DAKARACTU.COM Le Sénégal vit des instants d’une sensibilité extraordinaire. Le climat politique est tendu, exacerbé par l’attente de l’examen par les sages du Conseil Constitutionnel de la recevabilité de la candidature d’Abdoulaye Wade à la future échéance présidentielle de février 2012. Les promesses faites par les uns et les autres d’en découdre même par la force, en cas décision contraire à leurs attentes respectives, ajoutent à la tension. Les mises en garde physiques des nervis de la majorité devant les domiciles de Moustapha Niasse et d’Ousmane Tanor Dieng, le jour du verdict de Noel Malick Seck, en disent long sur l’atmosphère qui prévaut. Politiquement, les perspectives sont sombres. Le dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition est dans une sérieuse impasse, du fait de la volonté du chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, de se représenter, ce que lui contestent les partis politiques et les organisations de la société civile regroupés au sein du Mouvement des forces vives du 23 juin (M23). Depuis le forcing pour faire voter une réforme constitutionnelle reformatant les institutions et les règles du jeu électoral, le 23 juin, la majorité et l’opposition se regardent en chiens de faïence. Tout laisse penser que le pouvoir compte passer en force parce que ses tenants sont irréductibles à l’idée de le quitter. Ils semblent prêts à tout et cela fait peur. Surtout dans ce contexte social et économique plus que torride, marqué par une pauvreté galopante et une crise énergétique qui n’arrête pas de finir, se prolongeant et mettant les travailleurs sénégalais à la limite de l’enfer. La situation est dangereuse et les populations sont tendues. Le climat est électrique et, comme on dit, « ça sent le gaz ». Une étincelle peut mettre le feu aux poudres. La communauté internationale est inquiète eu égard à la position stratégique du Sénégal, et nous savons de sources sûres que certaines chancelleries s’organisent. Pas question pour elles de se laisser surprendre par un mauvais diagnostic de la situation sénégalaise dont on a dit de nombreuses fois qu’elle allait dégénérer sans que cela survienne. Malgré de timides dénégations de leurs parts, les ambassadeurs des pays occidentaux se réunissent régulièrement et échanges leurs informations pour prendre des décisions d’éventuelles évacuations de leurs personnels diplomatiques. Les Américains étudient cette option, les Français, eux, réactivent les ilots de leurs ressortissants organisés en pools d’évacuation d’urgence, mis en place après les funestes évènements de Brazzaville. La situation est donc potentiellement explosive.
Mais, pour autant, notre pays n’est-il pas pourvu d’hommes et de femmes capables de conjurer une tel scénario-catastrophe ? Même si on peut craindre que Me Wade manque d’une certaine hauteur pour prendre une décision apaisante pour son pays en ce qui concerne sa candidature, même si on peut redouter que ses partisans n’abandonnent pas la fleur au fusil leurs si belles et fructueuses positions de pouvoir, le Sénégal regorge de pare-feux symboliques et institutionnels. D’abord, ses chefs religieux, de toutes confessions et de toutes confréries, même si un Dabakh manque terriblement au paysage politico-religieux, sont encore très écoutés par des fidèles quand même épris de paix et de tranquillité. Ils peuvent, de par leurs appels à maintenir cette cohésion nationale, ramener à la raison d’éventuels hommes politiques prêts à tout pour se maintenir ou accéder au pouvoir. Ensuite il nous faut faire confiance à nos institutions et aux hommes qui les dirigent notamment nos institutions sécuritaires comme l’Armée et la Gendarmerie, deux corps d’élite qui n’ont jamais encore été prises en défaut de légèreté et de patriotisme. Leur loyauté ne sera pas prise en défaut comme leur grand sens de leurs responsabilités. Enfin, il convient que les citoyens règlent eux-mêmes le problème par leurs choix dans les urnes et leurs capacités à exprimer ce qu’ils désirent plus que tout, c'est-à-dire un Sénégal dans lequel ils peuvent vivre et voir leurs enfants y prospérer.
Sinon, au pire, vu notre position stratégique dans ce monde incertain, on peut penser que les grandes puissances comme la France et les Etats Unis, chantres d’une démocratie morale, ne laisseront pas ce si beau pays basculer.
Cheikh Yérim Seck (édito publié dans Libération et dakaractu)
Mais, pour autant, notre pays n’est-il pas pourvu d’hommes et de femmes capables de conjurer une tel scénario-catastrophe ? Même si on peut craindre que Me Wade manque d’une certaine hauteur pour prendre une décision apaisante pour son pays en ce qui concerne sa candidature, même si on peut redouter que ses partisans n’abandonnent pas la fleur au fusil leurs si belles et fructueuses positions de pouvoir, le Sénégal regorge de pare-feux symboliques et institutionnels. D’abord, ses chefs religieux, de toutes confessions et de toutes confréries, même si un Dabakh manque terriblement au paysage politico-religieux, sont encore très écoutés par des fidèles quand même épris de paix et de tranquillité. Ils peuvent, de par leurs appels à maintenir cette cohésion nationale, ramener à la raison d’éventuels hommes politiques prêts à tout pour se maintenir ou accéder au pouvoir. Ensuite il nous faut faire confiance à nos institutions et aux hommes qui les dirigent notamment nos institutions sécuritaires comme l’Armée et la Gendarmerie, deux corps d’élite qui n’ont jamais encore été prises en défaut de légèreté et de patriotisme. Leur loyauté ne sera pas prise en défaut comme leur grand sens de leurs responsabilités. Enfin, il convient que les citoyens règlent eux-mêmes le problème par leurs choix dans les urnes et leurs capacités à exprimer ce qu’ils désirent plus que tout, c'est-à-dire un Sénégal dans lequel ils peuvent vivre et voir leurs enfants y prospérer.
Sinon, au pire, vu notre position stratégique dans ce monde incertain, on peut penser que les grandes puissances comme la France et les Etats Unis, chantres d’une démocratie morale, ne laisseront pas ce si beau pays basculer.
Cheikh Yérim Seck (édito publié dans Libération et dakaractu)
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