MEMORANDUM SUR LA SITUATION SENEGALAISE APRES LES MANIFESTATIONS DU 23 JUIN 2011

Entre le Printemps Arabe et le cauchemar Ivoirien, y a-t-il une voie sénégalaise ?

Alors que les sénégalais viennent de lui signaler, avec fracas, leur opposition à son projet de dévolution monarchique, aux tripatouillages constitutionnels et sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, Abdoulaye Wade, semble faire fi de la volonté populaire et se dirige vers une radicalisation qui présage de lendemains funestes pour le pays si rien n’est fait pour arrêter sa folle fuite en avant marqué du sceau des rumeurs alarmantes sur ses velléités de se procurer des armes pour mâter la contestation populaire et de recruter des mercenaires étrangers pour semer le trouble sans oublier un nouveau projet de loi pour museler les médias indépendants. C’est pourquoi nous en appellerons à la responsabilité des partenaires du Sénégal après avoir rappelé l’état des lieux du pays.


MEMORANDUM SUR LA SITUATION SENEGALAISE APRES LES MANIFESTATIONS DU 23 JUIN 2011

MEMORANDUM SUR LA SITUATION SENEGALAISE APRES LES MANIFESTATIONS DU 23 JUIN 2011
Entre le Printemps Arabe et le cauchemar Ivoirien, y a-t-il une voie sénégalaise ?

Alors que les sénégalais viennent de lui signaler, avec fracas, leur opposition à son projet de dévolution monarchique, aux tripatouillages constitutionnels et sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, Abdoulaye Wade, semble faire fi de la volonté populaire et se dirige vers une radicalisation qui présage de lendemains funestes pour le pays si rien n’est fait pour arrêter sa folle fuite en avant marqué du sceau des rumeurs alarmantes sur ses velléités de se procurer des armes pour mâter la contestation populaire et de recruter des mercenaires étrangers pour semer le trouble sans oublier un nouveau projet de loi pour museler les médias indépendants. C’est pourquoi nous en appellerons à la responsabilité des partenaires du Sénégal après avoir rappelé l’état des lieux du pays.

Les dérives économiques

Depuis son élection en 2000, Abdoulaye Wade démontre chaque jour le peu d'intérêt qu'il a pour le Sénégal et les sénégalais occupé qu'il est à longueur d'année à poser des actes d'enrichissement personnel corollaires d'actes de destruction de toutes les filières de production agricole (arachide), industrielle (SENELEC, ICS, SAR, SONACOS, SABADOLA), commerciale (création d’une nouvelle compagnie aérienne sur base d’asphyxie volontaire de Air Sénégal International, suppression du contrôle économique entraînant les spéculations sur les denrées de première nécessité) ou touristique (instauration d’une nébuleuse taxe RDIA pour financer un nouvel aéroport permettant la spoliation et la spéculation sur les terres de l'actuel aéroport et rendant la destination non concurrentielle)….

Des centaines de milliards ont été dilapidés par le Clan Wade dans des dépenses aussi inutiles que somptuaires telles que la fameuse statue de la renaissance qui fait la risée du Monde ou le spectacle du Festival mondial des arts nègres organisé par sa fille Sindjely lassé de son précédent terrain de jeu, le rallye paris Dakar, et plus récemment dans l’acquisition de l’ancien avion du gouvernement français après avoir détourné et gaspillé les milliards du contribuable dans la réfection de la Pointe de Sangomar.

Quand au fils Karim Wade, Ministre aux multiples casquettes, publiquement accusé de gabegie et de mauvaise gestion dans la préparation d'un sommet de l'OCI qui n’a duré que 2 jours en 2008 à Dakar, il continue de voir son nom mêlé à des scandales financiers (nébuleuses SUDATEL, MILLICOM ou GLOBAL VOICE) et a avoué son impuissance face au problème de l’énergie en promettant la fin des délestages pour 2014 tout en oubliant de préciser l’origine des fonds avec lesquels il s’est payé un vaste appartement sur l’avenue Foch de Paris. 800 milliards (1,22 Milliard €) ont été prétendument investis pour améliorer la fourniture électrique alors que la situation est pire qu’avant 2000 malgré le doublement du prix de l’électricité fourni aux ménages et aux agents économiques.

