DAKARACTU.COM - Il est facile de limoger ; il est délicat de remanier ; et il est dur de remédier. C’est à l’aune de ce triptyque banal mais balèze qu’on apprécie un changement de gouvernement. En effet, il suffit constitutionnellement d’une pichenette présidentielle pour écarter un Premier ministre sénégalais. Tellement, les prérogatives sont limpides à cet égard. En revanche, il faut une réelle alchimie pour malaxer et doser la confiance, la compétence, la confession et la contrée (région d’origine) pour former un gouvernement bien perçu, à la fois, comme le miroir de l’exécutif national et le vecteur de la cohésion nationale.
Depuis le 1er septembre, date du départ d’Abdoul Mbaye (limogeage ou démission ?) le remaniement s’est opéré sans encombre. Désormais, réapparait l’éprouvante mission du gouvernement : remédier au mal lancinant des attentes enrobées d’impatience – notamment économiques et sociales – des populations, éternelles électrices en démocratie. Une équation infiniment plus ardue que le renvoi d’un Premier ministre sans ancrage politique et/ou la formation d’un gouvernement de coalitions (admirez le pluriel) et de…quotas.
Apparemment, le Président Macky Sall a opportunément saisi 5/5 le message de malaise des Sénégalais, en mettant sur pied une équipe assez renouvelée sous l’autorité d’une femme, c’est-à-dire un symbole socialement séduisant. De leurs côtés, Mme Aminata Touré et Abdoul Aziz Tall, (Eminence grise et Père Joseph du Palais) ont respectivement – dans une démarche pédagogique – amplifié le sens du remaniement. Pour la première, il urge « d’accélérer la cadence de la traduction concrète de la vision et du programme du chef de l’Etat ». Pour le second, il s’agit plus laconiquement « d’une quête d’efficacité ».
Dans tous les cas de figure, le départ d’Abdoul Mbaye et l’arrivée de Mme Touré réactualisent la question de Napoléon : « Que vaut un gouvernement sans le soutien de l’opinion ? ». La réponse bien devinée voire connue de tout le monde, est à chercher dans les échos nés des nominations. Et, aussi, à lire dans les appréciations ciblant singulièrement les ministres fraichement nommés.
L’opinion dont le soutien est vital pour le succès d’un gouvernement, se divise perceptiblement en deux segments. Une portion baigne dans un mutisme assimilable à un « wait and see » ; tandis que l’autre se montre charitable vis-à-vis du nouveau gouvernement, en lui allouant un supplément d’état de grâce que justifient les 18 mois de présence de Macky Sall (investi le 2 avril 2012) à la tête de l’Etat. Donc, ni hostilité farouche, ni soutien fervent de l’opinion. Ce qui signifie que l’équipe d’Aminata Touré a plus intérêt à gagner la bataille décisive de l’opinion publique qu’à combattre l’opposition politique qui, sous tous les cieux démocratiques, conserve le Ministère de la Parole et…des Critiques.
Une scanographie plus poussée du gouvernement aide à s’attarder sur quelques titulaires de portefeuilles ; et à mieux fouiller certaines feuilles de route. En gros, ce sont les départements de l’Economie et des Finances, de l‘Intérieur, de l’Agriculture et de la Justice qui cristallisent l’attention, défraient la chronique, alimentent la controverse et nourrissent les appréhensions. Soit parce que leurs missions respectives sont, à la fois, difficiles et essentielles ; soit parce que leurs titulaires sont remarquables et remarqués.
Il est utile de rappeler vite aux deux nouveaux argentiers du pays, les ministres Amadou Ba et Makhtar Cissé – deux spécialistes des régies financières très doués pour remplir les caisses de l’Etat – la leçon de leur illustre devancier des années 80, l’ancien ministre et ex-numéro 2 du FMI, Mamadou Touré : « L’économie réelle, c’est le ventre et la poche. Tout le reste n’est que littérature économique ». Ce que les deux banquiers Abdoul Mbaye et Amadou Kane avaient visiblement du mal à comprendre. Dans le même ordre d’idées, faut-il apprendre à Macky Sall et à Aminata Touré, la vérité politique que voici : « Quand le peuple a faim, il mange d’abord son gouvernement (par la voie insurrectionnelle) avant d’aller au port, vandaliser les magasins de riz ».
