Les élites sénégalaises contraintes au changement ?


Les élites sénégalaises contraintes au changement ?
Le 25 mars 2012, le suffrage populaire a mis fin au pouvoir de Wade et de ses acolytes. Le peuple sénégalais a confirmé ce qu’il avait fait en 2000, prouvant ainsi qu’il est la seule constante en politique. Le discours de campagne de celui qui a reçu ses suffrages était cohérent et conforme à ses aspirations profondes.
Notre pays a montré qu’il s’est résolument engagé à rompre avec tout ce qui lui peut lui rappeler ses douze dernières années d’humiliation, de frustration, d’injustice et de marasme économique. En définitive, il a choisi le changement maintenant. C’est cela qu’il demande à ses élites au premier rang desquelles se trouve le Chef de l’Etat.
Les élites sénégalaises visées par mon propos sont exactement celles que le grand journaliste Abdou Latif Coulibaly a identifiées dans son livre, Une démocratie prise en otage par ses élites, publié en 2006. Il y fait un diagnostic sérieux et sans complaisance de toutes les dérives de mal gouvernance imputables aux élites du régime de Wade qui ont précipité notre pays dans le gouffre économique où il se trouve actuellement.
Le changement réclamé par le peuple sénégalais ne peut pas se concrétiser sans l’implication réelle et sincère de ses élites. Suivant le contenu qu’on met dans le concept, on reconnaît que le changement est un produit puissant qui permet à une organisation d’améliorer sa performance afin d’assurer sa survie.
En vérité, l’ère d’un Président « Léviathan » entretenant et protégeant impunément la corruption et la concussion comme l’a été Wade, est définitivement révolue au Sénégal ; les élites doivent en être conscientes. Les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin présidentiel prouvent incontestablement que notre pays est peuplé de citoyens, observateurs avertis qui réclament des comptes à leurs élites. C’est un changement inéluctable qu’il leur impose.
La réalisation du changement nécessaire pour une performance collective d’un Etat ne s’acquiert pas par miracle. C’est un processus qu’il faut commencer dès maintenant. Demain, il sera trop tard. Nos élites doivent adopter de nouveaux comportements, de nouvelles attitudes afin de pouvoir entraîner les exécutants. Depuis 2000, les élites sénégalaises, infectées par le virus de la mal gouvernance, se sont appuyées sur leurs certitudes systèmiques pour fonctionner et agir aussi bien dans leur vie personnelle, politique que professionnelle.
Ce sont ces certitudes qu’il va falloir remettre en question si elles veulent changer. En effet, elles doivent changer de valeurs, d’attitudes et de normes. Il leur faut passer d’une culture à une autre. Bref, on leur demande de mourir un peu… et de renaître… C’est une épreuve difficile mais surmontable grâce à l’institution de deux formes de communication : la première, formelle et permanente concerne la gestion des affaires publiques. Le Chef de l’Etat doit tenir au respect de ce principe qu’il devra, en bon coach, inculquer aux autres élites. Cette marque d’humilité lui rappellera en toute circonstance sa qualité de simple mandataire du peuple. La seconde, fait appel au théâtre populaire, non censuré et bien encadré par des professionnels. Avec des objectifs précis, ce genre comique peut impulser aux élites un changement de comportement sans les heurter ; c’est là une piste de réflexion pour le nouveau Ministre de la culture.

Pr Papa Aboubacar TOURE, SG du FDSS.
Jeudi 12 Avril 2012
Papa Aboubacar TOURE




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