Des centaines de milliards qui auraient pu servir à trouver des solutions aux nombreux problèmes des sénégalais, dont celui de l’électricité n’est pas le moindre puisque les sénégalais ont été ramenés à l’âge de la bougie, ont été en effet détournés par des responsables du régime. Et ces crimes économiques ne sont pas punis puisque Wade a fait voter une loi enlevant tout droit de poursuite au juge saisi pour chef d’enrichissement illicite ou de blanchiment d’argent par la Cellule nationale de lutte contre le blanchiment de l’argent (CENTIF).

Que dire de cette récente autre loi donnant les pleins pouvoirs à Wade, ses ouailles et à son gouvernement de continuer à s’accaparer et à vendre les terres du domaine national au plus offrant et au mépris des règles séculaires de gestion du foncier sénégalais.

Les dérives sociales

Les gouvernements successifs de Wade ont rendu impossible à un sénégalais de gagner sa vie décemment, ou même de survivre sans avoir recours à des subsides ou à la mendicité. Au lieu de s'intéresser au sort calamiteux des populations sénégalaises dont une grande partie vit dans des zones inondées à la merci de toutes les pandémies, Abdoulaye WADE, son super ministre de fils et les autres membres de son gouvernement narguent les sénégalais en faisant voter des lois consacrant l’impunité et la mal gouvernance allant jusqu’à traiter les sénégalais, pris à la gorge d’une hausse des prix sans précédent, d’intolérants face au rationnement de l’électricité.

L'instrumentalisation de la justice par le Président méprise et bafoue en permanence les droits de l’homme par l’application d’intimidations et d’arrestations ou d’emprisonnements arbitraires et d’autres actes répréhensibles au regard des droits humains.

Pendant que le peuple sénégalais n’a ni emploi décent, ni logement, ni couverture médicale alors que les pires maladies ont fait leur réapparition sous le régime libéral, une oligarchie mise en place par Wade se prend pour une aristocratie non basée sur la vertu ou le mérite mais sur l’incompétence et la soif de richesse.

La Laïcité du Sénégal est garantie par la Constitution en son article 1er. Mais, en pratique, par le fait de comportements religieux partisans elle est de moins en moins laïque et la démocratie y est en danger car le régime de Me Abdoulaye WADE ne convient guère aux républicains. Les récentes dérives de Wade tentant de diviser les obédiences religieuses sénégalaises pour mieux régner sont encore fraiches dans nos mémoires. Les tentatives répétées de saper la cohésion sociale en s’attaquant à une religion sont indignes d’un chef d’Etat qui se dit démocrate.

Les dérives politiques : la goutte d’eau qui a fait déborder le vase

C’est cette crise nationale multisectorielle qui sape les fondements de l'Etat, de la Nation, de la République, de la démocratie et des libertés, que Wade veut perpétuer en osant se déclarer, au mépris du bons sens au vu de son âge et en violation de la constitution, candidat à la future élection présidentielle de février 2012 qu’il s’attèle à verrouiller et à torpiller en bloquant le processus de délivrance des cartes d’identité privant ainsi des centaines de milliers de sénégalais de l’inscription sur les listes électorales.

L’autisme du chef de l’Etat, l’absence de dialogue politique, le blocage du fonctionnement du Comité chargé de veiller sur le bon déroulement du processus électoral sont autant de faits lourds de danger pour la stabilité nationale.

Conscient du désamour et du rejet des sénégalais, Wade a voulu faire adopter en catimini et en procédure d’urgence une loi tendant à instaurer un ticket Président/Vice Président élu à la majorité simple de 25 % des voix exprimés.

