Bas les masques ! L’opposition sénégalaise aurait-elle fini par se dévoiler et par dévoiler la vraie nature de ses ambitions, de son projet et de son combat ? Il apparaît que son engagement est davantage orienté à assouvir une soif de pouvoir que consacrerait la station de président de la République qu’a réellement servir l’intérêt exclusif et supérieur du peuple, ainsi du moins que le prétendent tous les discours. S’il n’en était pas ainsi, il aurait été possible de s’entendre… entre eux, au prix du sacrifice qu’exige cet intérêt supérieur dont il est toujours question dans tous les discours des politiques.
La mise en place des Bennos, car il y a plusieurs regroupements politiques qui se réclament de la même obédience, est apparue finalement comme une mascarade, un pur — pire — jeu de politique politicienne. C’est un grand leurre dans lequel ils sont tombés eux-mêmes, en se ferrant à l’hameçon qu’ils ont soigneusement choisi, peut-être de bonne foi au début, mais certainement par naïveté. La lueur entrevue de barrer la route à Wade par l’unité de l’opposition bute sur la question que l’on n’a pas voulu vraiment se poser depuis le début : « Qui choisir pour être le président de la République ? » ; mais ici aussi « le partage du butin », que l’on croit proche, est l’occasion de conflits, de rudes conflits internes qui font que les meilleurs « amis » d’hier, oubliant même pour un moment celui qu’ils considèrent comme leur seul adversaire déclaré, Maître Abdoulaye, sont devenus aujourd’hui les pires ennemis, en se livrant une bataille rangée avec force déclarations, invectives, déballages et autres insanités au grand dam de ceux qu’ils veulent séduire et dont ils briguent les suffrages. Les bombes puantes, les cafards et les cadavres ressortent du fond des tiroirs de la discorde et des vieilles rancœurs et rancunes.
Toute cette belle concorde d’alors n’était-elle donc que factice, poudre aux yeux, jeu de cache-cache, mirage, tromperie de la population ? Il faut, certes, reconnaître et même admettre avec eux, que le choix ou plutôt le désistement d’un candidat au profit de l’autre, entre Niasse et Tanor, est difficile, mais qu’est-ce qui donc les empêche d’en discuter et d’en informer eux-mêmes les électeurs, pour réfléchir avec eux, autour d’une table, des voies et moyens de sortie de crise, au lieu de cette indifférence muette, de cet haimour — « haine et amour » — que l’on s’évertue en vain de cacher ?
Seulement, plus ça change, plus c’est la même chose ! Ça fuse de partout, les jets de pierre, comme des étudiants en grève ! de tous côtés, en cassant même, au passage, des crânes d’innocents ! Allons-donc, tous ces messieurs qui veulent nous gouverner, de la hauteur, s’il vous plaît, car l’heure est grave d’un Sénégal qui attend beaucoup mieux de tous ses dirigeants, de tous bords, pour muter définitivement, en se débarrassant de ses vieilles entraves de sous-développement : corruption, pesanteurs sociales, culte de la personne et promotion de la médiocrité… Les bonnes vieilles habitudes sont bien coriaces qui reviennent, hélas, au galop quand on croit les avoir enterrées.
C’est pourquoi, dès le début, par manque de perspicacité voire de rigueur intellectuelle ou alors de perspective politique, la coalition ou le rassemblement, ou l’unité de ces partis, ou les Bennos — c’est comme on veut — était vouée à l’échec et a fini par n’enfanter que du vent et par puer le soufre. En effet, la réussite enregistrée aux dernières élections locales et le succès des assises nationales, toutes choses qui ont permis de penser qu’unis on pouvait arriver à quelque chose de positif, ne pouvaient pas avoir le même aboutissement ni la même portée, s’agissant du choix du candidat de l’opposition pour la présidence de la République. On s’en rend compte maintenant, pour avoir omis de mesurer et d’apprécier à leur juste valeur, en toute objectivité, les obstacles majeurs de blocage, prévisible, d’un tel choix.
