À l'occasion du Forum sur le financement de l’adaptation en Afrique à Rotterdam (Pays-Bas), le président Macky Sall a lancé un message fort aux décideurs du monde pour la concrétisation des "engagements financiers de l’Accord de Paris sur le climat et les annonces en faveur de la résilience climatique et économique et la relance post-pandémie Covid-19", notamment les 100 milliards de dollars par an, promis en soutien aux efforts d’adaptation et de réduction d’émissions des pays en développement".
Voici la quintessence de son discours.
" Je voudrais d’abord saluer et remercier le Premier Ministre Mark Rutte et son gouvernement pour leur accueil et les dispositions prises afin de faciliter la tenue de notre forum. Je remercie également le Centre mondial sur l’adaptation et tous les partenaires qui ont contribué à l’organisation de cette rencontre sur le financement de l’adaptation en Afrique, à deux mois du rendez-vous de la COP-27 à Sharm El-Sheikh. L’Afrique, continent vulnérable au changement climatique et en retard sur le processus d’adaptation, bénéficie très peu des financements et investissements verts malgré l’existence des mécanismes dédiés. Pourtant, même s’ils polluent le moins et restent les plus vulnérables aux effets du réchauffement climatique, les pays africains demeurent pleinement engagés dans l’action climatique mondiale, la résilience des écosystèmes et la conservation de la biodiversité et de l’habitat naturels qui offrent tant à l’humanité.
Ainsi, depuis plus d’une décennie, et donc bien avant l’Accord de Paris sur le climat, nous développons le projet majeur de la Grande Muraille verte, qui regroupe 11 pays africains de la bande sahélo-saharienne au Sud du Sahara. Je rappelle que ce projet, doté d’un Plan d’investissement prioritaire décennal (2021-2030) de 17,8 milliards de dollars, vise à soutenir des initiatives locales de reboisement, de restauration des terres et de création d’activités agro sylvo pastorales génératrices de revenus.
Ainsi, au titre de ses efforts internes, le Sénégal ambitionne de protéger 500 000 hectares de forêts, réaliser 500 000 hectares de plantations et réduire de 90% ses superficies vulnérables aux feux de brousse. En outre, notre pays, parmi les pionniers dans la mise en œuvre de la Grande Muraille verte, a versé l’année dernière une contribution volontaire de plus de 800 000 dollars en appui à l’Agence Panafricaine de la GMV, en plus de ses cotisations statutaires.
C’est une façon pour nous de marquer la priorité élevée que nous accordons à cette initiative continentale, bâtie sur une vision à la fois écologique, climatique et humaniste, centrée sur l’Homme et son cadre de vie. Le projet de Grande Muraille Verte fait l’objet d’échanges réguliers au sein de la Convention de lutte contre la désertification, mais aussi de plaidoyers, comme au One Planet Summit de janvier 2021 et à la COP-26 de Glasgow. Tous ces efforts ont permis de rendre plus visible le projet de GMV et de susciter des engagements financiers cumulés de 20,3 milliards de dollars.
Il faut saluer cet élan solidaire. Mais ce qui fera la différence, c’est la mobilisation effective de ces ressources en appui à la réalisation de projets concrets sur le terrain, au plus près des populations. Il faut dire que les engagements financiers de l’Accord de Paris sur le climat et les nombreuses annonces « bonne conscience » en faveur de la résilience climatique et économique et la relance post-pandémie COVID-19, tardent à se concrétiser.Il en est ainsi des 100 milliards de dollars par an, promis en soutien aux efforts d’adaptation et de réduction d’émissions des pays en développement ; engagement qui aurait dû être matérialisé depuis 2020.
