RENDEZ-NOUS MACKY !


RENDEZ-NOUS MACKY !
Le 1er décembre 2008, lors du lancement de l’APR (Alliance Pour la République), le président Macky Sall commença son discours en ces termes : « Il arrive des moments, dans l'histoire d'un pays, qui ne laissent pas de choix aux femmes et aux hommes de bonne volonté. Alors, l'unique choix, authentique et urgent, est celui d'un engagement vers un nouvel horizon plus porteur d'espoir. » Cette sortie, très suivie, bien au-delà du territoire national, avait ému beaucoup de Sénégalais.
Elle intervenait dans un contexte où l’injustice était à son paroxysme dans la gestion du pouvoir. Après avoir été, plusieurs fois ministre, premier ministre et président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Macky Sall se retrouva contraint de cautionner la dernière folie du président Wade. Il s’agissait d’adhérer à son plan de dévolution monarchique du pouvoir. Macky préféra renoncer à toutes les contreparties liées à une telle dérive. Qu’il faille me renier pour survivre, je dis non, dira-t-il. A partir de ce moment-là, son combat était devenu universel tant les valeurs morales qui le soutenaient étaient éminemment humanistes.
L’écho de ce cri de dignité dépassa vite le cadre restreint de son appareil politique en gestation et encore très en deçà des aspirations de tous ses partisans. À travers tout le Sénégal, des mobilisations exceptionnelles et spontanées l’accueillaient dans ses différentes tournées. Mais, c’est au niveau de la diaspora que le patron de l’APR était, véritablement, une rockstar. En Afrique, en Europe et aux États-Unis, il suscitait une ferveur remarquable. C’était la période où la symbolique ville de Memphis dans le Tennessee lui remettait ses clés, faisant de lui un de ses citoyens d’honneur. En 2010, déjà, nous savions que si les élections se déroulaient normalement, Macky serait le 4ème président de notre jeune république.
Au-delà de ses investissements incontestables sur le terrain, Macky Sall avait des atouts non négligeables pour gagner les élections. Son parcours, son relatif jeune âge, ses expériences aux plus hautes sphères de l’État et son profil politique le distinguaient dans cette compétition de 2012. Pulaar d’origine, Sérère de culture et Wolof d’expression, il constitue une synthèse objective de plusieurs réalités sociologiques de notre nation. Les sondages d’opinion et les micros-trottoirs préélectoraux évoquaient, également, son élégance, sa discrétion, son sérieux, sa politesse, son humour si particulier et ses « niangal » légendaires. Autant de traits de caractères qui forcent la sympathie populaire. Le 10 décembre 2011, le Sénégal découvrait la force politique que Macky avait acquise au cours de ses pérégrinations. Ce jour-là, malgré toutes les insuffisances organisationnelles, la convention d’investiture tenue à la place des 2 Rakkas de Diamalaye fut un moment de mobilisation indescriptible.


Trois ans et trois mois après la naissance de l’APR, son leader devint président de la République avec un plébiscite de 65%. Dix-huit mois plus tard, l’espoir est plus que jamais permis, en dépit de toutes les expressions alarmistes des ergotages politiques. A l’extérieur, notre président honore notre pays et fait la fierté de ses partisans. Devant l’Union africaine, le G20 ou l’ONU, ses discours sont fortement appréciés. Sa brillante conférence de presse, à côté d’un maître en la matière, le président Obama, nous avait rappelé, si besoin en était, qu’il est parfaitement à sa place. Sa politique intérieure, marquée par l’exécution du programme Yoonu Yokkuté (la voie du véritable développement) garde toute sa pertinence.
Cependant, la pénurie d’eau prolongée qui affecte la capitale sénégalaise et qui trahit, tristement, la fragilité de nos pays, nous a fait relever des maladresses dont se passerait, volontiers, notre leader. Nous apprécions positivement le communiqué de presse de la cellule de communication de la Présidence en date du 24 septembre 2013 annonçant le retour du Président devant la situation préoccupante que vit Dakar. Mais, nous avouons ne pas comprendre la portée de l’uniforme lors de la visite à Keur Momar Sarr. Cette hyper communication a été très mal reçue. En polo, en boubou ou en costume, Macky Sall est le président du Sénégal et, de fait, le chef des armées, disposant de pleins pouvoirs en cas de menaces graves et immédiates sur les fondements de notre nation.
En marge de cette mise en scène offensive qui n’a pas réglé l’urgence, le Président a, toutefois, imposé son style : Il a dit la vérité aux Sénégalais, rassuré ceux qui subissent ces difficultés, pris des mesures pour éviter durablement ces situations et a trouvé une formule d’indemnisation juste. C’est pour dire que nous connaissons un peu Macky Sall et il est loin du va-t-en guerre que vous avez proposé à l’opinion. Donc, carton jaune à vous les sieurs de la communication présidentielle et rendez-nous vite Macky !
Sem J Kay
Lundi 30 Septembre 2013




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