La tempête religieuse – sur fond de chocs inter-confrériques miraculeusement évités – a été, à la fois, un tremplin par lequel le Président de Rewmi, Idrissa Seck, a grimpé très haut sur l’échelle de l’ubiquité médiatique, et un levier au moyen duquel il a conforté grandement sa positon politique, dans la perspective du scrutin présidentiel de 2019. En effet, le discours d’Idrissa Seck sur les tréfonds historico-célestes de la brouille entre « les enfants d’Israël et les enfants d’Ismaël » selon la formule du juif sépharade, Enrico Macias, a visiblement provoqué des lignes de fractures entre les deux plus grandes confréries musulmanes qui sont, par ailleurs, les bassins électoraux les plus étendus et…humides du Sénégal. De ce point de vue, le message du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, a apaisé les tensions sans effacer les démarcations.
Une bourde savamment balancée, un dérapage proprement prémédité, une provocation parfaitement planifiée ou une érudition de façade brusquement craquelée ? On a vraiment tout et le contraire de tout, dans cette sortie porteuse d’abondante écume. C’est pourquoi une lecture politique très fine s’impose, en marge de la bruyante lecture à tonalité lourdement confessionnelle. Si Idrissa Seck voulait déclencher une OPA strictement électorale sur le PDS (orphelin), ses excroissances, ses débris, ses militants déboussolés, ses électeurs attentistes et son principal parrain confrérique (Touba), il ne s’y prendrait pas autrement. La stratégie consiste à canaliser tout le vote libéral ou assimilé, sans avoir à négocier interminablement et infructueusement avec les dirigeants réticents du PDS, de Bokk Guiss-Guiss etc. De façon explicite, il s’agit d’obtenir la bénédiction confrérique – non ouverte mais tacitement distillée – en faveur d’un vote utile et non illusoire, au profit de l’opposant le plus pugnace contre le Président Macky Sall. Un calcul qui tombe juste, au vu des excès, des maladresses et des télescopages alarmants et effrayants que génère encore le discours du Président de Rewmi, sur le faux ou le vrai binôme : Bakka-Makka.
La vivacité du débat et le déferlement des vidéos de feu sur la toile prouvent que, sous le vernis des civilités, le volcan confrérique fait sa sieste peu ou prou prolongée. Donc, attention aux chocs dont les ondes très déstabilisatrices se répandront, à la vitesse d’un incendie, dans des directions insoupçonnées ! Malheureusement le mécontentement et la mesure font mauvais ménage. Cette affaire l’a bel et bien démontré. Au point que les observateurs sont enclins à couper la poire en deux. Autant le vocabulaire d’Idrissa Seck a été au carrefour du savant et du salace (l’expression « ensemencer » – employée à propos de la vie conjugale d’un prophète – est difficilement supportable pour beaucoup oreilles), autant la réaction énergique et hargneuse du Khalife général des Tidjanes, Serigne Mbaye Mansour Sy, a eu les caractéristiques d’une fatwa expéditivement meurtrière. Alors qu’elle (cette réaction) pouvait rester dans le strict périmètre d’une érudition pédagogique, admirable et convaincante. On combat efficacement une idée, en émettant une idée supérieure et non par la guillotine…verbale. Si on était à Gaza ou dans une enclave contrôlée par Daech, en Syrie, Idrissa Seck serait, déjà, à plusieurs pieds sous terre.
Il est sain et salvateur pour le Sénégal que Tivaouane comprenne qu’un Khalife général est comparable, dans certaines circonstances, à un Général d’armée. Il campe à l’arrière ou s’installe sur les crêtes, muni de puissantes jumelles pour balayer le champ et commander à distance, la bataille de la défense de l’Islam. A l’instar de son homologue mouride (Sérigne Mountakha Bassirou Mbacké) qui se sert de son porte-parole ou de ses proches parents. Exactement comme un Cardinal ou un évêque fait travailler ou parler les coadjuteurs et autres vicaires. Bref, les porte-paroles sont des paratonnerres qui protègent des contrecoups que renvoient les discours sensibles, vifs ou excessifs. L’idéal étant, bien sûr, qu’un Khalife général ne descende jamais de son piédestal, pour arbitrer ou alimenter les affrontements d’essence politicienne qui se déroulent dans les ravins et les bas-fonds. Il est clair que la sentence de Serigne Mbaye Mansour Sy n’a pas été un chef d’œuvre de prudence : « Celui qui s’éloigne volontairement de Dieu, est capté (awou en Ouolof) par Satan ». Quelle confrérie a accueilli récemment Idrissa Seck ? On mesure aisément la fureur contenue ou déchainée.
