Air Sénégal : Une turbulence de 100 milliards, un décollage compromis ?

Entre promesses de redressement et réalité amère, Air Sénégal vacille sous le poids de sa dette abyssale et d’une gestion inefficace. Le salut passera-t-il par une intervention musclée de l’État ?


Dans un dossier exclusif intitulé « Redressement sous tension »L’Observateur lève le voile sur la situation critique d’Air Sénégal. Une dette colossale estimée à 100 milliards de francs CFA, un capital social famélique de 40 milliards de francs CFA, et des défis structurels majeurs placent la compagnie nationale dans une zone de turbulences inquiétante. Malgré le récent changement de direction, avec la nomination de Tidiane Ndiaye à la tête de l’entreprise, les perspectives de redressement semblent encore floues.

 

Un passif économique écrasant

 

Selon L’Observateur, les dettes d’Air Sénégal se répartissent en deux catégories : 75 milliards dus à des structures publiques comme l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) et la Redevance pour le Développement des Infrastructures Aéroportuaires (RDIA), et 25 milliards de dettes critiques dues à des créanciers privés. Si certains tentent de minimiser l’urgence de la situation en soulignant que la majorité des dettes sont internes, d’autres experts rappellent que le problème fondamental réside dans la faiblesse du capital social de la compagnie, largement insuffisant pour prétendre à un développement viable.

 

Un ancien directeur général, cité dans les colonnes de L’Observateur, est catégorique :

 

« L’État doit impérativement augmenter le capital de la compagnie ou ouvrir la porte à des investisseurs privés. Sans recapitalisation, Air Sénégal ne peut espérer tenir tête à ses concurrents. »

 

Une gestion sous le feu des critiques

 

Outre ses difficultés financières, Air Sénégal souffre de problèmes de gestion préoccupants. Avec un effectif de 600 employés pour seulement cinq avions, la compagnie affiche un ratio d’un avion pour 150 employés, bien au-delà des standards internationaux. Cette situation, jugée intenable par les spécialistes, alourdit encore les charges fixes de l’entreprise.

 

Les solutions proposées par le nouveau directeur général Tidiane Ndiaye devront nécessairement inclure une réduction drastique des effectifs et une optimisation des ressources. Toutefois, ces mesures risquent de se heurter à une forte résistance sociale, compromettant davantage la stabilité de l’entreprise.

 

L’État, arbitre et acteur incontournable

 

Face à ces défis, l’intervention de l’État apparaît comme un impératif. À l’image de ce qu’a fait la France avec Air France, le gouvernement sénégalais devra envisager un soutien financier conséquent ou une restructuration en profondeur. Cependant, L’Observateur rappelle que les changements successifs à la direction d’Air Sénégal - un nouveau directeur tous les quatre ans - n’ont jusqu’ici apporté aucun résultat tangible.

 

« Le redressement d’Air Sénégal ne se fera pas par des incantations, mais par des actions concrètes. Le nouveau directeur général devra faire preuve de courage et d’innovation pour sortir la compagnie de ce gouffre. »

 

Une relance possible, mais à quel prix ?

 

Alors que Tidiane Ndiaye dévoile les grandes lignes de son plan, L’Observateur souligne que l’avenir d’Air Sénégal dépendra largement de la capacité de l’État à mobiliser des ressources et à faire les choix stratégiques nécessaires. Entre recapitalisation, restructuration des dettes et réforme du personnel, le chantier s’annonce titanesque.

 

 

Le redressement d’Air Sénégal est-il encore possible ? À moins d’un soutien massif et rapide, la compagnie pourrait bien voir ses rêves de relance s’évanouir dans les nuages.

Jeudi 26 Décembre 2024
Dakaractu



Nouveau commentaire :
Twitter



Dans la même rubrique :