DAKARACTU.COM Le président Abdoulaye Wade a prévu d’aller inaugurer la cimenterie du milliardaire nigérian Aliko Dangoté, bientôt terminée et qui a été à l’origine d’un énorme conflit foncier entre l’Etat, les khalifes des confréries mouride et tidiane, et le village de Daral Peulh. Les attributions de ces forêts classées ont créé un véritable bras de fer entre ces parties, au terme duquel le khalife général de tidianes, Serigne Mansour Sy a été lésé. Ses fidèles au premier rang desquels son fils Moustapha Sy Djamil, disent à qui veut l’entendre que Wade devra passer sur leurs cadavres pour aller inaugurer la cimenterie. Cette frustration a commencé il y a bien longtemps, et dakaractu, en possession de tous les documents en relation avec cette affaire, vous la détaille.
Tout commence le 10 juin 2003, lorsque Serigne Mansour Sy, khalife général des tidianes, écrit au gouverneur de la région de Thiès, pour l’octroi d’une superficie de 5000 ha dans la forêt classée de Pout, dans le but d’en faire une exploitation agro-forestière, pour participer au développement agricole du Sénégal. Ce sont ses termes. En novembre 2004, le ministre de l’Environnement d’alors, Thierno Lô, établit un rapport introductif et fait une demande de déclassement de la forêt classée de Pout et fait son historique et sa description. Le 12 juillet 2006, la gouvernance de Thiès, sous la férule du gouverneur d’alors, Diakaria Diaw, et la commission régionale des conservations des sols, examinent les demandes de déclassement en instance. Celles-ci laissent apparaître que le khalife général des tidianes demande en fait 2256 ha, celui de mourides, Serigne Saliou Mbacké entré tardivement dans la procédure, demande, lui, 716 ha, et les villageois de Daral peulh, juste 57 ha, entre les forêts classées de Pout et de Thiès. Le dossier est transmis par le gouverneur au ministre de l’Environnement le 17 juillet 2006, avec toutes les conclusions de la commission. Le 20 octobre 2006, le ministre de l’Environnement envoie ces conclusions au président de la République, avec les résultats de la procédure consultative concernant les trois déclassements demandés, en disant qu’ils avaient reçu l’avis favorable de la commission régionale des conservations des sols, le 12 juillet 2006. Mais aussi celui de la commission nationale du août 2006 qui autorise que Serigne Saliou Mbacké obtienne 942 ha, Serigne Mansour Sy 1194 ha, et les villageois de Daral Peul 57 ha.
Grande est la surprise de Serigne Mansour Sy lorsque deux décrets présidentiels n° 2006-1275 du 20 novembre 2006 et n° 2006-1335 du 27 novembre 2006 attribuent, pour le premier, 57 ha au profit des villageois de Daral Peul, et pour le second, 897 ha plus 44 ha dans les forêts de Pout et Thiès à Serigne Saliou Mbacké. Le khalife général des tidianes attend quelques temps, croyant à un simple retard procédurier. Las d’attendre, il envoie, le 13 octobre 2009, un courrier en rappel au chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, les trois dossiers de déclassement, avec les avals des commissions nationale et régionale datant du 21 août 2006. Il s’étonne que Serigne Saliou Mbacké ait reçu ses terres, que les villageois aussi aient reçu les leurs, sans qu’aucune nouvelle de sa demande à lui ne lui soit parvenue. Il dit dans son courrier à Abdoulaye Wade : «Connaissant votre disposition à mon égard et votre sens de l’équité, j’attends une suite favorable à ma demande.» La réponse de Wade arrive… deux ans plus tard. Le président écrit à Serigne Mansour Sy pour lui concéder qu’il est vrai que Serigne Saliou et lui-même ont demandé des terres dans les forêts classées de Pout et Thiès. Mais que quand il a accédé à la demande de Serigne Saliou Mbacké, cela avait attiré sur le Sénégal les foudres des bailleurs de fonds, l’accusant de « porter atteinte au droit de l’environnement » et le menaçant « de suspendre toute aide au Sénégal pour toutes sortes de projets ». Me Wade explique ainsi au guide des tidianes sa décision de ne pouvoir lui attribuer les terres souhaitées, arguant qu’il avait suspendu toute nouvelle attribution de terres en sa faveur, et lui proposant des terres arables dans la vallée du Fleuve, non sans lui promettre même des semences et du matériel, et lui expliquer sa volonté