Les quatre prochains mois qui précèdent la fin de l’année 2015 seront déterminants pour l’avenir notre planète Terre et l’héritage que nous laisserons aux générations futures. En effet, l’humanité s’apprête à vivre deux événements majeurs internationaux qui pourront ouvrir la voie à un nouveau chapitre de la lutte contre le changement climatique.
Du 30 novembre au 11 décembre 2015, les États membres des Nations Unies devront se réunir à Paris, dans le cadre de la 21e conférence internationale sur les changements climatiques, pour conclure un accord contraignant sur le climat. Cet accord aura pour objectifs de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et ainsi limiter à 2 degrés Celsius le réchauffement climatique mondial, conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
La conférence de Paris sera précédée par un sommet des Nations Unies à New York, du 25 au 27 septembre 2015, consacré à l’adoption d’un nouveau programme de développement durable pour l’après-2015. Il s’agit en effet des nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD) que les États veulent se fixer pour orienter leurs actions en faveur d’un développement durable et équitable, afin d’améliorer les conditions de la vie humaine. Ces nouveaux Objectifs s’appuieront naturellement sur les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui arrivent à échéance à la fin de l’année 2015.
Mais, même s’il convient de reconnaitre que des progrès notables ont été réalisés pour atteindre les OMD, il y a lieu de noter néanmoins que la pauvreté est loin d'avoir été éradiquée. Certaines régions du monde n’ont pas encore un accès à l’eau potable indispensable à la vie et à l’énergie électrique nécessaire pour une activité économique.
Il est donc important que les décideurs politiques et économiques, tant au niveau international, national qu’au niveau local, prennent conscience que le réchauffement climatique est irréversible et nuit énormément au bien-être des humains. Et, qu’il est temps maintenant de prendre des mesures d'urgence et des solutions novatrices réalistes pour lutter efficacement contre le changement climatique.
Tous les efforts de lutte contre le changement climatique devraient tenir compte à la fois des problèmes liés au développement durable, au développement socioéconomique, à l’équité et l'égalité sociale pour réellement combattre la pauvreté et améliorer les conditions de la vie humaine.
La forêt comme une des solutions au réchauffement climatique
Les scientifiques spécialisés dans les questions de changement climatique sont d’avis que l’augmentation des émissions de GES expose inévitablement la planète Terre au réchauffement climatique. Ils reconnaissent également que les forêts jouent un rôle important dans le processus de réduction des émissions de GES, dans la mesure où elles contribuent au stockage de carbone et à l’atténuation des émissions anthropiques. En effet, les arbres retiennent le CO2 par le mécanisme de la photosynthèse, rejetant l’O2 et stockant le carbone atmosphérique.
Dans une étude menée par les chercheurs de University College London et University of Leeds au Royaume-Uni, les auteurs notent par ailleurs que les forêts tropicales représentent plus de la moitié du patrimoine boisé mondial et sont le principal foyer de biodiversité.
L’Assemblée générale des Nations Unies a, dans une résolution déclarant l’Année internationale de la forêt, rappelé également que :
« Les forêts sont une partie intégrante du développement mondial durable : les activités économiques relatives aux forêts ont une incidence sur l’existence de 1,6 milliard de personnes au plan mondial, apportent des bienfaits socioculturels, servent de fondement aux savoirs autochtones et, en tant qu’écosystèmes, jouent un rôle primordial en matière d’atténuation des répercussions des changements climatiques et de protection de la biodiversité ».
Incontestablement, la forêt fait partie intégrante des solutions pour un développement durable.
Forêt du bassin du Congo et lutte contre le changement climatique
Avec plus de 200 millions d’hectares de la forêt tropicale, le bassin du Congo en l’Afrique centrale est le second poumon écologique du monde et le plus grand réservoir de biodiversité en Afrique. Cette forêt libère de l’oxygène indispensable à la vie de toute l’humanité, mais force est de reconnaitre honnêtement que les populations locales qui se privent des avantages qu’ils auraient pu tirer de son exploitation, ne reçoivent pas nécessairement une rétribution juste et équitable, correspondant aux sacrifices qu’ils endurent pour garder intact cette forêt au bénéfice de toute l’humanité.
Nous ne devons pas perdre de vue qu’en Afrique subsaharienne, la forêt est un élément vital du mode de vie traditionnel et une ressource socio-économique pour les populations locales. Plusieurs centaines de millions de personnes ne disposant pas de l’énergie électrique, dépendent quasi quotidiennement de la forêt pour leur survie, notamment en se servant du bois pour la construction de cabane; de la biomasse pour cuisiner, se chauffer, s’éclairer; de la chasse et la cueillette pour se nourrir; mais aussi des racines et écorces d’arbre (substances médicamenteuses) pour se soigner, etc.