Au demeurant, cet engagement n’est pas une faveur faite aux pays en développement. Il s’agit de mettre en œuvre du principe agréé de responsabilité commune mais différenciée, dans le cadre des efforts solidaires que tous les pays doivent mener pour sauver la planète terre, notre habitat commun. Ce principe traduit une approche équitable et solidaire des solutions au réchauffement. Quand des pays sont appelés à renoncer aux schémas pollueurs que d’autres ont suivi sur des siècles pour mettre toute la planète dans son état actuel d’urgence environnementale, il est juste et logique qu’en contrepartie, le coût de l’adaptation qui en découle soit partagé de façon équitable.C’est tout le sens de notre plaidoyer pour la mobilisation des annonces déjà faites, notamment : L’engagement financier de 100 milliards de dollars par an de 2020 à 2030 ; L’affectation à l’Afrique d’une partie des Obligations Vertes (Green Bonds) et autres investissements innovants, en rendant les mécanismes d’accès aux finances climatiques plus simples et plus transparents.En plus de l’objectif visant à recueillir 25 milliards de dollars d’ici 2025, nous attendons surtout du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique un accompagnement diligent en termes d’expertise pour l’accès des projets et initiatives éligibles aux mécanismes de financement vert. C’est ainsi que le Programme répondra de façon concrète aux objectifs qui lui sont assignés à travers ses quatre piliers : les technologies numériques intelligentes pour l’agriculture et la sécurité alimentaire ; la résilience des infrastructures ; l’autonomisation des jeunes et les initiatives financières innovantes. Une autre priorité majeure concerne l’agriculture résiliente.En mai dernier, à l’initiative de la Banque Africaine de Développement, nous avons lancé un plan africain d’urgence pour la production alimentaire à hauteur de 1,5 milliard de dollars, avec comme objectif la production de 37,6 millions de tonnes de cultures vivrières. Grâce à la diligence du Président Adesina, la BAD a déjà approuvé un total de 1,13 milliard de dollars en faveur de 26 pays au titre de cette initiative. Voilà ce qu’il faut faire en situation d’urgence. L’Afrique est résolument déterminée à dépasser les actions contextuelles pour une transformation agricole adaptée au changement climatique, porteuse d’autosuffisance alimentaire et créatrice d’emplois. Pour ce faire, il nous faut développer le nexus Energie-Eau-Agriculture résiliente qui assure la conjonction et la disponibilité des éléments de base, à savoir :l’eau, l’énergie verte, l’engrais vert, des semences et gènes améliorées, ainsi que des équipements post récoltes, y compris la chaine de froid et des magasins de stockage pour la conservation des produits.C’est l’objet de la Conférence Feed Africa, que le Sénégal et la BAD coorganisent en janvier prochain à Dakar. Pour l’Afrique, le financement d’une transition énergétique juste et équitable reste également une priorité élevée. Selon le dernier Rapport de l’Agence internationale de l’Energie, dans l’hypothèse maximale où le continent exploiterait toutes ses découvertes gazières (plus de 5000 milliards de m3), sur 30 ans, le cumul de ses émissions représenterait à peine une part négligeable de 3,5% des émissions mondiales. Ce qui serait juste et équitable, c’est que l’Afrique continue ses efforts d’adaptation dans le cadre d’une stratégie de mix énergétique, qui permet d’avoir une baseload comme le gaz, complétée par des sources d’énergies renouvelables ; surtout dans les zones qui ne sont pas connectées aux réseaux nationaux d’électricité. Je cite, à titre d’exemple, parmi d’autres réalisations, l’important projet sénégalais d’électrification solaire de 1000 villages, financé à plus de 75 millions d’euros, grâce au soutien du Fonds Vert Climat, en partenariat avec la Banque ouest africaine de Développement. Je n’oublie pas la nécessité pour l’Afrique de développer de nouvelles technologies porteuses d’innovation, notamment l’hydrogène vert.Avec ses réserves en ressources naturelles, l’Afrique détient un formidable potentiel en hydrogène vert sans émissions de CO2, pouvant répondre à ses propres et à ceux de la demande mondiale pour contribuer à la neutralité carbone.Mais développer davantage les énergies propres suppose des mécanismes de financement adaptés, à des conditions abordables.Le projet de barrage hydroélectrique de Sambangalou, au sein de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie, qui regroupe le Sénégal, la Gambie, la Guinée et la Guinée Bissau en est un exemple.Ce barrage qui est conçu pour une durée de cent ans peine à mobiliser des prêts à long terme, nécessaires pour que sa production soit compétitive.C’est un cas illustratif de bien d’autres situations similaires sur le continent que le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique devrait aider à résoudre.Mesdames et Messieurs, Il reste moins de dix ans sur le chrono mondial 2030 de l’Action climatique et du développement durable.Au-delà des effets d’annonces, il urge, par conséquent, de faire face à nos obligations collectives de justice climatique et d’équité économique est sociale vis-à-vis de l’Afrique.