Au ministère de l’Intérieur, le statu quo structurel a heureusement démenti la rumeur qui n’a cessé d’annoncer la coupure du mammouth en deux entités : Administration territoriale et Sécurité intérieure. Ce ministère de souveraineté ne doit pas être un laboratoire où l’on expérimente des changements structurels à la petite semaine, dictés artificiellement par un scandale (l’affaire du commissaire Keita) plus imputable aux turpitudes humaines que consubstantielle à la nature de l’institution.
En outre, une démocratie qui veut garder un visage avenant, peut se passer d’un ministère exclusivement chargé de la Sécurité. Même en temps de guerre, une gouvernance intelligente doit être en mesure de se défendre, sans porter le masque du « tout sécuritaire ». Enfin, l’histoire du Sénégal n’est ni celle de l’Algérie, ni celle de la Guinée ; encore moins celle du Cameroun.
Quant à la polémique liée à la couleur politique du ministre Abdoulaye Daouda Diallo, elle est vide de pertinence. En effet, Ousmane Ngom a organisé un premier scrutin présidentiel largement gagné, en 2007, par Abdoulaye Wade; puis un second largement gagné par Macky Sall, en 2012. Et Dieu sait qu’Ousmane Ngom n’a pas roulé pour le fondateur de l’APR ! Au demeurant, dans une démocratie adulte (voulons-nous végéter dans une démocratie mineure ?) c’est le ministère de l’Intérieur qui organise les élections. Il n’y a ni CENI ni CENA en Israël et en Espagne.
Au ministère de l’Agriculture, c’est le spécialiste surdiplômé Abdoulaye Seck qui est aux commandes. Trois remarques et autant de conseils à l’endroit de cet homme au curriculum vitae impressionnant. Premièrement, un ministère (institution politique avant d’être technique) n’est pas un organisme international. Secondement, on n’y travaille pas dans l’ambiance feutrée et sans tumulte d’un centre de recherche scientifique. Troisièmement, l’histoire ministérielle du Sénégal et celle d’autres pays, ont démontré que les meilleurs ministres sont les non spécialistes. Cas du vétérinaire Amadou Karim Gaye aux Affaires Etrangères et exemple du vendeur (sans diplôme) de la marque de boisson Orangina, Charles Pasqua, un des meilleurs flics en chef de France. Du reste, combien de généraux diplômés des Ecoles de guerre, ont perdu des guerres ?
La nomination la plus controversée est manifestement celle de Sidiki Kaba. Car elle est, à la fois, source de grande surprise et de sérieuses appréhensions. L’expertise de l’avocat et la confiance du Président de la république font de ce fils de Tambacounda, une personne hautement et indiscutablement ministrable. Toutefois, les motifs de réserve et de réticence ne manquent pas. Ancien avocat de Bibo Bourgi (pièce maitresse de la traque des biens mal acquis) et des victimes de Hissène Habré – deux affaires toujours pendantes – Me Sidiki Kaba quitte effectivement sa robe et ses clients, tout en restant dans le champ de la justice, où il devient Garde des Sceaux. Déconcertant ! S’il était nommé planton au ministère de la Justice, l’opinion serait plus rassurée. Pauvre Bibo Bourgi ! Cet ex-client qui a dû faire des confessions et des confidences. Et probablement livrer des secrets ou arrêter conjointement une stratégie de défense avec son ex-avocat, Sidiki Kaba, devenu subitement Garde des Sceaux, c’est-à-dire le patron du maitre des poursuites : le Procureur de la république. C’est renversant au double plan déontologique et moral.
A ce propos, les arguments d’Aminata Touré et de Latif Coulibaly peuvent être taillés en pièces. Certes, Sidiki Kaba n’est pas le juge d’instruction, mais les juges d’instruction reçoivent des instructions dans les pays où l’hégémonie de l’exécutif écrase le pouvoir législatif et domestique l’appareil judiciaire. Mais davantage que les arguments spécieux du porte-parole du gouvernement et les justifications abracadabrantes de l’ex-responsable de la FIDH, c’est la posture du nouveau Garde des Sceaux qui se révèle inconfortable.
