La présente chronique oscille entre les bas-fonds nauséabonds de la politique sénégalaise et les pitons (les hauteurs aromatisées) de la démocratie sud-africaine. Ainsi va l’actualité qui sert, à sa guise, des ronces et des roses ; des beignets délicieux et des brouets peu ragoûtants. Au Sénégal, la politique est inexorablement ravagée par la transhumance et la pirouette. Deux pathologies qui – tels la lèpre et ses stigmates – défigurent et dévaluent la démocratie. Les pirouettes de Bamba Fall (le Maire de la Médina) en sont une moche et suffocante illustration. Quels que soient les ressorts cachés et les mobiles camouflés de sa toute nouvelle et très équivoque posture, Bamba Fall a, d’ores et déjà, dérouté et déboussolé tous ceux qui accordent une attention au procès de Khalifa Sall dont le proche épilogue aura une incidence sur le destin de la démocratie sénégalaise
C’est la girouette, Bamba Fall, qui tourne ou c’est le vent qui tourne ? Apparemment, un vent fort (pression, chantage etc.) a rencontré une disponibilité et une envie de tourner…casaque. Dommage que le Maire de la Médina soit plus porté sur l’action que sur la réflexion ! S’il était féru de culture et, surtout, friand de pensées politiques, il aurait très tôt assimilé la leçon de Stefan Zweig : « En politique et dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font toujours plus de mal que les décisions nettes et énergiques ». Leçon sur la quelle on peut greffer le rappel d’Albert Brie : « En politique, s’expliquer c’est mentir, mais en beaucoup plus de mots ». Effectivement, les explications publiques du Maire de la Médina sont de faible facture.
En effet, le discours prononcé par Bamba Fall, en face du Premier ministre, Boune Abdallah Dionne, et devant le Ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, donne amplement raison à la socialiste Aminata Mbengue Ndiaye qui, sur la TFM, par téléphone et en Ouolof, accablait Barthélémy Diaz, en ces termes : « C’est vous qui avez mis Khalifa Sall dans ce pétrin ». Et voilà qu’au milieu du gué – du pétrin judiciaire dans lequel s’enfonce son leader, Khalifa Sall – Bamba Fall affirme qu’il peut répondre favorablement à un éventuel appel du chef de l’Etat, Macky Sall. Donc, il peut changer d’attelage ou de radeau au milieu du gué. Dans les mois à venir, Bamba Fall saura – à ses dépens – qu’on ne s’arrête pas à mi-chemin d’une dissidence aux effets politiquement sismiques. Ousmane Tanor Dieng ne pardonnera jamais ça… Les torts causés au PS par le désarçonnant et lunatique Maire de la Médina, sont incommensurables.
Eloignons-nous vite de la léproserie politique du Sénégal, par une migration vers la lévitation démocratique en Afrique du Sud ! L’alternance démocratique à la hauteur des idéaux de l’ANC à Pretoria, est plus enchanteresse que le jeu politique au niveau des caniveaux de la Médina de Dakar. L’effacement de Jacob Zuma et l’avènement de Cyril Ramaphosa – avec des grincements mais sans casse ni cassure – ont révélé une « exception sud-africaine » incarnée par des hommes en osmose avec les institutions. Une « singularité sud-africaine » qui s’appuie parfaitement sur des ressorts bien lubrifiés. A cet égard, la prouesse politique (Cyril Ramaphosa est le cinquième Président de l’Afrique du Sud post-Apartheid, après Frederik De Klerk, Nelson, Thabo Mbeki, et Jacob Zuma) est d’autant plus admirable et remarquable que l’ANC demeure un Parti multiracial qui applique (sans ratés) une démocratie multiraciale dans un pays arc-en-ciel.
La prévalence des mœurs politiquement douces administre (sous forme de gifles) un certain nombre de leçons à un certain nombre de pays, notamment africains. Bâtir sur les décombres fumants de l’Apartheid, des institutions démocratiques, elles-mêmes, confortées par des pratiques démocratiques au-dessus de tout soupçon et de tout reproche, n’était pas un pari gagné d’avance. Tellement la première puissance économique du continent était et reste une redoutable forêt de défis. En effet, l’ANC, au pouvoir depuis 1994, gouverne une juxtaposition de cultures et de peuples différents : blancs, noirs, indiens et métis, zoulous, xhosas, vendas etc. A ce casse-tête d’ordre socio-anthropologique, s’ajoute une équation politique largement héritée de la trajectoire militante et combattante de l’African National Congress, lui-même, dont le spectre d’influence sociale, d’obédience politique et d’occupation spatiale fut nettement segmenté entre la branche en exil (Oliver Tambo), l’aile intérieure et réprimée (la citadelle de Soweto courageusement chapeautée par Cyril Ramaphosa), la fraction emprisonnée à Robben Island (Nelson Mandela, Ahmed Kathrada). Bref, un puzzle que corsent les différences d’origine dans les instances dirigeantes de l’ANC où le communiste natif de Lituanie, Joe Slovo, côtoie le Noir et gauchiste Chris Hani, chef des combattants, durant les années de braises.
