Nous avons constaté, aux dires d’Ahmed Khalifa Niasse, que l’un des fils d’emprunt et ex-premier ministre de Wade sera reçu bientôt au palais présidentiel. Toutes les présomptions convergeaient vers Idrissa Seck mais les choses ont pris une toute autre tournure ces derniers temps. La visite de Karime Wade chez Macky Sall à Fatick avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Par insouciance, le fils biologique avait déjà levé le coin du voile mais ce n’est qu’en ce moment que les sénégalais commencent à découvrir ce que cachait cette visite. Aujourd’hui, le voile est levé sur ce qu’on pourrait appeler le plan B de Wade, c’est-à dire faire de Macky son potentiel successeur. Nous avons tous entendu Wade dire au Khalife général des mourides: « Je sais très bien ce que je fais et vous avez la garantie que je ne plongerai pas le pays dans le feu ». Cette citation laisse même sous entendre un éventuel désistement au cas où le conseil constitutionnel invaliderait sa candidature. Dans ce cas, il fera sans doute appel à Macky Sall. Deux principales raisons justifient ce plan.
D’une part, le camp présidentiel a trouvé que seul Macky, qui est un passif, pourrait leur garantir un mandat avec zéro poursuite contre ces anciens caïmans voire ces faucons qui se sont tous enrichis de façon nébuleuse et illicite. Cette passivité s’inscrit dans les registres comportementaux de M. Sall. En effet, tout le monde est témoin de la mauvaise foi, de l’ingratitude et, surtout, du complot que Macky avait monté à l’endroit de Seck. D’ailleurs, son implication active dans le plus grand complot contre un homme politique a convaincu à M Wade que Macky est un homme aux principes très perméables. Cet homme est aussi une parfaite illustration de la fable des moutons de Panurge. Ce qui inspire le plus de pitié dans l’exécution d’Idrissa Seck, c’est qu’il a fini par demander pardon à ce dernier. De plus, étant le moteur des opérations menant à l’emprisonnement de Bara Tall, il a aussi ruiné son entreprise qui comptait plus de 2000 employés (Jean le Févre). Une fois sorti du PDS, il s’est mis à assister aux procès de ce dernier sous prétexte de le soutenir. Heureusement que le ridicule ne tue plus au Sénégal. Lui qui avait allumé le feu et qui l’a activé en laissant le prince universel (Karim) prendre toutes les décisions du gouvernement et signer tous les documents importants, il vient maintenant jouer au pompier, innocemment, en jouant la blanche colombe. Il oublie toutefois que les sénégalais se souviennent encore qu’il avait forcé le vote sans carte d’identité alors qu’il était une institution. Il oublie aussi que les sénégalais se souviennent de son litige foncier à la cité des almadies, celui-ci ayant envoyé des machines pour démolir la concession d’un commerçant sénégalais qui avait refusé de lui vendre son terrain. Il croit que les sénégalais ont oublié ce luxueux appartement qu’il s’est offert aux É.-U., alors qu’il souhaitait migrer au pays de l’oncle Sam. Il croit que le peuple a oublié qu’il a manipulé le fichier électoral, ce qui lui a valu la victoire en 2007, osant même remettre en cause la fiabilité du dit fichier lorsqu’il a quitté le PDS.
Non! Non! Non! Arrêtez de nous faire croire que tout est beau avec Macky! Les sénégalais ne sont pas amnésiques.