d’aider son fils Djamil Sy s’il souhaite avoir une carrière. La réaction de Serigne Mansour arrive le 28 juillet 2011. Drue. Il balaie d’un revers de main la proposition d’aller exercer ses talents d’agriculteurs vers la vallée du Fleuve. Ensuite, il rappelle au président de la République que plusieurs superficies ont été attribuées dans la zone concernée après l’attribution des terres à Serigne Saliou Mbacké, et ce malgré la soi-disant interdiction des bailleurs de fonds. Il lui cite les cas de Xewel, Aboul Aziz Sy Junior, Diobase, Entracom, Issakha Mbacké et Dangoté, précisant que « tous ont été attributaires de terrains dont une bonne partie sont des carrières implantées dans la forêt classée de Pout ayant un impact environnemental plus marqué que celui du projet agricole que je conduis. » Et vlan !!! Il déroule alors ses récriminations ainsi : « Ainsi, vous comprendrez que la faveur faite à Dangote en 2008, pour s’installer sur la totalité de la zone pour laquelle j’avais adressé une demande depuis 2002, peut m’apparaître comme une injustice faite à notre communauté. » Poursuivant en mettant en garde le chef de l’Etat sur l’énorme risque que constituerait l’éjection des deux grandes familles religieuses de cette zone au profit d’un investisseur étranger tel que Dangote. Celui-ci empiète en effet sur une partie de la superficie allouée à Serigne Saliou, au grand dam de la famille de ce dernier. Et, comme pour diviser la famille maraboutique de Tivaouane, Wade ne donne rien à Serigne Mansour Sy qui a tout initié mais octroie 50 ha à Abdoul Aziz Sy Junior, frère et porte-parole du khalife.
Se sentant victime d’une iniquité, Serigne Mansour Sy a chargé son fils Moustapha Sy Djamil d’étudier les possibilités qui s’offrent entre eux et le président Wade, pour un règlement prenant en compte les intérêts de chaque acteur. L’enfant du guide, un homme d’affaires avisé et aujourd’hui révolté, estime que l’honneur de sa famille a été bafoué par ce qu’il vit comme un mépris de la part de Wade. Et il entend le rétablir en s’opposant à toute activité sur la superficie qui aurait normalement dû être attribuée à son père. Moustapha Sy Djamil se dit même prêt à rembourser à Dangoté tout ce qu’il a investi dans la zone, pour y développer un projet agricole avec des partenaires européens. S’il propose des solutions, il ne se laissera pas faire et se dit disposé, avec des milliers de talibés tidianes, d’y laisser la vie s’il le faut. L’exploitation des forêts classées de Pout et Thiès est dans une véritable impasse, vu la sensibilité de la question confrérique au Sénégal.
Tout commence le 10 juin 2003, lorsque Serigne Mansour Sy, khalife général des tidianes, écrit au gouverneur de la région de Thiès, pour l’octroi d’une superficie de 5000 ha dans la forêt classée de Pout, dans le but d’en faire une exploitation agro-forestière, pour participer au développement agricole du Sénégal. Ce sont ses termes. En novembre 2004, le ministre de l’Environnement d’alors, Thierno Lô, établit un rapport introductif et fait une demande de déclassement de la forêt classée de Pout et fait son historique et sa description. Le 12 juillet 2006, la gouvernance de Thiès, sous la férule du gouverneur d’alors, Diakaria Diaw, et la commission régionale des conservations des sols, examinent les demandes de déclassement en instance. Celles-ci laissent apparaître que le khalife général des tidianes demande en fait 2256 ha, celui de mourides, Serigne Saliou Mbacké entré tardivement dans la procédure, demande, lui, 716 ha, et les villageois de Daral peulh, juste 57 ha, entre les forêts classées de Pout et de Thiès. Le dossier est transmis par le gouverneur au ministre de l’Environnement le 17 juillet 2006, avec toutes les conclusions de la commission. Le 20 octobre 2006, le ministre de l’Environnement envoie ces conclusions au président de la République, avec les résultats de la procédure consultative concernant les trois déclassements demandés, en disant qu’ils avaient reçu l’avis favorable de la commission régionale des conservations des sols, le 12 juillet 2006. Mais aussi celui de la commission nationale du août 2006 qui autorise que Serigne Saliou Mbacké obtienne 942 ha, Serigne Mansour Sy 1194 ha, et les villageois de Daral Peul 57 ha.