Méthodiquement recherché ou accidentellement atteint, le résultat est là. Des pans assez significatifs de la confrérie mouride – singulièrement les mourides d’outre-Atlantique – répètent à l’envi que le Président du Conseil régional de Thiès est non seulement leur candidat, mais également le porte-étendard de Touba, sur l’échiquier politique. Les accusations de blasphème n’y changent rien. Bien au contraire ! Le blasphème est le cadet des soucis, chez les électeurs. Car, ils font lucidement la différence entre les urnes ouvertes pour tous les citoyens sénégalais et la tombe d’Idrissa Seck qui sera creusée individuellement pour lui. En définitive, c’est le premier responsable de la tempête religieuse qui en récolte les dividendes. Du coup, le buisson du pardon humblement sollicité par Idrissa Seck, masque une position politiquement confortée et électoralement prometteuse.
Après l’apaisement né de la déclaration faite au nom du Guide de la confrérie des mourides, nous pouvons remercier Dieu d’avoir longé l’abîme, sans nous y allonger. Toutefois, le Sénégal n’est plus cette exception, c’est-à-dire ce pays vacciné contre les syndromes somalien, malien et nigérian. Ici, le danger est moins le terrorisme déboulant de l’extérieur (les services de sécurité peuvent le contrer) que le déchainement des forces centrifuges. Autrement dit, la vigilance interne doit primer sur la vigilance, le long des frontières. A cet égard, le Colonel de gendarmerie Abdoul Aziz Ndao relate, dans son livre, un épisode qui aurait, à coup sûr, provoqué chez les bâtisseurs de notre Etat (Le Président Senghor et ses compagnons), la mort par apoplexie.
Au lendemain du saccage de la Brigade territoriale de Darou Mousty par des talibés, le Colonel Ndao (à l’époque le numéro 2 de la gendarmerie) avait ordonné une descente musclée, pour restaurer l’autorité et le prestige de la gendarmerie. A cet effet, les Légions de Louga, de Diourbel, le GIGN aérotransporté et d’autres éléments ont convergé sur Darou Mousty. En cours de route, d’après le livre, un Colonel mouride a appelé le Général Abdoulaye Fall (patron du Colonel Ndao) pour le convaincre de la nécessité de stopper l’opération qui pourrait heurter Touba. No comment ! Sauf pour dire que dans une nation achevée et dans un Etat digne de ce nom, on ne trouve ni Colonel mouride ni Préfet tidiane. La Fonction publique et ses divers démembrements doivent être des citadelles de civisme sans partage avec une autre catégorie de ferveur. En famille, on peut être protestant ou taliban. Dans l’Etat, le cadre devient un robot d’Etat. C’est la meilleure manière de conjurer le redoutable conflit entre la loyauté et la foi.
Une bourde savamment balancée, un dérapage proprement prémédité, une provocation parfaitement planifiée ou une érudition de façade brusquement craquelée ? On a vraiment tout et le contraire de tout, dans cette sortie porteuse d’abondante écume. C’est pourquoi une lecture politique très fine s’impose, en marge de la bruyante lecture à tonalité lourdement confessionnelle. Si Idrissa Seck voulait déclencher une OPA strictement électorale sur le PDS (orphelin), ses excroissances, ses débris, ses militants déboussolés, ses électeurs attentistes et son principal parrain confrérique (Touba), il ne s’y prendrait pas autrement. La stratégie consiste à canaliser tout le vote libéral ou assimilé, sans avoir à négocier interminablement et infructueusement avec les dirigeants réticents du PDS, de Bokk Guiss-Guiss etc. De façon explicite, il s’agit d’obtenir la bénédiction confrérique – non ouverte mais tacitement distillée – en faveur d’un vote utile et non illusoire, au profit de l’opposant le plus pugnace contre le Président Macky Sall. Un calcul qui tombe juste, au vu des excès, des maladresses et des télescopages alarmants et effrayants que génère encore le discours du Président de Rewmi, sur le faux ou le vrai binôme : Bakka-Makka.
La vivacité du débat et le déferlement des vidéos de feu sur la toile prouvent que, sous le vernis des civilités, le volcan confrérique fait sa sieste peu ou prou prolongée. Donc, attention aux chocs dont les ondes très déstabilisatrices se répandront, à la vitesse d’un incendie, dans des directions insoupçonnées ! Malheureusement le mécontentement et la mesure font mauvais ménage. Cette affaire l’a bel et bien démontré. Au point que les observateurs sont enclins à couper la poire en deux. Autant le vocabulaire d’Idrissa Seck a été au carrefour du savant et du salace (l’expression « ensemencer » – employée à propos de la vie conjugale d’un prophète – est difficilement supportable pour beaucoup oreilles), autant la réaction énergique et hargneuse du Khalife général des Tidjanes, Serigne Mbaye Mansour Sy, a eu les caractéristiques d’une fatwa expéditivement meurtrière. Alors qu’elle (cette réaction) pouvait rester dans le strict périmètre d’une érudition pédagogique, admirable et convaincante. On combat efficacement une idée, en émettant une idée supérieure et non par la guillotine…verbale. Si on était à Gaza ou dans une enclave contrôlée par Daech, en Syrie, Idrissa Seck serait, déjà, à plusieurs pieds sous terre.
