Manifestations du 23 juillet : les vrais chiffres du pouvoir et du M23.

DAKARACTU.COM - Les manifestations du 23 juillet écoulées, l'heure est aux bilans. L'écart entre les chiffres de l'argent dépensé est écrasant. Le pouvoir a dépensé plus de 400 millions pour son méga-meeting. Le Mouvement des forces vives du 23 juin (M23) a déboursé 1,5 million de francs cfa, déployés comme suit : 500 000 francs pour louer la sonorisation, 1 000 000 répartis entre les frais pour la sécurité, les chaises, les communiqués et divers. Le M23 a mobilisé 100 000 personnes sans avoir transporté ni payé quiconque. Cette foule a d'autant plus de qualité qu'elle est constituée de Sénégalais libres qui ont voulu s'exprimer sans contrainte ni intérêt matériel immédiat. Le pouvoir a mobilisé, si on part de l'hypothèse qu'il y a trois personnes par mètre carré et que la foule est partie de chez Cheikh Béthio à la VDN, au maximum 300 000 personnes transportées dans plusieurs centaines de cars "Ndiaga Ndiaye" de toutes les localités du pays. Car sur cette base, il faut remplir 10 hectares pour obtenir 300 000 personnes. Le chiffre de 2 millions voire plus est tout simplement hallucinant. Ce monde n'aurait pas pu tenir sur tout le long de la VDN, de l'Ancienne piste et de l'autoroute réunies. Le pouvoir a remporté la bataille de la quantité mais a été battu au regard de la qualité du public qu'il a mobilisé. Les bisbilles autour de la répartition des perdiems qui ont éclaté sur le lieu du meeting, et qui ont été relatées par la presse sénégalaise, montrent qu'on avait affaire à des personnes venues moins par conviction que pour l'argent.
Quant aux impacts des deux manifestations, ils sont importants de part et d'autre. Le M23 a réussi son pari, faisant mieux que le 23 juin. Il est parvenu à imposer une nouvelle donne dans le champ politique : la mobilisation de toute l'opposition, de la société civile, des syndicats, des mouvements de jeunes, des associations de femmes, des musiciens et hommes de culture... contre un troisième mandat d'Abdoulaye Wade. L'autre impact, immédiat, consiste en la décision prise par Wade de retirer la gestion de l'élection présidentielle à son très contesté ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom.
Quant au pouvoir, il s'est requinqué devant l'opinion nationale et internationale en exhibant les images de son meeting filmées par hélicoptère. Une façon de dire, surtout à la communauté internationale qui l'a lâché, que Wade reste encore populaire dans son pays. Le seul hic, c'est qu'un méga-meeting d'Abdoulaye Wade à la veille des élections locales du 22 mars 2009 n'ont pas pu prémunir sa famille politique contre la perte de toutes les grandes villes du pays. Comme quoi les électeurs sont différents des individus payés pour remplir le décor des meetings.