Cheikh Tidiane Gadio est, depuis plusieurs semaines, la cible d’attaques récurrentes du président Abdoulaye Wade et de son fils et ministre d’Etat, Karim Wade. S’il juge ces attaques infondées, l’ex-ministre des Affaires étrangères estime, par contre, dans l’émission Opinion de ce dimanche sur Walf TV, qu’il peut apporter des répliques vérifiables dans des documents qu’il garde en lieu sûr. Lui, dit il, il sait des choses, il détient des documents, et il sait que le président sait qu’il sait. S’il est contraint à riposter, dit en substance Cheikh Tidiane Gadio, il va éclabousser la République. Pour le désormais leader du Mouvement politique citoyen Luy Jot Jotna, le président et son clan l’attaquent pour le pousser à déballer dès à présent ce qu’il sait, pour que le temps d’ici février en efface les tragiques impacts, compromettants pour sa candidature. Mais lui décide de ne pas tomber dans ce piège.
Cette sortie du chef de la diplomatie sénégalaise de 2000 à 2009 fait suite à deux piques frontales et violentes contre lui. La première est le fait de Karim Wade, dans l’avion qui le menait en Libye avec son père pour la fameuse déclaration de Benghazi, qui a asséné sans ambages que Gadio avait reçu moult fois des sommes importantes des mains du colonel Mouammar Kadhafi. La seconde est l’œuvre du président Wade lui-même, dans son entretien avec le quotidien Le Pays, dans lequel il a affirmé que son ministre des Affaires étrangères demandait de l’argent aux chefs d’Etat africains qui le lui avaient rapporté, entre autres insanités. Entre accusations et brutalités, la famille présidentielle n’est pas tendre avec l’inamovible ministre d’Etat reconverti en opposant au lendemain de son limogeage. Cheikh Tidiane Gadio se sent agressé, qui se retrouve à devoir garder des documents secrets dans une posture de riposte.
Tout démarre le jour de son limogeage. Nous sommes le 1er octobre 2009. Au soir de l’incendie qui avait ravagé les bureaux de Karim Wade, auquel il assiste avec le président inquiet pour son fils, il apprend son éjection du gouvernement par un appel téléphonique d’un collègue ministre d’Etat. Il se rend immédiatement à son ministère de la Place de l’Indépendance, dont il ne ressort qu’à 4 heures du matin, lourdement chargé de dossiers qu’il emporte hors de son bureau occupé depuis 9 ans. Le lendemain, 2 octobre, le chef de l’Etat lui demande de le retrouver au palais de la République pour discuter des problèmes en Guinée, suite aux massacres du 26 septembre. Gadio refuse cet entretien au motif qu’il doit préparer sa passation de services avec son successeur Madické Niang. Actionnés, les francs-tireurs de Wade (Farba Senghor, Lamine Bâ, Aida Mbodj…) multiplient les sorties au vitriol contre le désormais ex-ministre des Affaires étrangères. Les choses s’emballent. Les services secrets sont mis à contribution, pour aller fouiller dans la vie de Gadio, surtout ses biens. Le service des mines est actionné pour lister ses véhicules, les domaines aussi sont fouillés et on découvre que son domicile des Almadies est acquis grâce à un prêt de son épouse, fonctionnaire international au Pnud, et que sa propriété de Washington a été le fruit de son travail comme consultant à la Banque mondiale pour l’Afrique Centrale. On lui touche un mot qu’il est susceptible d’être arrêté, il est suivi, écouté, traqué. Gadio veut sortir du Sénégal. En fin octobre, il décide de voyager et, au moment de prendre son avion, il apprend que des agents des services secrets sont sur le même vol que lui. Il reporte alors son voyage à un autre jour, et s’envole pour aller d’abord à Paris, Londres et Bruxelles, avant de joindre Washington. Dans toutes ces villes, il confie des documents à des avocats, des notaires, des amis, des diplomates… leur expliquant l’usage qu’il faut en faire s’il est arrêté ou, pire, tué.