Il est sain et salvateur pour le Sénégal que Tivaouane comprenne qu’un Khalife général est comparable, dans certaines circonstances, à un Général d’armée. Il campe à l’arrière ou s’installe sur les crêtes, muni de puissantes jumelles pour balayer le champ et commander à distance, la bataille de la défense de l’Islam. A l’instar de son homologue mouride (Sérigne Mountakha Bassirou Mbacké) qui se sert de son porte-parole ou de ses proches parents. Exactement comme un Cardinal ou un évêque fait travailler ou parler les coadjuteurs et autres vicaires. Bref, les porte-paroles sont des paratonnerres qui protègent des contrecoups que renvoient les discours sensibles, vifs ou excessifs. L’idéal étant, bien sûr, qu’un Khalife général ne descende jamais de son piédestal, pour arbitrer ou alimenter les affrontements d’essence politicienne qui se déroulent dans les ravins et les bas-fonds. Il est clair que la sentence de Serigne Mbaye Mansour Sy n’a pas été un chef d’œuvre de prudence : « Celui qui s’éloigne volontairement de Dieu, est capté (awou en Ouolof) par Satan ». Quelle confrérie a accueilli récemment Idrissa Seck ? On mesure aisément la fureur contenue ou déchainée.
Méthodiquement recherché ou accidentellement atteint, le résultat est là. Des pans assez significatifs de la confrérie mouride – singulièrement les mourides d’outre-Atlantique – répètent à l’envi que le Président du Conseil régional de Thiès est non seulement leur candidat, mais également le porte-étendard de Touba, sur l’échiquier politique. Les accusations de blasphème n’y changent rien. Bien au contraire ! Le blasphème est le cadet des soucis, chez les électeurs. Car, ils font lucidement la différence entre les urnes ouvertes pour tous les citoyens sénégalais et la tombe d’Idrissa Seck qui sera creusée individuellement pour lui. En définitive, c’est le premier responsable de la tempête religieuse qui en récolte les dividendes. Du coup, le buisson du pardon humblement sollicité par Idrissa Seck, masque une position politiquement confortée et électoralement prometteuse.
Après l’apaisement né de la déclaration faite au nom du Guide de la confrérie des mourides, nous pouvons remercier Dieu d’avoir longé l’abîme, sans nous y allonger. Toutefois, le Sénégal n’est plus cette exception, c’est-à-dire ce pays vacciné contre les syndromes somalien, malien et nigérian. Ici, le danger est moins le terrorisme déboulant de l’extérieur (les services de sécurité peuvent le contrer) que le déchainement des forces centrifuges. Autrement dit, la vigilance interne doit primer sur la vigilance, le long des frontières. A cet égard, le Colonel de gendarmerie Abdoul Aziz Ndao relate, dans son livre, un épisode qui aurait, à coup sûr, provoqué chez les bâtisseurs de notre Etat (Le Président Senghor et ses compagnons), la mort par apoplexie.
Au lendemain du saccage de la Brigade territoriale de Darou Mousty par des talibés, le Colonel Ndao (à l’époque le numéro 2 de la gendarmerie) avait ordonné une descente musclée, pour restaurer l’autorité et le prestige de la gendarmerie. A cet effet, les Légions de Louga, de Diourbel, le GIGN aérotransporté et d’autres éléments ont convergé sur Darou Mousty. En cours de route, d’après le livre, un Colonel mouride a appelé le Général Abdoulaye Fall (patron du Colonel Ndao) pour le convaincre de la nécessité de stopper l’opération qui pourrait heurter Touba. No comment ! Sauf pour dire que dans une nation achevée et dans un Etat digne de ce nom, on ne trouve ni Colonel mouride ni Préfet tidiane. La Fonction publique et ses divers démembrements doivent être des citadelles de civisme sans partage avec une autre catégorie de ferveur. En famille, on peut être protestant ou taliban. Dans l’Etat, le cadre devient un robot d’Etat. C’est la meilleure manière de conjurer le redoutable conflit entre la loyauté et la foi.
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