Accès au financement pour lutter contre le changement climatique
Pour utiliser le langage politiquement correct, disons que certains pays pauvres ne sont pas en mesure d’aller chercher suffisamment des ressources financières disponibles au niveau international pour assumer les coûts d’adaptation et d’atténuation aux effets climatiques. En effet, plusieurs obstacles d’ordre technique se dressent à eux, les empêchant d’accéder équitablement aux instruments de financements internationaux destinés à soutenir tous les efforts d’adaptation et d’atténuation aux effets climatiques.
Très souvent, en entend également dire que les pays pauvres manquent des ressources humaines capables de comprendre la complexification des mécanismes internationaux de financement et de présenter à temps des projets qui répondent aux exigences des bailleurs de fonds. Ceux qui parviennent tout de même à présenter des projets selon les standards exigés, reçoivent des sommes « dérisoires » qui ne correspondent pas du tout aux besoins d’adaptation et d’atténuation aux effets du climat.
Au regard de tout ce que précède, il apparaît clairement que la préservation de l’immense ressource forestière du bassin du Congo n’est pas seulement pour le bien-être de populations locales, il l’est également pour l’humanité toute entière, dans la mesure où cette forêt contribue à la réduction des émissions de GES à échelle mondiale.
Investir dans le développement des énergies renouvelables pourrait faire d'une pierre deux coups dans la préservation de la forêt : à la fois procurer de l’énergie à un prix abordable à la population locale qui utilise la biomasse pour cuisiner, se chauffer et s’éclairer; mais également stimuler l’activité économique pour sortir l’humain de la pauvreté.
Par contre, ne pas investir dans la préservation de cette importante ressource forestière qui contribue à limiter le réchauffement climatique mondial, c’est laisser le bassin du Congo à la merci de « prédateurs », à la recherche effrénée du lucre, qui coupent à la tronçonneuse les arbres et saignent à blanc la forêt tropicale pour extraire des grumes de bois brut destinées à l’exportation.
Ainsi, avec la déforestation qui se poursuit à une vitesse grand V, la dégradation de la forêt du bassin du Congo aura des conséquences néfastes, non seulement pour les populations locales qui en dépendent, mais également pour population mondiale qui bénéficient du bienfait de cette forêt.
Isidore KWANDJA NGEMBO a été Analyste des politiques à la direction des affaires internationales sur le changement climatique au ministère de l’environnement du Canada et Conseiller à la direction d’Afrique centrale au ministère des affaires étrangères et commerce international du Canada.
Du 30 novembre au 11 décembre 2015, les États membres des Nations Unies devront se réunir à Paris, dans le cadre de la 21e conférence internationale sur les changements climatiques, pour conclure un accord contraignant sur le climat. Cet accord aura pour objectifs de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et ainsi limiter à 2 degrés Celsius le réchauffement climatique mondial, conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
La conférence de Paris sera précédée par un sommet des Nations Unies à New York, du 25 au 27 septembre 2015, consacré à l’adoption d’un nouveau programme de développement durable pour l’après-2015. Il s’agit en effet des nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD) que les États veulent se fixer pour orienter leurs actions en faveur d’un développement durable et équitable, afin d’améliorer les conditions de la vie humaine. Ces nouveaux Objectifs s’appuieront naturellement sur les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui arrivent à échéance à la fin de l’année 2015.
Mais, même s’il convient de reconnaitre que des progrès notables ont été réalisés pour atteindre les OMD, il y a lieu de noter néanmoins que la pauvreté est loin d'avoir été éradiquée. Certaines régions du monde n’ont pas encore un accès à l’eau potable indispensable à la vie et à l’énergie électrique nécessaire pour une activité économique.
Il est donc important que les décideurs politiques et économiques, tant au niveau international, national qu’au niveau local, prennent conscience que le réchauffement climatique est irréversible et nuit énormément au bien-être des humains. Et, qu’il est temps maintenant de prendre des mesures d'urgence et des solutions novatrices réalistes pour lutter efficacement contre le changement climatique.
Tous les efforts de lutte contre le changement climatique devraient tenir compte à la fois des problèmes liés au développement durable, au développement socioéconomique, à l’équité et l'égalité sociale pour réellement combattre la pauvreté et améliorer les conditions de la vie humaine.
La forêt comme une des solutions au réchauffement climatique
Les scientifiques spécialisés dans les questions de changement climatique sont d’avis que l’augmentation des émissions de GES expose inévitablement la planète Terre au réchauffement climatique. Ils reconnaissent également que les forêts jouent un rôle important dans le processus de réduction des émissions de GES, dans la mesure où elles contribuent au stockage de carbone et à l’atténuation des émissions anthropiques. En effet, les arbres retiennent le CO2 par le mécanisme de la photosynthèse, rejetant l’O2 et stockant le carbone atmosphérique.
