Joola: les familles des victimes interpellent à nouveau l’Etat sénégalais

Ce lundi 26 septembre 2011, le Sénégal a commémoré le 9e anniversaire du naufrage du Joola. Au moins 1 863 personnes sont décédées à bord de ce navire. Des cérémonies de recueillement ont notamment eu lieu à Ziguinchor et Dakar. L’occasion, pour les familles des victimes, d’interpeller une nouvelle fois l’Etat sénégalais sur le renflouement du navire, la création d’un mémorial musée ou le sort des enfants de victimes.


Joola: les familles des victimes interpellent à nouveau l’Etat sénégalais
Ce lundi 26 septembre 2011, le Sénégal a commémoré le 9e anniversaire du naufrage du Joola. Au moins 1 863 personnes sont décédées à bord de ce navire. Des cérémonies de recueillement ont notamment eu lieu à Ziguinchor et Dakar. L’occasion, pour les familles des victimes, d’interpeller une nouvelle fois l’Etat sénégalais sur le renflouement du navire, la création d’un mémorial musée ou le sort des enfants de victimes.

Mbao. En banlieue de Dakar. Une partie des victimes du Joola sont enterrées là, dans des tombes assemblées en formes géométriques solidaires. Comme si, après l’épreuve du naufrage, plus rien ne pouvait séparer ces corps anonymes. Les cérémonies ne sont pas encore commencées, mais comme chaque année, les familles rendent déjà hommage à leurs morts. Des femmes, des hommes, des enfants s’agenouillent devant une tombe. Parfois un chapelet à la main.

Sous un chapiteau, une récitation du Coran démarre. Des jeunes du mouvement « Y’en a marre » commencent, eux, à nettoyer les sépultures en silence. « Nous sommes là pour lutter contre l’oubli. Il y a une responsabilité collective des Sénégalais dans l’affaire du Joola que les politiques ne sont pas prêts à assumer » explique Fadel Barro, l’un des responsables du mouvement.

La récitation du Coran se poursuit. L’imam fond en larmes sous le coup de l’émotion. Les chrétiens entament à leur tour des prières. « J’ai perdu mon frère et un ami dans le naufrage, explique un homme assis sur une tombe, la voix cassée. Je viens régulièrement prier ici pour toutes les victimes, mais chaque année, le jour de l’anniversaire c’est vraiment difficile ».

L’émotion. Mais aussi la colère. Une colère portée par la voix d’Idrissa Diallo, l’un des responsables du comité des familles de victimes. Il a perdu ses trois enfants dans le naufrage du Joola. Neuf ans après, il réclame à nouveau le renflouement du navire : « On nous refuse un droit le plus élémentaire, c’est le droit de faire le deuil. Le gouvernement du Sénégal a confisqué les nôtres au fond de la mer. On sait où ils sont ! On les a vus ! On veut que l’Etat du Sénégal nous sorte les nôtres qui sont au fond de la mer ! »

Les familles des victimes réclament également la création d’un mémorial-musée, la prise en charge des enfants de victimes comme pupilles de la nation, et elles veulent que justice leur soit rendue.

« Nous voulons des actes »

Cimetière Saint-Lazare. Autre lieu de recueillement. Un mausolée reprend les noms des victimes du Joola qui ont pu être recensées. Un homme et une femme se plaignent de ne pouvoir trouver de référence à leur « papa ». Une jeune femme cherche le nom de sa tante décédée lors du naufrage. Puis s’arrête sur une ligne : « Elle s’appelle Thérèse Diatta. C’est là. Chaque année que Dieu fait, je suis là pour rendre hommage ». Elle s’enveloppe alors le visage pour pleurer.

Place du souvenir. Des enfants vont déposer des bouquets de fleurs devant l’océan, sous le regard de l’assistance. « Neuf ans après, les familles des victimes sont toujours bouleversées par ce drame, estime dans son discours Nassardine Aïdarra, le coordonnateur du comité d’initiative pour le mémorial/musée le Joola. Nous ne pouvons pas oublier, nous ne devons pas oublier ».

Le ministre d’Etat, Mamadou Diop Decroix, dit être venu à titre personnel. Mais après la fin de la cérémonie, il annonce qu’il transmettra à Abdoulaye Wade certaines revendications des familles : « La seule rescapée du bateau m’a dit qu’elle voulait voir le président. J’ai pris son nom et son numéro de téléphone. L’autre affaire, c’est en ce qui concerne la prise en charge des enfants, des pupilles. J’ai cru comprendre que jusqu’à présent cet engagement n’est pas tenu. Je rendrai compte au président ».

« Nous avons reçu assez de promesses, répondent les proches des victimes. Ce que nous voulons maintenant, ce sont des actes ».

( RFI ) 
Mardi 27 Septembre 2011




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