Quels sont ces documents si explosifs dont parle Cheikh Tidiane Gadio ? Certains retracent les mouvements financiers des pontes du régime libéral dans les pays arabes, y compris en liquide. C’est à cause de ces fonds importants que l’administration américaine s’est braquée contre le Sénégal. Dans ces documents, il y a toutes les traces des contrats et des mouvements de fonds liés aux contributions des pays arabes lors de la dernière Conférence de l’Oci à Dakar. S’y trouvent aussi les dossiers de montages financiers sur les fameuses villas présidentielles qui devaient être construites et qui n’ont jamais vu le jour. Mais aussi la liste des centaines de véhicules haut de gamme offerts par les pays arabes pour cette occasion, arrivés pour une partie après le sommet, ainsi que le sort qui leur a été fait. Gadio détient des documents sur l’argent du Trésor viré sur les comptes de l’Anoci, ainsi que les sommes collectées au chapitre des travaux publics, les contributions des Etats arabes, l’usage réel fait de cette importante manne financière... Ce n’est pas tout, car l’ex-chef de la diplomatie garde aussi par devers lui des dossiers relatifs au Fonds taïwanais. Il y est fait mention des raisons pour lesquelles Macky Sall, alors Premier ministre, est allé à Chypre, en aller-retour rapide, pour prendre cet argent le jour même de la libération de Idrissa Seck, mais aussi du montant exact rapporté et donc du gap détourné. Que reste–t-il de cet argent ? A qui a-t-il profité ? Des documents concernant aussi la cession du port à Dubai Port World sont en sa possession, qui illustrent le montage du dossier, les fiduciaires qui portent des actions appartenant à des personnalités qui se cachent, les dessous de table…
Ces dossiers là, le Dr Gadio les détient naturellement du fait des positions qu’il occupait. Il est en possession d’autres documents qui lui sont parvenus. Une question se pose : va-t-il les utiliser ? Une source proche de Cheikh Tidiane Gadio renseigne que si les attaques de Wade et de son fils continuent contre lui, qui portent atteinte à sa probité et à sa moralité, il est fort à parier qu’il va divulguer graduellement des documents qui mettraient la République à genoux. Nous verrons bien si cet appel au drapeau blanc a été entendu ou si nous allons tous nous mettre aux abris pour échapper aux éclats des bombes atomiques.
Cette sortie du chef de la diplomatie sénégalaise de 2000 à 2009 fait suite à deux piques frontales et violentes contre lui. La première est le fait de Karim Wade, dans l’avion qui le menait en Libye avec son père pour la fameuse déclaration de Benghazi, qui a asséné sans ambages que Gadio avait reçu moult fois des sommes importantes des mains du colonel Mouammar Kadhafi. La seconde est l’œuvre du président Wade lui-même, dans son entretien avec le quotidien Le Pays, dans lequel il a affirmé que son ministre des Affaires étrangères demandait de l’argent aux chefs d’Etat africains qui le lui avaient rapporté, entre autres insanités. Entre accusations et brutalités, la famille présidentielle n’est pas tendre avec l’inamovible ministre d’Etat reconverti en opposant au lendemain de son limogeage. Cheikh Tidiane Gadio se sent agressé, qui se retrouve à devoir garder des documents secrets dans une posture de riposte.
