisme n’est pas menée avec une intelligence supérieure et un sang-froid à toute épreuve, elle creusera la tombe de la démocratie, enterrera l’Etat de droit et ouvrira subrepticement les portes d’un goulag tropical. Et ce sera la victoire (sans coup férir) du terrorisme sur les valeurs tant vantées et ancrées chez nous que sont la tolérance, la liberté et, surtout, ce fascinant, fécond et formidable pluralisme des opinions. Certes, la bonne gouvernance n’est pas une gouvernance désarmée face au terrorisme, mais sa panoplie d’armes est assez restreinte. Deux armes efficaces – pas trois – sont à sa portée, sans risque autodestructeur : le renseignement de qualité venant à son heure (donc sans retard) et la lutte contre la misère. C’est ce second moyen, vecteur de développement, qui assèche la source du péril.
PS : Le branle-bas de combat est accéléré et peaufiné dans la bande saharo-sahélienne. Les mouvements des personnels et le transfert des gros moyens en font foi. Le Général Jean-Pierre Palasset, chef de l’opération Barkhane, a quitté son QG de Ndjamena pour Paris où il officiera désormais à la DGSE. Il est remplacé par le Général Patrick Brethous. Par ailleurs, un éclatement des infrastructures du Commandement central américain pour l’Afrique (AFRICOM) serait en cours à Stuttgart. Le point d’orgue de ce remue-ménage serait le transfert de sa base logistique vers un pays de l’Afrique de l’Ouest ayant une façade sur l’Atlantique. Cependant, le QG d’AFRICOM reste en Allemagne.
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