Monsieur le Directeur général, votre camp, le pouvoir, est manifestement dans une très mauvaise posture avec cette affaire qui fait le buzz : le (vrai/faux) décret portant indemnité et avantages du Président honoraire du Conseil économique, social et environnemental.
Tout d’abord, avant de répondre à votre première question, je tiens à préciser à l’endroit de ceux qui prendront la peine de lire mes propos qu’ils ne participent nullement et sciemment à attenter à ce climat de pardon mutuel que consacre la célébration de la Korité. Ceux qui s’en sont pris à la gouvernance du Président Macky Sall, de manière infamante, au moyen de faux, ne se sont pas souciés que nous étions en plein mois de Ramadan. Il convient de leur porter la réplique, ici et maintenant, durant cet entretien, en nous adossant à l’éthique de la vérité.
Maintenant, en ce qui concerne le jugement que vous avez émis, je dirais d’abord qu’il vous engage. Ensuite, je vais m’autoriser une question : qu’est-ce qui justifie ce que vous dites ? Croyez-vous que lorsque les réseaux sociaux, particulièrement Facebook, s’enflamment, le pouvoir est immédiatement ébranlé ?
Internet et les réseaux sociaux sont une masse critique d’opinions dont le Président de la République tient compte, car il ne sous-estime aucune expression émanant principalement des Sénégalais et, en second lieu, des étrangers attentifs à sa gouvernance. Cependant, le Président Macky Sall ne gouverne pas les yeux rivés sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. La gestion de l’État, c’est beaucoup plus sérieux que cela !
Après la gaffe de la Cellule de Communication de la Présidence de la République et les nouvelles preuves accablantes relatives à cette affaire, vous n’allez pas continuer à soutenir que le décret 2020-964 est un faux ?
Quelles preuves accablantes ? Je le dis avec force : ce que vous appelez le décret 2020-964 qui circule sur Internet et les réseaux sociaux, et très largement relayé par les médias, est l’œuvre d’un ou de faussaires.
À l’heure où je vous parle, le Président Macky Sall n’a pris aucun décret portant indemnité et avantages d’un Président honoraire du Cese. Et je défie quiconque de prouver le contraire. Ce sont des mensonges !
Alors, comment se fait-il que le dernier Journal Officiel de la République du Sénégal fasse état du décret 2020-976 portant nomination de Aminata Tall comme Présidente honoraire du Cese, lequel décret vise le fameux 2020-964 ?
Entre «c’est faux» et «cela n’existe pas», il y a les océans Atlantique et Pacifique. Le contenu du décret 2020-964 qui est partagé en ce moment sur les réseaux sociaux est un faux. La Cellule de Communication de la Présidence de la République l’a dit d'ailleurs clairement. Mais, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un décret 2020-964 authentique.
Pour vous donner la preuve matérielle qu’il y a un décret 2020-964 authentique, en voici une copie (Ndlr : il nous présente le document). Lisez-le et dites-moi qu’est-ce que ce décret a en commun avec le vulgaire document qui circule sur les réseaux sociaux et Internet. Vous voyez qu’il ne liste aucunement une indemnité ou des avantages octroyés à un Président honoraire du Cese.
Il n’y a que deux nouveautés par rapport à ce qui se faisait. D’une part, la délivrance d’une carte aux couleurs nationales mentionnant le titre et, d’autre part, le décret établit en son article 2, alinéa 2, une nouvelle possibilité d’accès à l'honorariat. En dehors de la possibilité offerte par le Règlement intérieur du Cese, l’honorariat peut désormais être conféré aux anciens Présidents de cette institution sur leur demande adressée directement au Président de la République. Cet article 2 indique : « L’honorariat peut être conféré par décret, sur proposition du Bureau du Conseil économique, social et environnemental entérinée par l’Assemblée plénière dudit Conseil. Il peut être aussi être conféré par décret, sur leur demande, aux anciens Présidents ».
Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir publié le décret authentique au Journal Officiel comme l’exige la loi ?
Il faut relativiser. Tous les décrets signés par le Président de la République sont publiés au Journal Officiel. Seulement, la loi ne fixe pas de délai de publication.
Pourquoi ceux qui sont en droit d’éclairer la lanterne des Sénégalais, comme vous tentez de le faire, se sont emmurés dans un silence assourdissant qui amplifie la suspicion ?
Qu’est-ce que cela veut dire «ceux qui sont en droit» ? La défense des politiques, du bilan et de la personne du Président Macky Sall incombe à tous ceux qui sont avec lui. Surtout, si on se réfère à l’éthique, ceux qui ont bénéficié ou continuent de bénéficier de son pouvoir de nomination. Et dès lors que je suis dans la deuxième catégorie, je figure parmi « ceux qui sont en droit », pour ne pas dire dans l’obligation de défendre, par tous les moyens nécessaires et légaux, le Président Macky Sall. C’est ce que commande la loyauté.
Ceci dit, il est faux de soutenir que nous nous sommes emmurés dans un silence assourdissant : la Présidence de la République a communiqué sur le sujet. Maintenant, est-il indiqué que la première institution du pays se remette à communiquer sur cette affaire parce que simplement la clameur populaire, instiguée par des faussaires et des bavards, a investi les réseaux sociaux pour soutenir qu’elle n’a pas dit la vérité ? Pierre Corneille nous enseigne que « le pire des États, c’est l’État populaire ».
