DAKARACTU.COM Le dossier de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) rebondit. Ce mercredi 9 novembre 2011, le capitaine Mbow de la Brigade de recherches de la gendarmerie de Colobane a auditionné Ibrahima Condetto Niang, président du conseil d’administration de la Lonase, au sujet d’un des deux dossiers communiqués par le parquet. Le premier dossier concerne la cession de la Lonase à la Panafricaine des jeux par l’ancien directeur général, Baïla Wane. Le second a trait à la gestion de la Lonase par le même Baïla Wane.
La concession de l’activité de la Lonase à la Panafricaine des jeux est la première affaire que les enquêteurs ont décidé de traiter. C’est dans ce cadre qu’Ibrahima Condetto Niang a été entendu, et que bientôt le nouveau directeur général de la Lonase, Amadou Samba Kane, sera entendu à son tour par la Brigade de recherches.
Tout commence par une lettre adressée au Conseil d’administration par Baïla Wane, alors à la tête de la Lonase. Dans cette lettre datée du 29 juin 2010, il saisit les administrateurs d’un projet de restructuration de la société. On peut notamment y lire : « La direction générale s’engage à créer une filiale qui aura pour vocation de commercialiser les nouveaux produits offerts par les technologies de l’information et de la communication et qui le ferait mieux que la Lonase. » Une façon d’enrober le biscuit fort vague, que le Conseil d’administration avalise en ces termes. Les surprises seront pour bien plus tard, et c’est fort de cette lettre envoyée sans plus de précisions que Baïla Wane signe avec le sieur Jean-Jacques Grenier, « gérant unique » de La Panafricaine des jeux un « contrat de concession portant sur l’exploitation du Pari mutuel urbain (PMU), Loterie, Loto et toutes formes de jeux, pronostics ou assimilés sur les différents évènements sportifs » en date du 15 octobre 2010. Cette société, dirigée par un Français controversé établi de longue date en Guinée, dotée d’un capital de… 1 million de francs cfa, et dont les statuts sont déposés auprès du notaire Amadou Moustapha Ndiaye, a pour objet « tant au Sénégal qu’à l’étranger, toutes activités afférentes à l’exploitation de toutes formes de loteries, de jeux de hasard, de pronostics et assimilés ».
Autant dire que Baïla Wane a vendu à Jean-Jacques Grenier toute la Lonase, qui de fait devient la Panafricaine des jeux. Fort de son contrat de concession, Jean-Jacques Grenier s’en va à Paris signer avec PMU France « un accord de partenariat, basé sur un contrat de prestation de services portant licence d’exploitation et d’utilisation des images, commentaires et données des courses françaises ». Du très lourd question finances.
Tout va pour le mieux pour Baïla Wane, jusqu’à ce que il soit limogé le 6 janvier 2011, et remplacé par Amadou Samba Kane. Il refuse de sacrifier à la traditionnelle passation de service arguant de problèmes de santé. Qu’importe, le nouveau directeur général prend la relève mais de lourds soupçons de mauvaise gestion pèsent sur le deuxième passage de Baïla Wane à la direction générale de la Lonase. Kane installe ses bureaux, fait le tour du propriétaire, et combien grande est sa surprise lorsque, le 31 mars 2011, les signaux de retransmission des images de courses hippiques sont coupées par PMU France. C’est là qu’il découvre le pot-aux-roses. Après avoir averti le conseil d’administration de cette nouvelle donne, ils épluchent alors le contrat que Wane Baïla a signé avec Jean-Jacques Grenier. Le conseil d’administration s’étrangle et se fend d’un courrier daté du 7 avril 2011, où il adopte la résolution suivante : « Le conseil d’administration n’a jamais été saisi pour la création de la société La Panafricaine de jeux, par conséquent la Loterie Nationale Sénégalaise (Lonase) ne peut en rien être engagée par cette société. » C’est que, parmi les énormités de gestion apparues lors de cette tombée des nues, il y a ces dispositions que le nouveau directeur général résume dans une lettre officielle adressée au ministre de l’Economie et des Finances, dans laquelle il dit toute sa