Il n y a pas lieu de distinguer les sénégalais de l'extérieur de ceux de l'intérieur. La Constitution consacre le sacro saint principe de l'égalité des citoyens devant la loi. Qu'ils résident à l'étranger ou pas, les sénégalais doivent avoir les mêmes devoirs et jouir des mêmes droits devant le processus électoral. Dans les grands principes en tout cas même s'il y a lieu d'adapter ça et là certaines modalités pratiques d'organisation des opérations d'inscriptions ou de vote. Or la durée d'inscription sur les listes électorales revêt une importance capitale en tant qu'elle aboutit à permettre ou non à un citoyen d'exercer un droit et une liberté fondamentale : le droit de vote.
Faut-il en effet rappeler que ni la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui lui est annexé, ni la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ne distingue selon que le sénégalais titulaire du droit de prendre part au choix des représentants de son pays réside sur le territoire sénégalais ou à l’extérieur de celui-ci. Les trois textes maintiennent une parfaite égalité entre les citoyens, en restant totalement indifférents à leur lieu de résidence. Les sénégalais résidant au Sénégal ne peuvent avoir moins de droits que leurs concitoyens de la Diaspora. Ils conservent la plénitude de leurs de leurs droits politiques et doivent donc être mis sur le même pied que les derniers qui eux ont le "droit" de s'inscrire jusqu'au 15 septembre.
Nous nous étonnons à ce propos du silence de la société civile et des partis politiques qui comptent quand même en leur sein d'éminents observateurs et juristes.
Aucune loi ou disposition réglementaire ne saurait contredire la constitution sénégalaise ou les textes universels ou africains précités sans encourir l'irrégularité ou l'annulation.
Nous demandons donc que les leaders d'opinion et de l'opposition réfléchissent et prennent en charge cette problématique.
Nous revenons également sur une autre sempiternelle question qui concerne toujours le fichier électoral. Sans revenir sur les développements que nous avons déjà faits sur le processus électoral sur notre site, nous devons rappeler la faille des extraits de naissance.
En effet, pour s'attirer des voix supplémentaires et pour diluer l'électorat d'opposition, Wade a permis et permet encore l'inscription sur les listes de personnes qui ne sont pas sénégalais et donc qui ne doivent pas voter.
En effet, selon le code électoral est électeur le sénégalais âgé de 18 ans le jour du vote.
Selon le code de la nationalité, est sénégalais la personne née au Sénégal d'un père ou d'une maman lui même née au Sénégal.
En permettant à des personnes simplement munies de leur extrait de naissance de s'inscrire sur les listes alors qu'être né au Sénégal de parents nés hors du Sénégal ne fait pas de soi un sénégalais, Wade a sciemment violé la loi.
Il s'agit là d'un problème qui a été négligé mais qui a permis à Wade d'engranger illégalement les voix de tous ces guinéens nés au Sénégal de parents guinéens et qui ont obtenu une carte d'identité couplée à une carte d'électeur.
Nous avions attiré l'attention de l'opinion publique avant mars 2007 en vain.
Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets et personne ne semble prendre la mesure du risque...
Il aurait fallu demander à tout citoyen de prouver sa nationalité par une carte d'identité établie selon la loi et non sur la seule base d'un extrait de naissance.
Est-il trop tard pour bien faire ?
Nous pensons que oui. Il est trop tard pour 2012 en tout cas. De toute évidence, il faudra remettre le fichier à plat après avoir chassé Wade du pouvoir.
Ibrahima Ndiaye
www.socialisme-republiquesn.org
(Remettre à l'endroit ce que le libéralisme des Wade a mis à l'envers)
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