Mobilisons-nous pour relever ensemble et solidairement les défis globaux qui transcendent les frontières et impactent la vie sur terre. Il y va de l’intérêt et de la responsabilité de chacun de nos pays ; parce que ce n’est pas seulement le sort de l’Afrique qui est en jeu, mais aussi l’avenir de la planète et le destin de l’humanité".
Voici la quintessence de son discours.
" Je voudrais d’abord saluer et remercier le Premier Ministre Mark Rutte et son gouvernement pour leur accueil et les dispositions prises afin de faciliter la tenue de notre forum. Je remercie également le Centre mondial sur l’adaptation et tous les partenaires qui ont contribué à l’organisation de cette rencontre sur le financement de l’adaptation en Afrique, à deux mois du rendez-vous de la COP-27 à Sharm El-Sheikh. L’Afrique, continent vulnérable au changement climatique et en retard sur le processus d’adaptation, bénéficie très peu des financements et investissements verts malgré l’existence des mécanismes dédiés. Pourtant, même s’ils polluent le moins et restent les plus vulnérables aux effets du réchauffement climatique, les pays africains demeurent pleinement engagés dans l’action climatique mondiale, la résilience des écosystèmes et la conservation de la biodiversité et de l’habitat naturels qui offrent tant à l’humanité.
Ainsi, depuis plus d’une décennie, et donc bien avant l’Accord de Paris sur le climat, nous développons le projet majeur de la Grande Muraille verte, qui regroupe 11 pays africains de la bande sahélo-saharienne au Sud du Sahara. Je rappelle que ce projet, doté d’un Plan d’investissement prioritaire décennal (2021-2030) de 17,8 milliards de dollars, vise à soutenir des initiatives locales de reboisement, de restauration des terres et de création d’activités agro sylvo pastorales génératrices de revenus.
Ainsi, au titre de ses efforts internes, le Sénégal ambitionne de protéger 500 000 hectares de forêts, réaliser 500 000 hectares de plantations et réduire de 90% ses superficies vulnérables aux feux de brousse. En outre, notre pays, parmi les pionniers dans la mise en œuvre de la Grande Muraille verte, a versé l’année dernière une contribution volontaire de plus de 800 000 dollars en appui à l’Agence Panafricaine de la GMV, en plus de ses cotisations statutaires.
C’est une façon pour nous de marquer la priorité élevée que nous accordons à cette initiative continentale, bâtie sur une vision à la fois écologique, climatique et humaniste, centrée sur l’Homme et son cadre de vie. Le projet de Grande Muraille Verte fait l’objet d’échanges réguliers au sein de la Convention de lutte contre la désertification, mais aussi de plaidoyers, comme au One Planet Summit de janvier 2021 et à la COP-26 de Glasgow. Tous ces efforts ont permis de rendre plus visible le projet de GMV et de susciter des engagements financiers cumulés de 20,3 milliards de dollars.
Il faut saluer cet élan solidaire. Mais ce qui fera la différence, c’est la mobilisation effective de ces ressources en appui à la réalisation de projets concrets sur le terrain, au plus près des populations. Il faut dire que les engagements financiers de l’Accord de Paris sur le climat et les nombreuses annonces « bonne conscience » en faveur de la résilience climatique et économique et la relance post-pandémie COVID-19, tardent à se concrétiser.Il en est ainsi des 100 milliards de dollars par an, promis en soutien aux efforts d’adaptation et de réduction d’émissions des pays en développement ; engagement qui aurait dû être matérialisé depuis 2020.
