Macky Sall sur le Yoonu Yokkuté, aussitôt parti déjà arrivé ? par Thierno Ba Thiakiry


Après le ballet des brillantes analyses produites à l'occasion de l'anniversaire de l'accession de Macky Sall au pouvoir, il s'agit ici d'attirer l'attention sur un fait très préoccupant : Macky Sall risque d'être le seul chef D'Etat sénégalais qui n'aura pas de second mandat. Pire, certains faisceaux indiquent clairement qu'il pourrait ne pas aller au terme du 1er mandat.
Ainsi, en 3 jets, nous verrons pourquoi le Président Macky Sall n'a pas eu d'Etat de grâce. Nous identifierons aussi et surtout les éléments annonciateurs d'une usure prématurée du pouvoir. Nous finirons par les raisons d'y croire, même un peu.



Pas D'Etat de Grâce



Enfonçons une porte ouverte : Macky Sall est le seul Chef d'Etat de l'ère moderne à ne pas avoir eu d'Etat de grâce. Ce qui s'explique, nous le verrons plus loin par la façon par laquelle il a accédé au pouvoir,
Encore plus préoccupant, le gouvernail ne semble pas être solidement tenu. Voilà pourquoi notre bateau semble dangereusement tangué. Macky Sall a-t-il fait le tour du pouvoir en moins de 365 jours ?

Nous sommes le 25 mars 2012 à l'hôtel Radisson Blu, dernier né des éden terrestres de Dakar, Macky Sall va prononcer son premier discours de Président élu. Il avait reçu quelques instants plus tôt ce coup de fil désormais traditionnel : en faisant sonner le téléphone de son ancien directeur de campagne le Président Wade sonnait aussi le glas de douze ans de magistère sans pour autant interrompre les « cinquante ans de régime libéral » que ce dernier appelait de ses vœux.

En prononçant ce discours, le désormais proclamé homme du 25 mars 2012 ne peut ignorer que c'est le début de la fin de son état de grâce.
Etat de grâce : période de 100 jours pendant laquelle les peuples sont généralement en béatitude devant leur nouveau dirigeant. Plus trivialement, c'est le temps qu'il faut à un peuple pour comprendre que les promesses et engagements jadis assénés - la main au cœur et les yeux au ciel - étaient mirifiques pour certains, irréalisables pour d'autres et surtout des vues de l'esprit dans l'ensemble.

« Les soldes sur tout dès le 3 avril 2012 »
Ainsi, l'on nous avait promis que les produits pétroliers allaient moins coûter chez nous qu'au Mali. D'autant plus que, disait-on avec assurance que «  les produits pétroliers qui alimentent le marché malien transitent par le port de Dakar ». Une grande arlésienne.

Un ministre conseiller du Président Macky Sall nous jurait que dès l'élection de celui-ci, alors candidat , ce serait le début des soldes : - 20%, -40% voire -60% sur le prix du riz, de l'huile, du sucre, du lait, de l'électricité, de l'eau, de l'air... Bref, tout serait soldé dès le mois suivant l'élection de Macky Sall. Nos ventres se rempliraient en même temps que nous remplirions les urnes du bulletin marron. Dans la même veine, n'oubliez pas que Youssou Ndour nous promettait l'organisation d'un méga concert pour lequel le billet d'entrée serait le bulletin du candidat perdant, Wade, Puis la bulle créée par cet économiste ne s'est pas dégonflée. Elle a fait pschiit dirait emphatiquement le Président Chirac,

Point de répit pour Macky Sall car il était l'un des deux survivants quand le nuage de fumée lacrymogène se fût dissipé par la magie des urnes. Il était rescapé du 1er tour. Le principal leitmotiv des 16 candidats moins 2 à l'élection présidentielle de février 2012 avait été d'occuper les places de l'Indépendance et de l'Obélisque qui représentent moins de 0,00000001 % du territoire de Dakar qui représente, elle-même, moins d'1 % de la superficie du Sénégal. Au-delà du caractère saugrenu et inefficient de la démarche, il se posait réellement un problème de sécurité. L'incendie, quoique probablement accidentel, du ministère des affaires Etrangères survenu le 31 janvier 2013 l'a prouvé a posteriori,
Pour en revenir, au cumulonimbus lacrymogène qui a embrumé la campagne électorale de 2012, les citoyens sénégalais ont été emmenés à désigner Abdoulaye Wade comme responsable. Dès lors, c'était moins l'adhésion au Yonnu Yokkuté qu'un certain désamour de Abdoulaye Wade qui s'exprimait.

Macky Sall pouvait surprendre positivement mais les premiers actes étaient autant d'erreurs. Première allocution, comme nous l'écrivions plus haut, devant un parterre trié sur le volet dans un hôtel de luxe. Que dis-je ? Un Palace. Aux frais des Goorgoorlous ?
Puis, prestation de serment dans un autre palace le bien nommé King Fahd Palace. Aux frais des goorgoolous ?
Quand son prédécesseur avait préféré la chaleur populaire du stade Léopold Sédar Senghor.