Hier, chaud partisan de la dépénalisation de l’homosexualité, il devient, aujourd’hui, le froid exécutant d’une politique qui ensevelit la dépénalisation. Cela s’appelle avoir des convictions en caoutchouc et non en béton. Gênant à cet âge et après un tel parcours ! Impossible alors d’escamoter la question que voici : « Sidiki Kaba a-t-il assez réfléchi, avant d’accepter cette nomination qui piège fâcheusement sa personnalité ? »
Cela dit, on peut détecter d’autres signes et entrevoir d’autres significations dans le commencement de la carrière gouvernementale de Sidiki Kaba. Il y a sûrement un besoin de meilleur pilotage de la traque et de l’affaire Habré, par un orfèvre du Droit de la trempe de Me Kaba. Pur produit du barreau et de la société civile, le nouveau ministre de la Justice possède justement une vaste expérience de la justice internationale. Toutes choses qui incitent certains observateurs à penser qu’on s’achemine vers une traque (tempérée) des biens mal acquis. Et, surtout, vers un recadrage des deux dossiers épineux de Karim et de Habré qui ont des volets internationaux impliquant notamment la CEDEAO, à travers quelques arrêts.
En définitive, l’électrochoc du remaniement ministériel est psychologiquement ressenti. Sans être une panacée, un changement de gouvernement peut induire un gain de lucidité et un regain de volonté. Avant-hier, les Sénégalais disaient à Abdoulaye Wade (bien réélu en 2007) que « les ponts et les chaussées ne se mangent pas ». Hier, les Egyptiens ont dit à Mohamed Morsi (récemment élu) que « la charia ne se mange pas ». Espérons que le nouveau gouvernement s’attaquera vite aux défis, afin que la rue ne soit pas amenée à dire à Macky Sall (quasiment plébiscité en 2012) que « les citoyens ne mangent pas le Droit et la Loi ». Pour conjurer ce type d’échec politiquement périlleux, l’équipe de Mimi Touré doit traquer et …travailler.
Autrement dit, il faut en finir – évidemment de façon judiciairement correcte – avec la traque des biens mal acquis ; et s’attaquer à la demande sociale qui, elle, n’est pas mal ancrée. Bien au contraire.
PS : Contrairement à ce qui a été dit au cours d’un journal de la RTS, la ministre Maïmouna Ndoye n‘est pas la première polytechnicienne du Sénégal. La première femme admise à l’Ecole Polytechnique de Paris (X) s’appelle Rose Dieng, originaire de Gorée. Elle était chercheur au CNRS de Paris jusqu’à sa mort récente.
Depuis le 1er septembre, date du départ d’Abdoul Mbaye (limogeage ou démission ?) le remaniement s’est opéré sans encombre. Désormais, réapparait l’éprouvante mission du gouvernement : remédier au mal lancinant des attentes enrobées d’impatience – notamment économiques et sociales – des populations, éternelles électrices en démocratie. Une équation infiniment plus ardue que le renvoi d’un Premier ministre sans ancrage politique et/ou la formation d’un gouvernement de coalitions (admirez le pluriel) et de…quotas.
Apparemment, le Président Macky Sall a opportunément saisi 5/5 le message de malaise des Sénégalais, en mettant sur pied une équipe assez renouvelée sous l’autorité d’une femme, c’est-à-dire un symbole socialement séduisant. De leurs côtés, Mme Aminata Touré et Abdoul Aziz Tall, (Eminence grise et Père Joseph du Palais) ont respectivement – dans une démarche pédagogique – amplifié le sens du remaniement. Pour la première, il urge « d’accélérer la cadence de la traduction concrète de la vision et du programme du chef de l’Etat ». Pour le second, il s’agit plus laconiquement « d’une quête d’efficacité ».
Dans tous les cas de figure, le départ d’Abdoul Mbaye et l’arrivée de Mme Touré réactualisent la question de Napoléon : « Que vaut un gouvernement sans le soutien de l’opinion ? ». La réponse bien devinée voire connue de tout le monde, est à chercher dans les échos nés des nominations. Et, aussi, à lire dans les appréciations ciblant singulièrement les ministres fraichement nommés.
