Présidentielle 2012: Le temps des incertitudes et la fin de la démocratie (Mohamed Joseph-Henri Sarre)


Présidentielle 2012: Le temps des incertitudes et la fin de la démocratie (Mohamed Joseph-Henri Sarre)
Prospective ! Ou plutôt tout simplement mise en perspectives… Car l’espace-temps qu’il nous reste à vivre d’ici février prochain n’est pas assez long pour que l’on puisse, valablement, s’adonner à cet exercice exigeant qu’est la prospective politique !

A quelques encablures de cette échéance vitale de la respiration démocratique du Sénégal, mettre en perspective les derniers événements de la vie politique de notre pays est acte de salubrité publique…

Car il n’y a rien de pire dans la vie d’une Nation que le temps des incertitudes !

Que sera le Sénégal politique d’après février 2012 ? En vérité, personne n’en sait fichtre rien ! Ni la Pythie, ni les démiurges ni même les Saltigués ne peuvent dire, avec certitude, qui sera le prochain Président de la République du Sénégal… Mais à la limite cela n’est pas grave ! Ce qui me paraît inacceptable, dans une démocratie moderne, c’est qu’à quelques quatre-vingt (90) jours de l’échéance la question juridique se pose de la recevabilité (ou non) de la candidature du président sortant. Cela veut-il dire que les « pactum associationnis et subjectionnis »*, qui font le socle de notre commune envie de vivre ensemble, ne sont plus opératoires ? Que la Constitution, Loi fondamentale qui donne sens à l’ensemble du dispositif de lois et règlement qui régit notre quotidien, n’est plus la référence sacrée qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de violer ?

Incertitudes. Que tous les acteurs politiques s’efforcent de lever en convoquant qui, un panel d’avocats et d’intellectuels venant d’horizons divers, qui les constitutionnalistes de la prestigieuse université Cheikh Anta Diop de Dakar…. Sans que l’on puisse se faire, encore une fois, une certitude de tous les avis donnés par ces « sachants » qui finissent par donner l’affligeante impression qu’ils n’en savent rien !

Les deux parties finissant par faire le choix, sans conviction, de s’en remettre à la décision du Conseil Constitutionnel… A

Incertitudes porteuse de tous les dangers… Qui peut, avec certitude, présupposer de la réaction politique des partisans d’Abdoulaye WADE au cas où sa candidature serait invalidée par les « 5 Sages » ? D’autant que cette invalidation signerait l’arrêt de mort de l’une des principales forces de l’échiquier politique sénégalais et de ses principaux ténors !

De même, qui oserait parier, avec certitude, que les forces sociales et l’Opposition républicaine resteront sans réaction dans l’hypothèse où le Conseil Constitutionnel ferait de Me Wade un candidat à sa propre succession ?

Autres incertitudes… Qui peut augurer de l’état de notre pays au sortir de la crise, inévitable, qui suivra l’attendue délibération du Conseil Constitutionnel ? Dans l’hypothèse où nous en sortions indemnes, qui peut dire, avec certitude, que « Bennoo Siggil Sénégal » n’aura pas, in fine, deux candidats se réclamant, chacun, seul propriétaire légitime de la marque de fabrique oppositionnelle? Peut-on affirmer, avec certitude, que le Parti Socialiste se relèvera de l’impardonnable faute politique qui consistât à assujettir sa présence aux prochaines présidentielles au vote de partis qui ont contribué, pour l’essentiel d’entre eux, à lui faire perdre le pouvoir en 2000 ? Quel militant voudra encore se réclamer d’une formation, comptant parmi les trois premières forces politiques du Sénégal, qui a aliéné son avenir au point de ne pouvoir participer à l’historique opportunité de reprendre le pouvoir en 2012?

Encore d’autres incertitudes ! Les anciens premiers ministres Idrissa Seck et Macky Sall, devenus opposants suite à ces mémorables poussées de fièvre qui marquent, depuis douze ans, la vie trépidante du Parti Démocratique Sénégalais, ne seraient-ils pas les têtes de file de « courants » du Parti de Maître Wade ? Qui peut jurer, avec certitude, que les excroissances du PDS qu’ils dirigent ne vont pas finir par, de nouveau, se greffer à la « maison du Père » ? Existe-t-il un génie de l’analyse politique ou un « think tank » aux avant-postes de la prospective qui puisse répondre, avec certitude à toutes ces questions ?

Que nenni !

Nous sommes, à n’en plus douter, dans le Temps des Incertitudes.

Cette funeste impasse politique marque, à elle seule, la fin d’une séquence temporelle qui portait l’espoir de tout un peuple ; le temps de la Démocratie ! « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple… ». Simple vue de l’esprit.

Où sont donc passés les visions et programmes politiques ? Où et quand s’organisent les réunions où les acteurs politiques donnent à voir et à entendre leurs projets politiques ? De ce qu’ils veulent faire du Sénégal qui leur aura été confié et les voies et moyens par lesquels ils vont atteindre l’Emergence puis le Développement. Pour le bien de tous les Sénégalais!

Rien n’illustre mieux la fin de ce temps béni de la Démocratie que la réponse à cette ultime question. Qui peut dire, avec certitude, que le quart des Sénégalais ayant le privilège d’être sur les listes électorales savent ce qu’est le Libéralisme ou le Socialisme et choisissent un Président sur d’autres critères que l’accointance socio-culturelle, l’intérêt financier ou, plus trivialement, quelques tee-shirts et bons repas de meetings offerts par leur camp politique ?

Elle est bien là la fin de la Démocratie ! Portée au pinacle par le temps des incertitudes que nous vivons. Un temps sans fin !

La fin de Tout….


Mohamed Joseph-Henri Sarre

Ecole des Hautes Etudes Politiques et Sociales

Ecole Supérieure de Journalisme
Mercredi 7 Décembre 2011




1.Posté par ABBA le 08/12/2011 01:10
J'en rajouterai encore a tes multiples incertitudes...Comment un pays peut fonctionner dans de telles incertitudes...A vrai dire,au Senegal,on ne travaille pas.La montagne a accouche d'un souris car si abdoulaye avait rempli le role que lui avait fixe les senegalais en 2000,la constitution senegalaise serait limpide comme l'eau d'evian aujourd'hui.C'est vraiment dommage pour le senegal car pour un pays ou l'on vote depuis les temps immemoriaux,c'est a la limite ridicule de parler de questions electorales et surtout a deux mois des echeances electorales.Quel gachis cette alternance!
Regarder du cote du Mali,ce pays est entrain de decoller...Je ne parlerai pas du Cap Vert...
Il nous faut un nouveau HOMOSENEGALENSIS...N'est ce pas Mohamed Joseph-Henri Sarre?
Je revois encore nos discussions philosophiques interminables quand nous preparions le Bac...
Ton Ami qui adorait EMMANUEL KANT...Depuis les U.S.A
Good job Mohamed!

2.Posté par MJHS le 08/12/2011 15:48
Merci Bill!



Dans la même rubrique :

AIDA CHERIE - 22/05/2015