Face à cette nième tentative de tripatouillage de la Charte fondamentale à 8 mois des élections avec la complicité d’une représentation populaire dévoyée, le peuple sénégalais qui s’était montré jusqu’ici suffisamment patient avec Wade, n’a eu d’autre choix que d’exprimer pacifiquement son désaccord et son opposition à cette forfaiture anticonstitutionnelle et impopulaire car le peuple sénégalais a le droit de choisir librement ses représentants dans le respect des règles républicaines.

Malheureusement, rien ne nous dit que Wade ait renoncé à son funeste projet car son silence assourdissant n’augure rien de bon. Ne vient-il pas de proposer un projet de loi tendant à museler une presse indépendante sans laquelle il ne serait jamais porté à la magistrature suprême ? Ne vient-il pas de positionner des blindés sur les principaux axes routiers de la capitale donnant à Dakar les allures d’une ville en état de siège ? La rumeur lui prête même d’avoir laissé recruté par son camp des mercenaires étrangers chargés de s’en prendre aux figures de l’opposition et de la société civile.

Dans son entêtement caractéristique des fins de règne, tout indique que Wade voudrait se relever et se venger de l’humiliation infligée par le peuple, seul souverain, en demandant à ses troupes de se mettre en ordre de bataille et en essayant de se procurer des moyens de répressions à l’extérieur. Car Wade pense trouver peut-être à l’étranger un soutien qu’il ne trouve pas à l’intérieur de son propre pays.

Les dérives diplomatiques : A quoi joue le Président Sarkozy ?

C’est une lapalissade de dire que le gouvernement de Me Wade a isolé notre nation, entaché le lustre de notre diplomatie et altéré nos relations avec la communauté internationale. Et ce n’est pas la poignée de main volée par Karim Wade au Président Obama qui va changer la perception négative qu’ont les USA sur la gouvernance des Wade. Les fameuses dépêches diplomatiques de l’Ambassade des USA au Sénégal sont éloquentes à ce sujet. De même, les positions de Mme l’Ambassadrice des USA sont là pour rappeler que les USA se rangent et se rangeront toujours du côté du peuple sénégalais illustrant ainsi une parfaite harmonie d’avec le discours d’Accra d’Obama.

Tout le contraire du jeu auquel se livrent actuellement l’Exécutif français via son chef et la cellule africaine de l’Elysée. La position diplomatique française souffre en effet de l’éviction de Christophe Ruffin qui avait l’habitude de tenir un langage de vérité à Wade et qui ne souffrait guère l’intrusion de l’axe diplomatique (du mal !) Guéant-Bourgi sur la scène des relations franco-africaines. Le dit Guéant par l’entremise de Robert Bourgi n’a-t-il pas reçu Karim Wade à plusieurs reprises alors que ce dernier n’avait ni titre ni qualité pour représenter les intérêts sénégalais ?

Où est la fameuse rupture promise par Sarkozy ? L’ère de la Francafrique ne sera donc jamais révolue sous Sarkozy ? Le Président français a-t-il suffisamment mesuré les risques d’un soutien indéfectible à un Vieux Président affaibli politiquement, dans sa volonté de transmettre le pouvoir à un fils honni par la population ? Sarkozy a-t-il tiré leçon de l’expérience chaotique de sa diplomatie parallèle dans les révoltes tunisienne et égyptienne ?

Sarkozy ne comprend t-il pas que les Sénégalais ne laisseront pas se renouveler chez eux une dévolution du pouvoir à la togolaise ou à la gabonaise ? Rien n’est moins sûr lorsque l’on voit le président français, à une tribune réservée à des chefs d’Etats lors du dernier sommet du G8, héler le fils Wade pour le faire monter et saluer le président américain sous le regard satisfait de son papa de Président. Ce qui ne s’est jamais vu à notre connaissance.