L’opinion dont le soutien est vital pour le succès d’un gouvernement, se divise perceptiblement en deux segments. Une portion baigne dans un mutisme assimilable à un « wait and see » ; tandis que l’autre se montre charitable vis-à-vis du nouveau gouvernement, en lui allouant un supplément d’état de grâce que justifient les 18 mois de présence de Macky Sall (investi le 2 avril 2012) à la tête de l’Etat. Donc, ni hostilité farouche, ni soutien fervent de l’opinion. Ce qui signifie que l’équipe d’Aminata Touré a plus intérêt à gagner la bataille décisive de l’opinion publique qu’à combattre l’opposition politique qui, sous tous les cieux démocratiques, conserve le Ministère de la Parole et…des Critiques.
Une scanographie plus poussée du gouvernement aide à s’attarder sur quelques titulaires de portefeuilles ; et à mieux fouiller certaines feuilles de route. En gros, ce sont les départements de l’Economie et des Finances, de l‘Intérieur, de l’Agriculture et de la Justice qui cristallisent l’attention, défraient la chronique, alimentent la controverse et nourrissent les appréhensions. Soit parce que leurs missions respectives sont, à la fois, difficiles et essentielles ; soit parce que leurs titulaires sont remarquables et remarqués.
Il est utile de rappeler vite aux deux nouveaux argentiers du pays, les ministres Amadou Ba et Makhtar Cissé – deux spécialistes des régies financières très doués pour remplir les caisses de l’Etat – la leçon de leur illustre devancier des années 80, l’ancien ministre et ex-numéro 2 du FMI, Mamadou Touré : « L’économie réelle, c’est le ventre et la poche. Tout le reste n’est que littérature économique ». Ce que les deux banquiers Abdoul Mbaye et Amadou Kane avaient visiblement du mal à comprendre. Dans le même ordre d’idées, faut-il apprendre à Macky Sall et à Aminata Touré, la vérité politique que voici : « Quand le peuple a faim, il mange d’abord son gouvernement (par la voie insurrectionnelle) avant d’aller au port, vandaliser les magasins de riz ».
Au ministère de l’Intérieur, le statu quo structurel a heureusement démenti la rumeur qui n’a cessé d’annoncer la coupure du mammouth en deux entités : Administration territoriale et Sécurité intérieure. Ce ministère de souveraineté ne doit pas être un laboratoire où l’on expérimente des changements structurels à la petite semaine, dictés artificiellement par un scandale (l’affaire du commissaire Keita) plus imputable aux turpitudes humaines que consubstantielle à la nature de l’institution.
En outre, une démocratie qui veut garder un visage avenant, peut se passer d’un ministère exclusivement chargé de la Sécurité. Même en temps de guerre, une gouvernance intelligente doit être en mesure de se défendre, sans porter le masque du « tout sécuritaire ». Enfin, l’histoire du Sénégal n’est ni celle de l’Algérie, ni celle de la Guinée ; encore moins celle du Cameroun.
Quant à la polémique liée à la couleur politique du ministre Abdoulaye Daouda Diallo, elle est vide de pertinence. En effet, Ousmane Ngom a organisé un premier scrutin présidentiel largement gagné, en 2007, par Abdoulaye Wade; puis un second largement gagné par Macky Sall, en 2012. Et Dieu sait qu’Ousmane Ngom n’a pas roulé pour le fondateur de l’APR ! Au demeurant, dans une démocratie adulte (voulons-nous végéter dans une démocratie mineure ?) c’est le ministère de l’Intérieur qui organise les élections. Il n’y a ni CENI ni CENA en Israël et en Espagne.
Au ministère de l’Agriculture, c’est le spécialiste surdiplômé Abdoulaye Seck qui est aux commandes. Trois remarques et autant de conseils à l’endroit de cet homme au curriculum vitae impressionnant. Premièrement, un ministère (institution politique avant d’être technique) n’est pas un organisme international. Secondement, on n’y travaille pas dans l’ambiance feutrée et sans tumulte d’un centre de recherche scientifique. Troisièmement, l’histoire ministérielle du Sénégal et celle d’autres pays, ont démontré que les meilleurs ministres sont les non spécialistes. Cas du vétérinaire Amadou Karim Gaye aux Affaires Etrangères et exemple du vendeur (sans diplôme) de la marque de boisson Orangina, Charles Pasqua, un des meilleurs flics en chef de France. Du reste, combien de généraux diplômés des Ecoles de guerre, ont perdu des guerres ?