surprise. Dans ce courrier daté du 13 avril 2011, estampillé « confidentiel » et « urgent », il écrit : « Les investigations menées pour trouver les explications de cette situation de cryptage des images de PMU France ont révélé que PMU France a signé avec une société dénommée Panafricaine des jeux un contrat d’exclusivité sur les images et les informations hippiques pour une durée de 15 ans. » Ce n’est pas tout, précise Amadou Samba Kane au ministre, puisqu’il poursuit : « En outre, PMU France nous a informés que la Panafricaine des jeux s’est engagée à régler la dette due par la Lonase qui s’élève à quatre cents millions (400 000 000) de francs cfa. En réaction, la Lonase a indiqué à PMU France que cette démarche est illégale, puisque aux termes de la loi 87-43 du 28 décembre 1987, elle tient de l’Etat du Sénégal le monopole de l’ensemble des jeux de hasard, de loteries, de pronostics et assimilés. »
Le 8 avril, un monsieur se présente dans les locaux de la Lonase , comme représentant de la Panafricaine des jeux. Il s’appelle Johan Ansel et produit aux nouveaux dirigeants de la Lonase tous les documents attestant de la vente de la Lonase à la Panafricaine de Jeux par Baïla Wane. La nouvelle direction apprend, ahurie, que la Lonase ne détient plus que 20% de la société et que les 80% restants sont au nom de African International Games (AIG) basée, comme par hasard dans un paradis fiscal, Malte en l’occurrence. La concession signée le 15 octobre 2010, à l’insu des organes délibérants comme le conseil d’administration, fait courir à la Lonase le risque de perdre son activité et les milliards qu’elle génère. Voila pourquoi la brigade de recherches, après avoir entendu Ibrahima Condetto Niang et, bientôt, Amadou Samba Kane, va auditionner sérieusement l’ancien directeur général. Baïla Wane a toutes les chances de ressortir de sa convocation avec un mandat de dépôt en guise ticket gagnant. C’est le vœu du président de la République qui ne l’a reçu qu’une seule fois depuis son limogeage, à la faveur du forcing d’un grand marabout de Touba. Baïla Wane ne s’est pas plié à la traditionnelle passation de service avec son successeur. Il savait certainement ce qui devait être caché. Mais on finit toujours par être rattrapé par certaines fautes. Comme on disait un temps sur les antennes retransmettant les tirages du loto : « La roue tourne !!! »
La concession de l’activité de la Lonase à la Panafricaine des jeux est la première affaire que les enquêteurs ont décidé de traiter. C’est dans ce cadre qu’Ibrahima Condetto Niang a été entendu, et que bientôt le nouveau directeur général de la Lonase, Amadou Samba Kane, sera entendu à son tour par la Brigade de recherches.
Tout commence par une lettre adressée au Conseil d’administration par Baïla Wane, alors à la tête de la Lonase. Dans cette lettre datée du 29 juin 2010, il saisit les administrateurs d’un projet de restructuration de la société. On peut notamment y lire : « La direction générale s’engage à créer une filiale qui aura pour vocation de commercialiser les nouveaux produits offerts par les technologies de l’information et de la communication et qui le ferait mieux que la Lonase. » Une façon d’enrober le biscuit fort vague, que le Conseil d’administration avalise en ces termes. Les surprises seront pour bien plus tard, et c’est fort de cette lettre envoyée sans plus de précisions que Baïla Wane signe avec le sieur Jean-Jacques Grenier, « gérant unique » de La Panafricaine des jeux un « contrat de concession portant sur l’exploitation du Pari mutuel urbain (PMU), Loterie, Loto et toutes formes de jeux, pronostics ou assimilés sur les différents évènements sportifs » en date du 15 octobre 2010. Cette société, dirigée par un Français controversé établi de longue date en Guinée, dotée d’un capital de… 1 million de francs cfa, et dont les statuts sont déposés auprès du notaire Amadou Moustapha Ndiaye, a pour objet « tant au Sénégal qu’à l’étranger, toutes activités afférentes à l’exploitation de toutes formes de loteries, de jeux de hasard, de pronostics et assimilés ».
