Tous les observateurs avertis de la situation politique du Sénégal sont aujourd'hui unanimes que la situation est explosive dans le pays et qu'une autre candidature illégale d’Abdoulaye Wade mettrait le pays dans une situation d'ingouvernabilité évidente. La situation insoutenable dans laquelle vivent les populations mérite qu'une analyse soit faite des effets probables qu'une candidature forcée de Wade et de sa bande pourrait engendrer. Ces conséquences sont très nombreuses, mais une analyse succincte me permet de m'arrêter sur quelques points importants.
Au lendemain des élections de 2000, beaucoup de sénégalais avaient pensé que la page de la démocratie était ouverte et que, désormais, ce vent démocratique soufflerait à jamais sur le Sénégal. À la surprise générale, le régime libéral en place a modifié négativement tous les leviers sur lesquels se fondait ce renouveau démocratique: le mandat quinquennal, la suppression d'institutions inutiles et budgétivores comme le Sénat ou le Conseil économique et social, etc. Et il est tout heureux que la dernière pilule du passage à 25% et du colistier aient été rejetés par tout un peuple. Si cette forfaiture était passée, rien ne serait resté de la réforme constitutionnelle de 2001. Le pays a tellement perdu la substance de sa démocratie qu'il y a aujourd'hui une demande sociale tangible de retrouver des institutions démocratiques, capables de remettre le pays sur le sentier de la stabilité.
Il est également évident que le souffrance de tout un peuple, qui a du mal à se nourrir, se vêtir et se loger pèse sur la balance du respect des institutions. Pour beaucoup de sénégalais, il n'est plus question que Wade et son groupe s'arrogent une interprétation inexacte de la loi fondamentale pour continuer à entretenir leur misère. Dans l'inconscient collectif, toute misère a une fin et il n'est plus question de se fonder sur l'unique solution fatale de la foi pour une transition démocratique. Le sénégalais, connu pour son endurance, a atteint la limite de l'acceptable au vu de toutes les corruptions à grande échelle et de la répartition inégale de la richesse. Cette répartition, en l'espace de quelques années, a transformé les dignitaires du pouvoir en milliardaires insolents. Elle est d'autant plus inéquitable que les ressources et les terres et du pays sont détournées à des fins de prestige alors que la population vit les pieds dans l'eau et dans une obscurité insupportable. Même les sénégalais de la diaspora n'échappent pas à cette gestion catastrophique. Par exemple, le coût des appels téléphoniques vient de passer de 0,25 $CAD la minute à 44 $CAD la minute, soit une augmentation de 76%, rendant très difficile la communication pour les immigrés. La finalité de toute cette avidité c'est que les immigrés vont financer la campagne de Wade contre leur gré.
Enfin, le contexte international marqué par le printemps arabe, fait naître dans l'esprit de beaucoup de sénégalais que de telles révolutions seraient possibles au Sénégal si Wade veut défier la logique populaire et la constitution de son pays. Et tout mouvement en ce sens, qui viendrait du Sénégal, pourrait déclencher un hiver africain dont la finalité serait de déboulonner tous les autres dictateurs africains qui s'accrochent à leur siège. Comme le disait Wade lui-même: « le Sénégal est le pays par lequel tout un continent respire ». Il est donc bien évident que s'il déclenche une révolution au Sénégal, le continent risque bien de vouloir respirer le vent d'une démocratie véritable.
Ibrahima Gassama
Économiste spécialisé en développement durable, Canada
Courriel : igassama@gmail.com
Au lendemain des élections de 2000, beaucoup de sénégalais avaient pensé que la page de la démocratie était ouverte et que, désormais, ce vent démocratique soufflerait à jamais sur le Sénégal. À la surprise générale, le régime libéral en place a modifié négativement tous les leviers sur lesquels se fondait ce renouveau démocratique: le mandat quinquennal, la suppression d'institutions inutiles et budgétivores comme le Sénat ou le Conseil économique et social, etc. Et il est tout heureux que la dernière pilule du passage à 25% et du colistier aient été rejetés par tout un peuple. Si cette forfaiture était passée, rien ne serait resté de la réforme constitutionnelle de 2001. Le pays a tellement perdu la substance de sa démocratie qu'il y a aujourd'hui une demande sociale tangible de retrouver des institutions démocratiques, capables de remettre le pays sur le sentier de la stabilité.
Il est également évident que le souffrance de tout un peuple, qui a du mal à se nourrir, se vêtir et se loger pèse sur la balance du respect des institutions. Pour beaucoup de sénégalais, il n'est plus question que Wade et son groupe s'arrogent une interprétation inexacte de la loi fondamentale pour continuer à entretenir leur misère. Dans l'inconscient collectif, toute misère a une fin et il n'est plus question de se fonder sur l'unique solution fatale de la foi pour une transition démocratique. Le sénégalais, connu pour son endurance, a atteint la limite de l'acceptable au vu de toutes les corruptions à grande échelle et de la répartition inégale de la richesse. Cette répartition, en l'espace de quelques années, a transformé les dignitaires du pouvoir en milliardaires insolents. Elle est d'autant plus inéquitable que les ressources et les terres et du pays sont détournées à des fins de prestige alors que la population vit les pieds dans l'eau et dans une obscurité insupportable. Même les sénégalais de la diaspora n'échappent pas à cette gestion catastrophique. Par exemple, le coût des appels téléphoniques vient de passer de 0,25 $CAD la minute à 44 $CAD la minute, soit une augmentation de 76%, rendant très difficile la communication pour les immigrés. La finalité de toute cette avidité c'est que les immigrés vont financer la campagne de Wade contre leur gré.
Enfin, le contexte international marqué par le printemps arabe, fait naître dans l'esprit de beaucoup de sénégalais que de telles révolutions seraient possibles au Sénégal si Wade veut défier la logique populaire et la constitution de son pays. Et tout mouvement en ce sens, qui viendrait du Sénégal, pourrait déclencher un hiver africain dont la finalité serait de déboulonner tous les autres dictateurs africains qui s'accrochent à leur siège. Comme le disait Wade lui-même: « le Sénégal est le pays par lequel tout un continent respire ». Il est donc bien évident que s'il déclenche une révolution au Sénégal, le continent risque bien de vouloir respirer le vent d'une démocratie véritable.
Ibrahima Gassama
Économiste spécialisé en développement durable, Canada
Courriel : igassama@gmail.com
Autres articles