La nomination la plus controversée est manifestement celle de Sidiki Kaba. Car elle est, à la fois, source de grande surprise et de sérieuses appréhensions. L’expertise de l’avocat et la confiance du Président de la république font de ce fils de Tambacounda, une personne hautement et indiscutablement ministrable. Toutefois, les motifs de réserve et de réticence ne manquent pas. Ancien avocat de Bibo Bourgi (pièce maitresse de la traque des biens mal acquis) et des victimes de Hissène Habré – deux affaires toujours pendantes – Me Sidiki Kaba quitte effectivement sa robe et ses clients, tout en restant dans le champ de la justice, où il devient Garde des Sceaux. Déconcertant ! S’il était nommé planton au ministère de la Justice, l’opinion serait plus rassurée. Pauvre Bibo Bourgi ! Cet ex-client qui a dû faire des confessions et des confidences. Et probablement livrer des secrets ou arrêter conjointement une stratégie de défense avec son ex-avocat, Sidiki Kaba, devenu subitement Garde des Sceaux, c’est-à-dire le patron du maitre des poursuites : le Procureur de la république. C’est renversant au double plan déontologique et moral.
A ce propos, les arguments d’Aminata Touré et de Latif Coulibaly peuvent être taillés en pièces. Certes, Sidiki Kaba n’est pas le juge d’instruction, mais les juges d’instruction reçoivent des instructions dans les pays où l’hégémonie de l’exécutif écrase le pouvoir législatif et domestique l’appareil judiciaire. Mais davantage que les arguments spécieux du porte-parole du gouvernement et les justifications abracadabrantes de l’ex-responsable de la FIDH, c’est la posture du nouveau Garde des Sceaux qui se révèle inconfortable.
Hier, chaud partisan de la dépénalisation de l’homosexualité, il devient, aujourd’hui, le froid exécutant d’une politique qui ensevelit la dépénalisation. Cela s’appelle avoir des convictions en caoutchouc et non en béton. Gênant à cet âge et après un tel parcours ! Impossible alors d’escamoter la question que voici : « Sidiki Kaba a-t-il assez réfléchi, avant d’accepter cette nomination qui piège fâcheusement sa personnalité ? »
Cela dit, on peut détecter d’autres signes et entrevoir d’autres significations dans le commencement de la carrière gouvernementale de Sidiki Kaba. Il y a sûrement un besoin de meilleur pilotage de la traque et de l’affaire Habré, par un orfèvre du Droit de la trempe de Me Kaba. Pur produit du barreau et de la société civile, le nouveau ministre de la Justice possède justement une vaste expérience de la justice internationale. Toutes choses qui incitent certains observateurs à penser qu’on s’achemine vers une traque (tempérée) des biens mal acquis. Et, surtout, vers un recadrage des deux dossiers épineux de Karim et de Habré qui ont des volets internationaux impliquant notamment la CEDEAO, à travers quelques arrêts.
En définitive, l’électrochoc du remaniement ministériel est psychologiquement ressenti. Sans être une panacée, un changement de gouvernement peut induire un gain de lucidité et un regain de volonté. Avant-hier, les Sénégalais disaient à Abdoulaye Wade (bien réélu en 2007) que « les ponts et les chaussées ne se mangent pas ». Hier, les Egyptiens ont dit à Mohamed Morsi (récemment élu) que « la charia ne se mange pas ». Espérons que le nouveau gouvernement s’attaquera vite aux défis, afin que la rue ne soit pas amenée à dire à Macky Sall (quasiment plébiscité en 2012) que « les citoyens ne mangent pas le Droit et la Loi ». Pour conjurer ce type d’échec politiquement périlleux, l’équipe de Mimi Touré doit traquer et …travailler.
Autrement dit, il faut en finir – évidemment de façon judiciairement correcte – avec la traque des biens mal acquis ; et s’attaquer à la demande sociale qui, elle, n’est pas mal ancrée. Bien au contraire.
PS : Contrairement à ce qui a été dit au cours d’un journal de la RTS, la ministre Maïmouna Ndoye n‘est pas la première polytechnicienne du Sénégal. La première femme admise à l’Ecole Polytechnique de Paris (X) s’appelle Rose Dieng, originaire de Gorée. Elle était chercheur au CNRS de Paris jusqu’à sa mort récente.
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