La fin des haricots pour le guide libyen


La fin des haricots pour le guide libyen
Pathétique fin que celle de Kadhafi, le «roi des rois traditionnels», comme il s’était autoproclamé. L’effondrement d’un baobab bédouin. Celui qui était jadis porté au pinacle par ses pairs de tous bords a vécu ses derniers moments de vie dans l’humiliation la plus extrême. Honni, battu, insulté avant d’être froidement buté.

Des images qui rappellent la capture avilissante d’un autre tyran sorti de son trou comme un rat et jeté à la vindicte populaire. Un Kadhafi peut bien en cacher un Saddam. Il aurait dû se rendre à l’évidence et savoir que les dés sont pipés. Prendre ses clics et ses clacs et débarrasser le plancher. Mais il a préféré faire front jusqu’au dernier souffle. C’est un homme de parole malgré tout. Il a obtenu ce qu’il désirait : mourir en martyr.

Ce sont des Libyens insignifiants à ses yeux du temps de sa gloire qui ont pris leur revanche sur lui avec délectation. Que le destin humain est insondable!

Il n’était certes pas un saint, le bonhomme. Oui, il a orchestré et fait exécuter le massacre de milliers de Libyens, a régné sans partage avec sa famille et son entourage et rêvait même, dans sa boulimie excessive du pouvoir, d’avoir un jour tous les chefs d’état africains sous ses pieds. Une Afrique unie dont il serait le chef forever avant de la confier éventuellement à un des ses rejetons avant sa mort. Mais ce fichu printemps en a décidé autrement. 2011, une année qui restera mémorable dans les annales politiques.

Il est loin d’être un modèle démocratique. C’était un dictateur. Pire, un tyran. Personne n’en disconvient.

Et pourtant, ce même Kadhafi, à l’instar de ses voisins arabes qui ont connu un sort moins tragique mais tout aussi dégradant, n’était pas aussi saint lorsqu’il installa sa fameuse tente sur les pelouses de l’hôtel Marigny, à proximité du palais de l’Élysée après avoir reçu les chaleureuses accolades de Sarkozy.

Il continuait à fouler aux pieds les principes élémentaires de la démocratie lorsqu’on l’accueillait en guest star à Rome pour y retrouver un autre bandit à la libido incontrôlable.

Toutes les puissances occidentales- les mêmes qui ont fomenté son départ du pouvoir- se bousculaient aux portes de Tripoli pour arranger des contrats faramineux en espèces sonnantes et trébuchantes avec les compagnies pétrolières libyennes en toute connaissance de l’injustice et de la terreur qui y régnait. J’oubliais que l’argent n’a pas d’odeur…

Et que ferons-nous maintenant de ceux qui ont menti pour envahir des peuples et les plonger dans un chaos total? Autrement dit, en quoi Bush et ses alliés sont-il moins responsables que Kadhafi dans le massacre et la torture? Doivent-ils être traduits en justice à défaut de subir le même sort que Kadhafi? Dans notre supposée ou réelle intelligence humaine, devrait-on continuer à cautionner une hiérarchie dans l’échelle de l’horreur et du meurtre?

Le printemps arabe n’a pas fini de nous réserver des surprises. On continuera certes à jubiler avec ces populations qui respirent pour la première fois ce qui ressemble à du vent frais de la démocratie en attendant possiblement l’installation d’islamistes intégristes qui imposeront la lapidation des femmes adultères, le port forcé du hijab, l’autorisation de la polygamie et du mariage précoce des jeunes filles. Un doux printemps qui pourrait se transformer en enfer eternel pour les populations? Les mois et les années à venir nous édifieront.

Une hirondelle ne fait pas le printemps.

Lamine Niang, Montréal
www.xalimablog.com/lamineniang

Mercredi 26 Octobre 2011
Lamine Niang




1.Posté par gnabodé le 26/10/2011 08:38
grrrrrrrrrrrrrrrrrr mais arretez ak vos soit disantes DEMOCRATIE c un mot vain salam

2.Posté par CAMARA Abdou Khadre le 26/10/2011 11:40
Mort sans procès. Une fois de plus.


Il n( y eut ni procès, ni jugement, une fois encore. Au cours des cinq dernières années, le scénario dans le monde arabe semble être le même. Encore et toujours, le même désordre, la même fin dramatique. Saddam Hussein, Oussama Ben Laden et Kadhafi ont été tués sans procès équitable-aucun juge ni aucun jury n'a rendu de verdict- et de la manière la plus indigne. Saddam Hussein a tété pendu le jour de la fête musulmane ( après une parodie de procès) et son exécution a été filmée par une caméra de téléphone mobile. Oussama Ben Laden a été assassiné alors qu'il était non armé, sans qu'aucune image ne puisse apporter une preuve de son sort. Kadhafi a été capturé vivant, battu, puis exécuté, avec des centaines de personnes autour de lui qui prenaient des photos de son visage couvert de sang. Ils riaient, craient et dansaient même tout en lui arrachant des cheveux et en tordant sa tête afin de prouver qu'il s'agissait bien de lui. Certains s'étonnent de ce spectacle pitoyable: jusqu'où notre humanité peut-elle donc aller ? Kadhafi était un tyran, un dictateur, cela ne fait aucun doute. Mais en tant qu'être humain, il avait le droit d'être jugé et, une fois mort, son corps aurait dû être protégé et respecté. La couverture médiatique de sa capture et de sa mort, ainsi que les commentaires faits à son sujet étaient inhumains, troublants, révoltants. Je n'aimais pas Kadhafi; j'ai détesté la manière dont ses assassins se sont comportés- de près comme de loin.