Dans une étude menée par les chercheurs de University College London et University of Leeds au Royaume-Uni, les auteurs notent par ailleurs que les forêts tropicales représentent plus de la moitié du patrimoine boisé mondial et sont le principal foyer de biodiversité.
L’Assemblée générale des Nations Unies a, dans une résolution déclarant l’Année internationale de la forêt, rappelé également que :
« Les forêts sont une partie intégrante du développement mondial durable : les activités économiques relatives aux forêts ont une incidence sur l’existence de 1,6 milliard de personnes au plan mondial, apportent des bienfaits socioculturels, servent de fondement aux savoirs autochtones et, en tant qu’écosystèmes, jouent un rôle primordial en matière d’atténuation des répercussions des changements climatiques et de protection de la biodiversité ».
Incontestablement, la forêt fait partie intégrante des solutions pour un développement durable.
Forêt du bassin du Congo et lutte contre le changement climatique
Avec plus de 200 millions d’hectares de la forêt tropicale, le bassin du Congo en l’Afrique centrale est le second poumon écologique du monde et le plus grand réservoir de biodiversité en Afrique. Cette forêt libère de l’oxygène indispensable à la vie de toute l’humanité, mais force est de reconnaitre honnêtement que les populations locales qui se privent des avantages qu’ils auraient pu tirer de son exploitation, ne reçoivent pas nécessairement une rétribution juste et équitable, correspondant aux sacrifices qu’ils endurent pour garder intact cette forêt au bénéfice de toute l’humanité.
Nous ne devons pas perdre de vue qu’en Afrique subsaharienne, la forêt est un élément vital du mode de vie traditionnel et une ressource socio-économique pour les populations locales. Plusieurs centaines de millions de personnes ne disposant pas de l’énergie électrique, dépendent quasi quotidiennement de la forêt pour leur survie, notamment en se servant du bois pour la construction de cabane; de la biomasse pour cuisiner, se chauffer, s’éclairer; de la chasse et la cueillette pour se nourrir; mais aussi des racines et écorces d’arbre (substances médicamenteuses) pour se soigner, etc.
Accès au financement pour lutter contre le changement climatique
Pour utiliser le langage politiquement correct, disons que certains pays pauvres ne sont pas en mesure d’aller chercher suffisamment des ressources financières disponibles au niveau international pour assumer les coûts d’adaptation et d’atténuation aux effets climatiques. En effet, plusieurs obstacles d’ordre technique se dressent à eux, les empêchant d’accéder équitablement aux instruments de financements internationaux destinés à soutenir tous les efforts d’adaptation et d’atténuation aux effets climatiques.
Très souvent, en entend également dire que les pays pauvres manquent des ressources humaines capables de comprendre la complexification des mécanismes internationaux de financement et de présenter à temps des projets qui répondent aux exigences des bailleurs de fonds. Ceux qui parviennent tout de même à présenter des projets selon les standards exigés, reçoivent des sommes « dérisoires » qui ne correspondent pas du tout aux besoins d’adaptation et d’atténuation aux effets du climat.
Au regard de tout ce que précède, il apparaît clairement que la préservation de l’immense ressource forestière du bassin du Congo n’est pas seulement pour le bien-être de populations locales, il l’est également pour l’humanité toute entière, dans la mesure où cette forêt contribue à la réduction des émissions de GES à échelle mondiale.
Investir dans le développement des énergies renouvelables pourrait faire d'une pierre deux coups dans la préservation de la forêt : à la fois procurer de l’énergie à un prix abordable à la population locale qui utilise la biomasse pour cuisiner, se chauffer et s’éclairer; mais également stimuler l’activité économique pour sortir l’humain de la pauvreté.
Par contre, ne pas investir dans la préservation de cette importante ressource forestière qui contribue à limiter le réchauffement climatique mondial, c’est laisser le bassin du Congo à la merci de « prédateurs », à la recherche effrénée du lucre, qui coupent à la tronçonneuse les arbres et saignent à blanc la forêt tropicale pour extraire des grumes de bois brut destinées à l’exportation.
Ainsi, avec la déforestation qui se poursuit à une vitesse grand V, la dégradation de la forêt du bassin du Congo aura des conséquences néfastes, non seulement pour les populations locales qui en dépendent, mais également pour population mondiale qui bénéficient du bienfait de cette forêt.
Isidore KWANDJA NGEMBO a été Analyste des politiques à la direction des affaires internationales sur le changement climatique au ministère de l’environnement du Canada et Conseiller à la direction d’Afrique centrale au ministère des affaires étrangères et commerce international du Canada.
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