Transhumants, ayez un peu de dignité !


Transhumants, ayez un peu de dignité !
« La vraie politique ne peut [...] faire un pas sans avoir auparavant rendu hommage à la morale [...]. Toute politique doit s'incliner devant le droit, et c'est ainsi seulement qu'elle peut espérer d'arriver, quoique lentement, à un degré où elle brille d'un éclat durable». (E. Kant)

La transhumance politique risque encore de prendre une ampleur au Sénégal. Depuis la chute du régime libéral, l’actualité politique est secouée par ce phénomène qui discrédite en partie le personnel politique. La transhumance, définie dans le dictionnaire Larousse en ces termes : « migration estivale des troupeaux vers les pâturages de montagne », peut être vue sous l’angle de la vie politique sénégalaise comme étant l’attitude des femmes et hommes politiques, sans réelle conviction politique, sans idéal, ni projet de société, qui quittent facilement et régulièrement une formation politique pour une autre à la philosophie différente, dans le seul but de défendre leurs intérêts personnels, d’obtenir des postes ministériels et/ou de s’assurer une carrière politique en restant dans la cour du Prince.
Dans les grandes démocraties du monde, on a pu remarqué qu’à un moment donné de l’histoire, des leaders politiques ont quitté leurs partis politiques d’origine pour rejoindre d’autres partis et épouser d’autres valeurs afin de défendre leur nouvelle identité politique. Par exemple, la particularité des néo-conservateurs américains, c’est qu’ils étaient des anciens marxistes trotskistes dans leur jeunesse, puis libéraux démocrates au début de la guerre froide avant de rallier définitivement le camp des conservateurs traditionnels après l’élection de Ronald Reagan en 1980. Ce revirement spectaculaire de bord, n’est pas motivé par des raisons financières, et matérielles à la différence d’une partie des hommes politiques sénégalais, mais c’est parce qu’ils considéraient, que la crise des missiles de Cuba, les émeutes raciales, les contestations populaires et la question de l’engagement américain au Vietnam représentaient une réelle menace pour les valeurs fondatrices de la nation américaine. Leur désillusion à l’égard du libéralisme contemporain, et leur volonté de lutter contre le relativisme moral expliquent leur trajectoire idéologique mouvementée.
Au Sénégal, ce phénomène de transhumance politique a réellement fait son apparition sur la scène politique il y a plusieurs décennies.
Mais sous Wade on a assisté à une situation inouïe où les transhumants occupaient une place de choix au cœur de l’Etat.
L’objectif pour Wade était bien entendu d’étouffer et de neutraliser ses opposants. Cette stratégie s’avéra à la longue inefficace dans la conservation du pouvoir.
Pendant plus d’une décennie, les compétitions électorales ont représenté une foire au marché où le pouvoir politique venait faire ses « courses » en débauchant de hauts personnages de l’opposition, incapables de résister aux sirènes. Rechercher de nouvelles prairies plus fertiles est pour beaucoup une façon de continuer à bénéficier des privilèges ou pour tout simplement échapper aux foudres de la justice, à cause des manquements et des détournements de fonds dont ils se rendus coupables.
Nous payons encore très cher les errements de nos dirigeants politiques, lesquels ont montré leur limite dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale.
Oui le malheur, c’est qu’on a toujours été berné par nos politiciens qui ne pensent en définitive qu’à obtenir des gains ou des positions. Ce n’est pas en organisant des activités folkloriques de temps à autre ou tout le temps qu’on peut prétendre développer concrètement un terroir. Le folklore sert à amuser la galerie, mais, il ne peut en aucun cas être un moteur de production de richesse, de croissance, de création d’emploi et de développement.
Comment peut-on développer un terroir, un pays, si on baigne dans les logiques de clientélisme, dans la courtisanerie, le béni oui oui, et on ignore complètement les règles élémentaires de bonne gouvernance ?

Il est clair pour tous que les libéraux et leurs partisans ont mis le pays à genou, en laissant exploser le chômage, la pauvreté, la précarité, en dilapidant notre économie sans jamais réellement apporter la moindre solution aux préoccupations citoyennes, et en sabotant notre système éducatif.

Maintenant que le coup de grâce a été porté à cet effroyable régime libéral, tout espoir est permis sans bien sûr tombé dans l’angélisme. Mais, rien ne sera possible si on ne promeut pas dans les collectivités locales, la culture de l’auto entreprise, l’esprit de créativité, et on ne valorise pas les métiers liés à l’agriculture, à l’élevage, au tourisme, à la recherche, et à l’environnement .Tout est possible, même si la tâche ne sera guère facile. Car, il est avéré que le régime libéral et ses complices ont dévalisé les caisses de l’Etat, emportant au passage les véhicules, le mobilier, le matériel audiovisuel, les tableaux, les canapés, les moquettes du Palais et de certains ministères. Quelle misérable attitude !
Le peuple n’acceptera pas que ces pillards en col blanc disparaissent impunément dans la nature.
Le traitement de l’affaire Bethio Thioune montre bien que nous rentrons dans une nouvelle ère où le crime ne restera plus impuni comme on pu l’assister sous le règne du régime libéral, qui a tant divisé les sénégalais, pris en otage le système judiciaire, et instrumentalisé les religions sous les applaudissements de ses alliés transhumants.
Une chose semble être sûre, le peuple n’acceptera plus les vagues de transhumance.
Que les borgnes et aveugles d’hier qui se sont mobilisés pour réélire Wade, en violation de la loi fondamentale fassent profil bas pour le moment. C’est une question de salubrité morale

Par Souleymane Sadio Diallo, docteur en science politique/Paris
dialloley@yahoo.fr
Mardi 1 Mai 2012
Souleymane Sadio Diallo, docteur en science politique




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