Il a subsisté ou subsiste encore trop de contradictions ou de paradoxes dans cette unité-là ou dans ces divers Bennos. D’abord, on proclame que la candidature de Wade ne se fera pas. Qu’ils ne l’accepteront pas, qu’elle est irrecevable. N’est-ce pas ce qui est dit ? Premier paradoxe : pourtant, il est fait comme si cette candidature-là était déjà avalisée et recevable, et qu’il faut compter avec elle. C’est justement ce qui motive leur coalition, sinon pourquoi chaque parti politique, qui se sent fort et sûr de lui, n’irait-il pas tout seul aux élections ou avec ses alliés « traditionnels » ? Mais c’est, me semble-t-il, Maître Wade qui est et demeure la cible unique et commune, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, qui motive cette coalition de partis des plus divers et des plus antinomiques, au vu de leurs histoire, trajectoire, perspective, idéologie… Deuxième paradoxe : « cette candidature ne se fera pas », dit-on ; mais, bien que le Conseil constitutionnel ne leur inspire aucune confiance, il est dit quand même : « Il faut laisser le Conseil constitutionnel décider en toute souveraineté », mais l’on ajoute que s’il décidait en faveur de la recevabilité, ce ne sera pas accepté. Il faut se décider à opter pour une ligne précise : ou bien on est décidé pour dire que Wade ne sera pas candidat et qu’il ne se présentera pas et alors pas de coalition et pas besoin d’attendre le verdict du Conseil ; ou bien on attend le verdict et, de fait, on accepte plus ou moins l’idée de la validation de sa candidature… On note que c’est cette ligne qui prévaut.
On a vu ce qui s’est passé ces derniers jours avec le clash provoqué par « l’élection », qui ne serait pas prévue et qui serait une cabale contre le PS, désignant Moustapha Niasse comme candidat de Benno. Alors il s’en est ensuivi un nouvel éclatement, car il y’en avait déjà un auparavant avec la création de Benno alternative 2012, qui avait jugé trop lentes et incertaines les négociations quant au choix du candidat. Que se passe-t-il aujourdhui ? On voit que cette dernière coalition, dont certains membres auraient, dit-on, siégé lors de la désignation de Niasse par Benno siggil Sénégal, est en train de recruter, elle aussi, des candidats à présenter, dont Niasse lui-même, déjà investi ailleurs, ce qui est tout de même assez cocasse et paradoxal. Quelle triste confusion, constatée depuis le début d’ailleurs ou certains partis qui font partie de Benno, par principe ne le sont que par principe. Ils y sont comme ça de nom sans vraiment y être…
Il est encore soutenu que des candidats peuvent être choisis par les divers démembrements et chacun d’entre eux peut aussi légitimement jouir du label Benno. Où est donc le vrai Benno ? Où se trouve la légitimité de tel ou tel candidat dans tout cet imbroglio ? Ce serait là un autre, et peut-être le troisième paradoxe majeur, qui a conduit à cette confusion sémantique, trop intellectualiste au regard de l’immense majorité de la population, entre le candidat de l’unité et le candidat de l’unicité, subtilités conceptuelles sans aucune réalité opératoire qui contribuent à reculer pour ne pas avoir à sauter et qui, au fond, masquent une mésentente profonde annonçant la discorde constatée. Que de finauderies pour une population qui s’attend à du simple et à du concret, mais pas à ces calculs savants d’intellectuels, bardés de diplômes et d’expérience de politique politicienne, mais si aveuglés par des positionnements partisans.
Cette confusion a, depuis le début, et encore maintenant, pour effets et conséquences les nombreux désistements de responsables politiques ou de personnalités de la société civile, qui ne savent plus où donner de la tête. Que dire des électeurs potentiels qui souhaitaient voter pour eux ? C’est une véritable débâcle avant le match ; c’est pourquoi, il est annoncé de part et d’autre le rappel des troupes. Il faudrait dresser la liste de ceux qui ont claqué la porte, de part et d’autre des Bennos, en décrivant leurs griefs, justifiés ou non, pour se rendre compte du manque de méthode et surtout de clairvoyance politique de ces alliés, qui auraient, il faut le dire, plus en vue le pouvoir et le partage du fromage que l’intérêt supérieur du Sénégal. Sinon comment et pourquoi ne pas s’entendre sur l’essentiel ?
