Me Assane Dioma Ndiaye, les organisations de droits de l’homme sont souvent considérées comme des chasseurs de financements. D’où tirent-elles leurs fonds de roulements ?
Je tiens à préciser que par souci d’indépendance, nous ne touchons aucun finance- ment de l’Etat, encore moins une subvention de sa part. Ce sont les bailleurs de fonds, certaines ambassades et d’autres bonnes volontés, sous forme de fondations, qui, estimant que dans certains pays, il y a un problème de violation spécifique, appuient les Ong locales pour mener des activités de sensibilisation, de manière à éradiquer ces violations. Il s’agit là des actions ponctuelles. L’autre possibilité est que l’Ong elle-même, peut établir et écrire à des bailleurs et ou à des ambassades, pour obtenir un financement par rapport à l’activité ciblée. Mais, ce qui est important, c’est que l’Ong n’est pas dans le processus d’activité lucrative. Quels que soient les financements obtenus, ils doivent servir à financer les activités exclusives de promotion et de protection des droits de l’homme. Et, contrairement à ce que certains pensent, tout financement issu de l’Union européenne ou des ambassades doit être justifié au moindre détail, parce qu’il faut noter qu’il y a des pays qui sont très strictes en matière de finances publiques.
Mais cela empêche-t-il de pouvoir dire qu’il existe des bailleurs de fonds qui orientent les combats portés par certaines Organisations de droit de l’homme ?
En ce qui concerne mon organisation, on n’a jamais eu d’activité conçu par un bail- leur. Toutes les activités que nous menons, les rares d’ailleurs, en tant qu’organisation bénévole, parce qu’ayant une profession, sont dictées par les circonstances de l’heure. Par exemple, en matière de torture et dans le cadre de renforcement de droits qui paraissent vulnérables, comme les agressions, entre autres.
Quand une ambassade a voulu financer notre organisation pour mener le plaidoyer sur l’homosexualité, on a décliné l’offre pour des raisons simples. Nous avions estimé que les raisons de l’heure n’étaient pas une urgence. Le principe des combats des organisations de droits de l’homme doit être d’un caractère d’intérêt public général. Je voudrais signaler, qu’aujourd’hui, ces financements sont devenus très rares. Ce sont les multinationales en droit l’homme qui captent tous les financements. C’est rare de voir un bailleur financer une organisation locale comme les nôtres.
C’est sur la base de contributions volontaires des membres que les organisations arrivent à mener leurs activités. Même pour les charges, nous ne bénéficions pas de logistiques publiques et nous sommes obligés de tout prendre en compte. Le petit personnel qui travaille chez nous fait du bénévolat. Nous n’avons pas les moyens de les payer. Parfois, il y a des difficultés de payer le loyer des sièges. Notre seul objectif est de faire prospérer les droits de l’homme et assister les personnes vulnérables.
L’actualité, c’est aussi le dossier Karim Wade avec le combat porté au niveau international. Quelle est la position de votre organisation ?
Je voudrai respecter les orientations souveraines d’une organisation. Dans l’affaire Karim, au-delà de sa personne, tout combat doit être soutenu par la défense de principes. C’est-à-dire, que ce n’est pas la per- sonne qui intéresse, mais les combats de principes qui doivent être pérennes. Dans l’affaire de la traque des biens mal acquis, ce que nous déplorons et ne pouvons pas accepter, c’est qu’au nom de la légitimité d’une cause comme la recevabilité, qu’on sacrifie des droits universellement reconnus et non dérogeables. En tout cas, le combat de la Crei n’est pas un combat pour Karim Wade. Abdoulaye Baldé ou autre toute per- sonne qui sera poursuivie dans ce cadre, aura ce bénéfice des observations et
contestations que nous émettons. Il faut aussi comprendre qu’une Organisation de droit de l’homme ne peut, aujourd’hui, ne pas soutenir une décision venant du Groupe de travail qui peut être assimilé au Groupe des Nations Unies contre la torture ou contre la discrimination raciale. Ce sont des organisations onusiennes qui sont chargées de veiller à l’application des conventions internationales. Si une décision émane de ces structures onusiennes, on ne peut que les soutenir.
Notre combat au niveau de la Ligue sénégalaise est d’amener les autorités à comprendre qu’il n’y a plus de souveraineté sur le plan du droit. Aujourd’hui, de la même façon qu’un Sénégalais peut être poursuivi par la Cour pénale internationale (Cpi), bien qu’étant au Sénégal, ce même Sénégalais peut réclamer des règles protectrices du droit international. La position du Sénégal qui dit que la juridiction sénégalaise est libre et peut rendre des décisions souveraines n’est pas logique. Nous voulons que notre droit soit uniformisé et conforme au droit international. Même si, pour le moment, ce n’est pas encore une position de notre organisation, je trouve normal que la Raddho défende cette position.
Cela veut-il dire que les Organisations des droits de l’homme sont dans leur rôle ?
Tous ceux qui estiment être dans la vulnérabilité et la violation de leur droit font recours aux Organisations des droits de l’homme. Surtout que, dans ces cas, on ne fait pas de distinction de couche sociale et d’appartenance, à la richesse ou au statut. Tout le monde sait que nous avons défendu Kékouta Sidibé, la famille de Balla Gaye et Mamadou Diop. Nous avons bénévolement soutenu tous ceux qui ont été victimes de torture comme l’affaire des sapeurs-pompiers ou encore l’affaire Bassirou Faye. Il n’y a aucune famille de victimes qui peut affirmer avoir payé un seul sous pour la défense de ces affaires.
Tout ce que nous faisons, donne la légitimité de demander des subventions à l’Etat, parce que nous assurons des activités de caractère d’intérêt général. Mais, par souci d’indépendance, nous avons renoncé à cela. C’est du bénévolat que nous faisons, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent et aux affirmations qui sont faites.