Pour finir sur ce sujet, permettez que je dénonce avec la dernière énergie les attaques injustes et injustifiées que subissent trois proches collaborateurs dévoués et loyaux au Président de la République : le ministre d’État Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammed Boun Abdallah Dionne, le ministre Secrétaire général du Gouvernement, Maxime Jean Simon Ndiaye, et le ministre chargé de la Cellule de Communication de la Présidence de la République, Seydou Guèye, présentement endeuillé par la perte de son frère de même père et même mère.
Honnêtement, sans langue de bois, croyez-vous indiqué et opportun de nommer un Président honoraire pour une institution déjà décriée, parce que budgétivore, au moment où les Sénégalais sont confrontés à l’une des plus graves crises sanitaires de l’histoire du pays et qui enfonce des milliers de famille dans la précarité ?
L’autre contre-vérité dans cette histoire revient à vouloir coller au Président de la République la paternité de l’honorariat. C’est totalement faux !
Donc, Macky Sall n’a pas créé l’honorariat au sein du Cese ?
Mais non ! Revisitons un peu l’Histoire pour nous en convaincre. En 2000, une fois élu, le Président Abdoulaye Wade a supprimé le Conseil économique et social alors présidé par Famara Ibrahima Sagna. Quatre années après, l’institution est exhumée sous le nom de Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales communément appelée Craes. Elle est installée le 20 août 2004 et présidée par feu Mbaye Jacques Diop.
C’est l’année suivante, à la demande de Me Wade, que le Bureau, la Conférence des Présidents et l’Assemblée plénière du Craes ont modifié le Règlement intérieur de l’institution, aux fins d’y insérer la possibilité de proposer au Président de la République de nommer comme Président honoraire un ancien Président de l’institution. L’honorariat était né.
Deux années plus tard, en 2007, le Président Abdoulaye Wade supprime le Craes qui redevient le Conseil économique et social à la tête duquel il place feu Ousmane Masseck Ndiaye. Et c’est ce moment qu’il a choisi pour nommer par décret Famara Ibrahima Sagna comme Président honoraire de l’institution.
Trois années plus tard, en mars 2010, il en fera de même avec feu Me Mbaye Jacques Diop, fait lui aussi Président honoraire.
Voilà le vécu de l’honorariat qui est antérieur à l’accession à la magistrature suprême du Président Macky Sall.
Donc, cette affaire date de l’ancien régime ?
Je ne crois pas qu’il sied de parler d’ancien ou de nouveau régime. Le Sénégal est une République dotée d’un État solidement ancré. Cette République et cet État s’inscrivent dans une continuité. Le Sénégal d’aujourd’hui du Président Macky Sall est aussi celui des Présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Ces figures emblématiques ont contribué, et de manière déterminante, à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. Ce legs qui n’est pas peu reluisant, Macky Sall œuvre à le parfaire. Et seules les personnes de mauvaise foi soutiennent qu’il s’y prend mal.
Et après le Président Wade, quel sort a été réservé à cet honorariat ?
Aucune institution de la République du Sénégal n’a connu autant de mue que l’actuel Conseil économique, social et environnemental.
Le Président Abdoulaye Wade l’a supprimée à son arrivée au pouvoir, ensuite il l’a exhumée en 2004 en l’appelant Craes. Ce dernier, à son tour, va être supprimé pour redevenir Ces. Et ce n’est pas fini !
À la survenue de la deuxième alternance, le Cese se substitue au Ces. Il est créé par la loi 2012-16 du 28 septembre 2012 portant révision de la Constitution, et la loi organique 2012-28 du 28 décembre 2012 fixe son organisation et son fonctionnement.
Dans cette optique, le 23 mai 2013, le Cese adopte son Règlement intérieur. Cela fait sept ans, jour pour jour, à la date d’hier. Après son adoption, le Règlement intérieur est soumis au Président de la République pour approbation. Ce que Macky Sall a fait le 28 mai 2013 avec le décret 2013-732.
Deux choses peuvent retenir l’attention en lisant ce Règlement intérieur annexé au décret précité. D’une part, son préambule indique que « les présentes dispositions, délibérées et arrêtées conformément aux dispositions de la Loi organique 2012-28 du 28 décembre 2012 portant organisation et fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental, et approuvées par décret, ont force obligatoire au titre du Règlement intérieur du Conseil économique, social et environnemental ». D’autre part, en son avant-dernier article, le 51, il est énoncé ce qui suit : « Sur proposition du Bureau, entérinée par l’Assemblée plénière, l’honorariat peut être accordé, par décret, à un(e) ancien(e) Président(e) de Conseil ».
Au regard de tout ce qui précède, vous conviendrez avec moi que c’est une infamie de soutenir que Macky Sall serait un Président peu soucieux du sort de ses compatriotes pour se permettre, en ces moments singuliers de crise économique et sociale, de créer l’honorariat au Cese afin de caser un membre de sa pseudo clientèle politique ! Et il y a plus grave au registre de toutes ses contre-vérités.