Maintenant que l’échec ou que les échecs sont constatés dans les divers Bennos en lice, il est beaucoup fait état de critères pour départager des candidats à la candidature. Le Benno dissident en énumère 6 et le Benno-mère en avait 10, qui concernaient, moins le candidat lui-même que, bien davantage, une posture à adopter relative à une certaine adhésion aux conclusions des assises nationales, et le fameux critère de représentativité, qui avantage le Parti socialiste. Dans une certaine mesure, on comprend que le PS y tienne, à ce critère, même si dans l’optique de départ de Benno, il ne s’agissait nullement pour les autres partis d’apporter leur soutien au PS, mais d’être des alliés à part entière, de véritables partenaires à part égale. Mais personne n’avait vraiment souhaité poser des questions de fond et parler le langage de vérité qui, probablement, auraient fâché les uns et les autres et auraient précipité la rupture.
Pour rappel, je suis le tout premier à avoir publié dans la presse, dans une contribution relative au choix du profil du futur président de la République du Sénégal, les 10 critères que j’estimai être les plus objectifs possibles. Au vu des réactions suscitées par l’article, pour continuer et approfondir la réflexion, le Laboratoire de l’imaginaire a organisé une table ronde au musée Théodore Monod d’art africain, le jeudi 20 octobre 2011, sur le même thème avec le sous-titre : pour une prospective politique électorale sans parti pris. Les conférenciers ont, après de longues discussions, isolé et retenu 10 critères qui concernent non pas, comme dans le cas de Benno, des programmes, engagements, promesses et vœux pieux que l’on peut ne pas tenir une fois au pouvoir, mais des critères qui s’intéressent explicitement à la personnalité, à l’expérience, à la compétence des candidats.
Ces critères peuvent permettre d’opérer le choix du candidat en s’appuyant sur ce que l’on sait de lui, sur du concret et non sur des adhésions à des programmes communs, car une élection présidentielle se joue beaucoup sur l’appréciation de la personnalité des individus. Il fallait donc commencer par là, par le commencement, mais on a voulu attendre, différer, pour finir maintenant par s’interroger sur les personnalités elles-mêmes et non sur les partis. Après le clash, bien entendu.
Il faudrait rappeler que le Sénégal n’est pas un fromage. On a besoin de travail, de rigueur, d’éthique, de créativité, de dépassement, d’imagination, d’innovation, de toutes les qualités et valeurs humaines qui développent une nation et civilisent un peuple. Le fromage attire, certes, un nombre pléthorique de candidats à la présidence de la République, des plus sérieux aux plus fantaisistes. Un immense gruyère pour les souris entrepreneuses et hardies ! Il paraît que c’est la démocratie… Soit, mais elle a bon dos, la démocratie. C’est plutôt une sorte de jeu parfois grossier de positionnement et de racolage, comme le font ces belles de nuit, pour pouvoir après s’offrir au plus offrant. On pourrait l’éviter en exigeant le paiement du tiers de la caution pour avoir le droit de se présenter, de se déclarer comme candidat, ce serait une sorte de soumission en somme, remboursable avec les 2/3 restants si l’on satisfait à l’obtention du nombre de voix requis. On réduirait considérablement toute ces candidatures de pacotille.
Je conclurai par une exhortation adressée à tous les jeunes de ce pays, aux étudiants en particulier : À vos plumes, jeunes compatriotes, pour apporter votre quote-part au combat pour le Sénégal du futur et pour cela sus à l’ethnie ravageuse des politiciens sans idéal et sans éthique, au groupe souterrain et mielleux des marabouts aveuglés par l’argent et par les honneurs, à la tribu vivace et coriace des femmes dilapidatrices, au peuple malin et servile des griots et des laudateurs, toute une horde qui, au Sénégal, sans cesse, tire vers le bas. De l’air ! de l’air pur, on étouffe.
