Pour atteindre le village de Ninéfécha depuis Kédougou, chef-lieu de la région sénégalaise du même nom, il faut compter une heure de piste. Là, au beau milieu de la région la plus pauvre du pays, coincé entre les frontières du Mali au nord-est et de Guinée au sud, Ninéfécha émerge en contre-bas des collines. Quelque 500 habitants y vivent dans des huttes traditionnelles.
En face, un hôpital, une école, un internat (et des champs de maraîchage) sont menacés de fermeture. Le tout a été financés à hauteur de 6 millions de francs français (914 000 euros) en 2000 par le Conseil Général des Hauts-de-Seine, et a été réalisé deux ans plus tard sous la houlette de la fondation humanitaire de l’ex-Première dame sénégalaise Viviane Wade.
Après la victoire de Macky Sall sur Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle sénégalaise en mars 2012, Viviane Wade a fait savoir que sa fondation, Agir pour l’Éducation et la Santé, créée après l’élection de son mari en 2000, ne paierait plus le personnel en charge de la restauration des élèves, de la surveillance des bâtiments et du nettoyage.
La ministre de la santé alertée du cas Ninéfécha
En conséquence, l’internat ne compte plus que quelques élèves, et l’effectif des huit classes a été divisé par deux. « Nous assurons un service minimum avec l’aide du PAM (programme alimentaire mondial) », indique sur place Dolo Keita, président d’une communauté rurale qui regroupe Ninéfécha et une quinzaine de villages alentour.
L’hôpital emploie encore dix personnes, deux sages-femmes appointées par le ministère de la santé et huit personnes détachées par le ministère des forces armées, dont le médecin chef. Celui-ci, Babacar Ndao, assure que « l’hôpital fonctionne normalement ». Mais d’après Francis Klotz, directeur du grand hôpital de Dakar entre 2004 et 2008 et ex-membre du conseil d’administration d’Agir pour l’Éducation et la Santé, la continuation des services de soin « dépendait quasi intégralement des financements de la fondation », qui se sont taris.
Car cette fondation, qui œuvrait dans les domaines de la malnutrition et de l’accès au microcrédit, a connu sa Bérézina après la défaite d’Abdoulaye Wade. Dans les mois suivants, elle a été liquidée et ses 200 employés licenciés. Les 835 millions de francs CFA (1,2 million d’euros) prêtés et réclamés à Viviane Wade par Antenna, une fondation suisse spécialisée dans la recherche et la diffusion de technologies adaptées aux besoins des pays en développement, sont remboursés par Abdoulaye Wade, selon la presse sénégalaise. Sollicitée, Viviane Wade n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Le cas Ninéfécha, selon nos informations, a été transmis à la ministre sénégalaise de la santé, Marie Awa Coll Seck. Celle-ci a donné instruction à ses conseillers de trouver des solutions pour assurer la pérennité des soins. Jusqu’en 2012, le ministère de la santé versait déjà à l’hôpital de Ninéfécha une petite subvention de fonctionnement.
Mais avec dix consultations par jour, plus rien ne plaide pour un sauvetage urgent de l'hôpital par les autorités, qui ont bien d'autres dossiers brûlants à gérer pour la santé des 13,8 millions de Sénégalais.
Benjamin Polle
Un programme d’entraide médicale conclu en juin 2001 au Haras de Jardy
On est loin ce qui avait été prévu par le programme d’entraide médicale conclu entre la fondation Éducation Santé et la Société d’économie mixte Coopération 92. Cette société à capitaux publics et privés a vu le jour à l’initiative de Charles Pasqua, président du Conseil général des Hauts-de-Seine de 1988 à 2004, à des fins humanitaires en Afrique francophone. Elle a été créée en 1992, l’année où la loi sur l’administration territoriale de la République française a permis aux exécutifs locaux d'établir des liens directs avec des communes dans les pays du Sud.
L’hôpital de Ninéfécha, établissement de santé privé à but non lucratif, doit alors couvrir un bassin de population de 30 000 personnes, comprenant, outre Ninéfécha, les trois villes de la région : Kédougou, Salémata et Saraya. Les soins qui y sont prodigués doivent aussi faire baisser le taux de mortalité infantile et éviter le transfert systématique des malades les plus graves vers l’hôpital de Tambacounda, à 270 kilomètres vers la côte ouest.
