Le "Joola": un rendez-vous manqué


Le "Joola": un rendez-vous manqué
Dans la matinée du 27 septembre 2002, la musique jungle de la radio Walfadjri retentissait pour annoncer aux Sénégalais la mauvaise nouvelle. Le « Joola » en partance de Ziguinchor pour rallier Dakar, venait de chavirer aux larges des côtes gambiennes. Incroyable mais vrai ! Le bilan a été lourd : 1863 morts et disparus (selon le bilan officiel) et plus 2000 victimes, selon l’association des familles des victimes.
Ce fut une occasion inédite pour l’Etat du Sénégal de faire régner la justice en mettant toutes les personnes impliquées devant leur responsabilité. Etant donné qu’il s’agit d’une catastrophe qui a coûté la vie à des pères et mères de famille, à des enfants à la fleur de l’âge etc. Si faute, il y a de leur part les sanctionner sévèrement. Une manière de dire : « Plus jamais ça ».
Comme qui dirait « à toute fin utile, malheur y est bon ». Le naufrage du « Joola » devait pousser les gouvernants à faire régner la rigueur. Partout, où cela est exigé. Puisqu’on ne le dira jamais assez, c’est le laxisme, le laisser faire, la négligence qui ont été à l’origine de cet accident malheureux. Le bateau qui était surchargé, s’était même incliné du côté gauche.
Comme si de rien n’était. Après quelques jours de pause puisque le drame leur hantait l’esprit, les Sénégalais ont renoué avec leurs vieilles habitudes. Les surcharges ont repris de plus bel dans les véhicules de transport en commun : les « car rapide », « tata » et autres. Et, on laisse faire jusqu’à ce qu’il y ait un autre le « Joola » (qu’on ne souhaite pas), pour intervenir.
Hélas ! 9 ans après le drame, que nenni. Aucun responsable n’a été jugé ni sanctionné. L’Etat pousse les victimes à l’oubli, le film de l’événement malheureux demeure. Dommage ! Au Sénégal, le dossier a été classé sans suite puisque, dit-on, le commandant, seul responsable à bord, considéré comme auteur principal, a péri. Les familles des victimes qui n’ont que leurs yeux pour pleurer, se trouvent divisées. L’Etat du Sénégal qui se voit responsable en tant que propriétaire du bateau a accepté de dédommager une partie des victimes. Ces dernières ont perçu chacune 10.000.000F Cfa à titre de dédommagement. Au moment où près de 26% d’entre elles réclament que justice soit faîte. Ainsi que le renflouement du bateau pour qu’elles puissent faire le deuil de leurs disparus. Cette justice tant réclamée tarde à se faire. Les mandats d’arrêts qui ont été lancés en 2009 par le célèbre juge d’Evry, qualifié de « petit juge », ont été annulés. Une décision qui a été confirmée par la Cour de cassation en janvier 2010. Ces mandats d’arrêts visaient l’ancien Premier ministre Mame Madior Boye et le ministre des forces armées de l’époque, Youba Sambou.
Les familles des victimes françaises (au nombre de 22) ne comptent pas abandonner le combat. Le juge d’instruction qui a été saisi de cette affaire, progresse. Bientôt le dénouement sera connu. Il va prononcer un non-lieu ou émettre une ordonnance de renvoi en correctionnel. Et, il y a de fortes chances, selon certaines sources, que l’affaire atterrisse en correctionnel. Si on en croit Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, annulation ne signifie pas disculpation. Partant, les autorités mises en cause doivent se tenir prêtes pour répondre devant la Justice.

Papa Massar S0W(Journaliste) E.mail : papismass@yahoo.fr



Vendredi 30 Septembre 2011
Papa Massar SOW ( Journaliste)




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