Si je voulais postuler pour la présidence, comme c’est de mode dans tous les milieux, ce serait-là, dans cette exhortation au combat, mon unique programme, du moins pour mon premier mandat : car il faut, d’abord, avoir le courage de recadrer les imaginaires vers des lendemains plus fertiles pour pouvoir, ensuite, bâtir l’avenir de ce pays. N’étant d’aucun parti, j’ai voulu en ma qualité de vigile, intellectuel et universitaire, contribuer ainsi tant soit peu à susciter quelque débat fécond et à bousculer les vieilles certitudes.
La mise en place des Bennos, car il y a plusieurs regroupements politiques qui se réclament de la même obédience, est apparue finalement comme une mascarade, un pur — pire — jeu de politique politicienne. C’est un grand leurre dans lequel ils sont tombés eux-mêmes, en se ferrant à l’hameçon qu’ils ont soigneusement choisi, peut-être de bonne foi au début, mais certainement par naïveté. La lueur entrevue de barrer la route à Wade par l’unité de l’opposition bute sur la question que l’on n’a pas voulu vraiment se poser depuis le début : « Qui choisir pour être le président de la République ? » ; mais ici aussi « le partage du butin », que l’on croit proche, est l’occasion de conflits, de rudes conflits internes qui font que les meilleurs « amis » d’hier, oubliant même pour un moment celui qu’ils considèrent comme leur seul adversaire déclaré, Maître Abdoulaye, sont devenus aujourd’hui les pires ennemis, en se livrant une bataille rangée avec force déclarations, invectives, déballages et autres insanités au grand dam de ceux qu’ils veulent séduire et dont ils briguent les suffrages. Les bombes puantes, les cafards et les cadavres ressortent du fond des tiroirs de la discorde et des vieilles rancœurs et rancunes.
Toute cette belle concorde d’alors n’était-elle donc que factice, poudre aux yeux, jeu de cache-cache, mirage, tromperie de la population ? Il faut, certes, reconnaître et même admettre avec eux, que le choix ou plutôt le désistement d’un candidat au profit de l’autre, entre Niasse et Tanor, est difficile, mais qu’est-ce qui donc les empêche d’en discuter et d’en informer eux-mêmes les électeurs, pour réfléchir avec eux, autour d’une table, des voies et moyens de sortie de crise, au lieu de cette indifférence muette, de cet haimour — « haine et amour » — que l’on s’évertue en vain de cacher ?
Seulement, plus ça change, plus c’est la même chose ! Ça fuse de partout, les jets de pierre, comme des étudiants en grève ! de tous côtés, en cassant même, au passage, des crânes d’innocents ! Allons-donc, tous ces messieurs qui veulent nous gouverner, de la hauteur, s’il vous plaît, car l’heure est grave d’un Sénégal qui attend beaucoup mieux de tous ses dirigeants, de tous bords, pour muter définitivement, en se débarrassant de ses vieilles entraves de sous-développement : corruption, pesanteurs sociales, culte de la personne et promotion de la médiocrité… Les bonnes vieilles habitudes sont bien coriaces qui reviennent, hélas, au galop quand on croit les avoir enterrées.
C’est pourquoi, dès le début, par manque de perspicacité voire de rigueur intellectuelle ou alors de perspective politique, la coalition ou le rassemblement, ou l’unité de ces partis, ou les Bennos — c’est comme on veut — était vouée à l’échec et a fini par n’enfanter que du vent et par puer le soufre. En effet, la réussite enregistrée aux dernières élections locales et le succès des assises nationales, toutes choses qui ont permis de penser qu’unis on pouvait arriver à quelque chose de positif, ne pouvaient pas avoir le même aboutissement ni la même portée, s’agissant du choix du candidat de l’opposition pour la présidence de la République. On s’en rend compte maintenant, pour avoir omis de mesurer et d’apprécier à leur juste valeur, en toute objectivité, les obstacles majeurs de blocage, prévisible, d’un tel choix.