L’accord entre Viviane Wade et Charles Pasqua a été officialisé lors d’une soirée de gala donnée le 22 juin 2001 au Haras de Jardy, à côté de Versailles, en marge de la deuxième visite officielle d’Abdoulaye Wade en France. Viviane Wade avait choisi la localité de Ninéfécha sur les conseils d’un proche, le père catholique valenciennois Xavier Gobaille, décédé en 2010. Membre de la congrégation du Saint-Esprit, il avait été envoyé au Sénégal en 1981. En 17 ans de présence, il s'était attelé à la construction d’écoles de brousse et au forage de puits pour les 3 000 Bediks - l’une des dizaines d’ethnies sénégalaises - éparpillés à Ninéfécha et dans les villages alentour.
Le 6 novembre 2002, Charles Pasqua avait inauguré le site en compagnie du couple présidentiel. Contacté pour cet article, il n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Un service de télémédecine en brousse
Les nouveaux partenaires n'ont pas lésiné sur les moyens : l’hôpital de Ninéfécha dispose, dans deux bâtiments, d’une maternité, d’un bloc de chirurgie, d’une salle de radiographie et d’échographie, d’un laboratoire médical, de bureaux de consultation en médecine générale et gynécologie-obstétrique, et d’un 4X4-ambulance. Un service de télémédecine ouvert initialement a été abandonné très vite après l’inauguration.
« L’hôpital a été conçu pour donner un accès aux soins aux Bédiks, qui étaient particulièrement isolés » explique le professeur Francis Klotz. Malgré ces bonnes intentions, c’est l’accessibilité du site qui a limité son impact sanitaire. Le système d’acheminement des patients a vite périclité : aux premiers jours, deux navettes gratuites quotidiennes faisaient les allers-retours avec Kédougou et Salémata ; aujourd’hui, il n’y a plus qu’une jonction quotidienne entre Kédougou et Ninéfécha, pour 2 000 francs CFA (3 euros) l’aller-retour. « Dans un schéma régional cohérent, cet hôpital aurait dû être construit dans la ville de Kédougou. Tout le monde pense que Ninéfécha remplit un rôle d’hôpital régional alors qu’ils renvoient des malades de là-bas chez-nous. On est dépassé par l’afflux », se plaint, Bassirou Ndiaye, médecin au centre de santé de Kédougou.
Dissolution de la SEM Coopération 92 sur des présomptions d’emplois fictifs
Ninéfécha est l’un des nombreux projets soutenus financièrement par Coopération 92. La société est d’abord intervenue au Gabon, puis dans d’autres pays d’Afrique francophone, en Asie et à Haïti. L’hôpital est emblématique des « éléphants blancs », surnom donné à ces infrastructures financées à grands frais et devenue coquilles vides.
« Les conditions de transparence n’étaient jamais réunies. Nous étions convoqués pour valider des dossiers déjà tout ficelés. Aucun bilan chiffré n’existe sur ce que sont devenues les infrastructures financées mais plusieurs ONG locales ont donné des retours négatifs », confirme Vincent Gazeilles, conseiller général du canton de Clamart (Europe Ecologie-Les Verts), et ancien membre du conseil d’administration de Coopération 92.
La société est dissoute le 21 avril 2008 en séance publique du conseil général des Hauts-de-Seine sur des présomptions d’abus de biens sociaux. Le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête préliminaire en juillet 2004 pour des malversations financières présumées. L'affaire a été classée en 2008 pour vice de forme après des réquisitions bancaires effectuées par la police sans autorisation.
Le Conseil général des Hauts-de-Seine fut son principal actionnaire. Il alimentait tous les ans la SEM avec 1% du budget départemental au titre de la coopération décentralisée. Plusieurs entreprises privées siégeaient à son conseil d’administration, aux côtés des élus du département, comme la branche construction de Bouygues en Île-de-France, Vivendi, la Lyonnaise des Eaux, l’électronicien Thomson. « Sans que l’on sache bien ce qu’elles s’y faisaient, puisqu’elles ne participaient pas au financement des projets de développement », raconte Vincent Gazeilles, qui a adressé une lettre de démission à Nicolas Sarkozy en mai 2005.