Puis arriva l'épisode de la déclaration de patrimoine que Macky Sall chercha en vain à dérober à nos yeux. Rappelez-vous, le Président de la République déclare avoir fait l'économie de ses biens devant le Conseil Constitutionnel. Un long mois d'entourloupes suffira pour découvrir que , contrairement à l'usage, quelques rares exemplaires du Journal Officiel- contenant ladite déclaration de patrimoine – avaient été imprimés et retirés minutieusement, Les Sénégalais découvriront ébahis l'ampleur de la bien nommée fortune de M. Sall. Les estimations les plus pessimistes l'évaluent à 2 milliards.
Un Président africain plus riche que le Président de la France! Vision banania. Quand on sait que François Hollande est énarque ayant occupé pendant des décennies des postes grassement rémunérés (Magistrat, Député, ,,,) alors que Macky Sall, non moins ingénieur géologue a travaillé moins de 10 ans, il y a ce pas que les populations ont franchi. L'homme qui se présentait en casi indigent, y compris auprès de ses plus proches collaborateurs est un de ses Crésus tropicaux qui s'est fait vite, très vite, Ou alors un midas qui aurait transformé en or tout ce qu'il eût touché entre 2000 et 2008

La poussière soulevée par cette déclaration de patrimoine n'est pas encore retombée car elle suscite d'autres questions. Qu'en est-il des liquidités et actifs détenus dans les établissements bancaires au Sénégal ? A l'extérieur ? Par exemple, aux Etats-Unis car s'il a acquis son appartement de Houston par mortgage, comme ils disent là-bas au pays des cow boys, cela signifie qu'il y détient au moins un compte bancaire affecté au paiement des mensualités.
Quid des bijoux de luxe ? Les amateurs de belles montres auront remarqué celles que portent le Président : Audemars Piguet, Blancpain, Cartier ou Bulgari dont le prix plancher selon le modèle au poignet présidentiel dépasse les 10 000 000 fcfa (15 000 euros). Un des meilleurs moyens de thésauriser.


Et Macky (re)créa la CREI

Et Macky créa la CREI qui agit tel un boomerang car personne ne peut honnêtement parler de fortune mal acquise sans penser à Malacquis oups,,,Macky Sall. Ainsi nul ne peut expliquer les biens déclarés du Président Macky Sall, ses partisans se contentant d'un « nous verrons après son mandat », du bout des lèvres réprimant mal la gêne unanimement ressentie.



Une licence d'exploration de pétrole accordée à un ...journaliste et ... diplomate


Le népotisme et le conflit d'intérêts réel n'ont jamais été autant pratiqués sous nos cieux. Une liste de nominations avérées de proches parents du Président circule sur internet. Elle interpelle tout patriote.
Ce qui interpelle encore plus, c'est cette licence d'exploration de pétrole accordée à Aliou Sall qui est le petit-frère de Macky Sall. Aliou Sall, journaliste de profession, nous apprend que cette licence lui avait été accordée par le Président Wade et délivrée par son frangin de Président. Deux remarques s'imposent :
1, sans aucune connaissance certifiée sur le pétrole, à quel titre le frère du Président Sall a-t-il obtenu ladite licence ?
2, si tant est que la licence a été accordée par le Président Wade, cela signifie que Aliou Sall était encore ministre conseiller à l'ambassade du Sénégal à Pékin. Un conflit d'intérêt flagrant qui aurait conduit à une annulation du contrat dans un Etat démocratique.

Nous en arrivons à ce qui a fini de convaincre les plus grands thuriféraires que la rupture promise donc due ne serait pas de mise. A titre d'illustration, l'une des premières nominations dès le 15 mai 2012 soit un mois après sa prise de fonction a été celle de Ndiogou Wack Seck, Pour ceux qui l'ignorent, ce journaliste était le redchef du quotidien pamphlétaire « Il est midi » qui avait pour mission principale et surtout unique d'injurier tous les opposants au Président Wade, Journal financé d'abord par Abdoulaye Wade puis ,,, Macky Sall à l'époque où ce dernier était Premier des ministres. Qui ne se rappelle pas que les journalistes de ce canard ne répugnaient pas à aller fouiller jusque dans le secret de la naissance des détracteurs du Président Wade?

Toujours dans le domaine de la communication, le Palais présidentiel a péché par une témérité inutile. Au sortir du scrutin de Février et Mars 2012, le Sénégal et les Sénégalais avaient besoin de s'éloigner de la politique et surtout de son exercice violent. Nous revenions de loin :
-depuis 2009, une cohabitation douloureuse du PDS au pouvoir avec une opposition arrivée en force aux manettes des mairies et communautés rurales dont les plus importantes; 
-depuis le 23 juin 2011, une tension permanente suscitée en partie par l'opposition d'alors qui sentait la fin de règne de Gorgui;
-depuis le 31 janvier 2012, date de la publication de la liste des candidats au scrutin présidentiel, jusqu'au 25 février 2012 date du 1er tour : FEU, SANG et GAZ LACRYMOGENE,



Macky Sall aurait pu imposer un cercle communicationnel vertueux. Il choisira l'inverse. Beaucoup sont convaincus que le mélodrame autour du dépôt-retrait de la candidature de Moustapha Cissé LO au perchoir de l'Assemblée Nationale était orchestré depuis le Palais de la République, Moustapha Niasse l'avait bien compris et en fut fortement irrité. Surtout quand Mbaye Ndiaye, ministre de l'Intérieur de l'époque vint « au nom de Macky Sall » ordonner aux députés de porter Moustapha Niasse au centre de l'hémicycle, Moustapha Cissé LO jouait le rôle du méchant flic et Macky Sall le bon, Pourquoi chercher à humilier un homme qui ne demandait qu'à entendre « Monsieur le Président » (même de l'Assemblée) avant de se retirer de la vie politique ?

Il en a été de même avec les « caisses laissées vides par Abdoulaye Wade » ainsi que des milliers de milliards prétendument volés. Voilà la recette pour créer et entretenir un climat de suspicion et de conflit latent incompatibles avec la création de richesses.

A suivre, "Usure prématurée du pouvoir"



Thierno Ba Thiakiry
Mercredi 3 Avril 2013
Thierno Ba Thiakiry




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