Il a subsisté ou subsiste encore trop de contradictions ou de paradoxes dans cette unité-là ou dans ces divers Bennos. D’abord, on proclame que la candidature de Wade ne se fera pas. Qu’ils ne l’accepteront pas, qu’elle est irrecevable. N’est-ce pas ce qui est dit ? Premier paradoxe : pourtant, il est fait comme si cette candidature-là était déjà avalisée et recevable, et qu’il faut compter avec elle. C’est justement ce qui motive leur coalition, sinon pourquoi chaque parti politique, qui se sent fort et sûr de lui, n’irait-il pas tout seul aux élections ou avec ses alliés « traditionnels » ? Mais c’est, me semble-t-il, Maître Wade qui est et demeure la cible unique et commune, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, qui motive cette coalition de partis des plus divers et des plus antinomiques, au vu de leurs histoire, trajectoire, perspective, idéologie… Deuxième paradoxe : « cette candidature ne se fera pas », dit-on ; mais, bien que le Conseil constitutionnel ne leur inspire aucune confiance, il est dit quand même : « Il faut laisser le Conseil constitutionnel décider en toute souveraineté », mais l’on ajoute que s’il décidait en faveur de la recevabilité, ce ne sera pas accepté. Il faut se décider à opter pour une ligne précise : ou bien on est décidé pour dire que Wade ne sera pas candidat et qu’il ne se présentera pas et alors pas de coalition et pas besoin d’attendre le verdict du Conseil ; ou bien on attend le verdict et, de fait, on accepte plus ou moins l’idée de la validation de sa candidature… On note que c’est cette ligne qui prévaut.
On a vu ce qui s’est passé ces derniers jours avec le clash provoqué par « l’élection », qui ne serait pas prévue et qui serait une cabale contre le PS, désignant Moustapha Niasse comme candidat de Benno. Alors il s’en est ensuivi un nouvel éclatement, car il y’en avait déjà un auparavant avec la création de Benno alternative 2012, qui avait jugé trop lentes et incertaines les négociations quant au choix du candidat. Que se passe-t-il aujourdhui ? On voit que cette dernière coalition, dont certains membres auraient, dit-on, siégé lors de la désignation de Niasse par Benno siggil Sénégal, est en train de recruter, elle aussi, des candidats à présenter, dont Niasse lui-même, déjà investi ailleurs, ce qui est tout de même assez cocasse et paradoxal. Quelle triste confusion, constatée depuis le début d’ailleurs ou certains partis qui font partie de Benno, par principe ne le sont que par principe. Ils y sont comme ça de nom sans vraiment y être…
Il est encore soutenu que des candidats peuvent être choisis par les divers démembrements et chacun d’entre eux peut aussi légitimement jouir du label Benno. Où est donc le vrai Benno ? Où se trouve la légitimité de tel ou tel candidat dans tout cet imbroglio ? Ce serait là un autre, et peut-être le troisième paradoxe majeur, qui a conduit à cette confusion sémantique, trop intellectualiste au regard de l’immense majorité de la population, entre le candidat de l’unité et le candidat de l’unicité, subtilités conceptuelles sans aucune réalité opératoire qui contribuent à reculer pour ne pas avoir à sauter et qui, au fond, masquent une mésentente profonde annonçant la discorde constatée. Que de finauderies pour une population qui s’attend à du simple et à du concret, mais pas à ces calculs savants d’intellectuels, bardés de diplômes et d’expérience de politique politicienne, mais si aveuglés par des positionnements partisans.
Cette confusion a, depuis le début, et encore maintenant, pour effets et conséquences les nombreux désistements de responsables politiques ou de personnalités de la société civile, qui ne savent plus où donner de la tête. Que dire des électeurs potentiels qui souhaitaient voter pour eux ? C’est une véritable débâcle avant le match ; c’est pourquoi, il est annoncé de part et d’autre le rappel des troupes. Il faudrait dresser la liste de ceux qui ont claqué la porte, de part et d’autre des Bennos, en décrivant leurs griefs, justifiés ou non, pour se rendre compte du manque de méthode et surtout de clairvoyance politique de ces alliés, qui auraient, il faut le dire, plus en vue le pouvoir et le partage du fromage que l’intérêt supérieur du Sénégal. Sinon comment et pourquoi ne pas s’entendre sur l’essentiel ?