Libération
Je tiens à préciser que par souci d’indépendance, nous ne touchons aucun finance- ment de l’Etat, encore moins une subvention de sa part. Ce sont les bailleurs de fonds, certaines ambassades et d’autres bonnes volontés, sous forme de fondations, qui, estimant que dans certains pays, il y a un problème de violation spécifique, appuient les Ong locales pour mener des activités de sensibilisation, de manière à éradiquer ces violations. Il s’agit là des actions ponctuelles. L’autre possibilité est que l’Ong elle-même, peut établir et écrire à des bailleurs et ou à des ambassades, pour obtenir un financement par rapport à l’activité ciblée. Mais, ce qui est important, c’est que l’Ong n’est pas dans le processus d’activité lucrative. Quels que soient les financements obtenus, ils doivent servir à financer les activités exclusives de promotion et de protection des droits de l’homme. Et, contrairement à ce que certains pensent, tout financement issu de l’Union européenne ou des ambassades doit être justifié au moindre détail, parce qu’il faut noter qu’il y a des pays qui sont très strictes en matière de finances publiques.
Mais cela empêche-t-il de pouvoir dire qu’il existe des bailleurs de fonds qui orientent les combats portés par certaines Organisations de droit de l’homme ?
En ce qui concerne mon organisation, on n’a jamais eu d’activité conçu par un bail- leur. Toutes les activités que nous menons, les rares d’ailleurs, en tant qu’organisation bénévole, parce qu’ayant une profession, sont dictées par les circonstances de l’heure. Par exemple, en matière de torture et dans le cadre de renforcement de droits qui paraissent vulnérables, comme les agressions, entre autres.
Quand une ambassade a voulu financer notre organisation pour mener le plaidoyer sur l’homosexualité, on a décliné l’offre pour des raisons simples. Nous avions estimé que les raisons de l’heure n’étaient pas une urgence. Le principe des combats des organisations de droits de l’homme doit être d’un caractère d’intérêt public général. Je voudrais signaler, qu’aujourd’hui, ces financements sont devenus très rares. Ce sont les multinationales en droit l’homme qui captent tous les financements. C’est rare de voir un bailleur financer une organisation locale comme les nôtres.
C’est sur la base de contributions volontaires des membres que les organisations arrivent à mener leurs activités. Même pour les charges, nous ne bénéficions pas de logistiques publiques et nous sommes obligés de tout prendre en compte. Le petit personnel qui travaille chez nous fait du bénévolat. Nous n’avons pas les moyens de les payer. Parfois, il y a des difficultés de payer le loyer des sièges. Notre seul objectif est de faire prospérer les droits de l’homme et assister les personnes vulnérables.
L’actualité, c’est aussi le dossier Karim Wade avec le combat porté au niveau international. Quelle est la position de votre organisation ?
Je voudrai respecter les orientations souveraines d’une organisation. Dans l’affaire Karim, au-delà de sa personne, tout combat doit être soutenu par la défense de principes. C’est-à-dire, que ce n’est pas la per- sonne qui intéresse, mais les combats de principes qui doivent être pérennes. Dans l’affaire de la traque des biens mal acquis, ce que nous déplorons et ne pouvons pas accepter, c’est qu’au nom de la légitimité d’une cause comme la recevabilité, qu’on sacrifie des droits universellement reconnus et non dérogeables. En tout cas, le combat de la Crei n’est pas un combat pour Karim Wade. Abdoulaye Baldé ou autre toute per- sonne qui sera poursuivie dans ce cadre, aura ce bénéfice des observations et
contestations que nous émettons. Il faut aussi comprendre qu’une Organisation de droit de l’homme ne peut, aujourd’hui, ne pas soutenir une décision venant du Groupe de travail qui peut être assimilé au Groupe des Nations Unies contre la torture ou contre la discrimination raciale. Ce sont des organisations onusiennes qui sont chargées de veiller à l’application des conventions internationales. Si une décision émane de ces structures onusiennes, on ne peut que les soutenir.
Notre combat au niveau de la Ligue sénégalaise est d’amener les autorités à comprendre qu’il n’y a plus de souveraineté sur le plan du droit. Aujourd’hui, de la même façon qu’un Sénégalais peut être poursuivi par la Cour pénale internationale (Cpi), bien qu’étant au Sénégal, ce même Sénégalais peut réclamer des règles protectrices du droit international. La position du Sénégal qui dit que la juridiction sénégalaise est libre et peut rendre des décisions souveraines n’est pas logique. Nous voulons que notre droit soit uniformisé et conforme au droit international. Même si, pour le moment, ce n’est pas encore une position de notre organisation, je trouve normal que la Raddho défende cette position.
Cela veut-il dire que les Organisations des droits de l’homme sont dans leur rôle ?
Tous ceux qui estiment être dans la vulnérabilité et la violation de leur droit font recours aux Organisations des droits de l’homme. Surtout que, dans ces cas, on ne fait pas de distinction de couche sociale et d’appartenance, à la richesse ou au statut. Tout le monde sait que nous avons défendu Kékouta Sidibé, la famille de Balla Gaye et Mamadou Diop. Nous avons bénévolement soutenu tous ceux qui ont été victimes de torture comme l’affaire des sapeurs-pompiers ou encore l’affaire Bassirou Faye. Il n’y a aucune famille de victimes qui peut affirmer avoir payé un seul sous pour la défense de ces affaires.
Tout ce que nous faisons, donne la légitimité de demander des subventions à l’Etat, parce que nous assurons des activités de caractère d’intérêt général. Mais, par souci d’indépendance, nous avons renoncé à cela. C’est du bénévolat que nous faisons, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent et aux affirmations qui sont faites.
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