Fraport, qui devait, à travers la structure de Dakar, gérer l'Aéroport International Blaise Diagne (Aibd) a décidé de se retirer dans des conditions encore troubles.
Pour beaucoup d’observateurs, Fraport et Daport ne sont que la face émergente d’un vaste système de prédation rondement mis en place pour piller le futur aéroport. Pour corroborer l’existence de cette camorra, Libération a obtenu le procès-verbal d’audition de Ulrich Heinz Jorg Heppe, directeur général de Daport, devant la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Ci-Crei).
Selon Libération, le premier élément compromettant est que M. Heppe qui dirige pourtant la même société, ignore comment elle a été créée. «Tout ce que je sais, est que c’est en 2006 qu’elle a été constituée, tel que cela résulte des documents dont j’ai pu prendre connaissance. A l’heure actuelle, je suis la seule personne qui travaille directement pour Daport Sa à laquelle j’ai été prêté par Fraport qui est mon employeur. La société n’a pas encore d’employés pour la bonne et simple raison que l’aéroport international Blaise Diagne, qu’elle doit gérer, n’est pas encore fonctionnel.»
Quid des dirigeants de Daport Sa ?
«Je suis le Directeur Général de Daport Sa depuis le 19/11/2012. Il y a également deux administrateurs de la société que sont Alexander Zinell et Christophe Manke», jure Heppe avant d’ajouter : «A compter du mois de juillet 2013, Fraport est actionnaire à 100% d’Afriport qui détient 100% des actions de Daport Sa.»
Puis, il lève le coin de voile sur un actionnariat complexe : «En 2006, Daport était détenue à 100% par Afriport qui, elle-même, était détenue à 10% par Fraport et à 90% par Contact Flughafen Konzessions Gmbh. Cette dernière société était détenue à 90% par l’industriel allemand, Lothar Elbel, et à 10% par General air service. Dans un premier temps, le capital d'Afriport a évolué en janvier 2013, si je ne m'abuse. Ainsi les actions de Fraport sont passées de 10% à 60%, tandis que celles de Contrac sont passées de 90% à 40%. C’est en juillet 2013 que Fraport a acquis 100% des actions de Fraport.»
L’énigme Lothar Elbel
Précision importante : le même Lothar Elbel est le propriétaire de la société Contrac qui fabrique les bus Cobus qui interviennent pour le transport des passagers à l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Mieux, il ressort d’un document émanant de la banque Julius Bär de Monaco que les bénéficiaires économiques de General air service sont Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil et Mamadou Pouye.
Le Dg de Daport se lâche : «(...) je n’ai connu que le nommé Bibo Bourgi que vous me dites se nommer en réalité Ibrahim Aboukhalil que je n’ai rencontré qu’une fois en Allemagne au cours d’un voyage d’affaires. Au cours de ce voyage, j’ai compris à travers les déclarations de Lothar Elbel que M. Bibo Bourgi était un conseiller et un partenaire en affaires dans le cadre des bus Cobus qui transportent les passagers de l’aérogare aux avions.»
Mieux, il ressort du document bancaire provenant de la banque Julius Bär de Monaco que Afriport Sa, société de droit luxembourgeois, avait ouvert un compte bancaire dans cet établissement le 12 décembre 2006, soit trois jours avant la création de Daport. La même source indique que les bénéficiaires du compte d’Afriport Sa étaient encore Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi, Karim Aboukhalil, Mamadou Pouye et Fraport Sa.
«En tant qu’employé de Fraport, en étiez- vous informé ? », demandent les juges. «Je ne suis pas au courant de l’ouverture de ce compte parce que je n’étais pas encore à Daport. Cependant, c’est bizarre pour moi de voir Fraport Sa parce que notre société s’appelle Fraport Ag mais je précise qu’Ag (Aktiengesellschaft) signifie quand même en allemand société anonyme.»
Un document bancaire accablant
Le même document bancaire pointe du doigt d’autres curiosités. En effet, Lothar Elbel, bien que faisant partie de l’actionnariat de Afriport, ne figure pas parmi les bénéficiaires économiques du compte ouvert par cette société. Ainsi, Alexander Zinell, bien qu’étant Pca de Daport et employé de Fraport, apparaît non pas comme bénéficiaire économique du compte mais comme l’un des quatre mandataires dudit compte, les trois autres étant Alexandre Taskiran, Paul Van Lenden et Christian Buhlmann. Mieux, le bénéficiaire économique d’Afriport est Fraport Ag qui est actionnaire d’Afriport à hauteur de 10%. Cette dernière y est représentée par Alexander Zinel comme administrateur.
