DAKARACTU.COM - De tous les scandales financiers dévoilés par le dernier rapport de la Cour des comptes, celui relatif à l'établissement des passeports numérisés est sans doute parmi les plus criards. Ce marché a été alloué à une mystérieuse société malaisienne du nom d'Iris. Qui se cache derrière Iris ? En tout état de cause, cette entreprise étrangère sur le papier s'est vu confier des données relatives à l'état-civil des Sénégalais pour alimenter son système. Et ce en dehors de toute clause contractuelle garantissant la confidentialité et la protection de données si stratégiques pour notre sécurité nationale. Ce marché a été gravement surestimé et grossièrement surfacturé. L'Etat sénégalais a payé, de 2004 à 2007, un montant annuel de 5,9 milliards de francs cfa alors que "la valeur des passeports produits chaque année équivaut en moyenne à 1,2 milliard de francs cfa." Un tel marché a été conclu avant l'autorisation préalable de la Commission nationale des contrats de l'administration, et en violation des procédures exigées par la loi de 2004 relative aux contrats de construction, d'exploitation et de transfert. Iris, qui s'était engagée à ouvrir des centres d'établissement des passeports à Djeddah, à Bamako, à Abidjan et à Libreville, n'a pas respecté cet engagement. Le Sénégal a subi un manque à gagner dû au fait que le nombre de passeports à fabriquer par an n'a jamais été atteint. Quel intérêt particulier a poussé le ministère de l'Intérieur à infliger de tels dommages au Sénégal ? Il y a pire, indique la Cour des comptes. Il s'agit de "l'existence d'une clause permettant à Iris, en cas de résiliation unilatérale avant terme décidée par l'Etat du Sénégal, non seulement de se faire payer l'équivalent des bénéfices nets qu'il aurait dû percevoir, mais aussi celui des charges qu'il n'aurait même pas supportées." Où sont les criminels économiques qui ont signé ce contrat nuisible aux intérêts de l'Etat ? Pourquoi ont-ils payé, pendant plusieurs années, 5,9 milliards pour un service qui vaut en moyenne 1,2 milliard en moyenne ? Où est la différence et qu'a-t-il servi à payer ? Dakaractu.com va revenir sur l'un des scandales les plus graves de l'histoire du Sénégal indépendant. Alors que le Sénégal déboursait indûment tous ces milliards, l'architecte Pierre Goudiaby avait emmené à Dakar un groupe qui s'était proposé de fabriquer à ses frais les passeports numérisés pour se faire payer par un pourcentage du coût des timbres des passeports délivrés. Cette proposition, beaucoup moins chère, a été rejetée, au profit de ce contrat scandaleusement déséquilibré en défaveur du Sénégal.
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