DAKARACTU.COM Ces législatives du 1er juillet ont ce goût particulier du jeu « à qui perd gagne ! », du fait que leurs résultats vont décider de la vie politique future de notre pays et du fonctionnement de nos institutions. Ces résultats vont révéler des équations à plusieurs variables, pour un pouvoir qui ne s’exercera plus jamais comme avant. Celui de Macky Sall tient à ces élections pour bénéficier d’une majorité qui lui permettra de gouverner et d’appliquer son programme. C’est l’enjeu essentiel de ce scrutin. Selon que la victoire de la coalition Benno Bokk Yaakaar sera large ou étriquée, le pays ne sera pas gouverné de la même façon. En effet, si la coalition présidentielle gagne ces législatives amplement, cela vaudra comme une adhésion du peuple au programme de gouvernement de toute la coalition, avec comme message celui de gouverner ensemble avec toutes les conséquences que cette victoire implique, dont la plus évidente sera un réel et plus équilibré partage du pouvoir et des responsabilités qui vont avec. Les partis de la coalition Benno Bokk Yaakaar vont alors exiger une plus grande place dans le gouvernement, et plus de postes de directions générales et de directions d’agences nationales, ce qui risque de fâcher les apéristes purs et durs qui sont moins enclins à partager leur victoire à la présidentielle. Si la victoire de la coalition est étriquée, les compromis seront nécessaires avec les alliés comme avec les autres partis qui ne font pas partie de la coalition, sans pour autant se compter dans l’opposition au chef de l’Etat. Quant à l’éventualité de perdre ces élections pour la majorité présidentielle, elle est mince, mais elle consacrerait la perte du pouvoir par l’Apr et ses satellites, et le retour de l’ancienne majorité même si celle-ci est éclatée entre Pds et Bokk Gis Gis. Dans ces législatives se joue la prédominance des partis et coalitions anciennement liés à Abdoulaye Wade, comme un match entre les fidèles à Wade et les dissidents du Pds, car de leur classement découlera le statut pour ces deux entités de parti leader de l’opposition. C’est la fin du Pds historique qui se joue dans ce scrutin et si, d’aventure, la liste menée par Pape Diop venait à devancer celle qui a été configurée par Wade lui-même, ce qui est fort probable, ce serait un véritable séisme politique, la confirmation de désamour d’un peuple pour un homme qui aura marqué l’histoire politique de ce pays. Mais cette prédominance du clan Pape Diop sur celui des fidèles à Wade ne ferait que donner naissance à une nouvelle famille libérale, car on imagine que les fidèles de Wade rejoindraient comme un seul homme leurs anciens amis du Pds dans un grand groupe comme « libertés et démocratie », du temps de l’opposition à Abdou Diouf. Et puis il y a ceux qui espèrent perdre, car préférant vivre leur vie politique pour l’instant dans une posture d’opposant, afin de se poser en recours à une éventuelle impasse du pouvoir de Macky Sall. Ils sont nombreux, de Tanor à Niasse, en tous cas leurs partis, en passant par Idrissa Seck dont le soutien à Macky Sall se fait du bout des lèvres, et qui serait plus fringant dans une posture de veille et de chef de l’opposition. Quoiqu’il en soit, les résultats des élections législatives seront porteurs de changements décisifs pour notre espace politique, et dessineront de futures alliances, dans la perspective des prochaines échéances électorales qui ne sont pas si loin à venir. Avec comme conséquence, une nouvelle atmosphère de campagne électorale permanente, avec ce que cela comporte de chausse-trappes et de calculs politiques. On ne sera pas sorti de l’auberge pour autant.
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