Quoi exactement ?
Sans doute, vous avez pris connaissance des propos insultants tenus, vendredi dernier, sur sa page Facebook, par l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye à l’endroit du Président Macky Sall. Il a pointé « le mensonge de la Présidence de la République au sujet du décret 2020-964 » avant de s’exclamer : « Mais, qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Qu’a-t-on fait pour mériter de tels dirigeants ? »
Eh bien, à mon tour, je suis fondé de me poser la question suivante : qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter ce Pinocchio ?
Éclairez notre lanterne. Qu’est-ce que Abdoul Mbaye a dit qui soit assimilable à des contre-vérités ?
Qui était Premier ministre du Sénégal le 28 mai 2013 ? Qui a contresigné le décret 2013-732 le 28 mai 2013 ? Abdoul Mbaye pardi ! Je vous soumets la copie dudit décret (Ndlr : le document transmis à dakaractu conforte ses dires). C’était 96 jours avant qu’il ne soit éjecté de la Primature. Depuis, il a été victime d’un traumatisme incurable qui fait qu’il est pris d’un réflexe maladif de baver son venin sur le Président de la République. Mais, c’est peine perdue, car Macky Sall sera toujours hors de portée du débris politique qu’est Abdoul Mbaye.
Et comme il ne respecte pas l’intelligence des Sénégalais, ne soyez pas surpris qu’il vienne, dans les prochaines heures, nous dire : « Je n’ai pas souvenance avoir contresigné ce décret ».
Vous n’avez certainement pas oublié que le 19 juin 2012, il avait contresigné le décret octroyant à la société Petrotim des permis de recherche pétroliers sur les blocs de Cayar et Saint-Louis offshore. Une fois démis de ses fonctions, il avait soutenu ne l’avoir jamais fait. Accablé par les preuves matérielles, il se souvint subitement avoir su qu’il y avait anguille sous roche, car en 2015, deux ans après son départ de la Primature, un journaliste avait attiré son attention sur le fait. Franchement, de qui se moque Abdoul Mbaye ? Voilà les genres de personnages qui s’opposent au Président Macky Sall. Leur Adn est faite de mauvaise foi.
Pour finir, revenons à vos accusations qui ciblent un ou des faussaires auteurs du faut décret 2020-964…
(Il nous coupe). Qu’ils soient de l’intérieur de notre camp, parce que obnubilés par des positionnements jusqu’à s’adonner à la félonie sur la base de faux, ou de cette opposition prête à tous les forfaits pour discréditer le Président Macky Sall, ils seront démasqués par l’enquête qui est en cours sur cette œuvre de faussaire.
Le Président Macky Sall est clément et magnanime, mais il ne tolère pas ce genre d’atteinte à l’autorité de l’État qui le révulse. Et cette fois-ci, à mon avis, on a atteint le summum. Nombre de Sénégalais ont entendu Bassirou Diomaye, porte-parole du parti de Ousmane Sonko, se prévaloir de sa posture de cadre de la Direction générale des Impôts et des Domaines pour soutenir que le faux décret 2020-964 est authentique. Qu’il leur a été communiqué et qu’ils l’ont partagé en interne via Outlook et Intranet. Où sommes-nous ? Qu’est-ce qui peut justifier que des fonctionnaires usent et abusent de leur position pour diffuser, au moyen du mensonge, de fausses nouvelles parce que simplement, sous l’emprise de l’insolence, l’injure à la bouche, aveuglés par leurs ambitions juvéniles, ils refusent de se plier à la volonté de la majorité des Sénégalais qui ont choisi, par le suffrage universel, le Chef de leur État ?
Me Wade est entré dans le gouvernement de Abdou Diouf, en est sorti et n’a jamais usé de sa connaissance des affaires de l’Etat pour combattre son adversaire. Feu Djibo Kâ, ensuite Moustapha Niasse ont eu cette posture républicaine lorsqu’ils ont rompu avec le même Abdou Diouf. Feu Ousmane Tanor Dieng en a fait de même face à Me Wade, douze ans durant. De 2008 à 2012, a-t-on entendu Macky Sall se prévaloir de ses positions antérieures auprès de Me Wade et exhiber des secrets d’Etat pour combattre ce dernier ?
Je pense que pour l’intérêt général, il est temps que ce nouveau type d’opposant qui joue avec l’Etat soit mis hors d’état de nuire.
Vous risquez de vous attirer les foudres de Pastef avec ces propos qui ressemblent à des menaces.
C’est le cadet de mes soucis. Je ne suis pas l’État, encore moins son Chef. Je ne revendique que le grade de simple défenseur d’un leader auquel je crois. J’aurais été à la place de Macky Sall, je mettrais tout en œuvre pour mettre hors d’état de nuire tous ces faussaires et saboteurs. L’enjeu n’est pas politique ou politicien. Il ne s’agit pas de la pérennité du pouvoir de la majorité présidentielle. Il est question de faire barrage à des gens qui sont prêts à tout pour accéder au pouvoir, et ce, jusqu’à mettre l’État en péril.
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