La tragédie qui a frappé les enfants de la pouponnière Keur Yeurmandé, dirigée par Ndella Madior Diouf, soulève des questions alarmantes sur la maltraitance infantile au Sénégal et l'incapacité des autorités à en assurer la protection. Selon le Dr Ibrahima Giroux, spécialiste de la santé mentale et de l'enfance, les traumatismes subis par ces enfants sont d'une telle intensité qu’ils risquent de ne jamais rattraper leur développement normal. L'impact des violences et négligences infligées à ces enfants est tellement profond que, pour certains, la perspective de survivre au-delà de cinq ans reste un miracle.
Des dommages psychologiques et physiques irreversibles
Les témoignages sur les conditions de vie des enfants à la pouponnière sont poignants. Le Dr Giroux, qui a pu observer ces enfants, fait état de souffrances psychologiques sévères liées à des négligences extrêmes, voire de la maltraitance. Selon lui, le retard de développement et la violence de ces maltraitances sont tellement graves qu'ils réduisent de manière significative les chances de ces enfants de mener une vie saine et longue. Il insiste sur le fait que la période critique de la petite enfance, durant laquelle ces enfants ont vécu ces atrocités, est déterminante pour leur avenir. Sans une prise en charge adéquate, leurs chances de survie et de développement sont proches de zéro.
Mais aujourd'hui, le Dr Giroux alerte sur une autre réalité : l'absence de suivi et d’informations sur le devenir de ces enfants. "Je ne sais pas où sont ces enfants, il n'y a plus de communication à ce sujet", confie-t-il. En tant que spécialiste, il ne peut que se montrer incertain, mais ce qui est certain, c’est que l’État a un devoir urgent d'agir pour protéger les enfants vulnérables à travers un système institutionnel mieux coordonné.
Une réorganisation urgente de la prise en charge de la petite enfance
La situation de ces enfants met en lumière un problème institutionnel majeur : la gestion des enfants de zéro à cinq ans. Le Dr Giroux propose une solution : une réorganisation complète de la prise en charge de la petite enfance, en dissociant la gestion des enfants de zéro à trois ans, qui relèvent du domaine de la santé, de ceux de trois à cinq ans, qui peuvent être pris en charge par l'éducation préscolaire.
Actuellement, le ministère de la santé n’est pas équipé pour prendre en charge les enfants de zéro à trois ans, qui nécessitent un suivi médical strict, incluant la nutrition, le poids et le suivi de leur développement physique. De même, le ministère de l’éducation n’est pas en mesure de gérer correctement les enfants de cette tranche d’âge, ce qui expose ces enfants à des risques accrus.
Selon le Dr Giroux, une solution viable serait de confier la prise en charge des enfants de zéro à deux ans au ministère de la santé, qui dispose des compétences nécessaires en termes de soins médicaux et de suivi de la santé infantile. Les enfants de trois à cinq ans, quant à eux, pourraient être gérés par le ministère de l’éducation, avec une coordination renforcée via l'Agence nationale de la petite enfance.
Un appel à l’action : L’État doit agir
La situation actuelle ne peut plus durer. Il est urgent que l'État réorganise ses institutions pour garantir une protection optimale de la petite enfance. Si cette réforme n'est pas mise en place, les risques d'autres tragédies sont réels, avec des enfants laissés à eux-mêmes, vulnérables à tous les types de maltraitances et de négligences.
Les enfants de la pouponnière Keur Yeurmandé, comme ceux de toutes les institutions de protection de l’enfance, méritent un avenir meilleur. Un avenir où la maltraitance et la négligence ne font pas partie de leur quotidien, et où les autorités prennent leurs responsabilités au sérieux. Il est grand temps que l'État cesse de fermer les yeux sur cette réalité et prenne des mesures concrètes pour éviter que d'autres enfants ne subissent les mêmes atrocités.
Le destin de ces enfants est entre les mains des autorités. L’inaction pourrait leur coûter la vie. Il est temps d'agir pour leur donner une chance de se reconstruire et de grandir dans un environnement sûr et aimant.
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