« L’opportunité de faire du bien utile »
Élu président du Conseil général des Hauts-de-Seine en avril 2004, à la suite de Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy est devenu automatiquement président de Coopération 92. Mais dès juin 2004, le commissaire aux comptes de la société refuse d’en valider les comptes. Trop compromettant pour un futur candidat à la présidentielle ? « Nicolas Sarkozy et sa directrice de cabinet au Conseil général, Chantal Jouanno, m’avait donné pour ligne de gérer toutes les aides au développement avec la plus grande rigueur. Ce qui a été fait », dit Jean-Jacques Guillet, ex-président de Coopération 92 (après Nicolas Sarkozy) et actuel maire de Chaville (Hauts-de-Seine).
François Jay, directeur de Coopération 92 du temps de Jean-Jacques Guillet, se souvient de Ninéfécha comme d'un "quasi désert médical". "Vu des Hauts-de-Seine, ils se sont sûrement dits, à tort, que les populations locales feraient des kilomètres une fois que le centre de santé serait ouvert, commente Jérôme Clouzeau, conseiller technique auprès de la ministre sénégalaise de la santé. Les structures de ce type n’ont de sens que si elles sont soutenues dans la durée. Ninéfecha a des raisons d’exister, mais ses activités doivent être redimensionnées ».
L’hôpital de Ninéfecha permet de soigner les cas bénins de gastro-entérites, des infections respiratoires et les cas de paludisme parmi les villageois. Il traite aussi des cas de Sida dont sont atteints les orpailleurs guinéens et maliens attirés par les ressources aurifères de la zone. Les enfants d’une quinzaine de villages bénéficiaient, jusqu’à la fermeture partielle de l’internat, de cours de langues et d'un enseignement en matière d'agriculture durable. S’il trouvait repreneur, l’hôpital pourrait pérenniser son rôle principal : celui d’un soutien au développement à l’échelle de la communauté de Ninéfecha. S'il trouvait repreneur...
Benjamin Polle
En face, un hôpital, une école, un internat (et des champs de maraîchage) sont menacés de fermeture. Le tout a été financés à hauteur de 6 millions de francs français (914 000 euros) en 2000 par le Conseil Général des Hauts-de-Seine, et a été réalisé deux ans plus tard sous la houlette de la fondation humanitaire de l’ex-Première dame sénégalaise Viviane Wade.
Après la victoire de Macky Sall sur Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle sénégalaise en mars 2012, Viviane Wade a fait savoir que sa fondation, Agir pour l’Éducation et la Santé, créée après l’élection de son mari en 2000, ne paierait plus le personnel en charge de la restauration des élèves, de la surveillance des bâtiments et du nettoyage.
La ministre de la santé alertée du cas Ninéfécha
En conséquence, l’internat ne compte plus que quelques élèves, et l’effectif des huit classes a été divisé par deux. « Nous assurons un service minimum avec l’aide du PAM (programme alimentaire mondial) », indique sur place Dolo Keita, président d’une communauté rurale qui regroupe Ninéfécha et une quinzaine de villages alentour.
L’hôpital emploie encore dix personnes, deux sages-femmes appointées par le ministère de la santé et huit personnes détachées par le ministère des forces armées, dont le médecin chef. Celui-ci, Babacar Ndao, assure que « l’hôpital fonctionne normalement ». Mais d’après Francis Klotz, directeur du grand hôpital de Dakar entre 2004 et 2008 et ex-membre du conseil d’administration d’Agir pour l’Éducation et la Santé, la continuation des services de soin « dépendait quasi intégralement des financements de la fondation », qui se sont taris.