Nous connaissons à présent une partie de l'histoire. Il était en train de tenter de fuir Syrte avec un groupe de partisans, lorsque les forces de l'OTAN les ont localisés et bombardés. Les forces françaises qui dirigeaient l'opération ont été capables d' arrêter le convoi et, ce faisant, d'aider les opposants de Kadhafi à le capturer: Voilà bien l'image de soulèvement libyen : sans l'OTAN, l'opposition à Kadhafi n'aurait pas remporté de succès. Il reste à répondre à une questioncruciale: quel rôle jouera l'influence étrangère dans l'avenir de la Libye ? Qu'il est troublant de voir les Présidents et Premiers Ministres, de Nicolas Sarkozy à Barack Obama et David Cameron - qui négociaient ouvertement avec Kadhafi jusq u'à l'année dernière - saluer sa mort, tout en essayant de convaincre le public qu'ils avaient toujours soutenu les démocrates, ainsi que la démocratie. Dans les l'ivrese de la victoire, il n' y a aucune honte à profaner les morts, aucune honte à mentir aux vivants. La Libye est sous contrôle, disent-ils. mais qui contrôle la Libye ?

On ne peut pas faire confaince au Conseil National de Transition (CNT). Il est dirigé par un ancien ministre du gouvernement de Kadhafi dont on soupçonne qu'il a eu des liens secrets avec les services secrets américains bien avant la rébellion. D'autres membres de haut rang du CNT avaient également participé au régime précédent, certains faisant partie de l'armée; certains des services de renseignements libyens, tandis que d'autres ont même identifiés comme étant des extrémistes. Cependant, il est assez clair que si le CNT a reçu un soutien aussi rapide de l'Occident, ainsi que des Nations Unies, c'est parce que ces derniers connaissaient les acteurs clé et parce qu'ils avaient reçu l'assurance que leurs intérêts seraient protégés. La présence des dirigeants français, britanniques, amériacains et turcs à Tripoli avant même la capture de Kadhafi confirme qu'ils avaient raison.

Le CNT semble aujourd'hui contrôler la situation- mais de nombreuses questions demeurent sans réponse. Il y a tant d'informations contradictoires qui émanent du CNT ( au sujet d'accords secrets avec l'Occident, de la capture de certains individus et même de son sucès sur le terrain) et on a assisté à un traitement tellemnt inhumain durant les combats ( en particulier contre des immigrès africains), qu'il y a toutes les raisons douter de l'avenir de la Libye en tant qu'Etat fondé sur la transparence, ainsi que des valeurs démocratiques.

Kadhafi est mort. Le peuple libyen a acclamé et célébré l'événement. La page d'une ère sombre a été tournée. Toutefois, la révolution est loin d'être achevée. Un coup d'oeil rapide vers l'Irak, l'Egypte ou la Syrie suffit à nous convaincre que de puissants intérêts économiques et géostratégiques sont en jeu, et que les les pays concernés sont loin d'être autonomes. La Libye ne sera pas une exception: les Etats-Unis, ainsi que les pays européens ne laisseront pas le nouveau régime faire usage de ses ressources pétrolifères afin de développer en Afrique du Nord une dynamique de solidarité Sud-Sud. La Libye est à présent à un carrefour critique; les mois et années à venir démontreront si nous avons assisté à une révoltion dans la région ou bien à une cynique redistribution des alliances. Les nouveaux dirigeants sont tellement reconnaissants à l'Occident qu'il paraît plutôt impossible de pouvoir espèrer un avenir véritablement indépendant. Des démocraties tant contrôlées sont loin d'être des démocraties ; la voie vers une libération entière et réelle est jonchée de défis.

Regarder les images de Kadhafi mort et maltraité a tét une triste expérience. lire la couverture médiatique et entendre certains dirigeants occidentaux et arabes céléber sa mort et féliciter les Libyens était encore plus perturbant. Faisant-ils la fête parce que le dictateur était mort ou bien parce que que la route était désormais ouverte à de nouvelles stratégies de contrôle à mettre en oeuvre ? Ce qui était sensé avoir été une marche vers la liberté ressemble aujourd'hui de plus en plus à une vois menant à de troubles futurs, ainsi qu'à une nouvelle forme de servitude.

Abdou Khadre CAMARA
Casino du Port.



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