Lettre ouverte à Maître Abdoulaye Wade,
Président de la République du Sénégal,
لبـسم الله الر حمان الر حيم
Au Nom d'Allah, le Tout Puissant, le Miséricordieux.
Les réactions suscitées par votre projet de ticket présidentiel, au niveau de l'opinion nationale et internationale, m'amènent à vous écrire cette lettre, sous le sceau du patriotisme et du respect dû à votre rang.
J'ai écrit cette lettre avec les larmes aux yeux, parce que j’avais promis à mes amis de ne plus adresser mes vives critiques qu’à votre entourage médiocre qui continue de vous gâcher la fête. Mais malheureusement, excellence, votre projet est porteur de dangers pour le Sénégal et pour la sous région et m’oblige à m’adresser à vous. À en juger les réactions, le problème dépasse de loin les frontières nationales. Il inquiète les démocrates du monde entier d'où la clameur populaire
Excellence, Monsieur le Président,
Plus personne au Sénégal et en Afrique ne doute de votre courage et de votre patriotisme. Valeurs qui vont permis entre autres, de gagner la confiance des Sénégalais en 2000, puis en 2007.
Certainement que vous êtes animés par le souci de parachever la démocratie sénégalaise en la hissant au sommet des modèles cités en exemple à travers le monde. Malheureusement, c'est l'opportunité d'un tel projet qui fait jaser les Sénégalais et les démocrates du monde entier.
J'espère que cette fois-ci, vous allez retirer ce projet. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Et je vous le demande dans l'intérêt du Sénégal et avec la plus grande solennité. Ce pays a trop souffert, durant ces dernières décennies. Il ne mérite pas une crise de plus.
Le contexte politique national et régional ne s'y prête. Votre projet ne s'accommode pas à l'esprit de cohésion sociale. Au contraire. Il porte les germes de l'instabilité, de la division et de la haine. Il est en cela le reflet de l'épaisseur de votre vision politique pour le Sénégal.
À tort ou à raison, tout le monde vous soupçonne de vouloir imposer votre fils aux sénégalais, comme cela s'est fait ailleurs. Et sur cette question, vous n'avez pas été clair avec les Sénégalais. Ton fils non plus ! Ta famille politique encore moins. Rien n'a été fait pour dissiper les soupçons de rêve dynastique qu'on vous prête. Au contraire, chaque jour qui passe, vous avancez d'un pion vers cet objectif. Tout, dans votre attitude d'hier à aujourd'hui indique que vous voulez imposer aux Sénégalais Karim Meïssa Wade. Scandale. Sacrilège. Vos meilleurs amis s'emmurent dans le silence. Les Sénégalais sont aujourd'hui la risée populaire. Certaines compétences qui vous entourent sont peinées. Ils souffrent de voir l'état de déconfiture de ce pays.
Excellence, Monsieur le Président,
Ce pays vous a tout donné. Il vous a vu naître, grandir et vieillir. Son peuple a fait de vous le troisième président du Sénégal. Vous n'avez pas le droit de nous mener au naufrage collectif. Ce pays nous est cher. Nous le défendrons contre vents et marées. Avez-vous jugé l'opportunité d'un tel projet à l'aune de la crispation politique actuelle ? Si vous ne l'avez pas fait, c'est grave.
À ce moment important de notre histoire, je souhaite de la part de tous les sénégalais, sans restriction aucune, où qu'ils se trouvent, qu'ils cessent les polémiques inutiles, qu'ils regardent l'avenir et renouent avec les pratiques du dialogue et de la patience. Je m'adresse là à ceux qui sont prêts à tout, puisqu'ils pensent qu'ils ont tout perdu avec vous. La patience est la clef de la délivrance. "As Sabr Miftahul Farahj"
Excellence, Monsieur le Président,
L'Afrique et le monde entier vous regardent aujourd'hui, après votre descente controversée à Benghazi. Coup médiatique certes, mais faute diplomatique, que le Sénégal payera cash.
Au regard des multiples crises sous votre magistère, et sans être fataliste, je donne raison à une éminente personnalité sénégalaise qui confessait sous le sceau de l'anonymat ce qui suit "Thiat moo topp NGourou Abdoulaye Wade".
Dès lors, je suis tenté de vous poser une simple question. Avez-vous vraiment compris le sens du 19 mars 2000 ? Ce jour, le peuple vous avez demandé de mettre de l'ordre, vous avez semé le désordre. Il vous avait demandé de ressemble les sénégalais, vous avez semé la division et la haine en leur sein. Il voulait que vous arrêtiez le gaspillage de nos maigres ressources, vous avez fait le contraire. Toutes les institutions de la République qui forçaient jadis l'image de respectabilité de ce pays ont été démolies. Vous avez insulté l'intelligence des sénégalais en réduisant leur pays à un ring où tous les coups sont permis.
Excellence, Monsieur le Président,
À présent, je vous invite un instant à méditer le témoignage de Tiabas Houlaï Berrnard dans son œuvre "Cicatrices de ma douleur", parue au premier trimestre 2011, puisque vous êtes le capitaine du navire. À ce citre, "vous n'avez pas le droit de transmettre aux générations futures les souffrances les plus cruelles d'une période qui doit disparaître".
Je vous en supplie, Excellence, retirez votre projet avant qu'il ne soit trop tard.
Excellence, Monsieur le Président,
Certainement que cet auteur ivoirien ne vous inspire pas grand-chose, je voudrais emprunter les réflexions de Pierre Calame, ancien haut fonctionnaire français et auteur de plusieurs essais sur le rôle et la place de l'État dans les sociétés contemporaines : "Le premier objectif de la gouvernance est d'apprendre à vivre et à gérer pacifiquement la maison commune, d'y assurer les conditions de survie, de la paix et de l'épanouissement "de grâce, retirez ce projet au risque d'être débarqué. Le Sénégal a été épargné par les conférences nationales. Il doit aussi échapper aux révoltes arabes de type Jasmin.
Excellence, Monsieur le Président.
En bon kAYORIEN que vous êtres, je voudrais terminer par vous rappeler l'anecdote du fou à qui on avait confié la gestion village, pendant les populations étaient parties à une fête. La suite vous la connaissez mieux que moi. Je voudrais qu'au moment de quitter le pouvoir, le Sénégal et l'Afrique retiennent de vous l'homme politique immortel et engagé qui aura le plus contribué à enrichir la démocratie sénégalaise.
À partir de ce moment, les Sénégalais auront de bonnes raisons de continuer à s'inspirer de vous, en reconnaissance éternelle au chantre de la démocratie qui aura au cœur de ses préoccupations le Sénégal et non sa famille politique et/ou biologique. En tant que leader d’opinion, je suis devenu marre à bout.
Dans cet espoir, Veuillez agréer Excellence, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments de profonde gratitude.
Serigne Abdou Samath MBACKE
Modou Faty Hhary,
Secretaire General du
Mouvement Africain Pour la Rénovation Social
Site : www.mars.sn
E-mail : partimars@gmail.com
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