D’autre part, il y a quelque chose à comprendre du fait que Macky soit le directeur de campagne de Wade lors des élections présidentielles de 2007 et celles des législatives de la même année. Il a accompli sa mission avec brio alors qu’il a réussi à s’éjecter de la primature, non pas pour être nommé président du sénat, ce qui constituait une baisse de performance politique, mais bien pour être nommé Président de l’Assemblée nationale. En effet, Wade a préféré prendre le président de l’Assemblée nationale à l’époque (Pape Diop) pour le nommer président du sénat et faire de Macky, qui venait fraichement de la primature, le président de l’Assemblée nationale. Ces faits révèlent que la machine grippait entre les deux compagnons, ce qui laissait sous-entendre que les 7 milliards de Taiwan entre autres commençaient à faire effets. Comme Macky avait certainement trahi Wade, celui-ci voulait en finir de façon définitive avec le nouvel élu, président de l’Assemblée nationale. Avec la complicité de Mamadou Seck et certains membres du groupe libéral, Wade a réussi à faire introduire une requête pour l’audit de Karime Wade relativement à la gestion de l’ANOCI. Macky, qui ne voulait pas signer ce document d’audit, a par la suite été pris au piège. Ayant finalement signé la requête, cela lui a valu toute la colère de Wade. En effet, comme dit l’adage, qui veut noyer le chien d’autrui, l’accuse de rage. Ne sachant pas assumer pleinement ses responsabilités, Macky, le président de l’actuel APR, s’est rendu à Touba afin de demander à l’ex Khalife Feu Serigne Bara de jouer la médiation entre Wade et lui. Suite à cette demande formulée à Touba, Macky s’est mis à genoux au palais présidentiel pour lécher les bottes de Wade afin que ce dernier puisse revenir sur sa décision, celle-ci consistant à limoger Macky de l’Assemblée nationale et du comité directeur du PDS. En somme, alors que les militants utilisaient cette demande d’audit pour faire croire au peuple que Macky est transparent et honnête, il est important d’en comprendre tout le contraire.
Actuellement, le régime en place est en mode panique, car on a entendu un ex-ministre et directeur de communication du président dire, et je cite, « Si quelqu’un brûle ma maison, je brûlerai la sienne. ». On a aussi entendu le porte-parole du président dire, et je cite, « Si nous perdons aujourd’hui le pouvoir, la plupart d’entre nous iront en prison. ». Qui s’explique s’accuse disait l’autre. Ces allégations prouvent les raisons de leur acharnement contre Idrissa Seck. En effet, celui-ci compte poursuivre tous ceux qui ont occupé des postes et qui en sont sortis milliardaires, dont Macky Sall. Cependant, il faudrait être clair sur ce qui se dit présentement. Idrissa Seck n’a pas attaqué la personne de Macky, mais plutôt le PM Macky en tant qu’institution. Il met en lumière des actions qui ne révèlent pas d’une bonne gouvernance, c’est-à-dire la gestion des 7 milliards du contribuable que Macky a eu à dépenser de façon informelle, sans utiliser la procédure administrative, sans passer par le trésor public et encore moins par une loi de finances.
En outre, pour ceux qui savent lire entre les lignes, Djibo Ka l’actuel directeur de « FAL » est monté au créneau pour jouer l’avocat du diable. En effet, ce dernier affirme, à l’émission du grand jury, que Macky avait fait une gestion saine des 7 milliards et que les preuves se trouvent dans les archives. Le jeu est compris de tous maintenant, car l’agneau à sacrifier est Idrissa Seck. Ils essayent donc d’enfoncer le clou pour mieux discréditer ce dernier comme ils ont toujours eu à le faire. L’idée qui sous-tend ce jeu est claire à décrypter. Ils veulent éliminer le redoutable Idrissa de la course et ainsi faire de Macky leur candidat si Wade ne se présente pas. Dans le cas contraire, l’objectif sera d’aller au second tour avec Macky puisque, une fois président, il les sauvera. Pour ces faucons, tout candidat passif peut donc devenir président afin qu’ils puissent se sauver de la prison et mieux préserver les puits intarissables de leurs fortunes respectives. Fort heureusement, avec cette plaidoirie de Djibo en faveur de Macky, les sénégalais se diront que c’est le tortueux qui a encore parlé!
Le peuple sénégalais est un peuple brave, digne et très vigilant. Il est évident qu’il a compris toute cette farce et n’attend que le bon moment pour agir contre toute l’injustice qui sévit au pays depuis 2004 soit, bien entendu, après le départ d’Idrissa Seck.
Ababacar Thiam : (coordonnateur du comité veille et stratégie de Rewmi Canada)
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