Autant dire que Baïla Wane a vendu à Jean-Jacques Grenier toute la Lonase, qui de fait devient la Panafricaine des jeux. Fort de son contrat de concession, Jean-Jacques Grenier s’en va à Paris signer avec PMU France « un accord de partenariat, basé sur un contrat de prestation de services portant licence d’exploitation et d’utilisation des images, commentaires et données des courses françaises ». Du très lourd question finances.
Tout va pour le mieux pour Baïla Wane, jusqu’à ce que il soit limogé le 6 janvier 2011, et remplacé par Amadou Samba Kane. Il refuse de sacrifier à la traditionnelle passation de service arguant de problèmes de santé. Qu’importe, le nouveau directeur général prend la relève mais de lourds soupçons de mauvaise gestion pèsent sur le deuxième passage de Baïla Wane à la direction générale de la Lonase. Kane installe ses bureaux, fait le tour du propriétaire, et combien grande est sa surprise lorsque, le 31 mars 2011, les signaux de retransmission des images de courses hippiques sont coupées par PMU France. C’est là qu’il découvre le pot-aux-roses. Après avoir averti le conseil d’administration de cette nouvelle donne, ils épluchent alors le contrat que Wane Baïla a signé avec Jean-Jacques Grenier. Le conseil d’administration s’étrangle et se fend d’un courrier daté du 7 avril 2011, où il adopte la résolution suivante : « Le conseil d’administration n’a jamais été saisi pour la création de la société La Panafricaine de jeux, par conséquent la Loterie Nationale Sénégalaise (Lonase) ne peut en rien être engagée par cette société. » C’est que, parmi les énormités de gestion apparues lors de cette tombée des nues, il y a ces dispositions que le nouveau directeur général résume dans une lettre officielle adressée au ministre de l’Economie et des Finances, dans laquelle il dit toute sa surprise. Dans ce courrier daté du 13 avril 2011, estampillé « confidentiel » et « urgent », il écrit : « Les investigations menées pour trouver les explications de cette situation de cryptage des images de PMU France ont révélé que PMU France a signé avec une société dénommée Panafricaine des jeux un contrat d’exclusivité sur les images et les informations hippiques pour une durée de 15 ans. » Ce n’est pas tout, précise Amadou Samba Kane au ministre, puisqu’il poursuit : « En outre, PMU France nous a informés que la Panafricaine des jeux s’est engagée à régler la dette due par la Lonase qui s’élève à quatre cents millions (400 000 000) de francs cfa. En réaction, la Lonase a indiqué à PMU France que cette démarche est illégale, puisque aux termes de la loi 87-43 du 28 décembre 1987, elle tient de l’Etat du Sénégal le monopole de l’ensemble des jeux de hasard, de loteries, de pronostics et assimilés. »
Le 8 avril, un monsieur se présente dans les locaux de la Lonase , comme représentant de la Panafricaine des jeux. Il s’appelle Johan Ansel et produit aux nouveaux dirigeants de la Lonase tous les documents attestant de la vente de la Lonase à la Panafricaine de Jeux par Baïla Wane. La nouvelle direction apprend, ahurie, que la Lonase ne détient plus que 20% de la société et que les 80% restants sont au nom de African International Games (AIG) basée, comme par hasard dans un paradis fiscal, Malte en l’occurrence. La concession signée le 15 octobre 2010, à l’insu des organes délibérants comme le conseil d’administration, fait courir à la Lonase le risque de perdre son activité et les milliards qu’elle génère. Voila pourquoi la brigade de recherches, après avoir entendu Ibrahima Condetto Niang et, bientôt, Amadou Samba Kane, va auditionner sérieusement l’ancien directeur général. Baïla Wane a toutes les chances de ressortir de sa convocation avec un mandat de dépôt en guise ticket gagnant. C’est le vœu du président de la République qui ne l’a reçu qu’une seule fois depuis son limogeage, à la faveur du forcing d’un grand marabout de Touba. Baïla Wane ne s’est pas plié à la traditionnelle passation de service avec son successeur. Il savait certainement ce qui devait être caché. Mais on finit toujours par être rattrapé par certaines fautes. Comme on disait un temps sur les antennes retransmettant les tirages du loto : « La roue tourne !!! »
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