Sénégal : Syndicat de la police nationale


Sénégal : Syndicat de la police nationale
« Une police zélée au service de la dictature Wadienne », « une police corrompue », « la police dans tous ses états », « police nationale : vent de révolte au commissariat central » tels sont les titres que l’on pouvait lire dans les journaux de la place ces derniers temps. Ces titres, témoignent d’un mal vivre des fonctionnaires de la police et démontrent au-delà de la diversité des revendications et frustrations, la diversité des corps dont sont issues les contestations. La police nationale a mal et très mal. Et cela depuis très longtemps d’ailleurs, même si par ailleurs il faut reconnaître, que le mal s’est intensifié depuis l’adoption du nouveau statut de la police.

La police nationale est mal en point ce que reconnaissent les fonctionnaires de police eux-mêmes, au point que certains parmi ses responsables ont vite fait de lier ce mal vivre et ce manque de considération à l’absence de syndicat. « La police n’a pas de syndicat et c’est cela le drame » avait dit un haut responsable de la police.

La police est un corps chargé du maintien du rétablissement de l’ordre avec une culture militarisée où l’autorité et la discipline sont de rigueur. Un tel corps peut-il prétendre à l’exercice du droit syndical en son sein et dans ses différents compartiments (corps des Commissaires de Police, des Officiers de Police, des sous-officiers de Police et celui des agents de police) ? That’s the question.

Le syndicalisme, est définit dans le petit Larousse illustré comme un mouvement ayant pour objet de grouper des personnes exerçant une même profession, en vue de la défense de leurs intérêts.

Partant de cette définition, nous pouvons penser que les fonctionnaires de police pour mieux défendre leurs intérêts de travailleurs, s’extirper du coin auquel ils sont confinés sous la pesanteur d’une obligation de réserve sans commune mesure, doivent obligatoirement se syndiquer et ou s’affilier à d’autres syndicats ce malgré leur statut de travailleurs particuliers en charge de la sécurité. Vu que, la Police Nationale est organisée sur le modèle précis d’une administration avec un ministère, des directions, des services, et des sous services, des bureaux spécialisés, une telle organisation fait de la mission de la police un service démilitarisé, et plus administratif. La complexité de l’univers administratif public dans laquelle la police évolue, résulte d’un certain nombre de problèmes auxquels elle est confrontée et que seule une entité sociale de l’administration pourrait dénoncer. Cette entité n’est rien d’autre que : le syndicat de police.


LE SYNDICAT, UN ATOUT
Le syndicalisme policier se veut, un syndicalisme de rupture, de collaboration dans l’élaboration de la politique de la sécurité afin d’engager un dialogue social entre : l’Etat, le syndicat, et le citoyen, cela pour une plus grande efficacité de l’action policière, une professionnalisation de son personnel, et pour une meilleure gestion de ses ressources.

Le syndicalisme policier dans le but de défendre les intérêts professionnels de son personnel, et de collaborer avec leurs chefs, pour apporter, par leurs expériences, un peu plus d’ordres et de méthodes dans le service. Il pourrait être un soutien pour le personnel, afin de mieux parer aux difficultés rencontrées lors de leurs activités professionnelles ou concernant l’évolution et la gestion de leurs carrières. Les fonctionnaires trouveront un appui important à travers le syndicat pour leur demande de mutation et d’affectation, et en même temps pourront se doter d’une formation allant dans le sens de la connaissance et maîtrise de leurs droits et devoirs.

Un syndicalisme policier, restrictif notamment dans l’interdiction de recourir à la grève, qui permettra d’éviter le blocage de l’institution étatique qui dans la contrainte ne peut plus assurer sa légitimité.
Un contre pouvoir dans les dérives monarchiques de certains hommes politiques ou chefs religieux qui tenteraient de faire de la police son bras armé dans les conflits (politiques, sociaux…..) qui viendront à les opposer à leurs adversaires politiques ou à de simples citoyens sans défense.
Le manque de considérations- il est vrai- de la police sénégalaise est, à mettre dans le compte de l’absence de syndicat. Puisque dans ce corps, il n’y a aucun paravent pour faire face et dire non aux manigances venues de l’extérieur. Dès lors, les portes sont ouvertes à toutes les supercheries, d’où les décrets à la pelle comme celui, dont on dit, intégrant d’anciens calots bleus dans la police nationale avec des grades qui frisent l’ignorance et une méconnaissance totales du fonctionnement et de la structuration de l’institution, bouleversant ainsi la hiérarchie policière.
Il est temps qu’un syndicat voit le jour dans la police, et qui en dehors de son objet de défendre les intérêts professionnels de son personnel, aura pour mission trois (03) « «R »:
- Replacer l’action de police sous le signe du service public.
- Revaloriser le métier de police.
- Renforcer la confiance dans les rapports entre la police et les citoyens.

Il est important de créer un cadre d’échanges entre les différents corps et services de police où le personnel pourrait trouver un interlocuteur entre les personnels subalternes et les représentants patronaux de la police, afin d’anticiper sur les problèmes et les dysfonctionnements qui pourraient subvenir dans l’exercice de leur profession, plutôt que de laisser la frustration, la contestation enflées.

Jean Collin SAMBOU
samboujeancollin@yahoo.fr
Jeudi 31 Mai 2012
Jean Collin SAMBOU




Dans la même rubrique :

AIDA CHERIE - 22/05/2015