Pire, il a été constaté que le capital de Daport a été augmenté une première fois à 327 978 500 F Cfa et une seconde fois à 524 756 600 F Cfa respectivement les 8 février et 6 juillet 2012 sans que cela n’ait entraîné le changement de l’immatriculation au Rccm et une modification des statuts, notamment avec l’identification des actionnaires souscripteurs. Le contrat d’assistance technique qui lie Fraport et Daport est aussi une nébuleuse. Il est, en effet, contradictoire que ne détenant que 10% du capital d’Afriport, lequel détient les 100% du capital de Daport, qu’un contrat d’assis- tance technique soit signé entre Fraport et Daport.
Interpellé sur les relations qui lient Daport Sa à l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads), le Dg affirme : «Il y a un contrat de concession pour gérer le nouvel Aibd pour 22 ans signé le 22/12/2006 après un appel d’offres. Il y a un autre contrat de consultance signé en 2009 entre Daport et Ads pour rendre des services de consultance à Ads afin d’améliorer la gestion de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Pour l’exécution de ce dernier contrat, Fraport envoie à Daport les experts compétents. Des experts de Fraport sont intervenus au niveau de Daport mais, compte-tenu du retard accusé dans les travaux d’Aibd, le Gouvernement du Sénégal, par lettre en date du 06/05/2008 signé par le ministre Farba Senghor, a sollicité l’intervention desdits experts sur la plateforme de l’aéroport Lss pour en améliorer le management.»
En réalité, la convention signée parle plutôt «de la gestion, l’exploitation, l’entretien et la maintenance de l’aéroport international Lss». Dans la convention liant les Ads à Daport, il a été précisé que c’est Fraport qui avait créé une société de droit sénégalais dénommé Daport.
Forian Mahler était un employé de Fraport désigné comme premier Dg de Daport à sa création. Après quelques années de présence dans la boite, il est retourné au cabinet d’avocats «Clifford Chance» qui a raflé des milliards dans des marchés à l’Agence de régulation des postes et des télécommunications (Artp)...
Pour beaucoup d’observateurs, Fraport et Daport ne sont que la face émergente d’un vaste système de prédation rondement mis en place pour piller le futur aéroport. Pour corroborer l’existence de cette camorra, Libération a obtenu le procès-verbal d’audition de Ulrich Heinz Jorg Heppe, directeur général de Daport, devant la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Ci-Crei).
Selon Libération, le premier élément compromettant est que M. Heppe qui dirige pourtant la même société, ignore comment elle a été créée. «Tout ce que je sais, est que c’est en 2006 qu’elle a été constituée, tel que cela résulte des documents dont j’ai pu prendre connaissance. A l’heure actuelle, je suis la seule personne qui travaille directement pour Daport Sa à laquelle j’ai été prêté par Fraport qui est mon employeur. La société n’a pas encore d’employés pour la bonne et simple raison que l’aéroport international Blaise Diagne, qu’elle doit gérer, n’est pas encore fonctionnel.»
Quid des dirigeants de Daport Sa ?
«Je suis le Directeur Général de Daport Sa depuis le 19/11/2012. Il y a également deux administrateurs de la société que sont Alexander Zinell et Christophe Manke», jure Heppe avant d’ajouter : «A compter du mois de juillet 2013, Fraport est actionnaire à 100% d’Afriport qui détient 100% des actions de Daport Sa.»
Puis, il lève le coin de voile sur un actionnariat complexe : «En 2006, Daport était détenue à 100% par Afriport qui, elle-même, était détenue à 10% par Fraport et à 90% par Contact Flughafen Konzessions Gmbh. Cette dernière société était détenue à 90% par l’industriel allemand, Lothar Elbel, et à 10% par General air service. Dans un premier temps, le capital d'Afriport a évolué en janvier 2013, si je ne m'abuse. Ainsi les actions de Fraport sont passées de 10% à 60%, tandis que celles de Contrac sont passées de 90% à 40%. C’est en juillet 2013 que Fraport a acquis 100% des actions de Fraport.»