Sarkozy et Abdoulaye Wade, qui a été le 1er chef d’Etat de la planète à se rendre à Benghazi, dans la Lybie, en guerre, escortée par des avions de chasse français, ont-ils conclu un « Deal » sur le dos des peuples français et sénégalais pour des intérêts bassement claniques ou personnels ?

Autant de questions que se posent les sénégalais qui attendent une position officielle du gouvernement français face à leurs revendications.

Les revendications de la Diaspora sénégalaise de France

Le règne de Abdoulaye Wade est assurément marquée du sceau de la mal gouvernance, de la gabegie et de l’accaparement des ressources publiques en toute impunité par un clan, de la hausse effrénée des prix, du rationnement de l’électricité obérant la productivité nationale et le bien être des populations, des inondations dans lesquelles vivent les sénégalais et du désespoir inaugurant l’ère des suicides par le feu et maintenant des manifestations populaires spontanées après les vagues d’émigration sauvage sur des embarcations de fortunes.

Pour éviter au Sénégal le syndrome du printemps arabe ou pire le syndrome Ivoirien avec comme conséquence une déstabilisation de la région, il est temps que les dirigeants des pays amis et partenaires du Sénégal (surtout la France dont la qualité des liens historiques avec le peuple sénégalais gagnerait à être préservée) lui intiment l’ordre d’arrêter ses dérives sous peine d’être traduit, lui et ses affidés, devant les instances juridictionnelles internationales. C’est la seule manière de retrouver la voie sénégalaise : celle du dialogue, de la démocratie et de l’alternance pacifique initiée par Senghor et mise en œuvre par Abdou Diouf et qui a valut au vieux Président d’être élu à la tête du Sénégal.

Cette voie sénégalaise de résolution des conflits politiques et sociaux passera nécessairement par le respect d’un certain nombre de principes et de règles démocratiques dont les forces vives de la Nation sénégalaise regroupées au sein du Mouvement du 23 juin 2011 ont fait état et que nous reprenons, pour l’essentiel, à notre compte. C’est ainsi que nous, sénégalais de la Diaspora en France, exigeons :

1. une déclaration publique d’Abdoulaye Wade (86 ans) renonçant à se présenter à la prochaine élection présidentielle et s’engageant à garantir des élections libres et transparentes à date échue ;
2. l’arrêt immédiat du découpage des collectivités territoriales gagnées par l’opposition lors des dernières élections locales ;
3. la démission de Karim Wade de ses multiples fonctions ministérielles pour un arrêt immédiat de la gestion patrimoniale et familiale de l’Etat ;
4. la démission des ministres partisans de l’Intérieur et de la Justice qui sont les clés de voute du système électoral ;
5. la mise sur pied d’une Commission électorale indépendante chargé d’organiser les futures élections ;
6. le limogeage du Consul du Sénégal à paris, M. Léopold Faye pour sa complicité dans la tentative de Wade de confiscation de la volonté populaire et son attitude inqualifiable vis-à-vis de la Communauté sénégalaise vivant à Paris ;

Nous en appelons à la responsabilité et à l’engagement de chaque français et de chaque représentant du peuple français, sans distinction de bord politique ou d’appartenance, afin que les règles et principes ci-dessus dégagés soient respectés pour que le Sénégal ne devienne pas la nouvelle zone d’instabilité de l’Afrique occidentale. Car une évolution vaut mieux qu’une révolution.

Pour faire entendre la voix des sénégalais de France, nous manifesterons le mercredi 06 juillet devant l'assemblée nationale française de 14 H à 16H 30 et nous remettrons le présent Mémorandum aux représentants du peuple français afin que nul n'en ignore et ne puisse dire « on ne savait pas ».

Signé : Amicale des travailleurs sénégalais de France - BSS de France -
Lundi 4 Juillet 2011
Oumar Ndiaye




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