Opérer des alternances au sommet de l’Etat (à répétition et sur du velours) dans un tel laboratoire, suppose une appréciable dose de virtuosité, de finesse et de hauteur politiques. Derrière les deux personnages qui tiennent le haut du pavé, Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa, s’affichent des équilibres que les observateurs avisés décryptent savamment. Le vainqueur Cyril Ramaphosa et le perdant Jacob Zuma marchent consciemment sur des œufs qu’ils s’efforcent de ne pas casser. C’est pourquoi, malgré la corruption patente de Zuma et de son clan, on évitera en Afrique du Sud, tout ce qui s’apparente à la traque (version sénégalaise) des biens mal acquis. Jacob Zuma est un Zoulou, comme le puissant Mangosuthu Buthelezi. Mieux, il appartient à la noblesse des Zoulous qui, elle, tient son aura de Shaka ou Chaka. Donc, Zuma est un personnage lourd que le très intelligent Cyril Ramaphosa, issu de la tribu minoritaire des Vendas, n’humiliera jamais.
Toutefois, l’Afrique du Sud est un Etat de droit doté d’un appareil judiciaire réellement autonome et rodé. Donc non soumis aux desiderata du nouveau Président. Par ailleurs, la société civile et le plus grand Parti d’opposition, l’Alliance Démocratique (à majorité blanche mais présidé par un Noir, Mmusi Maimane) constituent deux contrepoids démocratiques, très influents auprès d’une opinion publique, elle aussi, très mordante. D’où une conjoncture post-Zuma qui n’augure d’aucun état de grâce pour Ramaphosa. Néanmoins, les espoirs sont autorisés pour ce pays complexe qui aligne, parmi ses citoyens, cinq lauréats du Prix Nobel de la Paix : Albert Luthuli, Nelson Mandela, Frederik De Klerk et Desmond Tutu. L’Afrique du Sud, c’est la fascinante lévitation qui survole l’émergence sénégalaise en gestation dans un environnement comparable à une léproserie politique.
C’est la girouette, Bamba Fall, qui tourne ou c’est le vent qui tourne ? Apparemment, un vent fort (pression, chantage etc.) a rencontré une disponibilité et une envie de tourner…casaque. Dommage que le Maire de la Médina soit plus porté sur l’action que sur la réflexion ! S’il était féru de culture et, surtout, friand de pensées politiques, il aurait très tôt assimilé la leçon de Stefan Zweig : « En politique et dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font toujours plus de mal que les décisions nettes et énergiques ». Leçon sur la quelle on peut greffer le rappel d’Albert Brie : « En politique, s’expliquer c’est mentir, mais en beaucoup plus de mots ». Effectivement, les explications publiques du Maire de la Médina sont de faible facture.
En effet, le discours prononcé par Bamba Fall, en face du Premier ministre, Boune Abdallah Dionne, et devant le Ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, donne amplement raison à la socialiste Aminata Mbengue Ndiaye qui, sur la TFM, par téléphone et en Ouolof, accablait Barthélémy Diaz, en ces termes : « C’est vous qui avez mis Khalifa Sall dans ce pétrin ». Et voilà qu’au milieu du gué – du pétrin judiciaire dans lequel s’enfonce son leader, Khalifa Sall – Bamba Fall affirme qu’il peut répondre favorablement à un éventuel appel du chef de l’Etat, Macky Sall. Donc, il peut changer d’attelage ou de radeau au milieu du gué. Dans les mois à venir, Bamba Fall saura – à ses dépens – qu’on ne s’arrête pas à mi-chemin d’une dissidence aux effets politiquement sismiques. Ousmane Tanor Dieng ne pardonnera jamais ça… Les torts causés au PS par le désarçonnant et lunatique Maire de la Médina, sont incommensurables.