Tout démarre le jour de son limogeage. Nous sommes le 1er octobre 2009. Au soir de l’incendie qui avait ravagé les bureaux de Karim Wade, auquel il assiste avec le président inquiet pour son fils, il apprend son éjection du gouvernement par un appel téléphonique d’un collègue ministre d’Etat. Il se rend immédiatement à son ministère de la Place de l’Indépendance, dont il ne ressort qu’à 4 heures du matin, lourdement chargé de dossiers qu’il emporte hors de son bureau occupé depuis 9 ans. Le lendemain, 2 octobre, le chef de l’Etat lui demande de le retrouver au palais de la République pour discuter des problèmes en Guinée, suite aux massacres du 26 septembre. Gadio refuse cet entretien au motif qu’il doit préparer sa passation de services avec son successeur Madické Niang. Actionnés, les francs-tireurs de Wade (Farba Senghor, Lamine Bâ, Aida Mbodj…) multiplient les sorties au vitriol contre le désormais ex-ministre des Affaires étrangères. Les choses s’emballent. Les services secrets sont mis à contribution, pour aller fouiller dans la vie de Gadio, surtout ses biens. Le service des mines est actionné pour lister ses véhicules, les domaines aussi sont fouillés et on découvre que son domicile des Almadies est acquis grâce à un prêt de son épouse, fonctionnaire international au Pnud, et que sa propriété de Washington a été le fruit de son travail comme consultant à la Banque mondiale pour l’Afrique Centrale. On lui touche un mot qu’il est susceptible d’être arrêté, il est suivi, écouté, traqué. Gadio veut sortir du Sénégal. En fin octobre, il décide de voyager et, au moment de prendre son avion, il apprend que des agents des services secrets sont sur le même vol que lui. Il reporte alors son voyage à un autre jour, et s’envole pour aller d’abord à Paris, Londres et Bruxelles, avant de joindre Washington. Dans toutes ces villes, il confie des documents à des avocats, des notaires, des amis, des diplomates… leur expliquant l’usage qu’il faut en faire s’il est arrêté ou, pire, tué.
Quels sont ces documents si explosifs dont parle Cheikh Tidiane Gadio ? Certains retracent les mouvements financiers des pontes du régime libéral dans les pays arabes, y compris en liquide. C’est à cause de ces fonds importants que l’administration américaine s’est braquée contre le Sénégal. Dans ces documents, il y a toutes les traces des contrats et des mouvements de fonds liés aux contributions des pays arabes lors de la dernière Conférence de l’Oci à Dakar. S’y trouvent aussi les dossiers de montages financiers sur les fameuses villas présidentielles qui devaient être construites et qui n’ont jamais vu le jour. Mais aussi la liste des centaines de véhicules haut de gamme offerts par les pays arabes pour cette occasion, arrivés pour une partie après le sommet, ainsi que le sort qui leur a été fait. Gadio détient des documents sur l’argent du Trésor viré sur les comptes de l’Anoci, ainsi que les sommes collectées au chapitre des travaux publics, les contributions des Etats arabes, l’usage réel fait de cette importante manne financière... Ce n’est pas tout, car l’ex-chef de la diplomatie garde aussi par devers lui des dossiers relatifs au Fonds taïwanais. Il y est fait mention des raisons pour lesquelles Macky Sall, alors Premier ministre, est allé à Chypre, en aller-retour rapide, pour prendre cet argent le jour même de la libération de Idrissa Seck, mais aussi du montant exact rapporté et donc du gap détourné. Que reste–t-il de cet argent ? A qui a-t-il profité ? Des documents concernant aussi la cession du port à Dubai Port World sont en sa possession, qui illustrent le montage du dossier, les fiduciaires qui portent des actions appartenant à des personnalités qui se cachent, les dessous de table…
Ces dossiers là, le Dr Gadio les détient naturellement du fait des positions qu’il occupait. Il est en possession d’autres documents qui lui sont parvenus. Une question se pose : va-t-il les utiliser ? Une source proche de Cheikh Tidiane Gadio renseigne que si les attaques de Wade et de son fils continuent contre lui, qui portent atteinte à sa probité et à sa moralité, il est fort à parier qu’il va divulguer graduellement des documents qui mettraient la République à genoux. Nous verrons bien si cet appel au drapeau blanc a été entendu ou si nous allons tous nous mettre aux abris pour échapper aux éclats des bombes atomiques.
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