Maintenant que l’échec ou que les échecs sont constatés dans les divers Bennos en lice, il est beaucoup fait état de critères pour départager des candidats à la candidature. Le Benno dissident en énumère 6 et le Benno-mère en avait 10, qui concernaient, moins le candidat lui-même que, bien davantage, une posture à adopter relative à une certaine adhésion aux conclusions des assises nationales, et le fameux critère de représentativité, qui avantage le Parti socialiste. Dans une certaine mesure, on comprend que le PS y tienne, à ce critère, même si dans l’optique de départ de Benno, il ne s’agissait nullement pour les autres partis d’apporter leur soutien au PS, mais d’être des alliés à part entière, de véritables partenaires à part égale. Mais personne n’avait vraiment souhaité poser des questions de fond et parler le langage de vérité qui, probablement, auraient fâché les uns et les autres et auraient précipité la rupture.
Pour rappel, je suis le tout premier à avoir publié dans la presse, dans une contribution relative au choix du profil du futur président de la République du Sénégal, les 10 critères que j’estimai être les plus objectifs possibles. Au vu des réactions suscitées par l’article, pour continuer et approfondir la réflexion, le Laboratoire de l’imaginaire a organisé une table ronde au musée Théodore Monod d’art africain, le jeudi 20 octobre 2011, sur le même thème avec le sous-titre : pour une prospective politique électorale sans parti pris. Les conférenciers ont, après de longues discussions, isolé et retenu 10 critères qui concernent non pas, comme dans le cas de Benno, des programmes, engagements, promesses et vœux pieux que l’on peut ne pas tenir une fois au pouvoir, mais des critères qui s’intéressent explicitement à la personnalité, à l’expérience, à la compétence des candidats.
Ces critères peuvent permettre d’opérer le choix du candidat en s’appuyant sur ce que l’on sait de lui, sur du concret et non sur des adhésions à des programmes communs, car une élection présidentielle se joue beaucoup sur l’appréciation de la personnalité des individus. Il fallait donc commencer par là, par le commencement, mais on a voulu attendre, différer, pour finir maintenant par s’interroger sur les personnalités elles-mêmes et non sur les partis. Après le clash, bien entendu.
Il faudrait rappeler que le Sénégal n’est pas un fromage. On a besoin de travail, de rigueur, d’éthique, de créativité, de dépassement, d’imagination, d’innovation, de toutes les qualités et valeurs humaines qui développent une nation et civilisent un peuple. Le fromage attire, certes, un nombre pléthorique de candidats à la présidence de la République, des plus sérieux aux plus fantaisistes. Un immense gruyère pour les souris entrepreneuses et hardies ! Il paraît que c’est la démocratie… Soit, mais elle a bon dos, la démocratie. C’est plutôt une sorte de jeu parfois grossier de positionnement et de racolage, comme le font ces belles de nuit, pour pouvoir après s’offrir au plus offrant. On pourrait l’éviter en exigeant le paiement du tiers de la caution pour avoir le droit de se présenter, de se déclarer comme candidat, ce serait une sorte de soumission en somme, remboursable avec les 2/3 restants si l’on satisfait à l’obtention du nombre de voix requis. On réduirait considérablement toute ces candidatures de pacotille.
Je conclurai par une exhortation adressée à tous les jeunes de ce pays, aux étudiants en particulier : À vos plumes, jeunes compatriotes, pour apporter votre quote-part au combat pour le Sénégal du futur et pour cela sus à l’ethnie ravageuse des politiciens sans idéal et sans éthique, au groupe souterrain et mielleux des marabouts aveuglés par l’argent et par les honneurs, à la tribu vivace et coriace des femmes dilapidatrices, au peuple malin et servile des griots et des laudateurs, toute une horde qui, au Sénégal, sans cesse, tire vers le bas. De l’air ! de l’air pur, on étouffe.
Si je voulais postuler pour la présidence, comme c’est de mode dans tous les milieux, ce serait-là, dans cette exhortation au combat, mon unique programme, du moins pour mon premier mandat : car il faut, d’abord, avoir le courage de recadrer les imaginaires vers des lendemains plus fertiles pour pouvoir, ensuite, bâtir l’avenir de ce pays. N’étant d’aucun parti, j’ai voulu en ma qualité de vigile, intellectuel et universitaire, contribuer ainsi tant soit peu à susciter quelque débat fécond et à bousculer les vieilles certitudes.
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