Les élections locales du 29 juin resteront burinées dans les annales de l’histoire politique du Sénégal, c’est des élections qui devait permettre à l’opposition de montrer au pouvoir en place qu’elle est légitime, et à ce dernier de se jauger pour préparer les élections présidentielles de 2017.
Tout ceci s’est fait sentir dès l’entame de la campagne électorale, violences de toutes sortes, invectives, quolibets, ont été le lot de cette campagne si « spéciale ».
Pour le pouvoir en place, les élections ont été déterminées par la multiplicité des listes dans plusieurs zones du fait de la non structuration du parti ; Il a été même impossible dans plusieurs zones de choisir un leader à même de porter la bataille pour le camp présidentiel.
Sur ces entrefaites, le Président a menacé de sanctionner les leaders qui perdraient leur localité, en d’autres termes il faudrait gagner sa localité pour « gagner son poste » de DG ou ministériel etc.
Ce qui suscite chez nous moult interrogations suite à ce coté « jackpot » même des postes ministériels et de Directeurs Généraux: Aussi nous nous demanderons : Qu’est ce qui est à l’origine des résultats peu satisfaisants de BBY ? Quels enseignements faudrait-il en tirer ? Est-ce que les sanctions brandies par le Président sont justifiées ? Quelle analyse générale de la situation politique au Sénégal peut-on en faire ?
En langage sociologique on parle souvent d’analyse et interprétation , pour faire « parler des chiffres » obtenus après une collecte de données, nous l’appliquerons aux joutes locales car véritablement « les chiffres ont parlé » .En effet beaucoup de grandes villes : Dakar, Thiès, Touba, Ziguinchor, Bambey ,Dagana etc. ont été perdues par le pouvoir en place, ce qui est révélateur d’un problème de « casting » au niveau des hommes du Président , aucun leader ne voulait se faire diriger par un autre d’où le nombre considérable de listes déposées. Dans cette optique nous dirons que Johann Friedrich Von Shiller avait sans soute raison d’arguer que « Le monde est gouverné par l’intérêt personnel ».
Cet état de fait a alangui les chances du parti présidentiel, vu que ses forces étaient divisées pour le plus grand plaisir de l’opposition.
Le jeu d’intérêts a donc été l’une des premières causes de la défaite du camp présidentiel dans plusieurs zones, L’intérêt collectif a été sabordé par les intérêts crypto personnels, dans cette ordre d’idée un proverbe indien argue que les « intérêts courent même la nuit ».
Cette volonté de puissance pour citer Nietzche est l’apanage des candidats appartenant au camp présidentiel, et au finish l’intérêt du groupe est avachi.
Cependant, ne serait t’il pas rudimentaire de se limiter à ce jeu d’intérêt pour justifier ces résultats ?
En effet, ces résultats devraient aussi être analysés comme un signal fort donné au Président Macky Sall par le peuple sénégalais. Le Président doit savoir qu’au delà de ses lieutenants, c’est lui-même qui est sanctionné. Il devrait dans cette logique se faire « Hara Kiri » car n’ayant pas su répondre aux attentes des sénégalais. L’espoir des populations commence à se faner, ce qui est tout à fait dangereux, comme le disait André Malraux : « l’espoir des hommes, c’est leur raison de vivre et de mourir. » Partant de ce postulat, nous dirons sans coup férir que Les conditions de vie exécrables des sénégalais font partie des causes de ces résultats glanés par le BBY, aussi le Président gagnerait à satisfaire les populations pour espérer conserver son fauteuil a l’issue des présidentielles de 2017.
Ces élections doivent être considérées son un pré-test, et doivent être analysées avec lucidité et subtilité, c’est cet état de fait même que soulignait Ronald Lavallée « les défaites nous ramènent aux choses essentielles, tandis que les succès ne font que nous en éloigner. » Cependant, il est malheureux de constater que le Président s’est laissé dominer par sa colère et sa promesse de couper des têtes, tout en oubliant que c’est son propre fauteuil qui est secoué. La colère obstrue la clairvoyance, il est impérieux de la vaincre pour prendre les décisions idoines, en ce sens nous citerons Publius Syrus : « Vaincre la colère, c’est triompher de son plus grand ennemi. » Si Ces mêmes résultats se répétaient lors de l’élection présidentielle de 2017, il y’aurait un deuxième tour qui serait fatal au Président, à cause de la perte de grandes villes : Dakar, Thiès, Touba, kebemer, Dahrou mousty, Ziguinchor etc.
Pour Dakar le « spectre » de Khalifa Sall a tout ravagé ; Pour Thiès l’ombre de Idy a eu raison sur une « écurie » de ministres et députés ; A Ziguinchor le « charisme » de Baldé a phagocyté BBY, ; A Touba Dahrou et Kebemer, il n’y a aucune personnalité assez représentative de BBY , la solution serait de s’allier avec le redouté Thierno lo pour évincer Fada et les autres, c’est la pièce maitresse pouvant réconcilier le Président Macky Sall et les Mourides ,c’est ce qu’avait compris le Président Wade quand il a voulu mater Fada et son « waar wi » en 2009.
Au vu de ces considérations , la solution pour le Pouvoir en place serait tout d’abord d’arrêter de parachuter des leaders, mais plutôt des gens représentatives dans leur localité ,aimés des populations ,et ayant un « bilan » au niveau local , pour faire office de leaders et en second point améliorer les conditions de vie des sénégalais .Le Président ne devraient pas utiliser son « usufruit » de puissance pour guillotiner les candidats de son camp qui ont pourtant fait de leur mieux, car sa responsabilité est aussi engagée, pour être logique il devrait se faire « Hara Kiri »,au nom de cette forme de suicide japonais, car devant s’auto-sanctionner d’abord .
En sus, ces sanctions brandies révèlent un fait gravissime : Un ministre ou DG compétent qui perd aux élections est jeté comme un malpropre au profit d’un médiocre qui gagne son fief ! C’est scandaleux et triste pour le Sénégal, terre d’hommes de vertu et de courage.
Comment est que ceux qui gèrent la communication du Palais ont pu laisser passer cette erreur de communication ? On comprend mieux la venue de Yakham Mbaye pour redresser cette communication à la limite scabreuse au Palais. Que dire des errements de Farba Ngom qui prétend avoir l’ubiquité lui permettant de « signer des décrets » et Mbagnick Ndiaye qui remercie « Marieme Sall de l’avoir nommé ministre » ? Revenez sur terre et croyez à la méritocratie et à la fatalité, en ce sens Leibtniz a même renchéri « Cum deus calculat fit mundus ».Il est grand temps de rompre avec cette décrépitude des valeurs, et essayer d’ « exister » pour citer Sartre, Car visiblement Mr le Ministre Magnick Ndiaye a cessé d’ « exister » lors de sa « diarrhée verbale ».
La république gagnerait à prôner la méritocratie et le culte de l’excellence mais malheureusement tel n’est pas le cas : Ceux qui polluent les télés et radios avec une machine à fabriquer de la cohérence grippée, ceux qui sont soutenus par des lobbys, etc. sont mis au devant de la scène.
Le Sénégal ploie sous le poids de la médiocrité, il est grand temps qu’on fasse une « introspection collective », et avoir le regard de l’aigle, car c’est le seul être capable de regarder le soleil en face.
Malick Guissé APD Gem sa Bopp
Email : guisse1981@gmail.com
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