Car cette fondation, qui œuvrait dans les domaines de la malnutrition et de l’accès au microcrédit, a connu sa Bérézina après la défaite d’Abdoulaye Wade. Dans les mois suivants, elle a été liquidée et ses 200 employés licenciés. Les 835 millions de francs CFA (1,2 million d’euros) prêtés et réclamés à Viviane Wade par Antenna, une fondation suisse spécialisée dans la recherche et la diffusion de technologies adaptées aux besoins des pays en développement, sont remboursés par Abdoulaye Wade, selon la presse sénégalaise. Sollicitée, Viviane Wade n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Le cas Ninéfécha, selon nos informations, a été transmis à la ministre sénégalaise de la santé, Marie Awa Coll Seck. Celle-ci a donné instruction à ses conseillers de trouver des solutions pour assurer la pérennité des soins. Jusqu’en 2012, le ministère de la santé versait déjà à l’hôpital de Ninéfécha une petite subvention de fonctionnement.
Mais avec dix consultations par jour, plus rien ne plaide pour un sauvetage urgent de l'hôpital par les autorités, qui ont bien d'autres dossiers brûlants à gérer pour la santé des 13,8 millions de Sénégalais.
Benjamin Polle
Un programme d’entraide médicale conclu en juin 2001 au Haras de Jardy
On est loin ce qui avait été prévu par le programme d’entraide médicale conclu entre la fondation Éducation Santé et la Société d’économie mixte Coopération 92. Cette société à capitaux publics et privés a vu le jour à l’initiative de Charles Pasqua, président du Conseil général des Hauts-de-Seine de 1988 à 2004, à des fins humanitaires en Afrique francophone. Elle a été créée en 1992, l’année où la loi sur l’administration territoriale de la République française a permis aux exécutifs locaux d'établir des liens directs avec des communes dans les pays du Sud.
L’hôpital de Ninéfécha, établissement de santé privé à but non lucratif, doit alors couvrir un bassin de population de 30 000 personnes, comprenant, outre Ninéfécha, les trois villes de la région : Kédougou, Salémata et Saraya. Les soins qui y sont prodigués doivent aussi faire baisser le taux de mortalité infantile et éviter le transfert systématique des malades les plus graves vers l’hôpital de Tambacounda, à 270 kilomètres vers la côte ouest.
L’accord entre Viviane Wade et Charles Pasqua a été officialisé lors d’une soirée de gala donnée le 22 juin 2001 au Haras de Jardy, à côté de Versailles, en marge de la deuxième visite officielle d’Abdoulaye Wade en France. Viviane Wade avait choisi la localité de Ninéfécha sur les conseils d’un proche, le père catholique valenciennois Xavier Gobaille, décédé en 2010. Membre de la congrégation du Saint-Esprit, il avait été envoyé au Sénégal en 1981. En 17 ans de présence, il s'était attelé à la construction d’écoles de brousse et au forage de puits pour les 3 000 Bediks - l’une des dizaines d’ethnies sénégalaises - éparpillés à Ninéfécha et dans les villages alentour.
Le 6 novembre 2002, Charles Pasqua avait inauguré le site en compagnie du couple présidentiel. Contacté pour cet article, il n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Un service de télémédecine en brousse
Les nouveaux partenaires n'ont pas lésiné sur les moyens : l’hôpital de Ninéfécha dispose, dans deux bâtiments, d’une maternité, d’un bloc de chirurgie, d’une salle de radiographie et d’échographie, d’un laboratoire médical, de bureaux de consultation en médecine générale et gynécologie-obstétrique, et d’un 4X4-ambulance. Un service de télémédecine ouvert initialement a été abandonné très vite après l’inauguration.
« L’hôpital a été conçu pour donner un accès aux soins aux Bédiks, qui étaient particulièrement isolés » explique le professeur Francis Klotz. Malgré ces bonnes intentions, c’est l’accessibilité du site qui a limité son impact sanitaire. Le système d’acheminement des patients a vite périclité : aux premiers jours, deux navettes gratuites quotidiennes faisaient les allers-retours avec Kédougou et Salémata ; aujourd’hui, il n’y a plus qu’une jonction quotidienne entre Kédougou et Ninéfécha, pour 2 000 francs CFA (3 euros) l’aller-retour. « Dans un schéma régional cohérent, cet hôpital aurait dû être construit dans la ville de Kédougou. Tout le monde pense que Ninéfécha remplit un rôle d’hôpital régional alors qu’ils renvoient des malades de là-bas chez-nous. On est dépassé par l’afflux », se plaint, Bassirou Ndiaye, médecin au centre de santé de Kédougou.