L’énigme Lothar Elbel
Précision importante : le même Lothar Elbel est le propriétaire de la société Contrac qui fabrique les bus Cobus qui interviennent pour le transport des passagers à l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Mieux, il ressort d’un document émanant de la banque Julius Bär de Monaco que les bénéficiaires économiques de General air service sont Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil et Mamadou Pouye.
Le Dg de Daport se lâche : «(...) je n’ai connu que le nommé Bibo Bourgi que vous me dites se nommer en réalité Ibrahim Aboukhalil que je n’ai rencontré qu’une fois en Allemagne au cours d’un voyage d’affaires. Au cours de ce voyage, j’ai compris à travers les déclarations de Lothar Elbel que M. Bibo Bourgi était un conseiller et un partenaire en affaires dans le cadre des bus Cobus qui transportent les passagers de l’aérogare aux avions.»
Mieux, il ressort du document bancaire provenant de la banque Julius Bär de Monaco que Afriport Sa, société de droit luxembourgeois, avait ouvert un compte bancaire dans cet établissement le 12 décembre 2006, soit trois jours avant la création de Daport. La même source indique que les bénéficiaires du compte d’Afriport Sa étaient encore Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi, Karim Aboukhalil, Mamadou Pouye et Fraport Sa.
«En tant qu’employé de Fraport, en étiez- vous informé ? », demandent les juges. «Je ne suis pas au courant de l’ouverture de ce compte parce que je n’étais pas encore à Daport. Cependant, c’est bizarre pour moi de voir Fraport Sa parce que notre société s’appelle Fraport Ag mais je précise qu’Ag (Aktiengesellschaft) signifie quand même en allemand société anonyme.»
Un document bancaire accablant
Le même document bancaire pointe du doigt d’autres curiosités. En effet, Lothar Elbel, bien que faisant partie de l’actionnariat de Afriport, ne figure pas parmi les bénéficiaires économiques du compte ouvert par cette société. Ainsi, Alexander Zinell, bien qu’étant Pca de Daport et employé de Fraport, apparaît non pas comme bénéficiaire économique du compte mais comme l’un des quatre mandataires dudit compte, les trois autres étant Alexandre Taskiran, Paul Van Lenden et Christian Buhlmann. Mieux, le bénéficiaire économique d’Afriport est Fraport Ag qui est actionnaire d’Afriport à hauteur de 10%. Cette dernière y est représentée par Alexander Zinel comme administrateur.
Pire, il a été constaté que le capital de Daport a été augmenté une première fois à 327 978 500 F Cfa et une seconde fois à 524 756 600 F Cfa respectivement les 8 février et 6 juillet 2012 sans que cela n’ait entraîné le changement de l’immatriculation au Rccm et une modification des statuts, notamment avec l’identification des actionnaires souscripteurs. Le contrat d’assistance technique qui lie Fraport et Daport est aussi une nébuleuse. Il est, en effet, contradictoire que ne détenant que 10% du capital d’Afriport, lequel détient les 100% du capital de Daport, qu’un contrat d’assis- tance technique soit signé entre Fraport et Daport.
Interpellé sur les relations qui lient Daport Sa à l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads), le Dg affirme : «Il y a un contrat de concession pour gérer le nouvel Aibd pour 22 ans signé le 22/12/2006 après un appel d’offres. Il y a un autre contrat de consultance signé en 2009 entre Daport et Ads pour rendre des services de consultance à Ads afin d’améliorer la gestion de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Pour l’exécution de ce dernier contrat, Fraport envoie à Daport les experts compétents. Des experts de Fraport sont intervenus au niveau de Daport mais, compte-tenu du retard accusé dans les travaux d’Aibd, le Gouvernement du Sénégal, par lettre en date du 06/05/2008 signé par le ministre Farba Senghor, a sollicité l’intervention desdits experts sur la plateforme de l’aéroport Lss pour en améliorer le management.»
En réalité, la convention signée parle plutôt «de la gestion, l’exploitation, l’entretien et la maintenance de l’aéroport international Lss». Dans la convention liant les Ads à Daport, il a été précisé que c’est Fraport qui avait créé une société de droit sénégalais dénommé Daport.
Forian Mahler était un employé de Fraport désigné comme premier Dg de Daport à sa création. Après quelques années de présence dans la boite, il est retourné au cabinet d’avocats «Clifford Chance» qui a raflé des milliards dans des marchés à l’Agence de régulation des postes et des télécommunications (Artp)...
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