Grande est la surprise de Serigne Mansour Sy lorsque deux décrets présidentiels n° 2006-1275 du 20 novembre 2006 et n° 2006-1335 du 27 novembre 2006 attribuent, pour le premier, 57 ha au profit des villageois de Daral Peul, et pour le second, 897 ha plus 44 ha dans les forêts de Pout et Thiès à Serigne Saliou Mbacké. Le khalife général des tidianes attend quelques temps, croyant à un simple retard procédurier. Las d’attendre, il envoie, le 13 octobre 2009, un courrier en rappel au chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, les trois dossiers de déclassement, avec les avals des commissions nationale et régionale datant du 21 août 2006. Il s’étonne que Serigne Saliou Mbacké ait reçu ses terres, que les villageois aussi aient reçu les leurs, sans qu’aucune nouvelle de sa demande à lui ne lui soit parvenue. Il dit dans son courrier à Abdoulaye Wade : «Connaissant votre disposition à mon égard et votre sens de l’équité, j’attends une suite favorable à ma demande.» La réponse de Wade arrive… deux ans plus tard. Le président écrit à Serigne Mansour Sy pour lui concéder qu’il est vrai que Serigne Saliou et lui-même ont demandé des terres dans les forêts classées de Pout et Thiès. Mais que quand il a accédé à la demande de Serigne Saliou Mbacké, cela avait attiré sur le Sénégal les foudres des bailleurs de fonds, l’accusant de « porter atteinte au droit de l’environnement » et le menaçant « de suspendre toute aide au Sénégal pour toutes sortes de projets ». Me Wade explique ainsi au guide des tidianes sa décision de ne pouvoir lui attribuer les terres souhaitées, arguant qu’il avait suspendu toute nouvelle attribution de terres en sa faveur, et lui proposant des terres arables dans la vallée du Fleuve, non sans lui promettre même des semences et du matériel, et lui expliquer sa volonté d’aider son fils Djamil Sy s’il souhaite avoir une carrière. La réaction de Serigne Mansour arrive le 28 juillet 2011. Drue. Il balaie d’un revers de main la proposition d’aller exercer ses talents d’agriculteurs vers la vallée du Fleuve. Ensuite, il rappelle au président de la République que plusieurs superficies ont été attribuées dans la zone concernée après l’attribution des terres à Serigne Saliou Mbacké, et ce malgré la soi-disant interdiction des bailleurs de fonds. Il lui cite les cas de Xewel, Aboul Aziz Sy Junior, Diobase, Entracom, Issakha Mbacké et Dangoté, précisant que « tous ont été attributaires de terrains dont une bonne partie sont des carrières implantées dans la forêt classée de Pout ayant un impact environnemental plus marqué que celui du projet agricole que je conduis. » Et vlan !!! Il déroule alors ses récriminations ainsi : « Ainsi, vous comprendrez que la faveur faite à Dangote en 2008, pour s’installer sur la totalité de la zone pour laquelle j’avais adressé une demande depuis 2002, peut m’apparaître comme une injustice faite à notre communauté. » Poursuivant en mettant en garde le chef de l’Etat sur l’énorme risque que constituerait l’éjection des deux grandes familles religieuses de cette zone au profit d’un investisseur étranger tel que Dangote. Celui-ci empiète en effet sur une partie de la superficie allouée à Serigne Saliou, au grand dam de la famille de ce dernier. Et, comme pour diviser la famille maraboutique de Tivaouane, Wade ne donne rien à Serigne Mansour Sy qui a tout initié mais octroie 50 ha à Abdoul Aziz Sy Junior, frère et porte-parole du khalife.
Se sentant victime d’une iniquité, Serigne Mansour Sy a chargé son fils Moustapha Sy Djamil d’étudier les possibilités qui s’offrent entre eux et le président Wade, pour un règlement prenant en compte les intérêts de chaque acteur. L’enfant du guide, un homme d’affaires avisé et aujourd’hui révolté, estime que l’honneur de sa famille a été bafoué par ce qu’il vit comme un mépris de la part de Wade. Et il entend le rétablir en s’opposant à toute activité sur la superficie qui aurait normalement dû être attribuée à son père. Moustapha Sy Djamil se dit même prêt à rembourser à Dangoté tout ce qu’il a investi dans la zone, pour y développer un projet agricole avec des partenaires européens. S’il propose des solutions, il ne se laissera pas faire et se dit disposé, avec des milliers de talibés tidianes, d’y laisser la vie s’il le faut. L’exploitation des forêts classées de Pout et Thiès est dans une véritable impasse, vu la sensibilité de la question confrérique au Sénégal.
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