Au demeurant, cet engagement n’est pas une faveur faite aux pays en développement. Il s’agit de mettre en œuvre du principe agréé de responsabilité commune mais différenciée, dans le cadre des efforts solidaires que tous les pays doivent mener pour sauver la planète terre, notre habitat commun. Ce principe traduit une approche équitable et solidaire des solutions au réchauffement. Quand des pays sont appelés à renoncer aux schémas pollueurs que d’autres ont suivi sur des siècles pour mettre toute la planète dans son état actuel d’urgence environnementale, il est juste et logique qu’en contrepartie, le coût de l’adaptation qui en découle soit partagé de façon équitable.C’est tout le sens de notre plaidoyer pour la mobilisation des annonces déjà faites, notamment : L’engagement financier de 100 milliards de dollars par an de 2020 à 2030 ; L’affectation à l’Afrique d’une partie des Obligations Vertes (Green Bonds) et autres investissements innovants, en rendant les mécanismes d’accès aux finances climatiques plus simples et plus transparents.En plus de l’objectif visant à recueillir 25 milliards de dollars d’ici 2025, nous attendons surtout du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique un accompagnement diligent en termes d’expertise pour l’accès des projets et initiatives éligibles aux mécanismes de financement vert. C’est ainsi que le Programme répondra de façon concrète aux objectifs qui lui sont assignés à travers ses quatre piliers : les technologies numériques intelligentes pour l’agriculture et la sécurité alimentaire ; la résilience des infrastructures ; l’autonomisation des jeunes et les initiatives financières innovantes. Une autre priorité majeure concerne l’agriculture résiliente.En mai dernier, à l’initiative de la Banque Africaine de Développement, nous avons lancé un plan africain d’urgence pour la production alimentaire à hauteur de 1,5 milliard de dollars, avec comme objectif la production de 37,6 millions de tonnes de cultures vivrières. Grâce à la diligence du Président Adesina, la BAD a déjà approuvé un total de 1,13 milliard de dollars en faveur de 26 pays au titre de cette initiative. Voilà ce qu’il faut faire en situation d’urgence. L’Afrique est résolument déterminée à dépasser les actions contextuelles pour une transformation agricole adaptée au changement climatique, porteuse d’autosuffisance alimentaire et créatrice d’emplois. Pour ce faire, il nous faut développer le nexus Energie-Eau-Agriculture résiliente qui assure la conjonction et la disponibilité des éléments de base, à savoir :l’eau, l’énergie verte, l’engrais vert, des semences et gènes améliorées, ainsi que des équipements post récoltes, y compris la chaine de froid et des magasins de stockage pour la conservation des produits.C’est l’objet de la Conférence Feed Africa, que le Sénégal et la BAD coorganisent en janvier prochain à Dakar. Pour l’Afrique, le financement d’une transition énergétique juste et équitable reste également une priorité élevée. Selon le dernier Rapport de l’Agence internationale de l’Energie, dans l’hypothèse maximale où le continent exploiterait toutes ses découvertes gazières (plus de 5000 milliards de m3), sur 30 ans, le cumul de ses émissions représenterait à peine une part négligeable de 3,5% des émissions mondiales. Ce qui serait juste et équitable, c’est que l’Afrique continue ses efforts d’adaptation dans le cadre d’une stratégie de mix énergétique, qui permet d’avoir une baseload comme le gaz, complétée par des sources d’énergies renouvelables ; surtout dans les zones qui ne sont pas connectées aux réseaux nationaux d’électricité. Je cite, à titre d’exemple, parmi d’autres réalisations, l’important projet sénégalais d’électrification solaire de 1000 villages, financé à plus de 75 millions d’euros, grâce au soutien du Fonds Vert Climat, en partenariat avec la Banque ouest africaine de Développement. Je n’oublie pas la nécessité pour l’Afrique de développer de nouvelles technologies porteuses d’innovation, notamment l’hydrogène vert.Avec ses réserves en ressources naturelles, l’Afrique détient un formidable potentiel en hydrogène vert sans émissions de CO2, pouvant répondre à ses propres et à ceux de la demande mondiale pour contribuer à la neutralité carbone.Mais développer davantage les énergies propres suppose des mécanismes de financement adaptés, à des conditions abordables.Le projet de barrage hydroélectrique de Sambangalou, au sein de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie, qui regroupe le Sénégal, la Gambie, la Guinée et la Guinée Bissau en est un exemple.Ce barrage qui est conçu pour une durée de cent ans peine à mobiliser des prêts à long terme, nécessaires pour que sa production soit compétitive.C’est un cas illustratif de bien d’autres situations similaires sur le continent que le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique devrait aider à résoudre.Mesdames et Messieurs, Il reste moins de dix ans sur le chrono mondial 2030 de l’Action climatique et du développement durable.Au-delà des effets d’annonces, il urge, par conséquent, de faire face à nos obligations collectives de justice climatique et d’équité économique est sociale vis-à-vis de l’Afrique.
Mobilisons-nous pour relever ensemble et solidairement les défis globaux qui transcendent les frontières et impactent la vie sur terre. Il y va de l’intérêt et de la responsabilité de chacun de nos pays ; parce que ce n’est pas seulement le sort de l’Afrique qui est en jeu, mais aussi l’avenir de la planète et le destin de l’humanité".
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