Dissolution de la SEM Coopération 92 sur des présomptions d’emplois fictifs
Ninéfécha est l’un des nombreux projets soutenus financièrement par Coopération 92. La société est d’abord intervenue au Gabon, puis dans d’autres pays d’Afrique francophone, en Asie et à Haïti. L’hôpital est emblématique des « éléphants blancs », surnom donné à ces infrastructures financées à grands frais et devenue coquilles vides.
« Les conditions de transparence n’étaient jamais réunies. Nous étions convoqués pour valider des dossiers déjà tout ficelés. Aucun bilan chiffré n’existe sur ce que sont devenues les infrastructures financées mais plusieurs ONG locales ont donné des retours négatifs », confirme Vincent Gazeilles, conseiller général du canton de Clamart (Europe Ecologie-Les Verts), et ancien membre du conseil d’administration de Coopération 92.
La société est dissoute le 21 avril 2008 en séance publique du conseil général des Hauts-de-Seine sur des présomptions d’abus de biens sociaux. Le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête préliminaire en juillet 2004 pour des malversations financières présumées. L'affaire a été classée en 2008 pour vice de forme après des réquisitions bancaires effectuées par la police sans autorisation.
Le Conseil général des Hauts-de-Seine fut son principal actionnaire. Il alimentait tous les ans la SEM avec 1% du budget départemental au titre de la coopération décentralisée. Plusieurs entreprises privées siégeaient à son conseil d’administration, aux côtés des élus du département, comme la branche construction de Bouygues en Île-de-France, Vivendi, la Lyonnaise des Eaux, l’électronicien Thomson. « Sans que l’on sache bien ce qu’elles s’y faisaient, puisqu’elles ne participaient pas au financement des projets de développement », raconte Vincent Gazeilles, qui a adressé une lettre de démission à Nicolas Sarkozy en mai 2005.
« L’opportunité de faire du bien utile »
Élu président du Conseil général des Hauts-de-Seine en avril 2004, à la suite de Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy est devenu automatiquement président de Coopération 92. Mais dès juin 2004, le commissaire aux comptes de la société refuse d’en valider les comptes. Trop compromettant pour un futur candidat à la présidentielle ? « Nicolas Sarkozy et sa directrice de cabinet au Conseil général, Chantal Jouanno, m’avait donné pour ligne de gérer toutes les aides au développement avec la plus grande rigueur. Ce qui a été fait », dit Jean-Jacques Guillet, ex-président de Coopération 92 (après Nicolas Sarkozy) et actuel maire de Chaville (Hauts-de-Seine).
François Jay, directeur de Coopération 92 du temps de Jean-Jacques Guillet, se souvient de Ninéfécha comme d'un "quasi désert médical". "Vu des Hauts-de-Seine, ils se sont sûrement dits, à tort, que les populations locales feraient des kilomètres une fois que le centre de santé serait ouvert, commente Jérôme Clouzeau, conseiller technique auprès de la ministre sénégalaise de la santé. Les structures de ce type n’ont de sens que si elles sont soutenues dans la durée. Ninéfecha a des raisons d’exister, mais ses activités doivent être redimensionnées ».
L’hôpital de Ninéfecha permet de soigner les cas bénins de gastro-entérites, des infections respiratoires et les cas de paludisme parmi les villageois. Il traite aussi des cas de Sida dont sont atteints les orpailleurs guinéens et maliens attirés par les ressources aurifères de la zone. Les enfants d’une quinzaine de villages bénéficiaient, jusqu’à la fermeture partielle de l’internat, de cours de langues et d'un enseignement en matière d'agriculture durable. S’il trouvait repreneur, l’hôpital pourrait pérenniser son rôle principal : celui d’un soutien au développement à l’échelle de la communauté de Ninéfecha. S'il trouvait repreneur...
Benjamin Polle
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