Eloignons-nous vite de la léproserie politique du Sénégal, par une migration vers la lévitation démocratique en Afrique du Sud ! L’alternance démocratique à la hauteur des idéaux de l’ANC à Pretoria, est plus enchanteresse que le jeu politique au niveau des caniveaux de la Médina de Dakar. L’effacement de Jacob Zuma et l’avènement de Cyril Ramaphosa – avec des grincements mais sans casse ni cassure – ont révélé une « exception sud-africaine » incarnée par des hommes en osmose avec les institutions. Une « singularité sud-africaine » qui s’appuie parfaitement sur des ressorts bien lubrifiés. A cet égard, la prouesse politique (Cyril Ramaphosa est le cinquième Président de l’Afrique du Sud post-Apartheid, après Frederik De Klerk, Nelson, Thabo Mbeki, et Jacob Zuma) est d’autant plus admirable et remarquable que l’ANC demeure un Parti multiracial qui applique (sans ratés) une démocratie multiraciale dans un pays arc-en-ciel.
La prévalence des mœurs politiquement douces administre (sous forme de gifles) un certain nombre de leçons à un certain nombre de pays, notamment africains. Bâtir sur les décombres fumants de l’Apartheid, des institutions démocratiques, elles-mêmes, confortées par des pratiques démocratiques au-dessus de tout soupçon et de tout reproche, n’était pas un pari gagné d’avance. Tellement la première puissance économique du continent était et reste une redoutable forêt de défis. En effet, l’ANC, au pouvoir depuis 1994, gouverne une juxtaposition de cultures et de peuples différents : blancs, noirs, indiens et métis, zoulous, xhosas, vendas etc. A ce casse-tête d’ordre socio-anthropologique, s’ajoute une équation politique largement héritée de la trajectoire militante et combattante de l’African National Congress, lui-même, dont le spectre d’influence sociale, d’obédience politique et d’occupation spatiale fut nettement segmenté entre la branche en exil (Oliver Tambo), l’aile intérieure et réprimée (la citadelle de Soweto courageusement chapeautée par Cyril Ramaphosa), la fraction emprisonnée à Robben Island (Nelson Mandela, Ahmed Kathrada). Bref, un puzzle que corsent les différences d’origine dans les instances dirigeantes de l’ANC où le communiste natif de Lituanie, Joe Slovo, côtoie le Noir et gauchiste Chris Hani, chef des combattants, durant les années de braises.
Opérer des alternances au sommet de l’Etat (à répétition et sur du velours) dans un tel laboratoire, suppose une appréciable dose de virtuosité, de finesse et de hauteur politiques. Derrière les deux personnages qui tiennent le haut du pavé, Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa, s’affichent des équilibres que les observateurs avisés décryptent savamment. Le vainqueur Cyril Ramaphosa et le perdant Jacob Zuma marchent consciemment sur des œufs qu’ils s’efforcent de ne pas casser. C’est pourquoi, malgré la corruption patente de Zuma et de son clan, on évitera en Afrique du Sud, tout ce qui s’apparente à la traque (version sénégalaise) des biens mal acquis. Jacob Zuma est un Zoulou, comme le puissant Mangosuthu Buthelezi. Mieux, il appartient à la noblesse des Zoulous qui, elle, tient son aura de Shaka ou Chaka. Donc, Zuma est un personnage lourd que le très intelligent Cyril Ramaphosa, issu de la tribu minoritaire des Vendas, n’humiliera jamais.
Toutefois, l’Afrique du Sud est un Etat de droit doté d’un appareil judiciaire réellement autonome et rodé. Donc non soumis aux desiderata du nouveau Président. Par ailleurs, la société civile et le plus grand Parti d’opposition, l’Alliance Démocratique (à majorité blanche mais présidé par un Noir, Mmusi Maimane) constituent deux contrepoids démocratiques, très influents auprès d’une opinion publique, elle aussi, très mordante. D’où une conjoncture post-Zuma qui n’augure d’aucun état de grâce pour Ramaphosa. Néanmoins, les espoirs sont autorisés pour ce pays complexe qui aligne, parmi ses citoyens, cinq lauréats du Prix Nobel de la Paix : Albert Luthuli, Nelson Mandela, Frederik De Klerk et Desmond Tutu. L’Afrique du Sud, c’est la fascinante lévitation qui survole l’émergence sénégalaise en gestation dans un environnement comparable à une léproserie politique.
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